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4.12/5 (sur 39 notes)

Nationalité : Japon
Né(e) à : Pusan , le 03/05/1914
Mort(e) à : Paris , le 10/03/1984
Biographie :

Itsuo Tsuda est un philosophe du ki.

Quand il eut 16 ans, il se brouilla avec son père, lequel voulait que son fils restât à la maison pour s'occuper des affaires familiales. Il quitta sa maison et commença à chercher de nouvelles façons de libérer son esprit.

Se réconciliant par la suite avec son père, il voyagea en 1934 en France et étudia avec Marcel Granet et Marcel Mauss. Jusqu'en 1940, à son retour au Japon, il étudia le théâtre Nô avec Maître Hosada, le Seitaï avec Maître Haruchika Noguchi et l'Aïkido avec Maître Morihei Ueshiba.

Itsuo Tsuda est l'auteur de neuf livres écrits en français, regroupés sous le titre commun "École de la respiration". Il y traite de la philosophie du ki, de l'Aïkido, de la respiration, du Katsugen Undo…

Tome 1 : Le Non faire, Paris
Tome 2 : La Voie du dépouillement
Tome 3 : La Science du particulier
Tome 4 : Un
Tome 5 : Le Dialogue du silence
Tome 6 : Le Triangle instable
Tome 7 : Même si je ne pense pas, je suis
Tome 8 : La Voie des Dieux
Tome 9 : Face à la science
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Bibliographie de Itsuo Tsuda   (11)Voir plus

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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
La décontraction n'est pas une simple absence de force physique dans l'aïkido. C'est une condition nécessaire pour permettre le passage du ki. Si, dans le langage commun, la décontraction s'associe à la relaxation, à l'image de quelqu'un abandonné au repos, ne pensant à rien de spécial, elle s'associe dans l'aïkido à la concentration, à l'image de quelqu'un qui se donne entièrement à la réalisation d'un acte visualisé.
L'idée que la décontraction soit nécessaire pour l'accomplissement d'un acte, peut paraître fort curieux. Si on est décontracté en faisant un travail, on risque de se faire traiter de fainéant. On s'ingénie donc à se montrer aussi contracté et partant aussi sérieux que possible lorsqu'on sent le regard d'un supérieur braqué sur vous.
Et pourtant chacun de nous a plus ou moins des expériences assez paradoxales en ce sens dans la vie. Il y a des cas où l'affaire qu'on entreprend marche avec une facilité déconcertante tandis que, dans d'autres cas, on se donne tout le mal du monde pour s'empêtrer dans des difficultés de plus en plus graves. On ne peut pas en expliquer la raison mais on sent quand même si cela marche ou ne marche pas.
C'est le fait de ce que j'appelle concentration. Il ne s'agit nullement de la concentration intellectuelle du genre « recherches scientifiques sur tel ou tel sujet ». Il s'agit de la concentration subconsciente qui prépare le corps et son mouvement, et qui engage tout le terrain, psychique et physique, dans une orientation donnée.
Cette concentration se révèle, dans l'aïkido, dans la posture et le déplacement du corps. C'est alors que je fais une douloureuse constatation : l'Européen a perdu la conscience du corps.
Page 150
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Le mouvement régénérateur est un mouvement naturel qui existe virtuellement chez tous les hommes. Il s'agit simplement de le découvrir. On découvre alors son enfance, son point de départ et on se découvre soi-même.

