AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Ivo Andric (132)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le pont sur la Drina

J'ai commencé ce livre grâce à la lecture de celui d'Emmanuel Ruben, "Sur la route du Danube".

C'est l'histoire du Pont depuis sa construction par le vizir ottoman en 1571, jusqu'en 1914 après l'attentat de Sarajevo.

C'est celle des habitants de Visegrad en Bosnie, qui y vivent ensemble avec leurs différentes confessions religieuses, avant la montée des nationalismes et de la mondialisation.

Comme dans un crescendo musical, une intensité dramatique nous emporte jusqu'à la fin: c'est alors que l'on s'aperçoit que l'on est passé, insensiblement, du conte oriental des premiers chapitres, à une chronique moderne et haletante avec un final bouleversant. Quatre siècles d'histoire où l'on rencontre de nombreux personnages dans leur vie quotidienne et leurs destinées, souvent tragiques, toujours dépeints avec tendresse et une extrême finesse. Une grande réflexion

sur l'être humain .
Commenter  J’apprécie          110
Le pont sur la Drina

Mais quel magnifique livre! Andric nous fait la chronique de 400 ans d'histoire d'un village qui se révèle le reflet des époques, des cultures, des religions. Visegrad est situé à la frontière entre l'Orient et l'Occident, qui influencent chacun à leur manière les habitants du village. Si leurs religions, leurs coutumes les séparent, les évènements les rassemblent parfois, tout comme les lieux qu'ils partagent et certaines des souffrances qu'ils endurent. Je ne connais aucun endroit qui ait vécu tant de bouleversements en si peu de temps: la domination turque et musulmane puis les révoltes serbes, les massacres, la conquête par les serbes du pays, puis la domination Autrichienne et une modernisation rapide, enfin la première guerre mondiale et la chasse aux serbes (potentiels assassins de l'archiduc d'Autriche). Une seule chose survit à tous ces évènements déroutants, c'est le Pont sur la Drina. Il est au centre de la vie en société, relie les cultures, permet les échanges, le commerce, la convivialité. On en oublie presque qu'il avait été construit un jour tant il relie les époques, les générations du village et semble éternel. Il a vu passer tous les personnages dont Andric nous raconte l'histoire, et tous les changements politiques qui se sont succédés.

L'auteur nous dépeint les histoires touchantes et simples de certains habitants, et malgré les époques, les destins différents, le pont reste, élément immuable dans la vie de Visegrad et de toute la région. Il voit se succéder des moments d'intense bonheur, des mariages, des fêtes, mais aussi les périodes les plus sombres où les têtes tombent. Visegrad et ses habitants sont liés, presque charnellement, à cet édifice si beau et utile.

Ce qui est beau dans ce livre, c'est que l'auteur n'a aucun parti pris; il décrit les faits (avec un talent rare!) mais ne les commente pas. C'est à nous d'assister au spectacle des siècles et du temps qui s'écoule inévitablement. J'ai énormément appris sur ces cultures, sur ce petit bout de terre qui nous semble si loin et souvent incompréhensible par la complexité de son histoire. Je crois qu'Andric a réussi à me faire aimer ce pays sans que je ne l'aie jamais vu.
Commenter  J’apprécie          115
Le pont sur la Drina

un prix Nobel comme il y en a eu beaucoup dans l'Europe de l'Est, occasion pour nous, français d'élargir notre horizon littéraire.

Ici, c'est comme souvent une longue histoire qui remonte à la construction de ce pont qui permet de franchir une frontière en évitant le vieux bac peu commode. Il s'en passe des choses sur ce pont à l'implantation critique. Des anecdotes ponctuent le récit lui donnant une respiration.

Les guerres fratricides sont hélas un lieu commun de nos jours, guerres civiles couvant sous la braise: c'est le sort de l'ex Yougoslavie. Les pays sous le régime soviétique ou sous Tito ont gagné leur indépendance, mais à quel prix!

