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4/5 (sur 16 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Nancy , le 13/09/1803
Mort(e) à : Vanves , le 17/03/1847
Biographie :

Grandville, ou Jean-Jacques Grandville, pseudonyme de Jean Ignace Isidore Gérard, est un caricaturiste, illustrateur et lithographe français.

Homme aux identités multiples, il sera toujours appelé Adolphe par les siens, du prénom d'un jeune frère mort deux mois avant sa naissance.

En tant qu'artiste, il adopte Jean-Jacques comme prénom et reprend également de ses grands-parents le nom de Grandville. Il signe donc J. J. Grandville. Il s’initie en recopiant les modèles de caricatures qu’il trouve dans la nouvelle presse satirique comme Le Nain jaune.

À l'âge de vingt et un ans, Grandville s'installe à Paris. Peu de temps après son arrivée, il publie un recueil de lithographies intitulé "Les Tribulations de la petite propriété" (1826). Il poursuit son œuvre avec "Chaque âge a ses plaisirs" (1827) et "La Sibylle des salons" (1827), un jeu de tarot de 52 cartes qui sera finalement signé par Mansion. Mais c'est avec "Les Métamorphoses du jour" (1828-1829), une série de 70 scènes dans lesquelles des personnages humains sont représentés avec une tête d'animal en situation pour un rôle dans la comédie humaine, qu'il s’est vraiment fait connaître.

Le succès rencontré par ces œuvres a conduit divers périodiques tels que La Silhouette, L'Artiste, La Caricature, Le Charivari à l’engager comme collaborateur. Ses planches satiriques sont des charges contre les contemporains ou des attaques contre la monarchie de Juillet.

Après cet épisode, il se tourne presque exclusivement vers l'illustration de livres, en illustrant divers ouvrages, tels que les œuvres d’Honoré de Balzac, les chansons de Béranger, les Fables de La Fontaine (1838) et celles de Florian, Don Quichotte de Cervantes, les Voyages de Gulliver de Swift, Robinson Crusoé de Daniel Defoe. Il a également continué à publier des recueils de lithographies.

Grandville ayant perdu en dix ans sa première femme et les trois enfants qu'il en a eus est physiquement et mentalement brisé. Il tombe malade à plusieurs reprises. En 1847, alors qu'il séjourne dans sa maison de villégiature de Saint-Mandé, il est atteint d'une crise de folie et est transporté dans une clinique de Vanves. Le pressentiment de sa mort ne le quitte pas, il l’annonce, en dépit de l’avis des médecins et, en effet, le 17 mars, deux mois après la mort de son fils chéri Georges, Grandville meurt.
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Source : fr.wikipedia.org
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Jamais affaire n'avait été si bien menée : des Animaux seuls sont capables de conspirer avec autant de discrétion. Il paraît certain que la scène s'est passée par une belle nuit de ce printemps, en plein Jardin des Plantes, au beau milieu de la Vallée suisse.
Un singe distingué, autrefois le commensal de MM. Huret et Fichet*, mû par l'amour de la liberté et de l'imitation, avait consenti à devenir serrurier et à faire un miracle.
Cette nuit là, pendant que l'univers dormait, toutes les serrures furent forcées comme par enchantement, toutes les cages s'ouvrirent à la fois, et leurs hôtes en sortirent en silence sur leurs extrémités. Un grand cercle se fit : les ANIMAUX DOMESTIQUES se rangèrent à droite, les ANIMAUX SAUVAGES prirent place à gauche, les MOLLUSQUES se trouvèrent au centre ; quiconque eût été spectateur de cette scène étrange eût compris qu'elle avait une réelle importance.

P. -J. Stahl**, Prologue, Assemblée générale des animaux, p. 18 - 19

* Célèbres serruriers rivaux de l'époque
** Pseudonyme de P.-J. Hetzel, éditeur original de l'ouvrage
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Quant à Sosie, c’est une autre animal. J’ignore à quel propos il s’est entiché de moi, de mes façons, de mes habitudes, de mon dire, de ma mise ; mais depuis cet instant fatal j’ai, par le monde, un insupportable alter ego qui me rend très honteux de ce que je suis ; un portrait justement assez ressemblant pour me dégoûter de l’original.

