Citations de Ivan Zinberg (60)
A l'énoncé du verdict, Lorenzo ne ressentit pas le réconfort espéré. Il avait naïvement cru qu'une décision de justice pourrait l'apaiser. Il s’était trompé dans les grandes largeurs. Sur le banc du tribunal, il resta de marbre, les yeux éteints.
Au fond, la peine infligé au tueur n'importait peu.Jamais plus il ne reverrait sa femme et ses enfants.
Los Angeles regorgeait de détraqués en tous genres. Cette ville offrait un panorama complet de la nature humaine, de la plus noble à la plus perverse.
Une drôle d'impression sourdait en lui. Il ne se sentait plus dans la peau d'un flic, mais plutôt dans celle d'un pantin.
Un pantin désarticulé, malmené, tiraillé en tous sens par des enfants turbulents,
Profite de ceux que tu aimes tant que tu peux encore le faire. Je sais de quoi je parle, tu peux me croire.
On s’habitue à tout, même aux pires malheurs. L’être humain est programmé pour tout supporter. Et survivre. J’en ai fait l’expérience et je sais que c’est vrai.
L’ex-flic se rappelait cette phrase de Mark Twain : " L'Homme est le plus cruel des animaux, il est le seul capable d'infliger une douleur à ses congénères sans autre motif que le plaisir." Constat lucide.
- Tu connais la philosophie du bon socialiste : "Il faut être solidaire et partager l'argent... Mais surtout l'argent des autres!"
La mère de famille ne s’embarrassait ni de l’orthographe ni du respect de la langue. Bek détestait cet usage dans les échanges écrits. Mais peu importait. On n’en était plus à cette nuance près à l’époque du terrorisme, de la flambée des populismes, de la désinformation de masse, de l’Internet fou et du dérèglement climatique.
"Son teint vitreux ne trompait plus personne. Le Whisky le rendait malade, il l'attaquait corps et âme. Paul avait vieilli de dix ans en l'espace de quelques mois."
On s'habitue à tout, même aux pires malheurs. L'être humain est programmé pour tout supporter. Et survivre.
Être policier, c'est se trouver aux premières loges de la violence de nos sociétés. Je n'ai pas eu à chercher loin la matière première de ce roman. Tout est sous mes yeux, chaque jour. Il suffisait de raconter.
Lorenzo n'éprouvait aucune pitié pour elle. Son histoire à lui regorgeait d'une telle dose de cruauté qu'il ne ressentait plus aucune compassion pour autrui, a fortiori face aux malheurs qu'il jugeait dérisoires par rapport aux siens.
Il tira de sa poche le matériel nécessaire. Haschisch. Feuilles à rouler. Briquet. Cigarettes. Attirer l'attention avec ce genre de friandise, drogue ou alcool, marchait à merveille dans un contexte de fête. Un peu comme ces pédophiles qui usaient de bonbons ou de tours de magie pour séduire les enfants.
Vers midi, il mangea léger et fit le ménage dans son appartement. Il lustra ses quatre-vingt-dix mètres carrés sans s’octroyer la moindre pause. Ce qui chez les gens représentait une corvée agissait sur lui à la manière d’un catalyseur d‘énergie. Évoluer dans un univers propre et ordonné lui procurait un confort psychologique. Il ignorait le pourquoi du mécanisme. Bek soignait constamment son intérieur, avec une efficacité à faire pâlir le plus compétent des majordomes.
L’être humain est programmé pour tout supporter. Et survivre. J’en ai fait l’expérience et je sais que c’est vrai.
" Le monde n'était pas avare d’abrutis. "
Pour Jacques, manichéen dans l'ame, il existait définitivement deux mondes. En surface, il y avait celui de l'insouciance, le long fleuve tranquille du bonheur et des habitudes, rythmé par un courant agréable, sans remous, commun à la plupart des gens. En profondeur, on en décelait un second, plus sombre et houleux, où s'enfonçaient ceux dont la vie se fracassait sur un récif indétectable au radar.
Il connaissait des collègues décédé peu après avoir quitté la boîte. Des hasards malheureux, survenant à l’heure du juste repos. Souvent, il s’agissait des conséquences d’une vie plus chargée que la moyenne. Les effets du stress, des nuits blanches, du tabac. Cancers. Infarctus. D’autres succombaient au contrecoup de l’inactivité ou de la solitude. Le contraste pouvait faucher sans vergogne. Dépressions. Suicides.
Le boulot de policier permettait de sonder la société et la multitude des affaires confortait cette thèse : même le plus improbable, le plus dramatique, le plus sordide, finissait par se produire un jour ou un autre.
Bek soupira. Cette façon de placer des wesh, des wallah ou des Coran de la Mecque à chaque phrase lui foutait les nerfs en boule. Douma ignorait que ce marqueur social lui fermerait quatre-vingts pour cent des portes du monde professionnel. En son temps, il s’était bougé le cul pour perdre ces manies de pseudo-caïd. IL mourait d’envie de la secouer pour lui faire comprendre cette nécessité.