Parfois ils ont regardé du côté de l'Ouest, certains ont été intégrés dans l'union européenne...Fort étrangement la Hongrie qui partage si peu ses valeurs. D'autres attendent, d'autres refusent...
Commenter  J’apprécie          110
Le pont sur la Drina

Une splendide fresque historique, lyrique et fantastique. Comme certains commentaires et critiques l'ont déjà présenté, on retrouve un peu des Mille et une nuits. Un souffle de quatre siècles balaie cette histoire européenne, yougoslave mais à taille humaine. Je me suis pris plus d'une fois à rêver me retrouver sur la kapia en une fin de soirée d'été à siroter du rakia, en écoutant la Drina s'écouler.

Un livre à lire mais en prenant son temps.

Seul bémol, l'édition poche que j'avais à ma disposition était de mauvaise qualité, les caractères très petits, serrés,... La lecture était fatigante et parfois rebutante.
Commenter  J’apprécie          110
Contes de la solitude

Ivo Andric (avec un accent sur le C) à reçu le prix Nobel de littérature en 1961, mais ce n’est pas pour cela que j’ai lu ce bouquin. C’est davantage parce que l’Histoire Yougoslave m’intéresse. Peut-être parce que les derniers événements réellement Historiques (avec un grand H) en Europe se sont déroulés dans ce(s) pays. Les 14 contes ou nouvelles qui composent ce recueil sont de facture très classique, avec des aspects particuliers de la culture yougoslave qui renvoient néanmoins à l’universalité de l’humain (Nobel oblige). Dans ce genre j’ai préféré les « Nouvelles orientales » de M. Yourcenar. Dans son prologue, Andric se met en scène ; il va nous raconter les histoires de personnages qui surgissent d’un passé plus ou moins récent et qui viennent lui rendre visite dans sa maison de Sarajevo, lui le narrateur, les écoute puis il écrira afin que leurs souvenirs, leurs mémoires perdurent. Deux nouvelles m’ont particulièrement intéressées : « Conversation du soir » & « Deux écrits du scribe bosniaque Drazeslav », qui montrent les villes de Sarajevo et de Raguse comme vivantes et actives, influentes sur leurs habitants et leurs visiteurs ... 4* pour ces 2 ci et 3* pour l’ensemble. Dovidenja.
Commenter  J’apprécie          110
Contes de la solitude

De l'auteur j'ai lu ´ Le pont sur la Drina ´ et je pense que ce livre est un des plus beaux romans que j'ai lu , ce recueil de contes n'a pas suscité chez moi autant de bonheur de lecture , la barre était trop haute .

Néanmoins force est de reconnaître que l'auteur est un conteur hors pair .

Commenter  J’apprécie          110
La Chronique de Travnik

La Chronique de Travnik retrace la vie quotidienne et les déboires diplomatiques du consul français Daville envoyé en 1806 à Travnik, petite ville de Bosnie alors sous domination ottomane. Il vit son arrivée comme un véritable choc des cultures : il est effaré par la brutalité du pouvoir en place et par l'état d'arriération du pays. Il se sent complètement dépassé par la complexité des codes protocolaires, et isolé dans ce pays hostile à toute présence étrangère. D'ailleurs, le trajet qui le mène de son ambassade au Konak pour y être présenté au vizir Mehmet pacha s'effectue sous les jurons et les crachats.

C'est donc avec soulagement qu'il apprend l'arrivée prochaine d'un secrétaire, le jeune des Fossés, pour le seconder dans sa mission. Malheureusement, leur caractère se révélant incompatible, Daville devra renoncer au réconfort moral qu'il escomptait de leur collaboration.

En effet, le jeune des Fossés, parfaite incarnation de l'esprit de la Révolution, est toujours parti par monts et par vaux, à se mêler à la population et à s'imprégner de son histoire. Contrairement à Daville, il fait montre d'ouverture d'esprit, ne condamne pas l'immobilisme du pays mais cherche à en comprendre les raisons .



Tandis que Daville, désabusé, considère le peuple bosniaque comme arriéré et animé d'une malveillance innée, il se réfugie dans l'écriture d'un poème épique dédié à Alexandre le Grand pour oublier les nombreux tracas de sa fonction et l'inutilité de ses rapports.



Les jours se suivent, monotones et ennuyeux, dans cette ville isolée du reste du monde de par la volonté même de ses habitants. Réfractaires à l'ouverture de leur pays à l'étranger, les autochtones, qu'ils soient chrétiens comme musulmans, ont sciemment négligé l'entretien des voies de communication : les chrétiens pour décourager les Turcs officiels de venir, les musulmans pour limiter toute influence occidentale.

