J.B. Bourgeat

L’homme, disent nos anciens sages, est distingué de tous les autres êtres visibles par la faculté intellectuelle qui le rend capable de raisonnement ; et c’est immédiatement du Ciel qu’il reçoit cette faculté précieuse. Une portion de la substance de notre père et de notre mère est, il est vrai, la cause de notre existence et le sujet par le quel nous subsistons. Mais ce sujet resterait dans un état d’inertie sans le concours des deux principes contraires, Yang et Yin.

Le Brahmanisme désigne un vaste ensemble d’idées, de croyances et de pratiques variées à l’infini, et relatives en même temps à la religion, à la morale et à la philosophie. Tant que les divergences ne touchèrent pas à l’édifice sacré de la religion et de l’ordre social, le Brahmanisme se considéra comme intact, il toléra les controverses et les opinions les plus hardies, il les regarda comme des objets de pure curiosité, ou comme des doctrines scientifiques indifférentes pour la foi et les dogmes, dont les symboles, primitivement peu chargés et peu précis, se prêtaient merveilleusement une si grande liberté dans les spéculations philosophiques.

Depuis Socrate jusqu'à l’ère chrétienne , la philosophie grecque se divisa
généralement en trois parties : la logique et la dialectique ; la théologie et la physique; la morale et la politique. Démocrite et Épicure, les seuls qui, avec
quelques autres philosophes plus obscurs, rejetèrent de la philosophie l'élément théologique, ne firent que déplacer l'idée de Dieu, en regardant comme principe, raison et cause de tout ce qui existe, le hasard, ou la nécessité, ou le destin, ou la matière, c’est-à-dire, en leur reconnaissant tous les attributs que nous n’accordons qu’à Dieu. Ils rentraient aussi dans le domaine de la théologie par la nécessité où ils étaient d’expliquer, sans les admettre, les dogmes si universels et si constants de l’existence de Dieu, de la loi religieuse et de l’immortalité de l’âme.

Que la théologie et la philosophie partent de certaines notions ou vérités premières de la raison, que les philosophes rationalistes regardent comme un pur produit de la raison humaine, et les théologiens ou philosophes théistes, comme provenant originairement de Dieu, source première de toute sagesse, de toute science , de toutes nos facultés essentielles comme il est le principe, la raison et la cause de toutes les existences et de tous les êtres, de tout ce qui est, de tout ce qui se fait, de toutes les propriétés et de toutes les lois de la nature.

En tant que la Philosophie ne désigne pas seulement un effort de la raison vers la connaissance ou la recherche de la vérité, mais encore le but de toute philosophie et un certain état de l’âme, qui consistent dans la perfection et le bonheur, dans la science et la vertu, dans la possession et la jouissance du souverain bien, on l’appelle la Sagesse, après laquelle, si elle pouvait être parfaite pour l’homme ici-bas, il n’aurait plus rien à désirer; car, alors, elle comprendrait le perfectionnement et la complète satisfaction de toutes ses facultés.

La Sagesse et la Philosophie sont au fond une seule et même chose; leur objet est absolument le même : ces deux expressions désignent ou une faculté et une disposition naturelles de l'âme humaine, ou l'art et la science qui, par culture et le développement de cette aptitude naturelle, se proposent de former les Sages et les Philosophes. Cependant l'une désigne plus spécialement la sagesse acquise, et l'autre la sagesse à acquérir.

Le mal n'est donc pas l'oeuvre de la volonté humaine, ni d'aucune volonté créée; il est dans la nature même des choses : c'est un résultat fatal de la création, laquelle, dès-lors, n'est plus conçue par Empédocle que comme une déchéance, une dégradation de l'être infini lui-même.

Le Bouddhisme est l’opposé du Brahmanisme, et, comme lui, il représente tout un système de civilisation, comprenant dans son sein une grande variété de sectes religieuses et d’écoles philosophiques, qui ont aussi leurs divisions et sous-divisions.