Le souffle des explosions bousculait les choses et les hommes. Il y avait des armes, des munitions détruites, dispersées, enfouies ; des tranchées écrasées, comblées, des abris écrasés, des hommes enterrés vivants ; des blessés, des morts !...
Ce que devenait le défenseur ? Une loque !
A travers le ronflement des obus, des miaulements et les sifflets de leurs éclats, le fracas des explosions, la mort menaçait, le fascinait.
L’homme allait se blottir dans un abri, s’il le pouvait, ou bien au profond de la tranchée, ou encore derrière le moindre couvert qui lui paraissait protecteur. Il s’y faisait petit, petit, se tassait, se recroquevillait au possible. Hébété, tête vide, l'œil fixe ; hagard, la pupille dilatée, les vaisseaux sanguins contractés à l’extrême, il avait les nerfs brisés. Le défenseur du retranchement n'existait plus, parce que, momentanément du moins, sa volonté était abolie : il était littéralement réduit à l’état de loque humaine ! …
Général Germain Passaga
Je voyais aller au feu de Verdun des jeunes gens de vingt ans : quel découragement quand ils revenaient. Leur regard, insaisissable, semblait figé dans une vision d'épouvante. Leur démarche et leurs attitudes trahissaient l'accablement le plus complet, ils fléchissaient sous le poids de souvenirs horrifiants...
Deux lieutenants de 347è R.I., ayant assisté à l'anéantissement de leur régiment et voyant leur compagnie réduite à 35 hommes désarmés, ordonnèrent le repli après s'être courageusement défendus pendant 48 heures.
Ce furent leurs propres soldats qui, les larmes aux yeux, durent exécuter les deux officiers...