Malgré tout, quelques échos des événements en Europe parviennent jusqu'aux oreilles des consuls français et autrichien (et par ricochet jusqu'à celles du lecteur) : là, une victoire militaire de Napoléon, là, une rébellion en Serbie, ici, l'assassinat de Selim III à Istanbul.



Durant 8 années, Daville voit défiler 2 consuls autrichiens, 1 secrétaire français, 3 vizirs dont le dernier fait régner la terreur parmi les fonctionnaires et la population, des aventuriers de tout poils qu'il soupçonne d'être des espions stipendiés par l'Autriche...

A chaque destitution de vizir, éclate une révolte de plusieurs jours, fermentant la haine envers les Français : leurs domestiques sont molestés, on refuse de leur vendre de la nourriture, puis tout finit par rentrer dans l'ordre, "comme au lendemain d'une beuverie" (page 191).



Les faits les plus banals de la vie quotidienne s'égrènent sans passion dans cette chronique, à peine dérangés par le tumulte de quelques émeutes, et pourtant, à aucun moment l'intérêt du lecteur ne faiblit, soutenu par les différents points de vue que dresse l'auteur sur cette contrée inhospitalière, aux hivers rudes et glacés, ou les portraits des divers protagonistes.



Le consul autrichien Von Mitterer, envoyé par son pays à Travnik, quelques mois après Daville pour y contrer l'influence de ce dernier, partage les mêmes sentiments que lui vis-à-vis de ce pays, la même mélancolie ; ils s'estiment sans pouvoir se l'avouer, s'épient pour le compte de leur patrie respective, se rendent malade des efforts mesquins qu'ils déploient pour se neutraliser l'un l'autre.

Mais finalement, la solidarité resurgit quand le deuil ou une naissance frappent l'une des familles.

Les scènes avec Anna-Maria, la femme du consul autrichien, sont également drôles : c'est une femme fantasque et nerveusement détraquée, qui se déclare pro-bonapartiste, mettant ainsi dans l'embarras son époux ; elle fait également tourner la tête du jeune des Fossés sans jamais lui céder, désespérée de tdécouvrir chez lui "ses véritables intentions" au lieu de l'" élan platonique et spirituel" de ses rêves...(page 125)

Tandis que Mme Daville, femme pragmatique et dévouée à sa famille et ses 4 enfants, provoque au contraire l'admiration des Bosniaques pour son courage et sa piété.

C'est donc à travers les yeux de ces expatriés que sont dépeints les rapports et la coexistence difficile des différentes communautés de la ville (musulmanes, juives, orthodoxes, catholiques), qui se vouent un mépris et une méfiance profonds, et s'excluent mutuellement.

Des Fossés donne d'ailleurs une vision prophétique de l'avenir de la Bosnie, dont les habitants sont incapables de construire leur vie commune sur la base de la tolérance, la compréhension et l'estime mutuelles.



Au milieu de ces quatre communautés en vit une autre, encore plus méprisée que les autres, celle des Levantins, ces Occidentaux déclassés, considérés comme des parias et traités comme tels, "poussière humaine" ballotée entre l'Orient et l'Occident dont ils constituent "le troisième monde où se sont retrouvées toutes les malédictions dues au partage de l'humanité en deux mondes".

Des Fossés est touché par la conversation qu'il a avec l'un de ses représentants, l'obscur médecin Cologna, plein de sagesse et de résignation.

Ce vieillard digne vit dans l'espoir et la conviction que "pas une pensée humaine ne se perd, pas un élan de l'esprit. Nous sommes tous sur le bon chemin, et nous serons surpris lorsque nous nous rencontrerons. Mais nous nous rencontrerons, et nous nous comprendrons tous, où que nous allions maintenant et aussi loin que nous nous égarions. Ce sera une joyeuse rencontre, une surprise grandiose et salvatrice."



Car La Chronique de Travnik n'est pas seulement la fresque d'un monde sombre, étouffant et cruel, c'est également une ode à la tolérance, dans laquelle, au-delà des différences culturelles et des clivages religieux, les hommes se souviennent de l' humanité qu'ils ont en partage.

