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Critiques de J.-H. Rosny aîné (227)
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La Guerre du feu

J.-H. Rosny aîné - La Guerre du feu - 1911 : La théorie de l’auteur et de beaucoup de spécialistes de la préhistoire impliquant que les premiers hommes auraient su entretenir le feu tombé du ciel sans savoir le faire eux même était plutôt tangible. La seule manière de le renouveler quand il s’éteignait était d’attendre a nouveau que la foudre tombe du ciel où d’aller le prendre de force à des tribus plus chanceuses. C’était un motif tout désigné pour engendrer les premiers conflits entre êtres humains, longue série de guerres qui ensanglantent l’humanité depuis des millénaires. Privée de son feu par des ennemies féroces, une tribu était obligée de s’exiler dans les marécages pour survivre. Sans feu, impossible de se chauffer, d’éloigner les bêtes sauvages ou tout simplement de manger de la viande cuite. Privée de ce confort, le groupe était à l’agonie, les faibles commençant à mourir de froid et de maladie. Les anciens décidaient alors d'envoyer Noah (pas Yannick, un autre…) le meilleur guerrier du clan rechercher avec deux compagnons le feu salvateur. C'est cette quête que décrivait le roman dans un récit qui ne manquait pas de souffle et de rebondissements. C’était en effet un voyage aux confins des civilisations, émaillé de multiples rencontres avec des animaux sauvages (Mammouths, Aurochs, Tigres, Lions géants) ou avec d’autres tribus le plus souvent malveillantes. Confrontés à des mangeurs de chairs humaines puis à des néandertaliens forcément patibulaires, les membres du petit groupe faisaient fonctionner leurs intelligences naissantes pour se sortir de chaque épreuve sans trop de dommages prouvant ainsi la suprématie des Homo Sapiens sur les autres ethnies primitives de l’époque. Les trois hommes apprenaient finalement d’un peuple plus en avance qu’eux (il y en avait quand même…) à faire du feu en produisant des étincelles avec des silex ce qui leurs permettait de rentrer auprès des leurs comme des héros des temps anciens. Ce texte écrit en 1911 était tributaire des connaissances scientifiques de l’époque. L’écrivain maîtrisait parfaitement la description des paysages dévastés des premiers âges tout comme le langage grogné et imagé des hommes des cavernes. «La guerre du feu» est sans doute rempli d’anachronismes mais malgré cela il reste en l'état un des meilleurs livres écrits sur cette période reculée de l’histoire…
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La Guerre du feu

D'une façon générale ( mais au cas par cas ) , j'apprécie énormément le style de J.H Rosny Aisné , il y a une sorte de grandiloquence épique au ton très juste qui est assez fascinante et rythmé , scandée en fait , qui est assez envoutante .



Les nuits deviennent plus que les nuits avec l'auteur , le ciel lui est immense et inaccessible , à part pour les oiseaux et les lances , la musique c'est les bruit des forets , de la pluie , du bois mort qui craque .



Il y a des êtres vivants , des animaux et des hommes qui sont à la lisière du merveilleux malgré l'élan rationnel et scientifique qui a présidé à leur élaboration .



C`est bien de merveilleux dont 'il s'agit, mais c'est un exquis merveilleux scientifique , délicieusement suranné en plus .

En effet J.H Rosny Aisné est l'auteur de langue française qui fusionnera véritablement la science et la littérature dans une dynamique prospectiviste ou encore , plus « simplement « dans une dynamique élucidatoire .



Mais il ne faut pas s'y tromper, c'est un genre littéraire qui est fondé ici par la mise en fiction du discours et des données scientifiques .

Avec cet auteur beaucoup , beaucoup , trop méconnu , la science-fiction de langue française est posée dans les clous , et du point de vue de la structure , il sera remarquablement intéressant de noter que les formes de ce genre n'ont finalement pas beaucoup bougées depuis .



Je repasse à J.H. Rosny Aisné pour dire qu'il est le chantre de l'altérité et que ses textes ne sont pas susceptibles , dans leur exhaustivité , de faire honte à un comité d'éthique improvisé ou non.



En animant le discours scientifique , l'auteur a créé deux genres . En effet , en plus de la SF , c'est le genre des fictions ( romans ) préhistoriques qui est moins florissant et qui est moins diversifié que la SF . Mais qui existe , et qui mérite véritablement d'être exploré . Il possède lui aussi une riche et dense histoire en fait .



En fait les fictions de l'auteur peuvent être l'objet d'un commentaire scientifique qui mobilise l'histoire des sciences qui est assez facile à faire dans les grandes lignes , mais qui est incroyablement fastidieux dans les détails . Pour chaque roman , telle ou telle donnée préhistorique est plus ou moins référencée et documentée par l'auteur , qui a exploré sérieusement la préhistoire jusque l'aube du néolithique , curieusement donc , pas plus loin que les prémices des civilisations ....

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L'idée de la guerre du feu , c'est que l'homme a apprivoisé le feu . Il ne sait produire lui-même la flamme salvatrice , mais il sait la conserver et la transporter sur de longues distances et pour de longues durées . Il y a déjà dans la simple conservation du feu beaucoup de technologie , comme de savoir théorique . L'auteur postule ici que les hommes se sont battus pour posséder cette source de vie .



Dans le roman et au cour de cette courte guerre , une tribu perd le feu et de ce fait , c'est une fracture psychologique violente pour cette population qui découle de cette perte . Le peuple qui est aussi petit que déjà très structurée en fonctions sociales , perdra avec le feu , la sécurité et avec elle , toutes formes de puissance et de statut , face aux dangers de la nature .



Un guerrier partira à la recherche du feu . Il le trouvera et il découvrira aussi une façon de le faire ( de le fabriquer ) . Il fera cette découverte en même temps que le sentiment amoureux envers une personne qui appartient à un groupe humain physiquement très diffèrent de lui . L'auteur lui , parlera de race . Un concept ( dépassé ) qui introduit des différences radicales entre les êtres , mais qui sera comme souvent , transcendé par les personnages crée par l'auteur .