Ce qui importe dans cette pratique, ce n'est pas les détails techniques, c'est le vide qu'on fait de son mental. C'est ce que Me Noguchi appelle « tenshin », le cœur de ciel pur.
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Afin de mieux préciser ma position, je dirai, à l'instar des physiciens, qu'il s'agit de « l'espace-temps biologique ».
Une minute d'attente de l'autobus est très longue, tandis que deux heures de bavardage sont très courtes. L'espace-temps biologique est très élastique par rapport au temps et à l'espace de la science classique. Pour cette dernière, une heure c'est une heure, quelles que soient les circonstances. Il est vrai que la vie dans les sociétés industrielles est réglementée par l'espace-temps homogène, euclidien et mécanique. Quant à notre organisme, il est toujours dans le domaine de l'espace-temps biologique. Cela n'a pas changé depuis la plus haute antiquité. A l'âge de l'ordinateur, qui nous permet d'effectuer des calculs d'une façon ultra-rapide, la période de gestation dure toujours neuf mois.
Nous vivons actuellement dans l'interférence de deux systèmes de temps : le temps social et le temps biologique. Cette interférence s'accuse particulièrement lorsque, par exemple, la parturiente attend son accouchement. Le médecin passe et regarde sa montre. C'est un geste légitime, car il n'a pas qu'une seule cliente et son temps doit être programmé. Mais au moment où la femme vit dans un rythme biologique très intense et où elle devient extrêmement sensible aux suggestions, gestuelles ou verbales, ce geste anodin peut avoir des conséquences importantes : il peut bloquer le déroulement naturel du processus biologique.
Le blocage peut venir de la femme aussi. Elle peut fixer la date de naissance, pour des raisons religieuses, métaphysiques ou astrologiques. La fixation peut propulser la femme hors de son espace-temps biologique ; le dialogue est rompu avec l'enfant qu'elle porte dans son ventre. On peut provoquer ou retarder la naissance avec l'intervention médicale. Le calendrier devient le maître mais le rythme biologique sera perturbé.
Sortir du rationalisme classique et se sentir libre, ce n'est pas une chose facile car toute l'organisation sociale repose là-dessus. Cela demande une bonne compréhension et une décision bien solide.
L'espace-temps biologique n'exige aucune connaissance, aucun calcul mathématique ; c'est une question de sensations.
p.117/118
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« Lorsque le dos n'est pas bien dressé (c'est à dire reste recourbé), on ne fait qu'imaginer. Tant que la force ne surgit pas au tanden (le 3ème point du ventre), on ne pense pas à agir. Lorsque le cou ne se tient pas normalement, il y a l'inquiétude. On n'a pas la détermination de faire quelque chose. » H.Noguchi
Voilà l'énoncé extrêmement simple du principe seitai. Il s'agit de savoir si on fait ce qu'on veut faire, ou si on reste dans l'imagination ou dans le tourment.
C'est trop simple, ça. Il n'y a même pas de psychologie. Eh bien, la psychologie, on s'en fiche. La psychologie sans rapport avec le corps, avec l'acte, cela ne nous intéresse pas.
Le contenu de ce qu'on veut faire n'a pas besoin d'être exceptionnel, extraordinaire, héroïque, spectaculaire, éclatant. Il peut s'agir de quelque chose de très banal même : dire oui ou non, se réveiller, se lever, s'asseoir, dire bonjour, s'en aller au moment venu, manger si on a faim, ne pas manger si on n'a pas faim, dormir si on a sommeil, etc.
Il n'y a donc pas de morale très élevée comme on imagine en Occident : sauver l'humanité, répandre la charité, aimer son prochain, etc.
C'est exact. Il n'y a pas de morale affichée, formulée, imposée. Il n'y a même ni interdictions, ni préceptes.
Ce qui se prête à de multiples interprétations. Puisque rien n'est interdit, on peut faire n'importe quoi. C'est donc l'anarchie.
C'est le genre d'interprétation auquel on est conduit inévitablement, lorsqu'on a été élevé dans un milieu saturé d'interdictions.
La vraie morale surgit de l'intérieur.
Voilà ce qui arrive lorsqu'on est seitaisé :
Même si ce n'est pas interdit, on ne fait pas ce qui nous révolte. On fait quelque chose sans arrière-pensée ni calcul, uniquement parce que c'est naturel, épanouissant, serein, agréable.