Quand Ibrahim pacha, le 2è vizir, est destitué, il laisse tomber le masque rigide du protocole pour exprimer toute l'amitié affectueuse qu'il ressent à l'égard d'un Daville éberlué.

De même, le consul français, lorsqu'il se retrouve démuni au moment de repartir pour la France, reçoit l'aide financière du vieux juif Salomon Atijas, dont la communauté vient pourtant d'être rudement mise à l'amende par le 3è vizir, Ali pacha, un homme cruel et brutal. Il faut dire que Daville a été le seul à s'inquiéter du sort des juifs emprisonnés lors de sa prise de fonction et à user de son influence pour les faire libérer ! D'ailleurs, le vieux Salomon lui exprime sa reconnaissance dans un discours véritablement poignant.



Pour conclure, cette lecture a été dense et ardue. J'ai avancé lentement dans cette histoire où il ne se passe grand chose, mais paradoxalement, je l'ai trouvée passionnante et très instructive. C'est une fresque chaotique et grandiose, préfigurant le destin tragique de ce pays où les 4 communautés condamnées à vivre ensemble semblent irréconciliables. Certains passages, où l'auteur laisse parler tout son humanisme, sont véritablement bouleversants.

Je me rends compte que j'avais encore plein de choses à dire sur ce roman, tant pis ! En tout cas, je remercie BouQuiNeTTe pour l'organisation de ce challenge sans lequel je n'aurais jamais pensé à emprunter ce livre à ma médiathèque !
Lien : http://parthenia01.eklablog...
Commenter  J’apprécie          112
Le pont sur la Drina

L'histoire se déroule à Višegrad en Bosnie et le personnage principal n'est non pas un homme mais un pont. Il ne s'agit cependant par d'un pont banal puisque celui-ci a l'avantage de relier non seulement deux villes mais également deux pays, la Bosnie-Herzégovine et la Serbie. De plus, c'est sur ce même pont que tout se passe : parties de cartes, discussions, déclarations des nouveaux chefs d'état...Un pont qui réunit quatre siècle d'histoire puisqu'il a été construit et 1516 mais réunit aussi, et je dirais même, surtout, des hommes de nationalité et de religion différente. Pont multi-racial qui réunit à la fois des chrétiens, des juifs et des musulmans. tout cela dans une ambiance sereine et de convivialité bien que les échanges entre ces peuples font parfois revivre l'horreur des siècles passés.

Magnifique roman qui obtint le prix Nobel en 1961 écrit par Ivo Andrić, auteur né en Bosnie, d'origine croate et serbe de cœur et de par ses engagements, celui-ci nous apporte un magnifique témoignage de tolérance et de respect de l'autre. Je trouve que ce roman a toujours une aussi grande valeur aujourd'hui car, en regardant le monde autour de nous, nous ne pouvons nous mettre qu'à espérer et rêver de ce pont sur la Drina où les hommes, quelle que soit leur origine, leur culture ou encore leur religion, joueraient et discuteraient en paix. Quelle merveilleuse utopie, n'est-ce pas ?
Commenter  J’apprécie          110
Le pont sur la Drina

La Drina est une rivière qui sépare la Boznie-Herzégovine, la Serbie et le Monténégro. Le pont est le sujet de ce livre, et à cet endroit il n'est pas question du Monténégro. Le pont a été construit par un vizir turc au 16ème siècle. Les méthodes de recrutement des ouvriers étaient brutales, voir cruelles. Andric raconte toutes les péripéties diverses de la construction du pont, puis tous les évènements qui s'y déroulèrent. Où l'on découvre la puissance de l'empire Ottoman, puis comment celui-ci s'est désagrégé en quelques années alors qu'il régnait sur la vie de millions de gens pendant des siècles. L'invasion des autro-hongrois est stupéfiante, il n'y a aucune lutte armée, l'annexion est administrative, avec son cortège de règles, de mesures, de frénésie d'activité. Enfin, l'arrivée du chemin de fer ouvre les esprits de certains jeunes partis étudier et revenant avec des idées révolutionnaires, se confrontant avec ceux qui sont restés, sur fond de liberté et de consommation croissante. En ces lieux cohabitent de tout temps des musulmans, des chrétiens, des orthodoxes et des juifs. Les gens ont des origines géographiques diverses, les familles se déplacent au gré des invasions incessantes à cet endroit oscillant entre l'Orient et l'Occident.La lecture peut se révéler un peu fastidieuse, difficile par manque de virgules qui oblige à relire les phrases. Andric prend tout son temps, n'hésite pas à répéter des faits, écriture d'une autre époque, où le lecteur était peu pressé. Mais il ne faut pas s'arrêter à ces désagréments. Ce livre nous présente une constellation de vies, avec leurs espoirs, leurs combats, leurs envies. Chaque personnage est intéressant et constitue à lui seul un petit roman. L'ensemble crée une mosaïque riche et variée.