J.H. RA pose aussi le socle d'une pensée totémique . Une pensée qui selon lui émerge principalement apparemment , d'une véritable parenté intensément ressentie par l'homme de ces époques reculées , avec les règnes animal et végétal . Pensez par exemple , au retentissement affectif de l'alliance fortuite et merveilleuse avec les mammouths dans ce roman .



L'auteur ne fait pas non plus le postulat du cannibalisme systématique . il le pose comme alimentaire ( ce qui est une erreur partielle ) , mais la progression vers le statut d'homme exclue toujours chez lui le cannibalisme , ce qui est une autre erreur . Cependant saluons ici le refus de l'auteur de souscrire aux thèses qui cautionnaient de son temps , désagréablement , l'équation : Sauvages et primitifs = Premiers et Cannibales .



Un préhistorien contemporain viendrai à ce propos certainement vous décevoir car au contraire , le cannibalisme est bien entre autre un trait de civilisation établis . Il fut quant-il fut , très encadré rituellement et vraisemblablement , il fut aussi un trait de civilisation très structurant et très complexe mais soulignons qu'il ne fut pas systématiquement une réalité , et loin de là .



Je conclue ce texte déjà trop long en insistant sur le caractère épique très réussi de ce roman ( éponyme d'un film ) et en disant que ces fictions préhistoriques sont souvent de beaux textes imagés rédigés dans une langue et un style très dix-neuvième siècle , donc assez littérature classique finalement .



Le génie de l'auteur fut aussi de mettre de la complexité culturelle et psychologique dans de tous petits groupes humains , car songez que l'espèce humaine à passer l'écrasante majorité de son temps dans des groupes presque familiaux à toute petite échelle ( la trentaine de personnes au maximum ) .



C'est aussi un fait et un facteur à prendre en compte pour s'approprier et pour ressentir cette longue et interminable période préhistorique . Ce roman pourrait bien vous y aider en plus de vous distraire ...

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La Guerre du feu

C'est fou quand on y pense que le roman de référence sur la Préhistoire ait plus de cent ans. Depuis on en a écrit à la pelle, dont quelques-uns de très bons, mais aucun n'a jamais réussi à remplacer ‘'La guerre du feu''. Même son adaptation au cinéma reste indétrônable dans la catégorie (il est vrai que la concurrence est faiblissime) ! Pourquoi ? Deux éléments, à l'évidence : le talent de conteur, et la simplicité de l'histoire.



La plume de J.H. Rosny-Ainé a étonnamment peu vieilli. Très élégante et lyrique, elle présente peu de lourdeurs et de longueurs inutiles. Les descriptions de la savane sont magnifiques ; on croit entendre le piétinement des herbivores dans le lointain, le feulement du machairodus rôdant autour de notre frêle abri. Il plane sur ces pages une poésie sauvage et primitive, poésie de la proie et du fauve, du sang et de la griffe, poésie d'une nature vierge et indomptée où se joue, jour après jour, l'éternel combat pour la vie. L'homme, frêle, farouche, brutal, tente non seulement de survivre, mais de s'élever. Il a engagé une lutte sans pitié, contre le carnivore qui veut sa chair, contre le froid et la nuit, contre son semblable même. Dans sa simplicité, l'histoire prend les caractères d'une épopée.



Est-elle dépassée au regard des connaissances actuelles ? Oui et non. Cent ans après on connait certes bien plus de choses sur la Préhistoire, mais beaucoup de certitudes ont aussi été battues en brèche. Qui plus est, le principal anachronisme était connu dès le début, et dans le récit il est assumé en filigrane : faire cohabiter à la même époques plusieurs cultures séparées par des centaines de millénaires d'écarts. Cela permettait de faire découvrir au lecteur, en une histoire, un panorama de l'évolution humaine de –500 000 à -15 000. Cela étant, de récentes découvertes (Florès, Callao) ont montré que certaines populations avaient perduré bien plus longtemps que ce qu'on pensait !



Inégalé, insurpassé, ‘'La guerre du feu'' a acquis le statut d'Illiade préhistorique, et ne semble guère prêt d'être détrôné.

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Recits de science-fiction

Dieu, au septième jour, contrairement à ce que l'on a pu entendre ici ou là, Dieu ne se reposa pas.

Non, Dieu créa encore, et encore.

Il créa le livre, l'écrivain, l'éditeur et l'imprimeur.

Ça a été du boulot, un sacré boulot.

D'autant que dans la foulée, il créa la préface ... enfin non, il créa Francis Lacassin qui, lui, créa la préface.

Parti sur sa lancée, Dieu en profita pour innover un peu, il créa la postface, l'avertissement de l'auteur, la biographie, la bibliographie et quelques autres petites choses littéraires et pratiques.

En fin de journée, avisant le foutoir qu'il avait mis, il créa la bibliothèque.

Malheureusement dans le même temps, le serpent, dont on sait comme il est retord et fourbe, le serpent vint siffler là-haut sur la colline.

Il y trouva quelques compères, des textes libres de droit et une vieille mallette de typo 2000 ...

Bref ! Que Dieu me savonne !

Et, qu'Amélie et la Pleïade me pardonnent !

Tout ça pour dire que, d'abord, moi aussi, je peux faire de la parabole jusqu'à plus "soif".

Et qu'il y a loin de l'imprimante à l'édition ...

Ici, dans le livre qui nous occupe, une couverture marketée et teintée de rouge, une impression aérée pour une lecture facilitée et agréable mais rien, ou presque rien, ni sur l'auteur, ni sur le contexte de ce vieux manuscrit signé J.-H. Rosny aîné.

Dommage, mais n'est pas Marabout qui veut !

Et finalement, l'on découvre, ici, pourtant trois assez longues nouvelles : "les xipéhuz" (1888), "Nymphée" (1893) et "la mort de la terre" (1910).

