Quand on apprend qu’un enfant est atteint de cancer, quand on apprend qu’un être cher est atteint de cancer, qui qu’on soit, on se demande ce qu’on peut faire, comment réagir. Comme tout le monde, Ginette et moi, on s’est demandé pourquoi nous. On n’y croyait pas. C’est le genre d’histoire qu’on lit dans un livre, que quelqu’un nous raconte. On se souvient d’un oncle ou d’une tante qui a déjà eu le cancer, mais lorsque ça nous arrive à nous, que le cancer frappe notre enfant, on est vraiment « déculotté », pardonnez-moi l’expression. On se sent les jambes barrées, vraiment pris dans un étau. Avant qu’on saisisse, avant qu’on accepte — mais est-ce jamais possible d’accepter le cancer ? —, il faut un certain temps. En fait, on ne l’accepte pas ; on finit par s’y résigner. On s’y résigne à force de douleur, à force de voir notre impuissance devant une maladie aussi impitoyable.
Imaginez que vous n’avez personne pour partager votre vie, personne pour échanger de câlins, de caresses, de regards tendres, de baisers passionnés, parce que les gens n’osent pas s’approcher d’une personne en fauteuil roulant ;
Imaginez que votre vie dépend d’une autre personne 24 heures sur 24…
Mais surtout, imaginez que vous ne pouvez pas VIVRE votre vie comme vous le voulez : vous la SUBISSEZ. (Remarquez bien qu’ironiquement, aujourd’hui, bon nombre de personnes qui sont en parfaite santé choisissent de subir leur vie au lieu de la vivre au présent…)
Que donneriez-vous, que seriez-vous prêt à faire pour obtenir le droit de choisir entre SUBIR et VIVRE, au lieu que la maladie ou la mobilité réduite le décide pour vous ? Ça semble inimaginable, mais c’est bien ce que ma sœur a dû endurer pendant presque toute sa vie.
...Mimi a été une pionnière. Un être humain qui a dépassé les limites, et ses limites, pour faire évoluer les situations et les gens. Elle a défriché la voie pour plusieurs d’entre nous, et ce, sur plusieurs plans. Cela dit, être pionnière l’a aussi amenée à être prisonnière. Prisonnière de certaines situations, devant certains comportements. Prisonnière de sa maladie, de sa vie et du jugement des autres. C’est complètement absurde de penser qu’une victoire lui a toujours amené une ou plusieurs défaites, mais c’est pourtant le cas. C’est donc là où le mental intervient, où la loi du mental le plus fort prime. Et Mimi était une championne dans cette discipline ! Une championne, oui, mais jusqu’à quel prix ?
Ma sœur Mimi, c’est avant tout un être humain que je respecte profondément. Elle m’a appris, et m’apprend encore, de nombreuses valeurs telles que la confiance, le courage, la ténacité, le positivisme, l’amour pur. Mimi m’a exposée à la réussite tout comme à l’échec. Mais surtout, elle m’a aimée sans aucune attente, sans aucun jugement et sans aucune limite. Ma relation avec ma sœur en est une d’égale à égale qui a grandi au fil des années et qui s’est solidifiée. Mimi est une grande âme qui a su aider sa propre famille à devenir meilleure jour après jour
La maladie fait des ravages chez la personne qui en est atteinte, mais aussi au sein de sa famille et de ses proches. On oublie trop souvent ce détail, parce que la maladie prend toute la place. Mais elle a aussi de bons côtés, dont celui de nous rendre meilleurs et de nous sensibiliser aux valeurs fondamentales. Celui de nous donner courage et espoir, en soi et en l’humanité. Celui de nous donner la force de nous battre, de continuer à vivre avec sourire et joie de vivre. Celui de savoir savourer un bonheur serein…
Selon moi, l’élément le plus important que l’être humain devrait apprécier est la santé. Si vous avez la santé, vous pouvez faire des activités de toutes sortes, voir des amis, sortir, etc. Mais si vous n’avez pas la santé, vous aurez beau avoir plein d’argent, des amis par centaines, une famille extraordinaire, une réputation hors pair, vous ne pourrez pas en profiter. Chaque journée vécue avec une bonne santé est un privilège.
C’est déjà difficile pour un adolescent de se faire accepter dans un cercle d’amis au secondaire ; imaginez pour ma sœur ! Son estime et sa confiance en elle en ont pris un coup. Elle devait subir sa maladie et, en plus, le jugement des autres. Ce ne sont pas nécessairement les paroles qui blessent le plus, mais le regard et l’expression dans le visage de ces gens.
La vie n’est pas un acquis ; elle est un moyen pour l’être humain de se développer, de grandir, d’apprendre tout en sachant vivre le tout avec plaisir, avec amour et avec volonté. Nombre de personnes n’auront pas saisi cette chance, préférant travailler le plus possible pour accumuler plus d’argen
Ah, la médecine, parfois ! Il y a de nombreux médecins qui excellent dans leur domaine ; j’ai moi-même un médecin très compétent, professionnel et humain. Mais il y en a d’autres qui, comment dire, devraient peser leurs mots et attendre d’être certains avant de poser un diagnostic.