JC Harroway

De nouveau, sa libido vint le titiller. Comme il aurait aimé la voir en bikini, allongée dans un transat sur la terrasse de sa maison de vacances, dans les Hampton, et profiter ainsi du spectacle délicieux de ses courbes sensuelles et de sa peau laiteuse.La charmante inconnue s’éclaircit la voix et ce son délicat éveilla tous les sens fatigués d’Ash. Physiquement, elle était l’archétype même des femmes qu’il trouvait attirantes. Dans d’autres circonstances, il aurait sans doute mis en route son numéro de charme bien rodé, aurait cherché à savoir si elle partageait ses valeurs en matière de sexe sans lendemain et aurait passé un agréable après-midi dans un lit avec elle.Mais la dernière chose dont il avait besoin, en ce moment, était bien une rencontre avec une femme aussi belle, une femme qui avait su sans peine attirer son attention et le piéger sur son banc dans son jean trop serré.Il avait déjà été trompé par le passé. Sa vieille blessure sentimentale venait d’être rouverte publiquement et de manière particulièrement humiliante…

Elle essayait bel et bien de le séduire, d’une manière subtile et charmeuse, bien plus attirante que les avances directes dont il avait l’habitude. À cet instant, il sut que sa décision était prise : il était partant pour une nuit sans attaches et sans lendemain avec cette fille. De plus, comme elle n’était que de passage en ville, il ne serait pas obligé de poser les limites — ses limites — comme avec les autres femmes : « passer du bon temps, ne pas s’impliquer, juste s’amuser », et autres euphémismes auxquels il avait généralement recours…

Il continuait à la dévisager, les yeux légèrement plissés.

— Je me demandais si tu allais venir ce matin.

Pas du tout ce à quoi elle s’attendait. Elle avait plutôt imaginé qu’il dirait quelque chose comme : « On remet ça ? » Ou bien : « Est-ce que tu veux que je te prenne en levrette contre le bureau ? ». Et même : « Tu es très égoïste au lit et je préfère annuler notre marché. »

— Pourquoi ? dit-elle. Nous avions rendez-vous. Je prends très au sérieux mes obligations professionnelles.

Les courbes charmantes de sa poitrine et la finesse de son profil eurent un effet immédiat sur sa libido pourtant troublée par le décalage horaire. Il retrouva instantanément son intérêt coutumier pour le sexe opposé — un intérêt qui se pliait toujours à deux règles simples : premièrement, c’était lui qui fixait les limites. Deuxièmement, ça ne durait jamais plus d’une nuit.Soudain à l’étroit dans son jean, il changea de position sur son banc inconfortable.

Le sourire dont elle le gratifia eut deux effets opposés sur son corps fatigué : ses lèvres charnues déclenchèrent une délicieuse avalanche de désir au creux de ses reins et son regard franc le crispa involontairement, au point que ses épaules le firent instantanément souffrir. Les Anglaises étaient-elles donc toutes aussi naïves ? aussi confiantes ? Pour un homme comme lui, qui avait appris à ne faire confiance à personne, cette fille était un mystère.

Finalement, elle était peut-être exactement ce dont Ash avait besoin, en ce moment… Elle saurait sans doute le distraire des problèmes avec lesquels il se débattait. En tout cas, elle semblait partager ce désir qui montait en lui. Saurait-elle aussi soigner cet état de stress qui ne le quittait pas, et lui permettre de retrouver la détermination tranquille qu’il avait perdue ?

De délicieux petits éclairs d’électricité statique avaient traversé toutes les zones sensibles de son corps chaque fois qu’elle l’avait touché par accident en traquant les Sept Nez de Soho, ou quand ils s’étaient retrouvés collés l’un à l’autre dans une rame de métro bondée. Jamais encore elle n’avait autant apprécié la foule souterraine de Londres…

De là où il était, il pouvait admirer ses longues jambes nues sous sa courte robe fleurie, ses cheveux blonds parsemés de mèches rousses flamboyantes réunis en queue-de-cheval, et son petit sac à dos en jean jeté négligemment sur l’épaule. Malgré son allure juvénile, elle devait avoir dans les vingt-cinq ans.

Hélas, il savait d’expérience que les femmes comme elle, avec des joues colorées et des queues-de-cheval mutines, demandaient toujours plus que ce qu’il était prêt à leur offrir. Elles voulaient des relations. Et Ash ne se laissait jamais aveugler par ce mirage, si attirant puisse-t-il être.

En fin de compte, un petit flirt d’été saurait sans doute le libérer de son agitation et lui apporter un brin de sérénité. Avec un peu de chance, ce contrôle qu’il savait si bien conjurer dans la chambre à coucher finirait par s’étendre de nouveau aux autres facettes de sa vie.