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3.66/5 (sur 98 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bram , le 8/07/1925
Mort(e) à : Paris , le 18/06/1993
Biographie :

Jean Cau, né à Bram dans l'Aude le 8 juillet 1925 et décédé à Paris le 18 juin 1993, est un écrivain et journaliste français. Il repose au cimetière La Conte de Carcassonne. Il fut le secrétaire de Jean-Paul Sartre, il recevra en 1961 le prix Goncourt pour son roman "La Pitié de Dieu", et fut diabolisé par la gauche, qui ne lui a pas pardonné ses dénonciations de "la Grande Prostituée", c'est-à-dire la gauche.

Il naît d'un père ouvrier, et d'une mère femme de ménage, le 8 juillet 1925 à Bram, dans le département de l’Aude. Jean Cau fait d'abord ses études au lycée de Carcassonne où il obtient le baccalauréat ; et peu après une licence de philosophie, il monte à Paris pour préparer l’Ecole Normale supérieure à Louis-le-Grand.
Il fut secrétaire de Jean-Paul Sartre ainsi que journaliste et grand reporter à l'Express, au Nouvel Observateur, au Figaro et à Paris-Match. Venu de l'extrême gauche, il s'est rapproché du Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne (GRECE, appelé aussi "Nouvelle Droite") et a écrit des textes polémiques fustigeant le gauchisme, la décadence de l'Europe ou exaltant le combat et les traditions européennes. Il fut également parolier, notamment pour Régine.
À partir des années 1970, les romans de Jean Cau, ainsi que plusieurs de ses essais et divers articles confiés à la revue Éléments, sont teintés d'un paganisme solaire.
Il fut le compagnon de l'actrice Louisa Colpeyn, mère de Patrick Modiano.
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Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
Aujourd'hui Montherlant n'oserait écrire Les Jeunes Filles. Il serait traité férocement de misogyne. Aucun artiste n'oserait sculpter des nègres porte-cochères: il serait traité de raciste. Aucun Balzac ou Proust n'oserait peindre un Goseck, un Nucingen ou un Bloch: il serait traité d'antisémite. Jamais nous n'avons été aussi peu libres d'être innocents. Devant chacune de nos pensées et chacun de nos actes, un chiourme se dresse et nous hurle que nous devons d'abord nous interroger et, à peine d'être coupables, stopper notre marche." p.102
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Il [Lacan] déboule dans le petit bureau, au quatrième étage du 42, rue Bonaparte. Quand il ressortira, je dis à Sartre :
— Il avait l'air agité.
— Vous savez ce qui l'a amené? Il me dit : «Sartre, ce qui m'arrive est horrible. Vous n'imaginez pas ce qui m'arrive. C'est horrible. Vous connaissez ma fille, hein? Vous savez comment je l'élève, vous savez avec quel soin, quelle attention, je l'observe, hein? Oui, hein? Eh bien, vous n'imaginerez jamais ce que, ce matin, j'ai surpris cette enfant en train de faire. C'est horrible. Elle avait glissé ses petits pieds dans mes grands souliers et marchait dans sa chambre! Effrayant! Elle me tuait, hein? Elle marchait avec ses pieds minuscules dans mes chaussures et riait. Elle me hait, c'est un meurtre, Sartre...»
— Vous l'avez calmé?
— Difficile. Si je lui avais dit que sa gosse s'amusait, il m'aurait pris pour son complice. Ensuite, il m'a débité dans son emportement toute une théorie, sur les sabots de Noël dans les cheminées, assez marrantes. Je lui ai conseillé d'en écrire.
— Ah oui?
— Quand on veut se débarrasser d'un maboul, il faut toujours lui conseiller d'écrire. C'est radical. Il saute sur son stylo et, avec un peu de chance, vous n'entendrez plus parler de lui pendant trois mois.
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Vers la fin de sa longue vie, Emmanuel Berl s'était mis à ressembler à Voltaire, qu'il aimait et dont il avait l'esprit vif et sceptique. Il vivait dans un appartement du Palais-Royal, à Paris, avec la Mireille du Petit Conservatoire de la chanson. Il aimait la paix, pour lire, méditer ou rêver, il avait installé des feux de signalisation au-dessus de la porte de sa chambre. Si le feu rouge était allumé, personne n'avait le droit de le déranger; le vert indiquait qu'il était disposé à vous recevoir pour discuter avec vous, en pyjama dans son lit, entouré des volumes de la Pléiade.
