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Citations de Ismaïl Kadaré (280)


Certains jours, il lui semblait que ce qui était advenu avait en tout cas à voir avec le fameux dilemme consistant à se demander si l'amour existe pour de bon ou si ça n'est pas qu'une lueur maladive, une hallucination nouvelle, apparue sur terre seulement depuis cinq ou six millénaires et dont on ignore encore si la planète va l'assimiler définitivement, ou bien finir par la rejeter tel un corps étranger.
On avait tiré la sonnette d'alarme à propos de la diminution de la couche d'ozone, de la progression du désert, du terrorisme, mais nul ne s'était encore soucié de la fragilité du sentiment amoureux.
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Incipit :
À quelques kilomètres du cœur de la ville, dans ses faubourgs, sur un terrain dénudé, gisait un gros fourgon abandonné. Les parties métalliques avaient été depuis longtemps arrachés et il n'en subsistait plus que la caisse de bois hermétiquement close. Elle reposait sur quatre pieux assez courts fichés en terre. On l'avait surélevée, semblait-il, pour protéger le fond de la carcasse de la boue et de l'humidité du sol. Par temps clair, le fourgon se distinguait nettement du haut des terrasses ou des étages supérieurs des immeubles de la ville, mais quand la nuit ou la brume tombait sur la plaine, ses contours s'estompaient et il s'effaçait à la vue comme s'il n'eût pas existé. C'était surtout le cas vers la fin d'octobre.
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Incipit :

Vers la fin du mois de septembre se leva sur la ville une vent d'une rare violence, dont les tourbillons balayèrent les rues pendant plus de quarante-huit heures.
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Elle gardait les yeux baissés et, en les contemplant, il eut le sentiment qu'en aucun autre point du corps humain la culpabilité ne pouvait mieux se repérer qu'à l'extrémité des cils.
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Et puis, ces derniers temps, il m'arrive quelque chose d'étrange. Dès que je vois quelqu'un, machinalement je me mets à lui enlever ses cheveux, puis ses joues, ses yeux, comme quelque chose d'inutile, comme quelque chose qui m'empêche même de pénétrer son essence, et j'imagine sa tête rien que comme un crâne et des dents (seuls détails stables). Vous me comprenez ? J'ai l'impression de m'être introduit dans le royaume du calcium.
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[...] Qu'était-ce ? Le roulement persistait. Ce n'était pas le prolongement de son rêve. Loin, quelque part dans les profondeurs du camp, les tambours battaient réellement. Il perçut un doux bruissement contre les parois obliques de la tente, et subitement tout s'éclaircit, irrémédiablement. Il pleuvait.
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Ils errent sur les routes avec ce ruban noir sur la manche comme des fantômes dans le brouillard.
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Parfois s approchant de la fenêtre comme pour reposer son regard sur l'étendue de la plaine, Stress se demandait si la réalité de cette histoire n'était pas radicalement différente de l'idée qu'il s'en faisait.
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… pour Mark Ukacierre, ce qui était imprimé dans les livres n’était que le cadavre de ce qui se racontait oralement ou avec l’accompagnement de la « lahute* ».

(Livre de Poche, p.151) 


