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Savez-vous quel livre a pour personnage principal
un pont, dont l'histoire nous est contée à travers quatre siècles ?
« le pont sur la Drina » d'Ivo Andric, c'est à lire au Livre de poche.
Dès qu'un gouvernement ressent le besoin de promettre par voie d'affiches la paix et la prospérité à ses administrés, il convient de se méfier et d'en attendre tout le contraire.
.....il ne regarde plus que les livres alignés derrière les vitres, il imagine tout ce qui peut y être écrit et dessiné, il éprouve déjà de la peine à l'idée de devoir en choisir un, et d'avoir à le demander.Il pense au bonheur qui serait le sien, au poids dont il serait instantanément libéré s'il n'était pas obligé de choisir mais pouvait tranquillement, en toute liberté, fouiller dans les trois armoires et examiner, feuilleter tous les livres. Qu'est donc un seul livre, quand bien même le plus beau, quand on sait qu'il en existe tant de centaines, tant de milliers d'autres? C'est trois ou quatre qu'il faudrait pouvoir prendre afin de ne pas s'angoisser à l'idée d'avoir fini d'un instant à l'autre le seul que l'on ait et de rester sans plus rien à lire.
( Le Livre)
Les désirs sont comme le vent, il déplacent la poussière d'un endroit à un autre, obscurcissant parfois l'horizon, mais finissent par se calmer et retomber, laissant derrière eux l'éternelle et immuable image du monde.
C’est sur ces sentiers que le vent balaie et que la pluie lave et que le soleil infecte et guérit, sur lesquels ne se rencontrent que du bétail martyrisé et des hommes taciturnes au visage sombre, qu’a pris forme ma pensée de la richesse et de la beauté du monde. Là, ignorant et faible et les mains vides, j’ai été heureux jusqu’au vertige, heureux de tout ce qui n’existe pas, ne peut exister, et n’existera jamais.
Dans cette lutte acharnée et étrange qui, en Bosnie, opposait depuis des siècles deux communautés religieuses, et dont l’enjeu, sous couvert de religion, était la terre et le pouvoir, une certaine conception de la vie et de l’ordre des choses, les adversaires se disputaient non seulement les femmes, les chevaux et les armes, mais aussi les chansons. Et nombre de vers passaient ainsi d’un camp à l’autre, tel un précieux butin.
(page 102)
En effet, on a toujours une bonne raison de pleurer et rien n’est plus doux que de se lamenter sur le malheur des autres.
(page 209)
« le fossé qui sépare les diverses religions est si profond que seule la haine parvient à le franchir. »
« Les petits hommes que nous appelons « enfants » ont leurs grandes douleurs et leurs longues souffrances.»
À l’endroit où la Drina surgit de tout le poids de sa masse d’eau écumante et verte de ce massif apparemment clos de montagnes noires, se dresse un grand pont de pierre aux courbes harmonieuses, reposant sur onze arches à larges travées.
(page 7)
Aux instants où me fatiguait et m’empoisonnait un monde dans lequel je vivais par un mauvais hasard, lorsque l’horizon s’assombrissait et que vacillait la direction, j’étendais alors pieusement devant moi, tel un tapis de prière, le dur sentier, misérable, sublime, de Višegrad, qui apaise toute douleur et efface toute souffrance, car il les contient toutes en lui et toutes les surplombe.