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O adolescents, ô étudiants de tous les Mai du monde, vous vous avancez aussi, bruissants et empanachés de mots et de slogans mystérieux. « Le fascisme ne passera pas ! » « Pouvoir-Étudiant ! » etc., ABRACADABRA ! Ça marche ! Ça déchaîne la colère, les coups, les commentaires et même les analyses des sociologues et des psychanalystes ! Provoquer cette rage ? Ah ! C'était trop beau pour être vrai. Or, c,est vrai et, partout, les grenades lacrymogènes fument, les policiers chargent, les voitures flambent... Et voici que le Roi des Adultes, lui-même, à la télévision, est obligé de prendre au sérieux vos incantations et vos danses.
Toute société est primitive et je me demande si vos danses et vos cris ne sont pas, en vérité, d'appel et d'invocation. Cette violence que vous dénoncez, je me demande en caressant rêveusement ma barbe si vous ne la souhaitez pas et ne l'appelez pas à coups de formules et de magies. Au père trop faible l'enfant lance : « Merde ! Tu es un con ! » et, enfin, l'Auguste gronde et, enfin, l'enfant s'émerveille de sourde joie et de terreur. Le chien qui dormait dans sa niche et chassait les mouches à coups de patte sans interrompre son rêve retrousse enfin lentement ses babines sur ses crocs, le poil de son échine se dresse et il tend ses jarrets pour bondir. O joie de le provoquer et de s'enfuir ! La chaîne est encore solide et le monstre réveillé ne vous sautera pas à la gorge. Pas encore. Vous le savez.
Car vous ne me ferez pas croire – à moi – que l'« injustice » vous morfond et que la « démocratie » parfaite est votre souci. Comme ça, en surface, oui. En mousse et en bulles irisées de mots, oui. Parce que pour l'heure, le vent de la fête souffle de ce côté-là et parce que ce sont des airs que l'orchestre joue, en pot-pourri, sous les charmilles.
Vous n'êtes pas démocrates. Aucune jeunesse ne l'est. La Démocratie est une invention d'adultes qui se ménagent et s'effraient des déchaînements du sexe, du sang et de la mort. Et de la vie. Vous rêvez de cartouchières, de commandos, de tribunaux, de torches et de fusillades, de cris et de chants, de drapeaux (rouges, pour l'heure) et de barricades, de complots, d'attentats, d'assauts, de discours enflammés et de fièvre aux joues. Votre jeu d,absolu, je vous apprendrai d'abord qu'il est un jeu et ensuite qu'il relève d'une mentalité et d'une idéologie que vous faites mine d'abominer mais dont vous retrouvez, spontanément, les gestes et les mots et les mythes. Vous rêvez d'être les soldats d'une cause qui vous ferait chanter. Dans le désordre. Mais l'excès de celui-ci précède et provoque toujours l'ordre. Avec des chants, des poignards à la ceinture et des insignes-grisgris, il est très facile de vous y convertir. Il suffit de donner à son exercice l'allure d'un jeu, les formules d'un sacré et – anges – de vous désigner le Diable. Gavroche se retrouve embrigadé et en train de crier : « Vive Staline, Hitler, Mussolini, Castro ou Mao Tsé-toung ! » Vive (un) Dieu, en somme.
Un libéral, un démocrate, un modéré, un parlementaire... pouah ! Des hommes politiques en veston... pouah ! Vous lorgnez du côté du boubou Lumumba, de la vareuse de Mao Tsé-toung, du béret de Che Guevara frappé d'une étoile ou des demi-bottes lacées de Castro. Je vous comprends très bien. Vous lorgnez du côté des Dieux. Si vous saviez comme je vous comprends ! Moi aussi (à mon âge ! J'ai mille ans !) je lace mes bottes, me coiffe d'une chapska, frappe mes revers de veston d'insigne, barre ma poitrine d'une cartouchière, arrime un poignard à mon flanc ! Moi aussi, les libéraux, les démocrates, les modérés, les parlementaires et les vestons m'emmerdent.