Or, cet original, s’il vous plaît, c’est moi-même, qui jusqu’à présent m’étais assez bien accommodé de mon individualité.
A défaut d’autre mérite, elle avait celui d’être unique.
Maintenant que je marche sur quatre jambes, divisé en deux moitiés, d’apparence fort ressemblantes, et dont l’une au moins est parfaitement ridicule, - je me donnerais à 50% de perte.
J’y gagnerais encore, sur ma parole, on ne saurait croire en effet tout ce que j’ai perdu depuis que Sosie s’est mis à marcher dans mon chemin. Récapitulons un peu, s’il vous plaît.

Au physique, d’abord, le changement est notable, l’avarie énorme.
Ma mise a changé, cela va sans dire.
Traqué de tailleur en tailleur par ce bizarre maniaque, je le vois s’emparer impitoyablement de mes idées de toilette ; en se les appropriant, m’interdire mes étoffes favorites ; me donner chasse jusque dans la coupe de mes cheveux, dans les touffes ordonnées de ma barbe, dans le noeud de ma cravate : accessoires essentiels dont il me force par conséquent à modifier chaque jour la perfection, malgré que j’en aie, et contrairement à mes instincts.

Il ma ôté le son de ma voix qu’il paradait, et mon accent dont il exagérait la façon grotesque le caressant et gracieux lambdacisme.
Je suis privé de certains airs penchés - qui m’allaient (je dois le dire), à merveille, par l’habitude qu’il a prise de se frotter constamment l’oreille contre l’épaule droite.

Mes moyens de succès s’en vont ainsi l’un après l’autre. Un pauvre petit juron m’était resté, fort plaisant et très goûté dans le monde cérémonieux où je l’avais naturalisé à grand peine : - ce Sosie ne l’a-t-il pas profané l’autre jour ? Voilà mon mot démonétisé.

Au moral, je suis dénué désormais de cet aplomb, de cette confiance, de cette sécurité, naturels à un galant homme qui s’est jamais entendu déraisonner.

Grâce à mon Sosie, j’ai eu vingt fois ce cruel chagrin : je l’ai vu se posant de trois quarts, le coude sur la cheminée (une attitude charmante dont avant lui j’avais le monopole) ; je l’ai vu disais-je, déblatérer contre les partisans de l’égalité parce que jeu suis noble de race, et s’extasier sur le mérite d’un ministre impopulaire parce qu’il me suppose « tory » (membre du parti conservateur)
C’était une vraie pitié que de retrouver sur ses lèvres les formules nonchalantes que j’ai appliquées avec tant de succès à l’énoncé des plus étourdissants paradoxes. Aussi me disais-je à chaque instant avec le sentiment d’une mortelle inquiétude :

Serait-il possible que j’eusse été quelquefois aussi niais, aussi gourmé aussi lourd et d’aussi mauvais goût que ce monsieur l’est maintenant ?

Hélas ! On n’est sûr de rien ici-bas, et ce n’est pas à soi-même qu’il faut adresser de pareilles questions.

Je dois m’attendre à ce que le doute qu’elles exprimaient ne sera jamais complètement dissipé.
Ce doute me rend timide et gauche ; il m’humilie ; il me transforme en dépit de moi-même.
Je ne suis plus ce que j’étais ; je ne suis pas encore ce que je pourrais devenir.
Cet état transitoire est insupportable, et me donne l’air d’un de ces pauvres garçons édentés, à voix équivoque, déjà maigres et pas encore élancés, qui flottent indécis entre l’enfance dont ils n’ont plus la grâce et l’adolescence dont ils attendent la beauté. Je redeviens lycéen.

Et par surcroît, savez-vous ce qui m’arrive ?
C’est que le monde, observateur très fin, mais très superficiel cependant, et qui ne possède pas toujours l’art de vérifier les dates, fait maintenant entre Sosie et moi une confusion, qui passez-moi le mot, tourne à la mienne.
Il ne sait plus de nous deux quel est le type et quel est l’imitateur de l’autre, quel est le modèle et le portrait - le corps et l’ombre.

