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4.28/5 (sur 265 notes)

Nationalité : Pologne
Né(e) à : Bilgorajen (Pologne) , le 30 /11 /1893
Mort(e) à : New York , le 10 /02/ 1944
Biographie :

Israel Joshua Singer, écrivain yiddish, était le frère ainé et mentor de Isaac Bashevis Singer.
Né d'un père rabbin hassidique et d'une mère fille de rabbin, il grandit à Varsovie où son père était un leader spirituel. Il s'émancipa de la tradition familiale et s'intéressa à la vie artistique prolifique en Pologne à cette époque. À partir de 1916 Singer devint journaliste dans la presse yiddish européenne, successivement en Ukraine pour le journal Di Nye Tsayt (Les temps nouveaux), puis à Varsovie au Literarishe Bletter puis la revue Khaliastra. En 1921 il devint correspondant pour le journal américain The Forward. En 1934 il quitte la Pologne et s'installe à New York.

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Israel_Joshua_Singer
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Erri de Luca La Fabrique de l'ombre Erri de Luca --La Fabrique de l'ombre -- Où Erri de Luca, après la projection du film de Robert Bober : "A Mi-Mots : Erri de Luca", parle de son histoire avec Naples -"je dois t'apprendre, après je dois te perdre"-, des arbres qui fabriquent de l'ombre, de la surface, de la profondeur et de Hofmannsthal, de la compagnie des livres, de l'écriture et de la lecture, des langues, le Grec et le Latin, le Français, de l'Anglais et de Harry de Luca, de l'Hébreu ancien et du Yiddish, de Israël Joshua Singer et du Russe, à l'occasion de "Paris en Toutes lettres", au Centquatre à Paris - 7 mai 2011 - Erri de Luca -La Fabbrica dell'ombra - Dove Erri de Luca, dopo la proiezione del film di Robert Bober: "A Mi-Mots : Erri de Luca", parla della sua storia con Napoli, degli alberi che fabbricano dell'ombra, della superficie, della profondità e di Hofmannsthal, della compagnia dei libri, della scrittura e della lettura, delle lingue, del Greco e del Latino, del Francese, del Inglese e di Harry de Luca, del Ebraico antico e del Yiddish, di Israele Joshua Singe e del Russo, in occasione di "Paris en Toutes Lettres", al Centquatre a Parigi - 7 maggio 2011

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Citations et extraits (127) Voir plus Ajouter une citation
Ensuite, très tard dans la nuit, deux vieux Juifs édentés, d’honorables habitants de Nyesheve, vinrent le chercher pour le conduire à la chambre nuptiale, lui parlant mystérieusement du premier devoir d’un mari et des commandements auxquels il doit obéir. Ils le poussèrent dans la chambre et claquèrent la porte derrière lui. Perdu, dans le désarroi, Nahum se sentit comme un enfant abandonné par sa mère dans un endroit inconnu. Au milieu d’une mer de coussins et de couvertures blancs, une paire d’yeux le fixait. Il leur jeta un regard terrifié, entrevoyant des joues en feu, et une étrange tête féminine enveloppée dans un fichu blanc avec des rubans rouges. Il fut stupéfié. Une sueur froide lui couvrit tout le corps. Dans son angoisse où se mêlaient la peur et la honte, il chuchota silencieusement : « Mama. » Le lendemain matin son beau-père le convoqua dans sa chambre et lui ordonna de s’asseoir. Rabbi Melech s’assit en face de lui, rapprochant sa chaise tout près. Il colla son visage contre celui de Nahum ; la colère faisait trembler sa barbe et ses papillotes. « C’est une sale affaire ! dit-il d’un air menaçant. Une très sale affaire ! C’est dégoûtant ! Nous ne comprenons pas ce genre de chose à Nyesheve. On ne se conduit pas de cette façon ! Dégoûtant ! » Nahum recula, se faisant le plus petit possible. Il avait la langue paralysée. Il avait peur de son beau-père, avec sa terrible barbe. Il avait peur des hordes qui l’entouraient. Il avait même peur de ce visage au milieu de la mer d’édredons, peur des yeux ouverts et des joues en feu, dont le souvenir l’ahurissait encore. Un seul mot, « Mama », se forma sur ses lèvres mais aucun son ne sortit.