C'est au livre de Bakhoûn que l'on doit de connaître mieux les circonstance de la première guerre des mondes où la race humaine a été au bord du néant ...

Le capitaine Devreuse, Sabine sa fille et le narrateur du deuxième texte ont traversé de formidables marais pour découvrir le continent étrange des hommes des eaux ...

Targ, le dernier homme voit l'humanité disparaître en même temps que l'eau, si précieuse à la vie ...

Ces trois nouvelles sont des classiques du genre, à redécouvrir.

Pour ma part, le dernier, très beau et quelque peu onirique, a ma préférence.

Que Dieu me savonne !

Et, que les éditions OKNO me pardonnent !

Je les remercie de m'avoir donné l'occasion de relire du Rosny Aîné, et d'avoir mis dans leur catalogue quelques autres petites "bricoles" que je compte bien relire très prochainement ...

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La Guerre du feu

Le feu est essentiel pour la survie de la tribu. Faouhm, le chef de la horde, promet sa nièce Gammla ainsi que le bâton du commandement au guerrier qui rapportera le feu. La tribu des Ulam charge Naoh, Nam et Gaw de rapporter ce feu magique qu'ils ne savent pas produire.

Dans ce roman ce qui est très émouvant, même bouleversant, ce sont les premiers dialogues de nos ancêtres à l'aube de l'humanité . Par exemple cet échange si touchant entre les hommes du groupe au moment du départ :

Faouhm : " Wua ga bou ! ah ta ka ( Et les mecs, faites gaffe! Ne prenez pas le périph, y a plein d' embouteillages de mammouths laineux. )

- Nam : Aga zouk ! ( Oui chef, bien chef!).

Et aussi cette conversation émouvante entre Nam et Naoh :

Nam : " Dominiè nouwak? ( T'as regardé le match hier soir ?)

- Naoh : Tagui mok (Non j'avais piscine ).

- Nam : Mour dogo zahak ? ( Tu penses que c'est le colonel Moutarde le coupable ? )

- Naoh : Toula do ak, ïï ! ( Tout est politique, man !)

Et ce tête à tête si attendrissant entre Gammla et Naoh lors de l'amour :

Gammla : " Zob, wak, wak ( vas-y Frankie, c'est bon, bon, bon.)

- Naoh : Argh ! ( Argh !)

Terminons avec cette remarque si touchante de Faouhm venue du fond des âges :

"Zaga o mam dié"( putain, j'ai marché dans la bouse de mammouth), et pour paraphraser Neil Amstrong : " Un petit pas dans la bouse, un grand pas pour l'humanité."

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Eyrimah

Eyrimah n'est pas le plus connu des romans préhistoriques des frères J.R Aisné .



Il est un peu particulier car il se déroule à l'aube des temps néolithiques , à la fin de la préhistoire , dans la période protohistorique à mon humble avis , c'est flou en fait .

L'auteur(s) nous dit(sent) 6000 ans avant l'ère commune .



Le texte mobilise les connaissances scientifiques de l'époque . C'est intéressant parce que l'auteur fait débuter le néolithique par l'élevage et la pèche et la poterie précède l'agriculture .

Le tout se tisse sur fond de citées lacustres sur pilotis et d'alpages désolés .



Les problématiques de fond autour du néolithique sont solides ( démographie , structure du pouvoir , outillage …) .

Le contexte scientifique est bien exploité , même si beaucoup d'aspects sont dépassés .



L'auteur transcende la donne scientifique par son éloquence et l'humanisme constant et solide qui parcoure toute son oeuvre.

Le texte parle d'amour , d'abus de pouvoir , d'esclavage , de guerre , de subsistance , de collaboration et de concurrence .



Les milieux naturels sont des personnages à eux seuls et ils y a un grand talent dans les descriptions et autour de la caractérisation .

C'est un texte très agréable à lire même si ce n'est pas le plus éloquent des romans de cette série de fictions scientifiques préhistoriques .



Bref une bonne ballade protohistorique suggestive , avec une belle langue classique et soignée , nimbée d'un humanisme exigent et des sons , des paysages grandioses et émouvants .

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Les navigateurs de l'infini

Un texte écrit en 1925 et publié à titre posthume en 1960.

Les navigateurs de l'infini est un véritable roman de science-fiction. le style du roman à mon humble avis est occasionnellement un peu daté, cependant c'est une lecture à titre documentaire qui est incontournable pour les amateurs du genre intéressés par son histoire.

Par ailleurs, cela reste une plus que excellente et avenante lecture jeunesse. Toute à fait idéale pour sensibiliser au genre SF.

Il s'agit d'un saut dans l'infini accompli par trois Français. C'est un voyage dans le vide spatial pour découvrir de près la planète Mars, de très près. Ce monde sec qui héberge la vie et une civilisation animée par une espèce intelligente locale et bien pensée dans son étrangeté radicale.

C'est un véritable roman sur le voyage spatial d'exploration ainsi que sur le thème du contact .

La donne scientifique martienne est largement dépassée mais le roman tourne finalement à un excellent planète opéra bien ficelé.

Le roman est relativement court et il pose une problématique analogue à celle qui menace les hommes de la mort de la terre . C'est intéressant car ce n'est pas un copié collé.

C'est un texte qui comprend beaucoup de belles phrases qui ont l'éloquence de la littérature classique du début du siècle.

Ce roman est infiniment plus de la science-fiction que n'importe lequel des textes de Jules Vernes .

C'est un auteur qui avec son frère fut le fondateur de la science-fiction francophone moderne et aussi un membre créateur de l'académie française contemporaine.

Ses fictions préhistoriques mentionnons-le ,sont superbes et elles sont elles aussi de la science mise en fiction.

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Le félin géant

Le Félin géant est un des romans préhistoriques de l'auteur qui possède le plus de cachet.