[…]
Ainsi, peut-être, ce qu'il y eut de plus déchirant, en France, au mois de mai 1968, fut-il l'appel de votre immense troupeau qui réclamait un berger. Dans les cours de vos facultés et de vos lycées, vous placardiez sur les murs des portraits de chefs politiques. Portraits-incantatoires. Portraits-appels. Voici nos Dieux ! Qui leur ressemble ?
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Les congénères du poulet n'avaient prêté aucune attention au sacrifice de leur frère et avaient continué de piailler en picorant férocement le grain. J'ai pensé que tous les peuples étaient ainsi: qu'on leur jette du "bonheur" à la volée et ils se détourneront de ceux qu'on égorge. Jusqu'au jour où les tueurs massacrent toute la basse-cour.
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" on dit que je suis superstitieux mais ce n'est pas vrai. A preuve, quand je vois entrer dans l'arène un toro à cinq pattes, je n'ai jamais peur..." On riait mais le maestro ajoutait :" Si, si, ça existe les toros à cinq pattes mais pour les voir il ne faut pas être superstitieux"
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[Cocteau] pointe l’index paratonnerre lorsqu’il dit ‘du mal’ d’un ‘monde’ qu’il adore et il a un rire qui fuse, [ ] un rire de tête, sec, cassé, cruel, élégant. Oui, car tout est élégant dans ce mince marquis osseux qui croise et décroise sans cesse des mains célèbres. La bouche mince, au passage, pince les mots. Et le nez, tranchant, piqué sur le visage comme un nez de gisant. Et la voix qui susurre, zézaie, boule et roule et catapulte les phrases, les mots, les idées, passe du coq à l’âne, de l’âne au coq et de l’ange à l’arlequin. [ ]

C’était Cocteau. Coque tôt. Coquette tôt. Coc, Coc, Cocteau. Caquette tôt. Bel oiseau sec au long bec. Cabot, touche-à-tout, touche-à-rien, dessinateur, pastelliste, imitateur, copieur, spécialiste en farces et attrapes avec pile électrique dissimulée dans l’objet et qui expédiait, oh ! c’est très drôle, tu vois, mon chéri, la décharge imprévue, mondain, snob, dandy, homo, roi de royaumes de carton et de celluloïd, empereur-ludion entouré de gardes musculairement doux, inquiet, nerveusement, à fleur de peau, inquiet de sa gloire dansante et évitant de faire, sur la corde, le faux pas [ ] p69
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-Attendez que ça pète, et on verra si vous êtes des mômes ou des hommes.
-On se conduira avec héroïsme, chef.
Ballu, sourcils rejoints, tourne sa gueule carrée vers Perou qui sourit.
-Ah oui? Tu seras héroïque, l'Étudiant?
Il appelle parfois Perou "l'Étudiant", celui-ci ayant avoué qu'il "étudiait" dans le civil.
-J'essaierai, chef.
Est-ce qu'il se fout encore de ma gueule? Se demande Ballu. Il n'en est jamais sûr, mais de vagues soupçons, parfois, traversent sa tête de bois. Dommage qu'à l'armée un supérieur ne puisse pas cogner sur ses hommes. Pas toujours, bien sûr, mais de temps en temps...
-Ah oui? Tu essaieras?
-Promis, sergent. Mais je vous signale que le lieutenant a dit que si les Fritz arrivent jusqu'ici, France kaputt.
-Et alors?
-Alors ce sera de l'héroïsme perdu.
-Qu'est-ce que ça veut dire, ça?
-Qu'il vaudrait mieux qu'on n'ait pas l'occasion d'être héroïques.
Ballu se secoue. Ce morpion pense trop vite.
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“Le temps de créer et celui de lire fondent comme du sucre dans l’eau bouillante du siècle. Dans les cervelles transformées en passoire, rien ne se dépose. Vous les râpez : aucun culot. Or la culture, c’était cela. Le précieux culot autour de l’âme d’un peuple.”