Malheureusement, les états détestent les populations riches et variées, trop compliquées sans doute à assujetir. « Diviser pour régner » est la doctrine que les dirigeants ont appliqué à ce lieu maudit, où chacun méritait d'avoir sa place. Le poison s'est diffusé pendant tout le vingtième siècle. Ce livre est une leçon d'histoire, sur les difficultés rencontrées par ces gens qui n'ont pas envie de faire la guerre, ils ont envie de vivre gentiment, de leur labeur, voir les enfants grandir, des choix universels, en somme.



Andric a reçu le prix nobel de littérature quinze années après la parution en 1945 de ce roman. Il est peu connu car il ne voulait pas de publicité. Pour autant, ce livre est à classer avec « Vie et Destin » de Vassili Grossman, ces livres très éclairants qui abordent les conflits par la petite porte, celle des gens qui ont eu à les subir sans se sentir concernés.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
Commenter  J’apprécie          102
Le pont sur la Drina

Quel plaisir de refermer un livre en remerciant l'écrivain, je remercie également le membre qui me l'a suggéré. Pour moi, ce livre va au-delà du lieu où se déroule cette chronique, car Des ponts sur la Drina, il y en a des milliers dans le monde. Ivo Andric nous décrit l'humanité, à travers l'histoire de ce pont, ces hommes ancrés dans leurs attachements, dans leur religion de naissance, ces hommes qui construisent, ces hommes qui détruisent, ces états et pouvoirs qui asservissent l'humanité, parce que l'homme est ignorant, que l'ignorant à peur et que la peur engendre la violence. Merci Ivo Andric
Commenter  J’apprécie          103
La chronique de Belgrade

Si Belgrade m’était contée…



Si le nom d’Ivo Andrić m’était quelque peu familier, je n’avais jamais eu l’occasion de me plonger dans les écrits de cet auteur croate, prix Nobel de littérature en 1961.



Heureusement les éditions des Syrtes sont là et nous permettent de découvrir, cerise sur le gâteau, des nouvelles exclusives de l’auteur.



Des nouvelles classées chronologiquement en fonction des événements narrés dans les différents textes.



Sans vouloir résumer chaque nouvelle, certains grands traits se distinguent de l’esemble de ce livre.



Toutes ont pour cadre la ville de Belgrade, mais ce qui est frappant c’est l’omniprésence de la guerre et des bombardements.



On sent que l’auteur, qui resta à Belgrade occupée puis bombardée pendant la seconde guerre mondiale, a ressenti personnellement les alarmes aériennes, les fuites dans les caves, l’attente au milieu des gens qui crient, se lamentent ou au contraire restent presque absents des événements.



La guerre sert de catalyseur, de révélateur d’humanité : elle permet de montrer le vrai visage des gens, leur permet de s’élever, de reconquérir une dignité écrasée dans les affres d’un mariage malheureux. Car oui, certains couples sont heureux mais dans l’ensemble le bonheur conjugal n’est pas monnaie courante.



Les personnages principaux de ces récits ne sont pas des héros, à la base. Ce sont des hommes qui ont souvent épousés la mauvaise femme, des mégères qui rabrouent leur mari. Et ce dernier s’efface. Mais parfois il est possible de reconquérir une certaine forme de dignité. Certains y arrivent, d’autres non.



Ces portraits sont autant d’occasion pour évoquer la vie belgradoise sur des périodes charnières. J’ai été séduite par la plume de l’auteur, par ses personnages pathétiques ou horripilants mais surtout touchants par leur volonté de casser leurs chaînes.