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Les propriétaires de grands magasins, les banquiers et les gros commerçants, les directeurs de théâtre, les comédiens et artistes célèbres, de même que les professeurs de renommée mondiale qui appartenaient également à la communauté ne pensaient pas non plus que le sang qui devait couler des couteaux pouvait être le leur. En vérité, leur appartenance à la communauté était purement formelle. Ce côté formel mis à part, ils n’avaient rien à voir avec le judaïsme. Ils étaient enracinés dans la vie allemande, dans la culture du pays. Ils avaient bien mérité de la patrie. La plupart des jeunes gens avaient fait la guerre et s’y étaient illustrés. Si quelque chose devait arriver, c’était aux Juifs traditionnels de la ville, aux nationalistes juifs qui se cramponnaient à la culture hébraïque et dont certains rêvaient même d’émigrer en Asie et d’autres folies du même acabit. Le docteur Spayer, rabbin de la Nouvelle Synagogue, ne croyait pas lui non plus être concerné par ces menaces. N’était-il pas, ainsi que sa famille, installé dans ce pays depuis des générations ? N’usait-il pas du plus bel allemand dans ses prêches ? N’agrémentait-il pas ses sermons de citations de Goethe, Lessing, Schiller et Kant ? N’avait-il pas appelé ses fidèles à défendre le pays à la veille de la guerre et à offrir leur sang et leur ardeur à la patrie ? Non, si on pouvait avoir des reproches à faire, c’était aux étrangers, aux immigrés de fraîche date. Tout comme pendant la guerre, il recommença à prendre ses distances avec son ami, David Karnovski, l’étranger, l’immigré. En ces temps difficiles, il est préférable de se tenir le plus loin possible de ces étrangers, pensait-il. L’homme ne doit pas se mettre en péril. Il est même écrit que celui qui a toujours peur est dans le vrai.
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Cependant nous traversions les bourgades, villages et forêts de la province de Lublin, que les Juifs appelaient les Domaines du Roi Pauvre. Nous passions de vieilles villes juives dont on trouve les noms dans des livres juifs du temps des massacres de Khmielnitski : villes avec des noms comme Zamoshtsh, Shébreshin, Goray et Yozéfov, et toutes sortes d’autres noms ; villes avec de vieilles synagogues, de vieux cimetières juifs ; villes avec des églises et des flèches antiques, avec de vastes marchés ronds, aux murs et aux toits de bois, qu’on appelle patshénès, sous lesquels se tenaient des boutiquiers et des marchandes de fruits ; villes avec de vieilles coutumes juives, avec des bedeaux à l’aube appelant les Juifs à venir à la synagogue ; avec des belfers conduisant les petits enfants au kheyder, en chantant ; avec des tambours tambourinant sur le marché chaque nouvelle loi, chaque nouvelle ; avec des gamins de kheyder décorant les fenêtres des maisons juives, en l’honneur des jours de fête, de toutes sortes de découpages d’animaux, cerfs, lions et oiseaux ; des villes dans lesquelles les Juifs étaient plus juifs que dans le reste de la Pologne, et les goyim plus goy ; car en aucune autre région de Pologne les paysans polonais ne portaient les cheveux aussi longs, souvent jusqu’aux épaules, de tels chapeaux colorés avec un pompon à chaque coin, d’aussi longues redingotes brodées, sukttutnès, de telles ceintures colorées autour des reins, de telles sandales brodées, khadakh, aux pieds. Dans aucune autre région les paysannes ne portaient de tels turbans raides incroyablement hauts sur la tête, des châles colorés torsadés en hauteur qu’on appelait khamulkès. En aucune autre région de la Pologne de la couronne la population polonaise n’était aussi densément mêlée de paysans ruthènes, qui portaient leurs chemises par-dessus leurs pantalons, s’en allaient en espadrilles ou pieds nus et parlaient une langue ukrainienne que les Juifs appelaient yevonish. Démodés, pieux et colorés étaient les Juifs comme les goyim dans ces Domaines du Roi Pauvre de la région de Lublin. Éloignées de la voie ferrée, les bourgades étaient enfoncées dans leur antiquité, hors d’atteinte du temps. Les profondes forêts séparaient la région du reste du monde.
