Poussière rouge de
Jackie Kay
Depuis que je suis au Nigeria, jamais je ne suis tombée sur un chemin de poussière rouge exactement semblable à celui de mon imagination, avant d'arriver à mon propre village. Je demande à Pious de s'arrêter pour que je puisse descendre et marcher sur ce chemin. Je quitte mes chaussures pour sentir la terre rouge sous mes pieds nus. J'ai l'impression que mes empreintes étaient déjà inscrites sur cette route avant même que j'y arrive. Je calque mes pas sur elles, sur mes empreintes en attente. La terre d'une chaleur cuivrée est si belle, et le vert des longues herbes à éléphants si luxuriant que j'ai envie de pleurer. Je ressens une puissante affinité avec les couleurs et le paysage, une forte impression de reconnaissance. J'éprouve un sentiment de libération, de joie intense, en me disant qu'enfin, enfin, enfin j'y suis. Ça semble à des milliers de kilomètres de Glasgow, de mes si jolies collines de Fintry, mais étonnamment, ça semble aussi chez moi. Le paysage m'intimide aussi, comme si je rencontrais un nouveau parent. J'ai presque envie de lui parler, de chuchoter de tendres petits riens au creux de son oreille attentive. Le chemin m'accueille; il est bienveillant, chaleureux, amical, il m'accepte et pour le moment je ne demande rien de plus que le rouge si rouge de ce chemin, ce vert éclatant qui tranche, ce long et sinueux chemin de terre rouge.
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