Les esprits d’élite font bien la différence et se moquent de Sosie, qui n’atteindra jamais, disent-ils, l’exquise désinvolture après laquelle il court ; mais les sots, autant vaut dire le grand nombre, supposent que c’est moi le copiste servile.

Ils remarquent fort bien « Faustus achète ses chevaux chez le maquignon de Sosie »
- ou « Vous voyez cet habit que porte Sosie… gageons qu’avant 8 jours Faustus en a un pareil »
ou encore « comment fera Faustus si jamais Sosie devient plus riche que lui ? À coup sûr le pauvre diable se ruinera pour soutenir la gageure. »

N’est-ce pas à se casser la tête contre les murs ?
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Madame de °°° cache, sous son air imposant, la plus timide personne que j’aie connue ; et, admis à l’honneur de la voir depuis tantôt cinq ans, je ne cause avec elle (j’entends à coeur ouvert) que depuis huit jours au plus.

Auparavant, nous étions perpétuellement en observation l’un de l’autre, nous craignant réciproquement, gauches et empruntés dans toutes nos façons. C’était entre nous un malentendu incessant. Une loi de ma destinée semblait me condamner à ne la rencontrer que mal à propos, à n’arriver chez elle que quand elle allait sortir, ou bien à la surprendre, sans le vouloir, occupée de soins qu’elle eût certainement voulu me cacher. Jamais nous ne pouvions atteindre le niveau de cette politesse aisée, tranquille, doucement familière, qui fait à Paris le charme des relations du monde.

D’elle à moi, et réciproquement, il y avait toujours quelque inadvertance, quelque méprise qui nous condamnaient à des explications, à des excuses, à des réparations interminables.

Un exemple, entre mille, fera comprendre ces sortes d’accidents.
(…)
L’autre soir, fort heureusement, errant dans les salons d’un des premiers fonctionnaires de l’édilité parisienne, et tandis que j’admirais l’étrange cohue dont il les avait peuplés sous prétexte de bal, j’aperçus Madame de °°° debout, très-rouge et les yeux baissés (…) les paroles que de temps à autre elle semblait adresser à sa voisine, et les dédaigneux regards par lesquels celle-ci se bornait à lui répondre.
Je trouvais moyen, non sans peine, d’arriver assez près de cette altercation presque muette pour savoir de quoi il s’agissait :

- Vous connaissez Madame Cliquot ? Demandais-je tout bas à Madame de °°°, que cette question fit tressaillir et dont les joues se couvrirent d’un incarnat encore plus vif.

- Je n’ai pas cet honneur, balbutia-t-elle à voix baisse et sans oser relever les yeux… j’ai quitté un instant ma place, que Madame a prise, et, n’en pouvant trouver une autre…

- C’est ça ! Interrompit brusquement Madame Cliquot en se posant de trois quarts avec la majesté d’un tambours-major offensé ; parce que Madame n’a pas de place ailleurs, il faudrait que je me dérangeasse ? Ce serait gentil ! Non, Madame, continua-t-elle en traînant sa voix, qui rappelait en ce moment les doux sons d’une flûte entourée… J’en suis bien fâchée, Madame, ce n’est pas ici comme au spectacle, Madame… Les places n’y sont pas marquées… On s’asseoit comme ça se trouve, Madame… Et les duchesses comme les autres, Madame !

Je suis certain qu’à ce moment Madame de °°° aurait donné les six plus belles soirées de son hiver pour se trouver transportée dans un salon tant soit peu fashionable et bien policé. Elle reculait instinctivement devant les grosses paroles de la criarde usurpatrice, et se serrait contre moi, tout à fait effarouchée.
Je crus qu’on pourrait intervenir ; mais, aux premiers paroles que je hasardais, Madame Cliquot s’ébouriffa sous ses roses :

- Vous dites, Monsieur ? Répétez-moi encore ça, je vous prie. Vous êtes chargé de placer les personnes ici ? Madame est votre épouse ?