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Comme la plupart des gamins juifs de maisons pieuses, j’ai pendant un certain temps tremblé devant les chiens en qui je voyais des ennemis d’Israël. Tout comme les jeunes goyim, les chiens ne pouvaient souffrir les longues basques des Juifs, et j’étais sûr que la haine canine des Juifs était quelque chose d’éternel, d’immémorial ; […] Un jour s’approcha de moi, en dehors de la bourgade, un chien. Au premier moment, quand je me vis suivi d’un chien de grande taille à l’épais pelage brun, je pensai fuir en courant ; mais je savais par expérience que rien ne donne autant envie à un chien de poursuivre un gamin juif que lorsqu’on le fuit en courant. Par peur je m’armai donc d’héroïsme et continuai ma route à pas lents : le chien me suivit. Voyant que grand était le danger, j’entrepris de me protéger en récitant un verset. Loy yékhrats kéylev leshoynoy\ murmurai-je, car on m’avait appris à dire cette conjuration si je rencontrais un chien, mais celui-ci fit semblant de ne pas connaître le verset, et il suivait chacun de mes pas ; tout à coup il ouvrit la gueule et montra des dents pointues, une langue lécheuse rose. Je fus sûr qu’il allait me saisir par le long pan de ma lévite de toile, mais il se contenta de me lécher les jambes ; ses yeux étaient pleins de soumission à mon égard, à moi le gamin juif, tout à fait comme si je n’étais pas de souche israélite. Je ne sais ce qui l’emportait alors en moi, l’amour pour le chien ou la peur que j’en avais, mais j’exposai ma vie et lui caressai le sommet du crâne : il me sauta dessus avec une telle effusion d’enthousiasme et de joie que c’est tout juste s’il ne me renversa pas. Dès lors le chien ne me quitta plus.
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À toute heure on trouvait assis à table, dans la cuisine de la grand-mère, un mendiant en haillons à la barbe embroussaillée mangeant un gruau ou une écuelle de patates avec du borshtsh. Ces marcheurs avaient d’énormes appétits, et ils étaient toujours à prier qu’on leur versât une louchée de plus. Je me rappelle un mendiant de cette sorte, je le vois encore comme s’il était là. C’était un homme de haute taille à la barbe noire, avec une grande besace par-dessus l’épaule ; il bégayait fortement. Il venait souvent à Bilgoray et chaque fois rendait visite à la cuisine de ma grand-mère. Ce qu’on lui donnait à manger manquait toujours de quelque chose. Ma grand-mère lui donnait d’habitude deux bols consistants, l’un de pommes de terre, l’autre de borshtsh. Le mendiant mangeait vite, avec bruit et emportement ; avant qu’on ait eu le temps de se retourner il disait : « RRRebbetsn, il me mmmanque un peu de bbborshtsh pour finir les pppatates… » Ma grand-mère lui versait un autre bol de borshtsh. Une minute après on l’entendait à nouveau bégayer : « RRRebbetsn, il me mmmanque un peu de patates pour finir le bbborshtsh… » C’était une histoire sans fin.
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Toujours de neuf il fallait faire la guerre à la chatte qui aimait à s’asseoir sur une chaise près du fauteuil rabbinique dans le cabinet de mon grand-père. La chatte pour rien au monde ne voulait quitter cette pièce. Ma grand-mère aurait voulu garder la chatte dans sa cuisine. Elle aurait voulu qu’elle fasse la chasse aux souris ; et puis une chatte en général n’a rien à faire dans un cabinet rabbinique, elle doit être dans une cuisine. Mais celle-ci s’y refusait. Étrange chatte ! La cuisine, semble-t-il, aurait dû lui plaire davantage, car il y avait là de quoi la sustenter toute sa vie : entrailles de poulet, viande, lait, graisse et autres bonnes choses. Dans le cabinet du rabbin il n’y avait que des livres, de la Torah et des procès rabbiniques, toutes choses qui ne doivent, d’après le simple bon sens, pas beaucoup intéresser une chatte. Mais elle se refusait absolument à mettre la patte dans la cuisine, elle restait assise près du grand-père, sommeillait sur une chaise et écoutait Torah et judaïsme.