On est dans ce texte sur un mode quête , la recherche de nouveaux territoires de chasse par deux électrons libres et intrépides et sur celui également , des rencontres merveilleuses , ici principalement avec le lion des cavernes , et avec diverses espèces humaines.

C'est l'histoire d'un voyage et d'une exploration et ce roman déploie les caractéristiques de ce genre de récits .



Le lecteur sera le témoin de la rencontre inquiétante avec un redoutable animal au fond d'une caverne .

De nombreux moments dans ce texte mouvementé semblent venir étayer l'idée , qu'il y a souvent un bien à trouver dans le plus noir des évènements.



Le récit nous plonge dans l'évocation éloquente d'une nature dangereuse et grandiose …

Avec une suite de perpétuelles aventures imposées par ce monde redoutable , à la nature toute puissante animée par une force irrésistible.



Ce roman est éloquent et agréable . Il met sans triomphalisme ridicule , en valeur le potentiel prometteur de l'humanité en même temps que la fragilité de notre espèce devant l'immensité de la tâche qui est à sa portée tout en étant une sorte de nécessité consubstantielle à la nature humaine .

Une tache de prise de pouvoir laborieuse de l'homme sur la création , une aventure le plus souvent plus potentielle que effective .



Le récit est fréquemment émouvant , indépendamment du fait que les descriptions sont assez envoutantes , l'homme y est assez touchant de faiblesse et d'humanité , malgré le versant obscure et malfaisant qui accompagnera notre espèce tout au long de sa longue aventure qui est présent ici sans pathos désagréable et lourd .



Il y a de pas mal d'affects qui sont brandis par l'auteur dans ces pages tumultueuses et bruyantes . La narration variée , elle , est tour à tour colorée de frayeur , d'angoisse ou encore de mélancolie.



La langue n'a pas réellement vieillie , elle affiche un ton et une éloquence classique du meilleurs effet , elle n'est pas désuète .



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Le cataclysme

J'aime les querelles byzantines et après un Pill-Pull talmudique ,je déclare urbi et orbi que le cataclysme est un texte de science-fiction (sourire).

Le charme de cette nouvelle vient de ce qu'un plateau rural et ses habitants sont progressivement confrontés à une altération du réel sur un mode très rationnel qui les poussent à se demander s'ils sont un peu dérangés.

Il y a constamment des échos entre l'environnement et la vie individuelle et sociale des personnages et mêmes avec celle des animaux domestiques ou sauvages.

La narration est à la troisième personne et les descriptions sont aussi mesurées et concises que omniprésentes. Les descriptions participent ici vraiment au langage utilisé par l'auteur . Elles sont donc un vibrant moyen d'expression utilisé par l'auteur qui les soigne avec éloquence tout au long du texte.

Il y a dans ces pages une tonalité fantastique évidente mais à mon humble avis ce texte ne rattache pas au genre horrifique. Les personnages et le lecteur peinent à comprendre les altérations successives de l'environnement de ce petit monde rural.

Il y a très nettement un intérieur et un extérieur du plateau et l'extérieur n'est affecté par aucun phénomène physique qui soit hors cadre naturel.

La perception de la réalité vacille progressivement ,la raison aussi mais tout reste rationnel .A un moment donné se posera la question de la fuite.

Les évènements réveillent de vieilles croyances aux allures prophétiques en milieux paysans et populaires,. Elles se réfèrent à une société traditionnelle qui aide plus que la science à affronter cette nouvelle réalité qui s'installe.

Le récit n'est pas en mode thriller mais il y a un crescendo très net pour ce qui est de l'installation de la peur et du désir de fuite.

La langue n'est pas désuète mais , elle semble un peu "étrangère" par moment .C'est mon ressenti étonnant mais très net pourtant , un peu comme si on était face à certains moments ,à un dialecte.

C'est une belle pièce de littérature de l'imaginaire. C'est un court texte publiée en 1888 ce qui vient utilement souligner l'ancienneté du genre SF finalement .

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Les navigateurs de l'infini

Quelques semaines après ma balade avec Arnauld Pontier, me revoilà une nouvelle fois sur Mars, avec J.-H. Rosny Aîné comme guide cette fois.



C'est donc un texte plus ancien, mais plus récent d'une vingtaine d'années que la fameuse Guerre des mondes de H. G. Wells, dont les envahisseurs sont martiens. Au niveau contact, on ne peut pas faire plus différent. le trio – quasiment interchangeable – de Terriens qui débarquent sur la planète rouge agissent avec toute la prudence et la méthode des scientifiques confirmés qu'ils sont. Ils en paraissent froids au début. Mais rapidement, ils montrent beaucoup d'émotion à la vue de la beauté qu'ils découvrent.



Et c'est dans les descriptions des formes de vie que l'auteur impressionne. Il tente le défi de montrer des formes qui ne se limitent pas à des agencements singuliers de poils, d'écailles et d'yeux insectoïdes, bref de ne pas se limiter à ce à quoi le lecteur peut se raccrocher pour visualiser. Du coup, cette visualisation est difficile mais absolument originale et exotique. Trois Règnes de vie peu compatibles se partagent Mars : une minérale et électrique aux magnifiques effets visuels, une Zoomorphe à la symétrie ternaire, effrayante, et une qui se rapproche assez de la terrienne du point de vue biologique. Ce dernier Règne est construit sur une base de cinq appendices : les animaux volants ont cinq « ailes » et les êtres intelligents ont trois « jambes » et deux « bras » (d'où leur nom de Tripèdes qui se rapproche des Tripodes de Wells).



Au-delà de l'aspect découverte, le récit s'oriente vers de l'action car les trois hommes vont prendre partie dans le conflit qui oppose Zoomorphes et Tripèdes. Rosny Aîné a pourvu les Terriens d'une technologie qui n'existe pas de nos jours, tels que des champs de gravitation individuels réglables, des vaisseaux transparents et une forme d'ondes létales inconnue.