*lahute : instrument à cordes traditionnel
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La station se situe sur le trottoir de droite. Trolleybus numéro trois. Tu files jusqu’à la place Pouchkine. Là se trouve la statue que tu connais probablement. Exegi momentum, etc. Ensuite, en longeant d’abord par la droite, tu traverses la rue Gorki et, quelques pas plus loin, c’est le haut du boulevard Tverskoï qui la croise.
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I(Arian officier de l'armée albanaise à l'époque communiste) Il est probable, pour ne pas dire certain, que je vais être exclu du parti dans les jours qui viennent. De l'armée également, cela va de soi.
(Silva) D'autres seront-ils également sanctionnés?
Quatre des six officiers de l'unité des blindés. Ceux qui ont refusé d'obtempérer.
Tu te sens coupable?
Absolument pas.
...
Nous autres, Albanais, ne pouvions d'aucune manière approuver le rapprochement sino-américain. Il fallait donc s'attendre à une certaine tension...
Les Chinois, disait-on, avaient tenté de faire suspendre les représentations (en Chine, Tchekhov, tout comme Shakespeare, était interdit).
(Mao à qui le PC albanais a demandé d'annuler la visite des Américains) Et voici que cet Etat qui ne représente qu'un millième de la Chine, a le toupet de m'écrire une lettre. Non seulement cet État refuse de m'obéir, mais il cherche à m'imposer ses volontés. Il mérite un châtiment. Je le lui infligerai.
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Le convoi était très long... le temps n'avait cessé de changer, avec des alternances d'éclaircies et de pluies violentes. J'imaginais une partie des wagons brillant sous les derniers rayons du soleil et les autres sous la pluie. Maintenant, les voitures de tête devaient s'être engagées dans le mauvais temps.
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[A propos d'un écrivain sibérien proche de l'Arctique, venu à Moscou] Le lendemain matin signifiait pour lui dans six mois. Lorsqu'un écrivain de la toundra écrivait "Le soir est tombé", il évoquait quelque chose de si rare que cela produisait la même impression que si on disait "On a entrepris le troisième plan quinquennal".
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Mais, sur le chemin de la horde démente, il faut bien que quelqu'un se dresse et c'est nous que l'Histoire a choisi. Le temps nous a placé à la croisée des chemins; d'une part, la voix facile de la soumission, de l'autre, la voie ardue, celle du combat. Nous avons choisi la seconde.
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Il faudrait qu'il pleuve des semaines entières, voire des mois, pour laver tout ce sang ; puis il faudrait que la neige vienne tout blanchir pour que cette détresse paraisse enfin recouverte. Mais, au printemps suivant, quand les ruisselets se mettraient à couler à travers la couche immaculée, ils charrieraient des caillots de sang, comme si la neige avait été blessée.
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Des villes châtiées, il y en avait eu partout, au point qu'en y réfléchissant un peu, on eût dit que depuis sa création ce passe-temps constituait le principal hobby de l'humanité. Les illes étaient assiégées, n leur coupait l'eau, les vivres, on les canonnait, leurs portes étaient démolies, les murs s'écroulaient, elles étaient réduites en cendres, rasées, on allait même jusqu'à y semer du sel afin que l'herbe ne repoussât plus. Les villes tombaient ainsi, dans le désespoir mais avec courage, alors que se faire pilonner, c'était out autre chose.
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Il avait fixé bien des yeux de femmes dans sa vie et beaucoup de ces yeux ardents, pudiques,troublants, délicats, rusés ou fiers, l'avaient aussi fixé, mais jamais de tels yeux. Ils étaient à la fois distants et proches, compréhensibles et énigmatiques, insensibles et compatissants. Ce regard, en même temps qu'il éveillait le désir, avait quelque chose qui vous éteignait, vous transportait au loin, au-delà de la vie, au-delà de la tombe, d'où l'on pouvait se regarder avec sérénité.
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...... le refrain séculaire des médiocres :
"Tu étais grand, mais les grands on les casse . "

Extrait de Requiem pour Maïakovski .
Traduction Métais
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...tu es moi, comment pourrais-je te faire du mal ? Puis, aussitôt : imbécile, ignores-tu que le pire ennemi de soi, c'est soi-même ? Tu n'as pas encore retenu que si tu as quelque chance d'échapper à l'autre, à toi jamais tu ne le pourras ?
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Il ne m'avait pas échappé que tous les membres de la famille entretenaient un rapport très personnel avec la maison. Le pacte le plus naturel et le plus palpable était celui de ma grand-mère. Cela faisait fort longtemps qu'elle donnait l'impression de ne plus faire qu'un avec les voûtes, les poutres et les murs porteurs. Sa décision de s'y cloîtrer ne faisait qu'accentuer l'impression de cette lente et inévitable incorporation. (p.)
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