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Les premiers jours de la peste les Juifs durent s’en remettre aux médecins. Un flot incessant de femmes en haillons se dirigeait vers la maison de Samson, le guérisseur. Il ne pouvait s’occuper de tous. Elles frappaient sur sa porte avec leurs poings. « Assassin ! Ouvrez ! » Les bourgeois allèrent chez le médecin polonais, Yeretzki, un homme excentrique au mauvais caractère. Il détestait les Juifs. Il criait après eux comme s’ils lui avaient infligé une blessure. Il les battait même parfois. « Pantin ! » disait-il méchamment en imitant leur yiddish. « Moishe ! Montre-moi ça, oï veh ! — Prince ! le suppliaient les Juifs, la tête découverte. Après Dieu, Professeur, vous êtes le plus grand. » Les Juifs riches consultaient le médecin cosaque, Shalupin-Shalapnikoff, un général dont la barbe descendait jusqu’à la taille. Il était toujours de bonne humeur, même en présence d’un malade agonisant. « Nitchevo, mon cher, nitchevo ! » disait-il toujours de sa voix profonde, consolante. Les médecins travaillaient, examinaient, donnaient leur diagnostic, faisaient des ordonnances et se lavaient soigneusement les mains à l’eau chaude. Cela ne servait à rien. La peste s’étendait de jour en jour. Puis les Juifs, désespérés, se tournèrent vers Reb Borouch, qu’ils appelaient le Rabbi des femmes. Il se mit à travailler toute la nuit, fabriquant des amulettes ordinaires, et d’autres détenant un pouvoir spécial contre l’apparition d’un mal général. Ils lui demandèrent aussi des herbes séchées qui, pilées et enfermées dans de petits sachets, avaient des vertus particulières. Reb Borouch possédait en outre certains remèdes rares et précieux contre la maladie et la mort. Des morceaux d’ambre sur lesquels le Maggid de Kozhenitz, bénie soit sa mémoire, avait dit des prières, des fragments de sucre noir qui avaient touché les lèvres du saint grand-père de Shpoleh, des colliers de dents de loup, des doigts de Satan, des ceintures en vieux tissu, de l’huile bénite de la ville de Safed en Terre sainte. […] Les femmes stériles mesurèrent la circonférence du cimetière avec des coupons de lin qu’elles donnèrent aux bonnes œuvres pour le trousseau des jeunes mariées pauvres. D’autres alignèrent des mèches de bougies tout autour du cimetière. Elles espéraient ainsi créer un cordon infranchissable devant l’Éternelle Maison des Morts, afin qu’elle n’accueille plus de vivants. Ce fut peine perdue. La peste s’étendait de jour en jour.
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Je jetais un oeil dans les livres de morale, qui ne parlaient que de la vanité des choses de ce monde, et c'est pourquoi je les haïssais. Ce qui m'attirait, c'étaient les jeux, la liberté des champs, le soleil, le vent et l'eau, les gamins. Le monde n'était pas vain, mais d'une beauté inouïe et plein de joie.
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Quand ils ne pouvaient plus garder ouverts leurs yeux rougis, les hommes s'allongeaient sur un sol douteux avec une balle de laine pour oreiller et s'endormaient. L'hiver, ils mouraient de froid, l'été ils étouffaient, dévorés de mouches, de puces et de punaises.
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Par tous les diables, l'homme n'est pas libre, même quand il veut l'être, se dit le docteur Karnovski. Il est est perpétuellement cerné par des obstacles, bridé par les convenances, les superstitions, les habitudes, les coutumes, les traditions. Il traîne l'héritage des générations passées, tels des oripeaux dont il lui est impossible de se débarrasser. Le père n'est pas maître de son enfant. Il n'a pas le pouvoir de le préserver de la famille, du milieu, de l'éducation. Malgré tous ses efforts pour chasser les absurdités de la maison, elles reviennent par les portes et les fenêtres, par la cheminée.
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