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Citations de Jacqueline Kelen (297)


La joie est expansive, elle ne peut, pas plus que l'amour, être gardée pour soi. Un être spirituel n'a nul besoin de se conduire en prosélyte ni d'enseigner autrui. Il est tout d'abord un témoin, ou un passeur, sa vie parle d'elle-même et ses qualités sont éclatantes. Il peut donner envie à ceux qui le rencontrent de partir en quête eux aussi, à la découverte du royaume intérieur ; mais il oeuvre plus profondément et secrètement à l'avènement du règne de Dieu.

p.134-135
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Dès qu’il tient sur ces jambes et s’aventure un peu, tout enfant fait l’apprentissage de la vie par des plaies, des bosses, des chutes, en se cognant, en se brûlant. Cela ne désigne pas une voie de souffrance ni un monde de douleur, mais rappelle qu’être vivant, c’est être touché souvent et parfois bouleversé.
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Celui qui vit en solitude n'est pas coupé de ses contemporains, il n'est pas lointain mais plutôt au cœur des choses, en intimité avec les êtres vivants - ceux qui passent aujourd'hui sur terre et ceux qui l'ont quittée. Il se sent relié en profondeur.
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Le précepte majeur de toute quête de sens est : « Connais-toi toi-même. » La devise inscrite au fronton du temple de Delphes que Socrate prit comme point de départ de son enseignement. Qui suis-je ? À quoi est-ce que je m’identifie, je me limite ? Ne suis-je qu’un corps, un organisme vivant et pensant ? Ne suis-je que matière destinée à disparaître ? Ne suis-je fait que de beaucoup d’inconscience et d’un peu de conscience ? N’existé-je qu’en raison d’une lignée charnelle, n’ai-je d’héritage que génétique ? Ne suis-je mû que par des besoins, des pulsions, et mes désirs ne se portent-ils que sur des choses concrètes à acquérir, à posséder ? Ne suis-je pas habité par un songe plus vaste, par un désir d’éternité ? Qu’est-ce qui de moi demeurera lorsque je mourrai ? En quels instants me sens-je vivant, véritablement vivant ?...
Et tant d’autres questions.
Des questions qui n’attendent aucune réponse immédiate et refusent les explications toutes faites. Des questions qui ont pour vertu d’ouvrir des fenêtres, de déblayer le chemin, qui font avancer. Les mots « quête » et « question » sont de parenté étroite, ne n’oublions pas.
Un individu qui se montre avide d’explications et de solutions se croit rassuré par des réponses, qui viennent le plus souvent de l’extérieur. Il a peu de chance de partir en quête. Il risque plutôt de subir toutes les modes, tous les conformismes, et de rester dans le troupeau. Un tel individu croit que les autres, les spécialistes en particulier, savent mieux que lui ce qu’il ressent, ce qui est bon pour lui, il s’en remet à eux pour aller cahin-caha dans la vie, mais ce faisant, il s’est dépossédé de son intériorité, il a abandonné à d’autres – exploiteurs sans vergogne ou experts en bâtiment – sa précieuse maison intérieure.
La connaissance de soi ne brasse pas des problèmes et ne réclame pas des solutions. Mais, ouvrant tout l’« espace du dedans » dont parle le poète Henri Michaux, elle affranchit d’abord de toute influence, de toute manipulation venant de l’extérieur, elle permet de se dégager des nombreux conditionnements auxquels chacun se trouve soumis. Un homme dépourvu d’intériorité se condamne à n’être qu’un pur produit : d’une famille, d’une époque, d’un pays, d’une mode… Il subit tous les déterminismes tout en se croyant libre et actif, et il n’a d’autre possibilité, comme produit, que de reproduire des schémas, des explications et des solutions, sans jamais inventer, créer du neuf. C’est pourquoi, n’ayant pas accès à sa singularité, il se sent à l’aise dans les groupes, la foule anonyme, et ne parle qu’en termes de généralité et de génération. Dépouillé de sa maison intérieure, il a besoin des autres pour qu’ils l’hébergent, le soutiennent, lui tiennent chaud. Comme il est incapable de vivre seul, il se raccroche au « vivre ensemble », un programme collectif.
Qui suis-je lorsque je ne me définis plus par ma filiation, par ma profession, par mes attaches sentimentales et mes liens sociaux et amicaux ? Qu’est-ce qui reste lorsque tout cela s’efface ? N’y a-t-il plus qu’un grand vide effarant, l’impression de ne pas exister, de n’avoir nul visage, ou est-ce qu’une petite lumière palpite encore, une flamme que l’extérieur n’a pas étouffée ?
Se connaître, c’est partir à la découverte de ce qui en soi est inconditionné et inaliénable. Indestructible.
[…]
La connaissance de soi, qui nécessite une démarche de retrait et de recueillement et peut au départ s’apparenter à une introspection, loin de se limiter au moi existentiel ouvre à un monde infini. « Connais-toi toi-même, et tu connaîtras l’univers et les dieux », tel est l’adage de sagesse en son intégralité.