Nonobstant le style parfois un peu « sec » de l'auteur, ce récit déploie beaucoup de beauté exotique. Il vaut le détour.

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Les Xipéhuz

Deuxième lecture de J.-H. Rosny-Aîné, et je suis sous le charme.



L'auteur nous emporte dans la région de l'Iran du côté de la future Ecbatane, à une époque où la civilisation sédentaire des cités est encore à venir. Cependant, les clans nomades sont profondément structurés, possèdent déjà une religion commune, commercent, collaborent ou guerroient.

Mais voilà que l'un des clans tombe sur des êtres animés bizarres, aux formes géométriques simples, extrêmement violents et létaux. Ils n'attaquent pas au-delà d'un certain périmètre entourant leur territoire, mais ce périmètre grandit au fur et à mesure que ces cônes et ces cylindres de reproduisent. Rien ne semble pouvoir les arrêter. Les prières et autres sacrifices sont autant de ronds dans l'eau.



En désespoir de cause, l'on fait appel à Bakhoûn. Cet homme aux méthodes étranges a déjà démontré son efficacité par le passé. Qui ne tente rien…

Bakhoûn s'empare du problème. Ses méthodes étranges, ce sont celles que la science appliquera avec méthodes dans un lointain avenir : l'observation, la réflexion, le raisonnement, la logique. Il étudie ceux que l'on va nommer les Xipéhuz et développe des contres mesures. Il les adapte quand elle manque de performances.

C'est le récit de cette guerre de l'homme et de l'étranger, à laquelle un seul survivra, que nous conte cette nouvelle.



La modernité de ce texte m'a surpris. La précision que Rosny Aîné apporte au comportement des Xipéhuz – dont on ne saura pas s'ils sont d'origine extraterrestre ou non – est digne d'un ethnologue. Les méthodes de raisonnement de Bakhoûn permettent de mettre en avant les avantages de la science sur la religion pour comprendre le monde. le récit date de 1887. Les débats épiques sur la théorie de la sélection naturelle de Darwin sont encore assez frais dans les esprits. Bakhoûn fait penser à un Guillaume de Baskerville – le héros du Nom de la Rose – pré-antique ou protohistorique.

Le style de l'auteur est toujours aussi lyrique. Il peut paraître un peu trop riche, trop baroque, au début. Personnellement je m'y suis vite habitué.



Ce court texte mérite vraiment le détour. Après ces deux succès (le premier était La contrée prodigieuse des cavernes) je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin.

Vers Rosnyyyy et au-delàààà !

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La Guerre du feu

Le film de Jean-Jacques Annaud m'avait déjà bien transporté... Une sorte de science fiction à l'envers qui imaginait les aventures vécus par nos très lointains ancêtres.

J'ai remis le couvert, en 2016, en dévorant l'édition numérique du domaine public, du captivant roman de J.H. Rosny!

Dans ce 21e siècle de tous les dangers (et dont le feu n'est pas le moindre!) comment imaginer que ces flammes furent tellement vitales aux peuples de la préhistoires!? La vie de ces gens si lointains dans les brumes épaisses d'une rare mémoire, n'était qu'aventure pour leur simple survie.

Même si le livre de Rosny aîné est plein d'inexactitudes et d'anachronismes, la grande aventure, la rencontre des autres et les confrontations sont là!

J'ai été entraîné dans ces péripéties où mon imagination s'est étendue à peine perturbée des images du superbe film d'Annaud.

Je salue donc, de mes cinq étoiles, un auteur populaire, imaginatif et inspiré.
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Les Xipéhuz

Cette nouvelle (d'une bonne trentaine de pages) est considérée comme un des premiers textes de la SF francophone moderne. Co-écrite, en 1887, par J.H. Rosny aîné et son frère Justin Francois (= Rosny jeune), elle décrit la rencontre de l'homme avec une entité totalement incompréhensible pour lui.

Ce récit s'inscrit également dans le cycle des romans préhistoriques de Rosny aîné et il met en scène des tribus dans la région de la Mésopotamie qui doivent affronter, pour survivre, une forme de vie intelligente non-organique, appelée "les Xipéhuz".

Ainsi nommée par Bakhoun, un homme réfléchi qui a été désigné par l'ordre des prêtres afin d'observer ces êtres à l'apparence géométrique, défiant la raison humaine...



Peut-être que la "modernité" de ce texte s'affiliait à un des faits marquants de l'avant-dernière décennie du 19e siècle : la lumière électrique ! le caractère incandescent de ces êtres, tellement "autres", qui adorent le soleil, pourrait exprimer aussi bien la crainte de l'inconnu que l'émerveillement des auteurs.

Parce que dans un élégant langage, très "visuel", on perçoit aussi leur admiration pour la lumière dont ils savent à merveille décrire les couleurs et les chatoiements.



...c'était ma première rencontre avec les frères Rosny (nés sous le patronyme Boex) et leur histoire originale à éclairé un beau moment de lecture...
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Les Xipéhuz

Le court roman les Xipehuz .

Je commente ici ce court texte .

Quand je l'ai lu pour la première fois , j'étais époustouflé , car je l'ai placé dans son contexte et il m'a semblé jaillir du néant .

Un ovni en somme .

Publié en 1887, il a incontestablement quelque chose d'époustouflant et il est visionnaire du point de vue de l’histoire du genre .

Dans un lointain passé en Médie vraisemblablement , mais avant la naissance des grandes civilisations , l'homme devra triompher d'une forme de vie (jaillie de nulle part) à base de cristaux pour survivre .

Le récit rappelle le style antique et fait par exemple penser à des textes comme l'Anabase par exemple ...

Le ton est épique et phrases sont séduisantes .

Il y a comme une grandiose retenue dans ces pages .

Le récit est très factuel , qui sont les Xipehuz ? Que sont-ils ? Comment les vaincre ?

C'est à mon humble avis le premier réel récit de science-fiction francophone .

Il fait honneur au genre car il est tragiquement réussi et sa conclusion est éthique autant que dramatique .

