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Citations de Jacqueline Harpman (306)


Je me dis que ce que j’avais ressenti pour elle, cette confiance qui s’était lentement développée, cette préférence constante et cette joie chaque fois que je la retrouvais après une expédition étaient sans doute ce que les femmes nommaient amour.
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J'étais la plus jeune, la seule qui fût encore enfant quand nous avions été enfermées. Les femmes ont toujours pensé que je devais n'être parmi elles que par erreur, que dans le grand tumulte qui avait régné, j'avais été envoyée du mauvais côté et que cela n'avait pas été corrigé. Sans doute, une fois les grilles fermées, ne devaient-elles jamais se rouvrir.
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- A quoi sert-il d'en parler ? Cela ne changera rien.
- Voilà encore bien votre stupidité ! Comme si parler ne devait servir qu'à produire des événements. Parler, c'est exister. Regarde : elles le savent si bien qu'elles parlent pendant des heures pour ne rien dire.
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J'entends parfois parler d'amours qui meurent, de passions qui s'éteignent. De quels maigres feux s'agit-il là? Il paraît qu'il y a des amants qui se font des reproches : je n'en veux même pas à Léopold d'être mort car j'ai bien vu qu'il n'y pouvait rien.
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Il est vrai que je choisissais bien mes peintres, mais elle avait le pouvoir d'amener chez moi les gens qu'il faut avoir. Je n'ai jamais compris ce qui jette les uns dans la gloire et les autres dans l'ombre. Je sais que je nomme cela le pouvoir mondain et que pendant vingt ans je m'en suis servie.
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Je me dis qu'il y avait d'autres rythmes que les battements du coeur et je devins attentive à mon corps.
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Elles ne veulent pas penser aux enfants. Probablement sont-ils tous morts. Tu n'as jamais vu un enfant, tu ne sais pas ce que cela représente, leur fragilité, leur confiance, l'amour qu'on a pour eux, le souci, être prête à donner sa vie, vouloir mourir pour les préserver, et que c'est intolérable d'imaginer la douleur d'un enfant.
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Elles étaient devenues folles par la force des choses. Leur raison s'était égarée parce plus rien n'avait de sens dans leur existence.
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Nous allons errant, musardant, pressés ou distraits, ne regardant jamais la vieille femme en noir qui est accroupie à l'horizon, mais elle ne nous quitte pas des yeux. Soudain, la voilà si proche que nous ne pouvons plus l'ignorer. Nous tentons de ralentir le pas,et, terrifiés, nous découvrons que nous ne sommes pas maîtres du temps, il nous pousse par derrière, nous trébuchons, haletants, désespérés, nous cherchons quelque appui, il faut se raccrocher, mais déjà la vague est sur nous et nous emporte hurlant vers le silence.
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« Je n’ai pas connu ce que vous regrettez tant. » (p. 130)
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Pourquoi s'acharnaient-elles toutes à ne rien dire ? Je tentais de me consoler en me disant que leur secret n'était qu'un secret de polichinelle, puisque chacune le possédait. Était-ce pour lui redonner du lustre qu'elles me le refusaient, pour lui rendre l'éclat d'un trésor admirable qu'elles créaient, en se taisant, une fille qui ne savait pas et qui les regarderait comme les dépositaires d'une merveille, ne me maintenaient-elles dans l'ignorance que pour feindre de n'être pas tout à fait démunies ?
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Nous allons, vulnérables, de chute en chute, nous rattrapant sans cesse avant de toucher le sol et de nous briser le cou, funambules plus habiles que nous ne pensons à condition de ne jamais quitter des yeux la mince corde de bon sens qui soutient nos pas.
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Mes cris de prisonnière m'assourdissaient, j'ai voulu cesser de me faire taire, on fait toujours taire les enfants malheureux en leur disant qu'ils ont tout ce qu'il faut pour être heureux.
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Je suis le rejeton stérile d'une race dont je ne sais rien, pas même si elle a disparu.
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Je suis né d’une femme cérébralement morte depuis dix mois. On me retira par césarienne, je fus déposé dans les bras de mon père, puis on débrancha ma mère.

Ces origines inhabituelles méritent quelques explications.
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Au début, j’ai haussé les épaules, protesté que je savais bien où j’en étais, mais j’ai vu que cela le troublait et maintenant je le laisse dire. Les médecins sont mal à l’aise avec la mort. Ils savent bien qu’elle finira par gagner la partie et passent leur vie dans des combats qu’à la longue ils perdent tous. Il est malséant d’accabler les vaincus. Je souris et, pour lui faire plaisir, je lui dis que je me sens mieux. Je suppose que, sitôt la porte passée, il soupire et pense à cette femme - la centième ? la millième ? - qui va lui mourir entre les doigts.
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[...]il faut qu'un être humain parle, sinon il perd son humanité [...].
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Avant de repartir, je regardai longuement la scène que je laissais derrière moi : l'autobus offert à la rouille, carcasse posée au milieu de la plaine et qui s'y détruirait lentement au long des siècles, les tombes en cercle, ornées par les masques et les armes, le silence à peine troublé par l'éternel chuchotement du vent. Tout cela me parut incroyablement étrange, sinistre et émouvant. Je sentis le poids de l'inexplicable, de ma vie, de cet univers dont j'étais l'unique témoin. Je n'avais rien d'autre à y faire que continuer à cheminer. Un jour, j'y mourrais. Comme les gardes.
Je suivis la route.
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Ils étaient partis d'un instant à l'autre, sans laisser aucune trace, comme volatilisés : apparus de nulle part, ils y étaient retournés et j'en étais moins étonnée que les autres, qui avaient vécu dans un monde où les choses avaient du sens. Moi, je n'avais connu que l'insensé, je pense que cela m'avait rendue profondément différente d'elles, comme je m'en rendis lentement compte. Nous étions libres.
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Je m'assis devant Laurette, j'aurais sincèrement voulu lui dire des paroles utiles, qui la renourrissent, mais, en vérité, sur cette terre stérile, dans le silence et la solitude, ignorante et stérile moi même, que pouvais je lui donner ? Pourquoi aurait elle souhaité vivre ? Nous ne faisions rien, nous n'allions nulle part, nous n'étions personne.
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