pp. 66-68
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Marcher
Dès que l’on marche quelque temps, sans but précis et à son rythme, on se surprend à chanter ou bien à siffloter. Le marcheur est joyeux sans raison particulière mais du simple fait qu’il respire largement, qu’il renoue avec son corps et qu’il accorde de l’attention au monde qui l’entoure. Plus il avance et plus il devient poreux. Ses plantes de pied lui font reprendre contact avec la terre mère et le grand air nettoie ses pensées et ses ruminations diverses. Il se retrouve à la fois enraciné et vacant. Il peut dès lors entrer en relation avec l’arbre, la pierre, le vent, la lumière, jusqu’à se fondre en eux.
L’homme qui au lieu d’utiliser un véhicule se déplace sur ses deux pieds ne se contente pas de découvrir la nature : il ressent qu’il fait partie d’elle et cette sensation est apaisante. Autant dire qu’il accepte sa mesure humaine, sa juste place et sa vulnérabilité : il n’est pas plus fort ni plus important que le rocher, le buisson, l’oiseau.
À force d’arpenter la forêt, le désert ou la campagne, on finit par ressembler au paysage. L’homme de passage qu’est le marcheur porte une part du monde mais sans forfanterie, sans laisser de trace. Les individus qui se croient puissants et civilisés caparaçonnent leur ego dans une clinquante automobile. Mais la liberté est du côté de la marche : aller à pied, c’est s’oublier pour s’élargir peu à peu aux dimensions de l’univers.
Aristote donnait ses leçons en se promenant avec ses disciples sous les portiques du Lycée : aussi qualifia-t-on sa philosophie de péripatéticienne. Socrate arpentait les rues d’Athènes, Diogène refusait d’avoir un domicile fixe et bon nombre de philosophes grecs préféraient se déplacer ici et là plutôt que de s’enfermer dans une tour d’ivoire. En marchant, ils réfléchissaient ou conversaient avec leurs disciples. Ils avaient compris que la véritable intelligence demande la participation de tout le corps, de l’espace même, et qu’elle ne saurait se réduire à la pensée. Une philosophie en marche congédie tout système, elle est ouverte au possible et au questionnement, elle appelle à se transformer incessamment et à se volatiliser, ce qui est le comble de l’harmonie. Voilà pourquoi Socrate n’a pas plus écrit que Jésus.
Tchouang-Tseu, quant à lui, nous livre une évidence salutaire : si l’homme peut marcher sur la terre immense, ce n’est pas tant à cause de ses pieds que grâce à tout l’espace qu’il n’occupe pas.
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Il est, le Roi, le plus malheureux et le plus heureux des hommes. Le plus affligé et le plus protégé par le Ciel. Des coups violents s’abattent sur lui et plus que d’autres la grâce l’inonde. Il chante, il désespère. Il vit dans le brasier et la fontaine. Il est fait pour les terribles deuils et les rencontres exceptionnelles. Il navigue d’un extrême à l’autre et jamais, jamais ne se fige dans un état. Mais d’un extrême à l’autre il passe toujours par le lieu du cœur – ce lieu mystérieux d’où tout jaillit et où tout se transforme.

Le Roi est la somme de tous les mythes masculins parcourus en ces pages, leur sens aussi et leur accomplissement. Il harmonise en lui les figures de l’enfant, du conquérant, du troubadour, du méditant… Assumant toute la condition humaine et toute la destinée angélique, le Roi représente le Dieu en soi. Pour devenir immortel que faire d’autre que s’identifier au Soleil ou à la Divinité ? Ce n’est pas un blasphème, c’est une évidence. Ainsi parlait-on encore au XVIIe siècle de l’Imitation de Jésus-Christ. Tâcher de ressembler à ce qu’il y a de plus accompli est bien la seule façon de devenir vertueux. « Sois un Dieu toi-même », enseignaient les pythagoriciens. Noble programme, plus exigeant que de s’avouer misérable, pauvre pécheur. « La première manière qu’ont les hommes d’imiter le culte divin est de se vénérer eux-mêmes comme des dieux », écrivait Marsile Ficin. Plus tard Angelus Silesius reprendre le message : « Tu ne viendras pas au ciel que tu ne sois toi-même, avant, un ciel vivant. »

Aujourd'hui la perfection fait peur. On préfère se dire malportant et on fait appel à toutes les absolutions des thérapeutes, à toutes les excuses fournies par les démagogues et les travailleurs sociaux pour se soustraire à ce devoir d’homme : devenir grand, noble, vertueux. Ce n’est pas la religion qui est en cause : bon nombre de grands hommes des siècles passés – artistes, savants, souverains – pratiquaient les vertus chrétiennes, qui les firent magnanimes. C’est une pensée tournée constamment vers le besoin élémentaire. Si l’homme moderne tremble à la seule idée de la perfection, c’est qu’on lui a ratatiné l’âme et supprimé tout désir ; la marée noire de la psychiatrie et de la psychanalyse a englouti l’aventure intérieure, confondant de façon diabolique le spirituel avec l’inconscient.