Si vous avez un quart de millième d'intérêt pour la science-fiction , lisez ce texte en ligne !

C'est le grand ancêtre très honorable du genre , versant francophone .

Il ferait un film fabuleux et cet univers rappelle celui ultérieur de la guerre des règnes , où l’auteur mobilisera également une forme de vie d’essence minérale.

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Les navigateurs de l'infini

"Les navigateurs de l'infini" est une odyssée. C'est un classique incontournable du genre que pourtant jusque-là, par le hasard de mes errances livresques, j'avais contourné.

Trois hommes, à bord du "Stellarium", s'embarquent pour un voyage lointain.

Antoine Lougre, d'une nature mathématique et grave, Jean Gravial, magicien de l'expérimentation à la chevelure rouge et Jacques Laverande, le narrateur du récit.

Il leur faudra trois mois pour atteindre la planète Mars et autant pour en revenir.

Ce qui leur laisse également trois mois pour son exploration.

Mars, très vite, cesse d'être un astre pour devenir un monde visible et palpable.

Et la planète se révèle être le domaine de deux sortes de vie évoluée qui ne peuvent cohabiter.

Le peuple décadent des tripèdes s'y défend de l'invasion, grandissante au fil du temps, des zoomorphes dont la présence intoxique le sol ...

Le récit est bien construit, assez prenant mais sa lenteur en amenuise l'intérêt.

C'est une sorte de livre de bord dont la lecture, rapide et agréable, supporte mal les interruptions.

Il manque au récit, pour être passionnant, une épaisseur et un rythme qu'aurait du lui donner son format de roman.

L'ouvrage donne l'impression d'être une nouvelle coincée dans une dimension inadaptée.

Pourtant "Les navigateurs de l'infini" se révèle être un excellent bouquin.

Le périple de ces trois hommes est prenant.

Le vocabulaire employé parfois par l'auteur annonce la hard-science.

Le champ "pseudo-gravitif" du vaisseau, "l'hydralium" qui approvisionne les trois hommes en oxygène et leur provision de vivres comprimés sont quelques exemples qui ancrent cet ouvrage publié en 1925 dans la science-fiction moderne ...













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Serge Lehman présente : La guerre des règnes - ..

Je n'ai rien contre Jules Vernes ( à part un certain racisme relatif , qui place l'éthique un peu trop bas à mon gout ) . Il est incontestablement le grand père , ou le précurseur , de la SF française .

Il est l'auteur d'une oeuvre de mise en fiction de la science pas de doute , souvent en tout cas il y a la mise en lumière d'un horizon positiviste dans ses textes . ...

Mais pourtant , savez-vous que Wells refusa toute affiliation avec Jules Vernes ? Il ne le fit pas par francophobie ou par mépris de la remarquable oeuvre de Jules Vernes . Il le fit pour une question de fond :

En effet la science-fiction était déjà née et Wells ne comptait pas Vernes au nombre des auteurs de science-fiction . Et je vais vous dire : il n'avait pas tort ( même si ceci se discute pour certains textes )

A mon humble avis l'auguste Vernes était plutôt , dans une dynamique scientiste , très XIXème siècle , que dans de la science-fiction véritable . Ses textes ont néanmoins clairement contribués à faire bouger les lignes .

Le père de la science-fiction française , c'est J-H Rosny Aisne , l'auteur de la guerre du feu . Il est le fondateur de l'utilisation du merveilleux scientifique dans le cadre d'une authentique mise en fiction de la science , souvent sur de vastes perspectives temporelles, avec une véritable volonté de prospective et d'analyse des variables découlant de ce processus d'analyse autour d'un aspect scientifique ( sciences dures et autres ) , en rapport avec « l'humain » existentiel . Chez cet auteur la SF est dès lors un véritable langage assortie d'une recherche qui va au-delàs d'une affirmation scientiste et positiviste .



Les fictions préhistoriques ou bien celles de lointains futurs ( comme le véritable espace opéra de ce recueil ) , relèvent de la même dynamique .

Il est difficile aujourd'hui de trouver l'ensemble de ses oeuvres , mais une grande partie est généralement réédité au lance pierre , régulièrement ...

Il est l'auteur de fabuleux récits de science-fiction au sens strict et contemporain du terme .

Ce recueil vient à point nommé proposer la lecture de textes variés qui illustrent parfaitement mon petit laïus autour du merveilleux scientifique comme le vocabulaire d'un langage .

C'est un témoignage sur les premiers textes de SF francophones authentiques .

Je joins ici deux critiques : La mort de la terre et les Xipéhuz , publiés dans ce recueil .



Le court roman les Xiphéuz .

Quand je l'ai lu pour la première fois , j'étais époustouflé , car je l'ai placé dans son contexte et il m'a semblé jaillir du néant .

Un ovni en somme .

Publié en 1887, il a incontestablement quelque chose d'époustouflant et il est visionnaire du point de vue de l'histoire du genre .

Dans un lointain passé en Médie vraisemblablement , mais avant la naissance des grandes civilisations , l'homme devra triompher d'une forme de vie (jaillie de nulle part) à base de cristaux , pour survivre .

Le récit rappelle le style antique et fait par exemple penser à des textes comme l'Anabase par exemple ...

Le ton est épique et les phrases sont séduisantes .

Il y a comme une grandiose retenue dans ces pages .

Le récit est très factuel , qui sont les Xipehuz ? Que sont-ils ? Comment les vaincre ?

C'est à mon humble avis le premier réel récit de science-fiction francophone .

Il fait honneur au genre car il est tragiquement réussi et sa conclusion est éthique autant que dramatique .

Si vous avez un quart de millième d'intérêt pour la science-fiction , lisez ce texte en ligne !

C'est le grand ancêtre très honorable du genre , versant francophone.

Comme dans La mort de la terre l'auteur mobilisera l'apparition d'une forme de vie minérale .