La retraite me parut prudente. Une conférence diplomatique ainsi commencée ne m’offrait ni un très grand charme, ni les moindres chances de succès. Néanmoins, puisque je m’étais mêlé de cette affaire, il fallait en venir à mon honneur, et je dis à Madame de °°°, en la quittant aussitôt, un signe par lequel je lui promettais justice.
L’embarras était de tenir ma promesse. A quelle autorité m’adresser ? Il eût été assez ridicule d’appeler le maître ou la maîtresse de la maison dans un si sot débat. D’ailleurs, l’imposante bourgeoise me semblait assez déterminée pour tenir tête aux plus respectables influences. Nulle part un siège vacant dont il me fût possible de m’emparer pour offrir à Madame de °°°, sinon une répartition, du moins un équivalent. (…)
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Les peines d’un tigre :

N’est pas lion qui veut. La meilleure preuve que je puis invoquer à l’appui de cette vérité, c’est que vous êtes tout au plus un tigre, c’est à dire un lion aspirant, un dévorant en expectative…
— Et à qui s’adresse ce discours !
— à vous, à lui, à moi peut-être, à qui vous voudrez, qu’importe ?
Vous n’êtes qu’un tigre. Vous n’entrez dans certains salons que grâce à la protection et en quelque sorte sous le pavillon d’un "exquisité" mieux prouvé que vous ne le serez jamais.
Il répond de vous, il vous cautionne, vous êtes de sa suite, et les portes, qui s’ouvrent à deux battants pour lui, ne se renferment pas tellement vite qu’en vous tenant aux basques de son habit, vous ne puissiez vous glisser à votre tour dans les assemblées fashionables.
Cet homme est devenu votre Providence ; et cela, s’il vous plaît, à charge de revanche : car vous remplacez pour lui le caissier (…) En outre, il vous emploie volontiers comme supplément à son groom (domestique), dont vous payez les gages ; c’est vous qu’il charge de promener ses chevaux quand le mauvais temps, ou des soins plus doux, transforment pour lui ce plaisir en une véritable corvée.
Vous êtes de moitié dans la location de sa stalle au Théâtre-Italien, et comme il est de rigueur qu’il y paraisse les jours d’élégantes solennités, il s’en suit assez naturellement que ces jours-là, vous en êtes exclu.
Cette manière toute léonine d’entendre l’association s’applique à tout, si ce n’est au solde des divers comptes à régler entre vous, et dont il ne réclame jamais la plus petite part.

Que de charmants privilèges ne lui devez-vous pas ?
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 Grandville
Retour des fleurs



Tout-à-coup la porte s’ouvrit comme d’elle-même à deux
battants,
et l’on vit paraître la Fée.
Les fleurs tombèrent à ses genoux en versant des larmes,
mais elle les releva avec bonté.

—Entrez, leur dit-elle, pauvres enfants,
venez reprendre auprès de moi la place que vous n’auriez
   jamais dû quitter.
Pas une qui ne revît avec délice, les lieux où elle était née,
pas une qui ne se rappelât avec une terreur mêlée de honte,
les heures qu’elle avait passées sur la terre.
La Pensée maudissait les hommes qui, à l’envi les uns des
autres, semblaient se faire un plaisir de la repousser.
L’Aubépine frissonnait en pensant au sécateur.
La Tulipe se demandait comment elle avait pu s’habituer
   aux ennuis du sérail.

L’Églantine tremblait intérieurement, qu’en punition de
   son escapade,
la Fée ne la forcit à lire les livres qu’elle avait composés
du temps qu’elle figurait parmi les bas-bleus.
Mes filles, [dit la Fée], je pourrais vous faire de la morale,
   mais je m’en dispense.
Je lis au fond de votre cœur et je vois qu’il vous adresse
lui-même une semonce que toutes les miennes ne vaudraient
peut-être pas.
Vous vous contenterez désormais d’être fleurs, j’en suis
certaine, si cependant quelqu’une d’entre vous voulait
devenir femme tout-à-fait, elle n’a qu’à le dire.
Je donne ma parole de Fée que son souhait sera exaucé à
   l’instant.
Un silence universel accueillit cette proposition.
Maintenant, reprit la Fée, allez vous reposer.
Demain commenceront les fêtes par lesquelles je veux
   célébrer votre retour.

Les fleurs crièrent : Vive la Fée !
et défilèrent devant elle.
Il y eut un baise-main général.
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