Une première incursion dans les écrits de cet auteur qui me donne envie d’en découvrir davantage.
Commenter  J’apprécie          90
Le pont sur la Drina

Le livre commence, logiquement, par la construction du pont au XVIème siècle, son contexte et toute une série d'anecdotes et de légendes qui l'entourent. Au fil du temps et des changements politiques, ce pont est le témoin (oserais-je dire le pilier) de bien des histoires cocasses ou horribles, de personnages bienveillants ou pas, son rôle évolue et c'est la grande histoire de toute la région des Balkans (bien agitée) que l'on revisite par le biais d'historiettes qui semblent bien éloignées des tensions politiques, mais qui y reviennent toujours d'une manière ou d'une autre. Ce n'est pas anodin si le roman se clôt par l'année 1914 (Sarajevo n'est qu'à un jet de pierre).

Le pont sur la Drina est un livre long, c'est vrai, mais un roman foisonnant et magnifique. Il ne contient presque aucune date et les références historiques sont sous-entendues (soit supposées connues, soit considérées comme hors de propos), et c'est aussi ce qui m'a plu. Je ne connaissais absolument pas l'auteur, mais il m'a conquise.
Commenter  J’apprécie          90
Le pont sur la Drina

Voici un chef-d'oeuvre reconnu de la littérature serbo-croate. Un roman historique classique, dont le héros est le pont, pont entre Orient et Occident, entre monde slave et monde turc. Un pont fait construire par un sultan et détruit par le nationalisme de la Grande guerre. Il constitue la preuve de l'étendue de cette civilisation ottomane encore assez méconnue mais bien présente aux portes de l'Europe. Et le pont entre les ethnies, le pont détruit des Balkans, est encore on ne peut plus actuel...
Commenter  J’apprécie          90
Le pont sur la Drina

Ce pont sur la Drina se situe grosso modo entre Sarajevo et Belgrade, à Visegrad exactement, dans l'actuelle Bosnie Herzegovine. Ivo Andric, l'auteur de ce livre est un merveilleux écrivain. Il connait parfaitement chacun des peuples qui constitue cette partie des Balkans : les serbes, les croates et les bosniaques. Il a aussi une bonne connaissance sur les peuples turcs et autrichiens qui l'un et l'autre ont envahi à un moment donné ces contrées montagneuses, souvent difficiles d'accès. Quand vous lisez ce livre, vous traversez 4 siècles d'histoire houleuse au travers d'un pont. Celui-ci est comme un décor théâtral à tous les affrontements entre ces peuples. Il a été construit pour que les gens puissent circuler, échanger et communiquer. Mais, il a été hélas aussi une façon pour des nations belliqueuses de conquérir de nouveaux territoires et d'asservir les zones vaincues.

"Le pont sur le Drina" est un grand livre. Si un jour, je pars pour les Balkans et notamment dans cette partie de Bosnie, c'est sûr j'irai voir ce Pont qui est aujourd'hui, au même titre que le pont de Mostar, un bien mondial inscrit à l'UNESCO.
Commenter  J’apprécie          90
Titanic et autres contes juifs de Bosnie

Ce joli petit livre de moins de 200 pages dans la collection motifs a une couverture en tapisserie très plaisante. C'est un recueil d'une dizaine de courts textes qui ne sont pas vraiment des contes mais plutôt des chroniques de la communauté juive bosniaque. Chroniques variées, qui commencent avec nostalgie dans le cimetière juif de Sarajevo, petit monde des Séfarades, épitaphes en Espagnol ou simples dates de l'année 1941 pour des tombes anonymes. Le vainqueur est le texte qui s'approche le plus du conte, il met en scène David vainqueur de Goliath, vainqueur amer : "il avait rêvé de gloire; de victoires et de triomphes ; mais ce qu'il vivait là était une douleur et un feu dont on ne pouvait sortir"... tristesse prémonitoire des souffrances à venir....



Mordo Atias est le portrait d'un herboriste juif d'une ancienne famille séfarade de Travnik, la ville d'Ivo Andric. Ce dernier excelle dans les portraits, j'avais apprécié ceux de Mara la courtisane, le premier livre que j'ai lu de cet auteur.



Le départ du consul de Napoléon relate un épisode où les Juifs de Travnik furent considérés à l'égal des autres habitants et non pas comme simplement tolérés, ils témoignent leur reconnaissance au consul français qui quitte la ville.