La mort de la terre date de 1912 , le style est marqué par une vive éloquence tragique , qui vient à point chanter un chant funèbre .

Celui de la mort de la terre et de la disparition des hommes , les derniers hommes ( un intitulé bien connu de P. Bordage ), ainsi que des oiseaux et de tout ce qui vit .

Ce monde d'un lointain futur voit l'eau se raréfier dramatiquement , les océans ont disparus de longue date .

Un nouveau règne du vivant , les ferromamagnétaux , prennent le statut de règne dominant du vivant .

Un ordre qui rend la vie impossible à tout ce qui est du règne précèdent , car inexorablement ils aspirent le fer présent dans toute matière vivante .

Uniquement le fer travaillé par la métallurgie humaine ou par la biochimie naturelle ...

Le roman est une longue suite de tragédies , des sources qui disparaissent , des gestions de pénuries , des recherches d'eau et des explorations de nouvelles contrées , ainsi que d'endiguement des ferromagnétaux , qui avancent et évoluent inexorablement vers la dominance de cette terre qui n'est pas morte pour tout le monde , mais qui vit autrement .

Alors que la terre que nous connaissons et que l'homme meurt aussi , l'amour perdure et cet aspect des choses fait de ce texte une véritable tragédie aux accents lyriques et classiques .

Ce qui est visionnaire , c'est que l'auteur déploie en filigrane de son récit , la responsabilité humaine dans cette catastrophe annoncée , qui est décrite et qu'il argumente .

L'homme en méprisant son milieu , se détruit lui-même en même temps qu'il détruit tout ou partie de la création et surtout , la science à ce stade , aussi avancée qu'elle soit , ne le sauvera pas !

Mais de cette destruction nait autre chose où les règnes du vivant que nous connaissons , n'ont et n'auront plus jamais leur place !

Un texte précurseur et dramatiquement lyrique , de la science-fiction pure et dure , du début du siècle .



Si J-H Rosny ainé était américain , il y a longtemps que l'on aurais tiré des films de ses oeuvres et il y longtemps que ce patrimoine serait conservé et qu'on l'enseignerait en facultés ...

Mais non , nous sommes en France , et on se moque donc de cultiver et de préserver ce patrimoine , dont la conservation relève simplement d'un élan altruiste , sporadique et héroïque d'éditeurs et de simples lecteurs .

Typique et désolant ...



PS 1 : L'auteur était d'origine belge , ce détail ne l'empêche pas d'être francophone.

D'avoir publié presque toute son oeuvre à Paris , avec son frère . Et enfin , d'avoir été membre de l'académie française.

PS 2 : lisez au minimum les Xipéhuz , on le trouve en libre accès sur le vaste net .

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Le félin géant

La suite de ‘’La Guerre du feu’’ n’est pas très connue. Il faut dire que ‘’Le félin géant’’ est loin d’avoir le même niveau d’ambition. A l’épopée grandiose d’un Prométhée préhistorique sauvant sa tribu et assurant l’avenir de l’humanité, succèdent les aventures d’un fils las de vivre dans l’ombre de son père, voulant prouver lui aussi sa valeur, et cherchant désespérément une noble cause à laquelle apporter sa massue.



Ce qui n’empêche pas l’écriture de J.H. Rosny aîné d’être toujours aussi magnifique et prenante. On retrouve avec plaisir la savane, ses fauves redoutables, ses paisibles herbivores et ses sources limpides. On suit avec tout autant de plaisir les aventures et les combats du jeune chasseur ; il n’est pas désagréable non plus d’avoir affaire à un personnage plus complexe que son père Nao, tout aussi puissant physiquement mais solitaire, traversé de doute, bref assez loin du leader-né. Pas le même niveau d’ambition, non plus. L’un partira conquérir le feu et apprivoisera des mammouths ; l’autre sauvera une poignée de femmes errantes, et se contentera d’un lion.



Ce qui ne l’empêche pas d’avoir de très bonnes idées, comme ce peuple où hommes et femmes vivent en tribus séparées qui ne se rencontrent qu’occasionnellement, ou le rapport complexe du héros avec sa tribu, qui vénère son père Nao mais se méfie du fils et de son tempérament bizarre.



Une suite intéressante, plaisante à lire, pas du niveau de l’opus précédent mais c’est, en un sens, assumé.
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La mort de la terre

Je n'ai rien Contre Jules Vernes qui est incontestablement le grand père , ou le précurseur , de la SF française .

Il est incontestablement l'auteur d'une oeuvre de mise en fiction de la science ...

Mais savez-vous que Wells refusa toute affiliation avec Jules Vernes ? Il ne le fit pas par francophobie ou par mépris de la remarquable oeuvre de Jules Vernes .

Il le fit pour une question de fond :

En effet la science-fiction était déjà née et Wells ne comptait pas Vernes au nombre des auteurs de science-fiction .

Et je vais vous dire qu'il n'avait pas tort !

A mon humble avis l'auguste Vernes était plutôt , dans une dynamique scientiste , très XIXème siècle , que dans la science-fiction , même s’il fit incontestablement bouger les lignes .

Le père de la science-fiction française , est : Jean Rosny Aisne , l'auteur de la guerre du feu et fondateur de l'utilisation du merveilleux scientifique dans une authentique mise en fiction de la science sur de vastes perspectives temporelles avec une véritable volonté de prospective et d'analyse des variables découlant de ce processus ( sciences dures et autres ) .

Les fictions préhistoriques ou bien celles de lointains futurs relèvent au final de la même dynamique .

Il est difficile de trouver l'ensemble de ses oeuvres , mais tout est généralement réédité au lance pierre , régulièrement ...

Il est l'auteur de fabuleux récits de science-fiction au sens strict et contemporain du terme .

La mort de la terre date de 1912 , le style est marqué par une vive éloquence tragique , qui vient à point chanter un chant funèbre .

Celui de la mort de la terre et de la disparition des hommes , les derniers hommes ( un intitulé bien connu de P. Bordage ), ainsi que des oiseaux et de tout ce qui vit .

