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Citation de Woland


[...] ... Déjà, depuis que les Turcs s'étaient retirés de Hongrie, leurs relations avec les chrétiens étaient devenues plus tendues et plus complexes, et la situation en général s'était détériorée. Les combattants du grand empire, agas et spahis, qui avaient dû abandonner leurs riches propriétés dans les plaines fertiles de la Hongrie et revenir dans leur pays pauvre et exigu, étaient mécontents et en voulaient à tout ce qui était chrétien, augmentant en outre le nombre de bouches à nourrir, alors que le nombre de bras qui travaillaient restait le même. D'un autre côté, ces mêmes guerres du XVIIIème siècle, qui avaient obligé les Turcs à quitter les pays chrétiens voisins et à rentrer en Bosnie, suscitaient dans le petit peuple des chrétiens de folles espérances et ouvraient des horizons insoupçonnés jusque là, ce qui influait inévitablement entre le peuple et "ces messieurs les Turcs tout-puissants." Les deux camps, si tant est que l'on pût déjà parler de camps à ce stade de la lutte, se battaient chacun à sa façon et avec les moyens qui correspondaient aux circonstances et à l'époque. Les Turcs combattaient par la pression et la force, et les chrétiens par la patience, la ruse et la conspiration, ou du moins étaient-ils prêts à conspirer ; les Turcs pour préserver leur droit de vivre et leur manière de vivre, les chrétiens pour obtenir ce même droit. Le peuple se rendait compte qu'il supportait de moins en moins les Turcs, et les Turcs constataient avec amertume que le peuple relevait la tête et qu'il n'était plus ce qu'il était jadis. Conséquence de ces conflits d'intérêts, de croyances, d'aspirations et d'espoirs si contraires, un écheveau serré s'était créé, que les longues guerres turques avec Venise, l'Autriche et la Russie n'avaient fait qu'embrouiller et resserrer encore. En Bosnie, il y avait de moins en moins de place et de plus en plus de problèmes, les conflits étaient plus fréquents, la vie plus difficile, le désordre et l'incertitude plus grands. Le début du XIXème siècle avait apporté le soulèvement en Serbie, signe évident d'une nouvelle époque et de nouvelles façons de lutter. L'écheveau en Bosnie se resserrait et s'embrouillait encore davantage.

Cette rébellion en Serbie causait avec le temps de plus en plus de soucis et de problèmes, de dégâts, de dépenses et de pertes à toute la Bosnie turque y compris Travnik, plus au détriment cependant du vizir, des autorités et des autres villes bosniaques que des Turcs de Travnik eux-mêmes, lesquels considéraient qu'aucune guerre n'était assez grande ni assez importante pour qu'ils y prennent part en payant de leur argent ou de leur personne. Les Travnikois parlaient de l'"insurrection de Karadjordje" avec un dédain forcé, de même qu'ils trouvaient toujours un mot railleur pour l'armée que le vizir envoyait combattre la Serbie et que les administrateurs indécis et brouillés entre eux regroupaient lentement et dans le plus grand désordre dans les environs de Travnik. ... [...]
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