Un amour à Vichegrad et Lotika mettent en scène séfarades mais aussi ashkénazes, si la Bosnie est une mosaïques de confession, à l'intérieur de la communauté juive des histoires très différentes coexistent, Lotika, femme d'affaire, veut faire fructifier son patrimoine pour aider sa famille.



Les dernières nouvelles racontent le 20ème siècle, la difficulté de la coexistence des communautés, la haine entre elles, l'antisémitisme. Titanic évoque un naufrage, celui d'un simple tenancier de bistro louche, juif pauvre, éloigné de la communauté qui sera le jouet d'un oustachi minable. Histoire tragique racontée avec sensibilité.




Lien : http://miriampanigel.blog.le..
Commenter  J’apprécie          80
Le pont sur la Drina

Merveilleux livre qui retrace l'histoire de la ville de Visegrad au travers de l'histoire du pont. Il y est question de résistance à l'occupant turc, de bravoure et de fierté. De filles tout aussi fières que les hommes, et bien décidées à faire échouer des mariages arrangés à tout prix. De vizirs ivres de pouvoir et de cruauté. D'autres vizirs humiliés par les austro-hongrois. On y trouve les successions de batailles sur cette terre très disputée. Mais également l'idiot du village, que les imbéciles s'amusent à enivrer pour le voir marcher sur le parapet. Et l'histoire de la belle Fata, qui a donné naissance à une chanson.

L'écriture est très belle et l'histoire est très très dépaysante.
Commenter  J’apprécie          80
Le pont sur la Drina

Je trouve incroyable d'arriver à passionner le lecteur avec comme personnage principal... un pont.



Pas n'importe quel pont. Un pont au carrefour de l'Histoire, des Civilisations, des Peuples... le tout avec des majuscules.



Quatre siècles d'aventures, de chocs, d'amour, de rencontres, de guerres, de secrets... sur un pont.



Ce livre écrit voici plus de 60 ans éclaire brillamment notre connaissance de la région, lieu de conflits, et facilite la compréhension des rouages à l'oeuvre (encore maintenant) en Europe Centrale. Le tout dans un style fluide, beau, empreint de poésie. Que demander de plus?
Commenter  J’apprécie          80
Le pont sur la Drina

Ce texte retraçant l'histoire d'une ville et de ses habitants sur plusieurs siècles à travers l'histoire du pont de cette ville me donnait très envie, mais j'en ressors avec un sentiment de déception. Le pont sur la Drina, construit en bordure de la ville de Višegrad, ville de l'actuelle Bosnie-Herzégovine, est construit au XVIème siècle alors que la région faisait partie de l'empire Ottoman, et c'est son histoire qui nous est retracée dans ce livre. A travers l'histoire de ce pont c'est surtout l'histoire de la ville, de ses habitants et de la région secouée au fil des ans par les multiples guerres et changements de souveraineté qui sont chroniqués. Et bien que le pont soit au centre de cette histoire, c'est les portraits de différentes personnes sur plusieurs générations, les récits de plusieurs ''légendes'' liées à ce pont qui vont servir à dérouler l'histoire au fil des siècles.



Apres un début introductif de deux chapitres, l'histoire commence vraiment, et elle commence avec la construction du pont, son chantier, ses problèmes, et j'ai trouvé cette partie passionnante. Mais plus le temps passait, plus les pages se tournaient, plus les histoires s'enchaînaient et plus je me détachais de l'intérêt que je portais au livre, bien que j'ai eu parfois des regains d'intérêt mais trop brefs pour me captiver à nouveau, et mon impression globale reste comme je l'ai dit en début de critique assez décevant. Je ne saurais trop dire pourquoi j'ai fini par m'ennuyer durant cette lecture, sans doute parce que c'est parfois trop court pour de nombreux passages ce qui fait qu'on a pas le temps de s'attacher aux personnages, parfois un peu confus aussi dans les croisement d'histoires, dans les réflexions, dans la chronologie aussi, ce qui fait que j'ai fini ce livre dans une certaine indifférence. 3.5 étoiles tout de même car tout n'est pas à jeter, loin de là, je n'oublie pas les passages passionnants ou du moins intéressants du livre, et j'aime beaucoup l'idée de départ au final plutôt bien exploitée, bien qu'assez souvent ennuyeuse surtout sur la seconde moitie.
Commenter  J’apprécie          70
Le pont sur la Drina

