AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Sachka


Mais l'arrivée à Douarnenez fut un choc : peut-être parce que cette ville regardait vers le nord, il y avait quelque chose de glacial, d'hostile dans ses rues étroites, sur les quais, et jusque dans la couleur de l'eau. Le choc venait surtout des habitants, cette foule compacte, obscure, vestes sombres, casquettes de marins. C'étaient des ouvriers plutôt que des pêcheurs. D'eux, et de leur ville, émanait une expression de dureté, de résistance. C'étaient, bien sûr, des communistes, non pas de ce gauchisme élégant de la région parisienne, mais d'un militantisme silencieux et entêté, tel que l'a montré le cinéma réaliste italien, dans les films de De Sica, de Fellini. La foule sur la plage dans "La terre tremble" de Visconti, dans "Rome, ville ouverte" de Rossellini. Même les femmes de Douarnenez leur ressemblaient, les penn sardin vêtues de leurs uniformes noirs et coiffées de leurs petits bonnets, l'air fermé, endurci. Elles travaillaient aux usines Chancerelle, au Petit Navire, penchées sur les tables à eviscérer les poissons et à les ranger dans leurs petites boîtes. Vingt ans après, tout cela a disparu. La pêche s'est arrêtée, les usines ont fermé, les maisons gris ciment ont été repeintes en couleurs, dans les bars de la place de l'Enfer on écoute du jazz (et on ne s'y bat plus à coups de couteau comme le racontait Georges Perros), il y a des magasins de souvenirs et des pizzerias et le port est devenu un musée...
Commenter  J’apprécie          5317





Ont apprécié cette citation (47)voir plus




{* *}