« In vino veritas », le booktrailer. Un roman de Magali Collet & Isabelle Villain.
Lors d'un vernissage, une galeriste est assassinée.
Secrets, mensonges et trahisons vont secouer la quiétude d'une petite commune en plein coeur du vignoble bordelais.
Et lorsque deux frères se retrouvent après des années de séparation, la liberté de l'un va dépendre de la détermination de l'autre.
Un thriller psychologique délicieusement machiavélique.
Roman disponible le 11 mai 2023 (papier & numérique).
Infos & précommande ici https://www.taurnada.fr/ivvmciv/
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Quand les athlètes décident de briser cette omerta, c’est qu’ils ne sont plus dans le circuit. C’est déjà très compliqué de parler quand on n’a plus rien à perdre, alors lorsque vous appartenez à l’équipe de France et que vous allez aux Jeux, vous vous taisez.
De l'autre côté de la porte laisse entrouverte, les voisins enfermés à double tour et bien emmitouflés sous leur couette douillette dorment à poings fermés. Ils n'entendent ni les cris ni le bruit sourd d'un corps qui tombe à terre.
C'était ma chambre qui devait être repeinte cette semaine-là. Je voulais du blanc, rien que du blanc, pour pouvoir accrocher mes nombreux posters de cinéma. J'y allais tous les dimanches avec mes parents, et les films d'Hitchcock étaient mes préférés. Je les connaissais tous par cœur. Je jouais devant ma glace, les dialogues entre Ingrid Bergman et Cary Grant, James Stewart et Doris Day, et bien évidemment ceux de Ray Milland et Grace Kelly. Le Crime était presque parfait. Un chef d’œuvre. Maman jugeait cette passion bien étonnante pour quelqu'un de mon âge. Je trouvais cela juste normal.
Ne supportant pas le prénom que ses parents lui ont donné à la naissance, un matin elle décide d'en changer et pense immédiatement à Angélique. Fan absolue depuis son plus jeune âge des films de Bernard Borderie, elle était amoureuse de Robert Hossein, le Rescator.
Un simple panneau de bois gravé annonce la présence du lieu-dit, situé au bout d’un chemin, niché au milieu d’un cirque de montagnes, entre alpages et forêts de pins.
Bienvenue au hameau de La Barberie
Un véritable havre de paix. Un petit coin de paradis. Quelques vieilles maisons en pierres sèches. Une grange. Une fontaine. Un lavoir et un séchoir à foin. Le vert tendre des prairies alterne avec celui plus sombre des pins et des argousiers. Au printemps, les genêts apportent une touche de couleur jaune soleil. Un parfum de miel. Envoûtant.

Lorsque Tom enclenche la clé dans la serrure, le calme règne dans toute la maison. Les lumières sont éteintes. Cela fait bien longtemps que plus personne ne l’attend pour diner et encore moins pour dormir.
Au tout début de leur mariage, Roxanne préparait à manger pour ses enfants et patientait jusqu’au retour de son mari pour l’accompagner. Au fil des années, les enfants grandissant, elle décida de manger avec eux. Aujourd’hui, elle avait désormais le temps de diner, de ranger, de lui laisser son assiette dans le micro-ondes et d’aller se coucher. Parfois, lorsque Roxanne avait quelque chose d’important à dire à son mari, elle l’attendait dans le canapé, un verre de vin à la main. Au départ ce n’était qu’un verre, mais de temps à autre la bouteille toute entière pouvait y passer. Roxanne et Tom avaient tout tenté, le dialogue, les week-ends romantiques dans de beaux endroits, jusqu’à la thérapie de couple qui s’était révélée totalement inutile. La routine et les disputes, sur l’essentiel comme le dérisoire, avaient eu raison de leur amour. Le bilan était sans appel : la question des horaires de travail était devenue anecdotique. Ils n’avaient juste plus rien à se dire. Elle rejetait dorénavant son rôle d’épouse soumise et compréhensive s’accommodant des absences répétées de son mari aussi bien que celui de mère au foyer. Lui n’avait tout simplement plus envie de faire d’effort. Leur vie s’était transformée en une cohabitation silencieuse.
Ce père représente tout pour lui. Mais ce père l’a aussi abandonné, un soir de novembre, sans lui donner la moindre explication. Des raisons, sa mère lui en a bien entendu fournies quelques-unes. Mais Martin n’a pas vraiment tout compris : « Ce sont des histoires de grandes personnes… Papa a dû quitter le village. Il ne pouvait plus rester vivre avec nous. Il ne reviendra plus jamais. Mais tu dois être convaincu du fait que nous t’aimons fort tous les deux… »
Nous sommes des machines surentraînées. Des machines formées à dormir n’importe où, n’importe comment, dans des trous, les bras croisés sur la poitrine, les yeux grands ouverts, priant pour qu’un ennemi ne vienne pas nous égorger en pleine nuit. La tête recroquevillée dans les genoux au plus profond de la jungle sous une pluie torrentielle, ou bien dans la soute d’un avion, bringuebalés par les turbulences et prêts à sauter sur un objectif inconnu, en pleine obscurité. Dormir, c’est vivre. Les états d’âme sont à ranger au fond des placards.
Même si les mentalités évoluent et que l’âge minimum pour participer aux Jeux a été relevé à 16 ans pour les filles, les clichés ont la vie dure. À 20 ans, vous êtes encore souvent considérée comme une vieille, proche de la retraite. Usée. Sans avenir. Les sportifs de haut niveau font fantasmer, un peu comme les top-modèles. On valorise les silhouettes fines et les poids plumes. Alors on s’interdit de parler des problèmes qui fâchent pour ne pas briser le rêve, jusqu’à ce que quelqu’un termine à l’hôpital. Je suis devenue anorexique. À 18 ans, je mesurais un mètre cinquante-huit et je pesais trente-quatre kilos. Je ne dormais plus. Je n’avais plus de force, plus de muscle. Je ressemblais à un véritable zombie.
— Tu n’as jamais cru en Dieu, n’est-ce pas ?
— Non. Jamais. Je suis une scientifique. Une cartésienne. J’ai toujours préféré le savoir à la croyance. Ma mère me disait souvent de ne jamais accepter de croire sans preuve ni vérifications. Croire empêche de réfléchir, de chercher à comprendre. Et moi, j’aime bien comprendre. Ni Dieu ni maître.