LE PONT SUR LA DRINA d’ IVO ANDRIČ

La Drina est une rivière qui sépare la Serbie et la Bosnie, l’Orient et l’Occident , c’est surtout la rivière qui passe à Visegrad, aujourd’hui ville de Bosnie Herzégovine. Sur cette rivière, à la fin du 16 ème siècle, un pont fut construit par Mehmet Pacha Sokolovič, grand vizir de Soliman le Magnifique. Visegrad était alors sous domination ottomane et par une curiosité de l’histoire, Mehmet Pacha était né à côté de Visegrad et avait été emmené à Constantinople, au titre d’impôt sur le sang, où il devint l’un des personnages les plus puissants de l’empire ottoman. Le pont construit, il sera le lieu de rencontre de toutes les communautés de la ville, juifs, musulmans ou islamisés, chrétiens orthodoxes. Ce lieu de rencontre, c’est la Kapia, espace plat au milieu du pont où l’on vient discuter, boire thé ou café, parler affaire ou politique, et au fil des années la politique sera omniprésente. Si les turcs ajoutèrent un caravansérail en bordure du pont, les militaires du royaume d’Autriche Hongrie qui leur succéderont au 19 ème siècle le transformeront en casemate. Au fil des évolutions politiques et militaires de cette zone, une seule chose restera immuable, la Drina, et son pont, car bien qu’il fût l’objet de tir de fusils, mitrailleuses ou mortiers, il va résister, restera un lieu de rencontre, un lien imperturbable dans le brouhaha du monde.

IVO Andrič écrit la chronique du temps qui passe qui bouleverse la vie des hommes et des femmes, passe du général au particulier et nous fait revivre, à travers l’histoire de cette petite ville et de son pont, les incroyables changements que cette partie du monde a connu. Andrič est l’exemple type de cet univers à la croisée des empires d’orient et d’occident, il est né en Bosnie, dans une famille Croate, se déclare Serbe après 1945 et quand il est mort en 1975 il était de nationalité Yougoslave!!

Accessoirement c’est le prix Nobel de littérature 1961. C’est un copain serbe qui m’a offert ce livre et c’est une superbe découverte d’un auteur qui m’a fait penser pendant la lecture au romancier turc Orhan Pamuk.

Lisez ce livre magnifique.
Commenter  J’apprécie          71
Le pont sur la Drina

Nous sommes là face à une oeuvre littéraire de grande qualité. Depuis la construction du pont au début du XVIème siècle, jusqu'au début du XXème, l'auteur nous présente la vie d'un village de Bosnie-Herzégovine. Pour son malheur, cette contrée, située à la limite de l'occident et de l'orient, sera revendiquée par les Turques et par les Autrichiens. Musulmans face à Chrétiens.

Le début du livre, portant sur la complexe construction du pont, est magistral. Exploitation des ouvriers, menaces, superstitions, condamnations à mort: au XVIème, rien ne se fait tout seul.

La suite est constituée d'épisodes échelonnés dans le temps, et d'intérêt inégal. Mais les oppositions culturelles sont toujours là.

Il y a le pont, solide, brut, superbe (pourquoi les éditeurs mettent-ils en couverture des photos aussi réductrices alors que le site est majestueux?), et il y a la kapia, si importante dans ce récit: il s'agit d'une petite terrasse avec bancs de pierre, aménagée au milieu du pont, où les habitants des deux rives s'assoient, face au magnifique paysage, et parlementent à l'infini. Le caractère symbolique du pont et de sa kapia ressort de chaque épisode.

Grande littérature, roman inscrit dans l'Histoire, ce Pont sur la Nirva est un livre à lire, vraiment.
Commenter  J’apprécie          61




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ivo Andric (732)Voir plus

Quiz Voir plus

La chambre des officiers, de Marc Dugain

Quel est le nom du personnage principal de l'histoire ?

Alain Fournier
Julien Fournier
Adrien Fournier

10 questions
1880 lecteurs ont répondu
Thème : La chambre des officiers de Marc DugainCréer un quiz sur cet auteur

{* *}