p.73
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Le corps humain est doué d'une faculté naturelle qui réajuste sa condition, sans qu'il y ait besoin d'y apporter un effort conscient. Cette faculté (…) est du ressort du système moteur extra-pyramidal.
Il s'agit d'activer cette faculté dont la nature nous a dotés et non d'apporter des moyens créés par l'intelligence humaine.
La maladie, on la laissera poursuivre son évolution naturelle, hypersensibilisation et élimination. De cette manière, le processus accompli, le corps se régénère.
Dans les sociétés où la voie de l'acquisition est de norme, il est difficile de faire accepter une chose aussi simple. On devient collectionneur de méthodes. Le besoin de tendresse pousse les gens à se montrer misérables. Il y a des hystériques et des apprentis-hystériques. Le besoin d'appui suscite l'adoration de quelqu'un en lui attribuant des qualités imaginaires. Il faut un guru pour pouvoir respirer. On part dans des pays lointains à la recherche des miracles. On tente, coûte que coûte, de prolonger la vie humaine. Toutes ces accumulations pèsent lourd sur notre destin.
Dans la voie du dépouillement, on se dirige dans le sens diamétralement opposé. On se débarrasse petit à petit de tout ce qui est inutile à la vie. On se sent de plus en plus libre, car on ne s'impose plus d'interdits ou de règles pour bien vivre. On vit, simplement, sans être tiraillé par de fausses idées.
On n'a pas besoin d'être anti-social ou anarchiste pour se sentir libre. La libération ne nécessite point la destruction. La liberté ne dépend pas du conditionnement, de l'environnement ou de la situation. La liberté est une chose toute personnelle. Elle surgit de la conviction profonde de l'individu.
Cette conviction est une chose naturelle qui existe chez tous les hommes à l'origine. Ce n'est pas un produit fabriqué de toutes pièces après coup. Mais elle restera voilée tant qu'on vit dans un climat de dépendance.
p.45
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Comment voit-on l'unité de l'homme dans le Seitai ? C'est plutôt dans les phénomènes de négation qu'on voit l'unité en filigrane. C'est ce qu'on appelle les taiheki, tendances inconscientes des individus.
Cela revient à dire que chacun est différent des autres. Il n'y a pas, sur terre, d'hommes qui soient l'image parfaite de l'unité. Mais en dépit de la diversité des tendances, il existe chez les hommes un besoin virtuel de sentir l'unité. Il s'agit de susciter cette pulsion centripète cachée derrière les apparences extérieures. C'est l'unité dans la diversité qui se dégage derrière les apparences extérieures. C'est l'unité dans la diversité qui se dégage avec la pratique du mouvement. Les pratiquants le savent. « Nous sommes comme une famille » disent certains d'entre eux. C'est leur façon d'exprimer cette unité impalpable. Une grande diversité existe pourtant quant à leur âge, caractère, profession, opinion, goût.
L'image de l'homme dans le Seitai est différente de celle de l'homme anatomique. Sans toutefois dire qu'elle soit incompatible avec l'anatomie. Seulement, c'est le point de vue qui est différent.
Le Seitai s'occupe de chaque individu en tant que mouvement et sensibilité, affectant l'individu dans sa globalité, tandis que l'anatomie accumule la connaissance générale sur tel ou tel système, quitte à appliquer les données d'observation sur chaque cas particulier.
L'anatomie permet de localiser la défaillance dans un système, et de mobiliser tout l'arsenal scientifique pour attaquer le problème. Quant à la globalité de l'individu particulier qui est là, sous notre nez, on ne peut pas dire grand-chose. L'individu n'est qu'un numéro d'ordre dans le programme de travail.
p120/121
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Un arbre dont la racine est pourrie ne dure pas longtemps même s'il porte momentanément de belles fleurs. Les individus, se sentant vidés de leur vrai contenu qui est la vie, cherchent à se parer de fleurs artificielles.