Ce monde d'un lointain futur voit l'eau se raréfier dramatiquement , les océans ont disparus de longue date .

Un nouveau règne du vivant , les ferromamagnétaux , prennent le statut de règne dominant du vivant .

Un ordre qui rend la vie impossible à tout ce qui est du règne précèdent , car inexorablement ils aspirent le fer présent dans toute matière vivante .

Uniquement le fer travaillé par la métallurgie humaine ou par la biochimie naturelle ...

Le roman est une longue suite de tragédies , des sources qui disparaissent , des gestions de pénuries , des recherches d'eau et des explorations de nouvelles contrées , ainsi que d'endiguement des ferromagnétaux , qui avancent et évoluent inexorablement vers la dominance de cette terre qui n'est pas morte pour tout le monde , mais qui vit autrement .

Alors que la terre que nous connaissons et que l'homme meurt aussi , l'amour perdure et cet aspect des choses fait de ce texte une véritable tragédie aux accents lyriques et classiques .

Ce qui est visionnaire , c'est que l'auteur déploie en filigrane de son récit , la responsabilité humaine dans cette catastrophe annoncée , qui est décrite et qu'il argumente .

L'homme en méprisant son milieu , se détruit lui-même en même temps qu'il détruit tout ou partie de la création et surtout , la science à ce stade , aussi avancée qu'elle soit , ne le sauvera pas !

Mais de cette destruction nait autre chose où les règnes du vivant que nous connaissons , n`ont et n'auront plus jamais leur place !

Un texte visionnaire et lyrique , de la science-fiction pure et dure , du début du siècle .



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La Guerre du feu

Bienvenue au Paléolithique parmi la tribu nomade des Oulhamr, communauté grégaire qu'une peuplade ennemie prive soudain de son bien le plus précieux : le feu.



Les propriétés du feu, pour qui vit dans les cavernes, surpassent largement son seul inconvénient qui est de blesser celui qui le touche à mains nues. Cuisson, durcissement des armes, lumière, chauffage, rempart contre les bêtes sauvages, ses avantages sont multiples et offrent un relatif confort aux cavernes dans lesquelles les Oulhamr se réfugient au gré de leur itinérance. Afin de récupérer cette précieuse ressource, trois valeureux guerriers, Naoh, Nam et Gaw, quittent le groupe, les armes à la main, et se lancent dans une expédition aussi aventureuse que belliqueuse...



La découverte de ce roman que je catégorisais à tort au rayon jeunesse est un quasi coup de coeur. Moi qui ne m'intéresse pas du tout à la préhistoire, je partais avec un handicap qui fut très vite levé par la plume superbe de l'auteur. Il faut pouvoir écrire tout un roman en sachant que les actions des personnages sont fatalement limitées par le peu d'équipement dont ils disposent, sans même parler du langage. Et pourtant, J.-H. Rosny aîné excelle à nous transporter, par des phrases simples et imagées, savoureuses, dans cet environnement aussi hostile que fascinant.



Les descriptions qui sont faites de la nature et de ses habitants, notamment des grands carnassiers, véritables menaces de tous les instants, sont d'une précision et d'une élégance littéraire qui font passer Jules Verne pour un lourdaud en sabots ! Là où ce dernier plombe ses romans par l'énumération encyclopédique de ses connaissances, J.-H. Rosny met de la beauté et du sens, au service d'une narration quasi cinématographique. Les scènes avec les mammouths sont particulièrement magnifiques de noblesse et de poésie - alors qu'on parle quand même de montagnes poilues pleines de puces aux défenses de quatre mètres de long, respect.



De même, nos trois héros, notamment Naoh, le meneur, nous deviennent très vite sympathiques bien qu'il s'agisse de brutes épaisses - nos chers ancêtres - certes pleins de courage mais à l'haleine chargée et aux pieds tapissés de cors. On en vient même à souhaiter de tout coeur que Naoh sorte vainqueur de cette odyssée et conquière Gammla, la belle Oulhamr à la crinière de lionne, qu'il rêve de traîner par les cheveux dans une grotte pour examiner de plus près ses autres trésors pileux.



Plus sérieusement, j'ai été scotchée par la description des luttes opposant hommes et fauves, belles de réalisme et de justesse. J.-H. Rosny n'en fait jamais trop et il met dans le mille à chaque page.





Challenge XIXème siècle 2019

Challenge MULTI-DÉFIS 2019

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Le cataclysme

Je continue tranquillement ma découverte de J.-H. Rosny Ainé. Cette fois avec une nouvelle : Le cataclysme.



On change encore de catégorie de récit. Ici on est dans du pur fantastique tirant sur l’horreur. Si je ne craignais pas les anachronismes, je dirais que Rosny Ainé fait du Lovecraft.

Des phénomène étranges, surnaturels et presque apocalyptiques se produisent soudain sur le plateau des tornadres : des couleurs bizarres, la sensation d’échapper à la gravité, tous les animaux qui fuient la queue entre les jambes (pour ceux qui ont une queue). De vieilles prophéties reviennent à l’esprit des paysans. Un vieux savant et son épouse observent avec horreur, luttant difficilement contre leur peur. Doivent-ils fuir eux aussi ?

Le savant essaie de se raccrocher à la rationalité, mais c’est dur.



Mais du pur fantastique, dis-je ? Voire

La rationalité rattrape l’auteur avant la fin, . Curieusement cette conclusion m’a rassuré car je ne catégorisais pas l’auteur dans cette case fantastique.

Le style riche, voire pesant, de Rosny Ainé se confirme. Les mots et expressions désuets sont nombreux et peuvent décontenancer. Je m’y habitue mais à chaque fois j’ai l’impression de devoir percer un épais voile avant d’atteindre le plaisir que procure l’histoire.



Le plaisir domine cependant, en tout cas suffisamment pour que je continue ma découverte.

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