❝ Ma famille, c’est toi. Peu importe que nom on peut bien me coller. Nous sommes bien placé pour savoir qu’un patronyme ne nous définit pas… ❞
❝ … J’ai un faible pour les personnes qui se débattent au beau milieu de la nuit. ❞
❝ Tant que tu reste fidèle à qui tu es, tu gagneras toujours. ❞
Ce n’est pas la liberté que tu m’as offerte, mais une cage plus grande. Seulement, cette cage peut bien faire la taille de cette fichue planète, si tu ne fais pas partie de mon monde, elle reste ni plus ni moins qu’un amas de ferraille qui ne fait que m’étouffer.
– Ose me dire que ta peau ne m’a pas réclamé ? Qu’elle n’a pas cessé de penser à mes mains la caressant ? Que tu n’as pas imaginé mon corps prenant possession du tien alors que tu couchais avec d’autres ?
Chapitre 2 :
Lexane
«… Le canapé entre nos deux corps, je plante froidement mon regard dans le sien imperturbable.
– Dis quelque chose, lui intimé-je alors.
Un long moment s’étire durant lequel ses yeux suivent la ligne de mon bras blessé, remontent sur mon épaule, caressent la peau de mon cou puis reviennent s’ancrer au creux de mes pupilles.
– Je ne te ferai pas de mal, déclare-t-il alors, si calme que c’est à se demander si ses paroles ont une réelle importance pour lui.
– Toi, peut-être pas.
– Lui non plus.
– Tu l’en empêcheras ? Vraiment ?
Son attention se déporte brièvement vers sa mère. Pour retrouver son point initial.
– Comme tu as pu le constater, j’ai une très bonne motivation.
– C’est ton meilleur ami.
– Et je suis ta meilleure chance, ta « solution miracle », réplique-t-il, légèrement narquois.
– Tu n’as rien d’une meilleure chance, Easton Echolls.
Ses lèvres frémissent et encore une fois, je suis incapable de dire s’il s’agit de colère ou d’amusement.
– Je reste la tienne. Au moins pour les semaines à venir.
De longues secondes s’égrènent. Tous ici sont pendus à mes lèvres, dans l’attente d’une décision qu’il me tue de devoir prendre. Cependant, sans prononcer un seul son, je dessine avec mes lèvres un « Bienvenue en enfer » qui extirpe un sourire bancal à Easton. Puis me retourne vers ma mère et Tamara en hochant simplement la tête. …»
Chapitre 3 :
Auréa
«… – Pourquoi tu es partie de Chicago ? demande-t-il soudain.
Sa voix fend l’air comme une lame tant elle semble lourde, presque métallique.
– Une envie de… plus. J’en avais marre des cours, de Brown et de cette compétition quasi permanente. Alors j’ai décidé de prendre une année pour souffler, pour… savoir ce que je veux vraiment faire de ma vie. Et puis, Énes me manquait…
Un long silence me répond, s’étire. Silence durant lequel Néoh enfonce ses deux billes onyx dans mes yeux avec… une certaine agressivité.
– Menteuse, lâche-t-il dans un murmure obscur.
Un sourcil arqué, je rétorque.
– Qu’est-ce que tu en sais ? Tu crois pouvoir lire en moi comme avant ? Tu ne me connais pas, Néoh. Pardon, tu ne me connais plus. Comme moi, visiblement, je ne te connais plus. Parce que celui que j’ai en face de moi en cet instant n’a plus rien à voir avec ce garçon qui, en compagnie de mon frère, menaçait mes petits copains de représailles s’ils me brisaient le cœur.
Un rictus s’empare de sa bouche, barre son visage d’un trait sournois et froid.
– Visiblement, c’est toi qui ne m’as jamais cerné. Il faut croire que l’ado que tu étais m’a un peu trop idéalisé. Tu as changé, Auréa. Pas moi.
Soufflée, je demeure muette durant quelques secondes, avant de sourire à mon tour.
– Menteur.
Sans émettre un seul son, il se décolle de l’îlot d’un coup de hanche, comble l’espace entre nous pour s’immobiliser à quelques ridicules millimètres de mon corps soudain à vif. D’un geste brusque, il jette le polystyrène dans l’évier, me faisant sursauter. Puis, sans me toucher, il se penche, me recouvre jusqu’à venir chuchoter à mon oreille, d’un ton tranchant :
– Comme tu l’as si justement précisé, tu n’as plus 15 ans, Auréa. Aussi, sois mignonne et habille-toi un peu plus lorsque je suis dans les parages.
Néoh se redresse, me bombarde d’un regard polaire qui, paradoxalement, enflamme mes nerfs. Tandis qu’il opère une volte-face pour rejoindre sa chambre, quelque chose enfle sous ma poitrine.
Oh, que non, il ne me connaît pas ! Sinon, il saurait… que je me nourris de provocations. ...»
En silence, entièrement offerte à mon attention, Love m'observe. De ce regard pur tant il est empreint de sincérité. De vérité. De certitude aussi. L'impression qu'il s'enfonce dans mon crâne, entre mes côtes. Qu'il voie. Me voie, moi. Par-delà le voile. Par-delà le mensonge.
[...] c'est ici, chez moi, dit-elle dans un murmure. Dans ce minuscule espace entre nos deux corps.
Parce que je sais qu'en cet instant, elle m'offre l'une de ses si rares parcelles de bonheur.
– Ma poupée, si tu savais comme j’ai pensé et fantasmé ce moment où je serai à nouveau en toi. Parce que ça arrivera. Peu importe l’énergie que tu dépenseras afin de résister à tes propres envies et tes propres besoins. Viendra le moment où tu n’en pourras plus de me réclamer. Et ce jour-là, je veux que tu me voies. Que tu sentes la vengeance prendre possession de ton ventre, que tu lises la victoire ancrée dans mon regard lorsque je m’enfoncerai en toi. Ce jour-là, je ne veux pas me dissimuler. Ce jour-là, je veux tout t’offrir de moi sans rien cacher. Et tu sais quoi ? Tu aimeras ça, Lucy. Avec la même violence que, moi, j’aimerai ça.
Ma voix se tarit subitement. Parce que ses doigts viennent se mêler aux miens pour les serrer avec force. Parce que, sous nos mains, son cœur bat, non, se débat avec une telle férocité que j’ai la sensation dingue qu’il cogne contre ma propre cage thoracique. Parce que son regard me supplie. En silence, il m’implore, bien que la moindre de ses cellules vibre d’une colère sourde.
L’envie de me gifler.
De le prendre dans mes bras.
Qu’il me prenne dans les siens.
Qu’il me fonde contre son torse