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Je reviens à la différence que reconnaissait Ueshiba entre Haku-no-budo, arts martiaux motivés par les désirs physiques et Kon-no-budo, arts martiaux de l'âme. Les premiers visent à se défendre et à attaquer, et comme de part et d'autre, les adversaires sont animés par les mêmes désirs, il y a escalade des moyens : la force physique, la technique efficace, les armes sophistiquées. L'aboutissement actuel : les bombes nucléaires capables d'anéantir l'humanité entière et c'est la lutte finale. Car il n'y aura plus d'adversaires ni d'un côté ni de l'autre. C'est l'esprit de ai-uchi, de destruction mutuelle.
Après avoir expliqué les quatre modalités du ki, c'est à dire gazeux, liquide, fluide et solide ou dur, il [Ueshiba] dit :
Dans le monde du dur, il faut du bu solide. Il faut des armes, puisqu'on cherche à s'entre-dévorer, à lutter contre. Dans le monde d'aujourd'hui où la matière et l'esprit sont en conflit, on ne peut pas abolir les armements.
Mais dans le bu qui se conforme à l'esprit, en vue de réaliser le paradis terrestre, vraiment beau, il n'y a pas de technique de tuerie. Conformément à la providence naturelle, et grâce à la gravitation exercée par l'alliance de l'âme et du corps, du kon et du haku, on absorbe dans le ventre tous les êtres, et on procède à la grande pratique de purification selon son propre désir. Voilà le vrai sens de l'aikido.
p.99
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Notre planète se trouve depuis des décennies, sous la menace non seulement d'anéantissement mutuel entre les deux grandes puissances, mais de destruction totale de l'humanité. La somme dépensée par tous les pays du monde pour la recherche et la fabrication de ces moyens de destruction est estimée, dit-on, à dix milliards de centimes par heure. (…)
A ce niveau-là, que veut-on faire avec des arts martiaux ? Ce ne sont que des jeux d'enfants. Devant l'apocalypse imminente, tout semble inutile, vain.
Cependant, au-delà de ai-uchi [anéantissement mutuel], il y a ai-nuke, état d'esprit qui permet aux adversaires de passer à travers le danger de mort, sans se détruire mutuellement. Il n'y a que très peu de maîtres qui sont arrivés à cet état d'esprit dans l'histoire.
L'aikido de Maître Ueshiba, d'après ce que j'ai senti, a été entièrement rempli de cet esprit de ai-nuke, qu'il appelait de « non-résistance ». Après sa mort, cet esprit a disparu, la technique seulement en est restée.
L'aikido, à l'origine, voulait dire la voie de coordination du ki. Entendu en ce sens, ce n'est pas un art de combat. Lorsque la coordination est établie, l'adversaire cesse d'être un adversaire. Il devient comme une planète qui tourne autour du soleil selon son orbite naturelle. Il n'y a pas de combat entre le soleil et la planète. Tous les deux sortent indemnes après la rencontre. La fusion est bénéfique et enrichissante aussi bien pour l'un que pour l'autre.
p.25/26
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L'homme civilisé ne cesse pas de se remplir la tête, déjà trop remplie d'imaginations. Une fois prise l'habitude de la gymnastique cérébrale, il est pratiquement impossible de s'en défaire. Il faut aussi en supporter les effets nocifs.
Les progrès scientifiques apportent des solutions qui, pourtant, suscitent d'autres complications. Cela nous oblige à trouver d'autres solutions qui amènent encore d'autres complications. Le cercle vicieux continue. C'est le monde hallucinant de la sublimation cérébrale.
C'est le contrôle volontaire de notre comportement qui fait ressortir ce qu'il y a d'absurde chez l'homme. Depuis la Renaissance, l'intelligence humaine a petit à petit grignoté la place qu'avait occupée Dieu au Moyen-Age. Notre petite intelligence essaye de contrôler la vie qui lui échappe toujours.
Au fond, le contrôle volontaire, exercé par l'intelligence, ne touche que l'organisation de la vie, surtout sociale, et non la vie elle-même. Celle-ci n'est pas un produit de notre intelligence. C'est sur la présomption que la vie doit l'être effectivement que tout le drame nous arrive aujourd'hui.
C'est afin de nous dégager de l'emprise des imaginations figées que j'ai entrepris mon travail en Europe, il y a plus de dix ans. Il ne s'agit pas de l'anéantissement des imaginations, mais d'une possibilité de feed-back, d'action de contrôle en retour qui permet d'éliminer les effets résiduels, de clarifier la ligne de notre action.
p.133/134
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