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Des jours, des années ont passé et que d'eau sous les ponts de la Seine ! Où est, aujourd'hui, le whisky de la Révolution ? Les intellos et les masses populaires mêlent-ils leur haleine, l'une parfumée au Chivas et l'autre au vin du Postillon ? Hélas, envolés les premiers, disparues les secondes. Contre quoi protester, manifester, signer, avec qui défiler ? Quelle cause épouser qui, à peine s'est-on donner à elle marié, ne démontre sa stéritilité et combien il est triste de malaxer ses chairs molles et d'en attendre une jouissance. La chambre reste silencieuse, l'étreinte se lasse, ça ne mouille ni ne bande. La mariée est froide et l'époux impuissant. On a recours, au fond des bois, à l'onanisme. On rêve d'une garce, sale et belle fâchiste qui passerait par là et qui crierait d'épouvante quand on ouvrirait son pardessus en la menaçant d'un zob retrouvé. Inutile labeur, le bois est désert que seuls parcourent des promeneurs en loden tranquillement ploutocrates. Deux cailloux existaient encore récemment dans les lentilles du monde qui rappelaient le bon vieux temps du fâchisme galonné et de l'oppression claire et nette de l'homme par l'homme : le Chili et l'Afrique du Sud. Deux panacées, deux trésors, deux reliques miraculeusement conservées au musée de l'Indignation. Il y avait certes des choses comme le Cambodge, L'Afghanistan, des massacres en de mystérieux Burundi, Liberia, Burkina - seuls connus des cartographes - et des Arméniens, des Azéris, des Ingouches, des Baltes et Moldaves ( etc.) historiquement plus frais, mais ces choses étaient mal arrimées aux indignations d'antan dûment répertoriées et idéologiquement éprouvées. Pinochet, c'était le énième tirage - comme on le dit d'une estampe ou d'une photo - du dictateur bien de chez nous et la perfection sonore et française de son nom, Pinochet, évoquait je ne sais quelles associations. Pétain, Pinochet, Pinay, Pompidou... Le Maréchal Auguste Pinochet, chef du gouvernement de Vichy... Le général Felipe Pétain, dictateur chilien... Avec l'apartheid, nous remontions loin dans le passé, à la traite des Noirs, voire à la conquête du Nouveau Monde, au lynch, aux combats de Victor Schoelcher, aux racismes du XXe siècle pour finir par le prix Nobel décerné à M. Mandela martyr. Nous étions en pays connu. Lorsque, presque sans prévenir, sans révolution, voilà que le Chili tourne à la démocratie et que l'apartheid disparaît de la scène. Bouche bée, quoi signer sur le comptoir des bars déserts ? Le Livre d'or du patron né à Saint-Flour ? " A Marcel qui, durant des années, en remplissant nos verres, a arrosé nos coeurs épris de justice. " Mince consolation. Stylo à la main, drapeau de l'indignation roulé sous le bras et prêt à être déployé, quoi signer et contre quoi protester ? On installe, au marché, un nouvel étal chargé de nouveaux produits : l'exclusion, les violations des Droits de l'homme, le racisme, ce bon vieux nationalisme inusable, le nazi maintenant néo, l'atteinte à la démocratie. Bonnes marchandises, c'est vrai, mais qui sont loin de valoir celles que l'on pouvait se procurer autrefois. Par exemple, la vente des violations des Droits de l'homme rapporte beaucoup moins que celle de la lutte contre l'impérialisme ; la lutte contre le racisme n'est pas un mauvais produit, mais sa composition est complexe alors que l'anti-franquisme était vierge de tout additif. Le commerce des indignations n'est plus ce qu'il était et, on aura beau dire, Kouchner et l'abbé Pierre sont des petits artisans quand on les compare aux grands industriels qui, à Moscou, fabriquaient des machines comme seule l'industrie lourde du communisme savait les mettre au point. "Appel de Stockholm", "Combats pour la paix", "Défense du prolétariat mondial", "Procès Kravchenko", "Dénonciation des Revanchards de Bonn", "Lutte contre le colonialisme" (un chef d'oeuvre !), que sont les concombres cultivés par M.Kouchner par rapport aux énormes potirons qui sortaient des serres de Moscou !

p96-97-98-99.
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