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Citation de Woland


[...] ... L'exhumation de l'armée commença le 29 octobre à quatorze heures.

La pioche s'enfonça dans le sol avec un bruit sourd. Le prêtre fit le signe de la croix. Le général salua militairement. Le vieux terrassier des services municipaux souleva à nouveau son outil et l'abattit avec force.

Ca y est, c'est parti ! se dit le général, ému, en contemplant les premières mottes de terre humide qui roulaient à leurs pieds. C'était la première tombe qu'ils ouvraient et chacun, tout autour, se tenait comme pétrifié. L'expert albanais, un élégant jeune homme blond au visage émacié, prenaient des notes sur son calepin. Deux des ouvriers fumaient une cigarette, le troisième la pipe ; le dernier, le plus jeune, vêtu d'un chandail à col roulé, était appuyé sur le manche de sa pioche et observait la scène d'un air pensif. Tous suivaient attentivement l'ouverture de cette première tombe afin d'apprendre la manière de procéder à ce travail d'exhumation. La marche à suivre était décrite en détails aux alinéas 7 et 8 de la quatrième annexe au protocole [d'accord entre l'Albanie et le gouvernement représenté par le général et l'aumônier].

Le général avait les yeux braqués sur l'amoncellement des mottes qui ne cessait de croître aux pieds de l'ouvrier. Elles étaient noires, friables, et une légère vapeur s'en dégageait.

La voici donc, cette terre étrangère, se dit-il. La même terre noire que partout ailleurs, les mêmes cailloux, les mêmes racines et la même vapeur. Et pourtant étrangère.

Derrière eux, sur la chaussée, les voitures circulant à grande vitesse faisaient entendre de temps à autre le cri de leur klaxon. Comme la plupart des cimetières militaires, celui-ci était situé en bordure de la route. De l'autre côté, des vaches paissaient et leurs rares beuglements se répandaient, paisibles, dans la vallée.

Le général était troublé. Le tas de terre ne cessait de monter mais, au bout d'une demi-heure, le vieil ouvrier n'était dans la fosse qu'à hauteur des genoux. Il en ressortit pour se reposer un peu, juste le temps de permettre à un de ses camarades de déblayer à la pelle la terre qu'il avait détachée avec sa pioche, puis il redescendit dans le trou. ... [...]
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