Quels sont les modèles que propose aux jeunes une société engluée dans l’utilitaire et le déterminisme ? Aucun, ou bien ces pâles idoles du sport et du « show-business » ou ces « battants » qui prônent la réussite matérielle. Ces ombres éphémères et souvent grotesques, liées au court terme, ne remplaceront jamais les mythes dont le contenu intemporel s’adresse à la partie la plus fine et la plus durable de notre être. Fréquenter la beauté, se vouloir soleil comme Pharaon, imiter Jésus-Christ comme le suggérait François de Sales : on n’a rien trouvé de mieux jusqu’ici pour développer sa sensibilité et accroître ses vertus. Si les parents, les professeurs font défaut à cette éducation, il reste l’immense ressource des livres, des œuvres d’art, il reste le silence intérieur et la réflexion solitaire.

Du code courtois à la morale de la grandeur d’âme, de la conduite héroïque et l’idéal chevaleresque court une seule vertu : l’exigence. Et contrairement à ce que grognent les médiocres, les démissionnaires, l’exigence est un plaisir. Un plaisir d’une rare qualité.
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Un être humain libre, riche d’émotions et de sentiments, est capable d’entrer en relation avec autrui sans se perdre et il n’a pas peur de s’attacher car ce lien affectif, même intense, ne porte pas atteinte à son intégrité. C’est la dépendance qui amoindrit l’être, qui est, volontaire ou non, servitude. Aimer quelqu'un sans créer une dépendance est un véritable défi à la nature humaine et ce défi, les amants courtois du XIIe siècle ont eu la fierté de le relever. Seul un homme libre est capable de vivre un attachement qui ne restreint ni ne ligote et de ressentir un désir incandescent qui n’a rien d’un manque. Autrement dit, seul un être libre est capable d’aimer, seul il est assez fou pour aimer en toute liberté. Tous les autres ne savent, sous couvert d’aimer, que posséder l’autre ou lui appartenir.
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La solitude choisie, même sans faux-fuyants est bien l’unique chance de se connaître et de se rencontrer soi-même. Et de s’ouvrir aux autres, à tous les autres.
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les douces jeunes filles et les jolies fées qui en pleurant laissent couler sur leurs joues des perles ou des diamants. Ces larmes révèlent leur richesse intérieure, la pureté de leur cœur. De ce trésor nul ne peut s’emparer
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L'erreur est de croire que le monde est clos alors que ce sont nos perceptions, nos propres limites qui nous empêchent de discerner toutes les autres sphères de l'invisible.
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On a beaucoup calomnié Eve et on lui a fait un fort mauvais procès car Eve, en réalité, signifie la vivante. Or, s'il est une caractéristique féminine par excellence, c'est bien cette qualité de vivante. C'est à elle que la Femme, dans les femmes que nous sommes, doit sa dimension d'initiatrice auprès de l'homme. Une initiation qui n'a rien à voir avec le kamasutra ou les jeux sexuels... C'est la Shakti qui danse sur le corps de Shiva dans la tradition hindoue, la femme qui danse sur le corps de l'homme dans les traditions antiques... Dans l'acte amoureux, la femme fait cadeau à l'homme de son corps à lui, elle lui donne le sens de son corps à lui.
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Toute amitié est le fruit de la grâce
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Etroite est la relation entre souffrance et violence – qu’on porte l’agressivité contre soi-même ou contre l’autre.
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Noblesse de la solitude, réservée aux âmes fières qui jamais n'acceptent la défaite ni la résignation, qui persistent dans la beauté même si personne ne les voit, même si tous se moquent et guettent leur chute. "Celui qui aime recherche la solitude pour aimer et posséder l'Amour", déclare la haute Dame. Plus elle avance et plus le paysage se dégage et se déploie, tantôt radieux et tantôt désolé, ample à donner le vertige.
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Me reste l'essentiel, un trésor que n'entameront ni les rats ni les voleurs ni les courtisanes, me reste l'invisible alliance : ta parole donnée, ton amour, la liberté que tu m'as accordée. Père j'ai tout dépensé et je n'ai rien perdu.
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A vivre seul, au moins quelques années, on apprend à passer du besoin qui ligote au désir et au rêve qui ouvrent grand l'espace en soi et autour de soi. A vivre seul, on apprend à choisir ses relations au lieu de les supporter, de s'en accommoder. Sauvage et sociable tout à la fois, l'individu solitaire ne se croit pas obligé d'aller à des repas de famille, de participer à des fêtes dont les convives l'ennuient. Et de cela il ne se sent nullement culpabilisé parce qu'il est en accord avec ce qu'il fait. Se tenir en solitude,c'est chérir une situation propice à inattendu, à l'incroyable dont les tableaux de Van Eyck et de Brueghel esquissent l'apparition. C'est se vouloir disponible, absolument; et non disponible pour quelque chose, en attente de quelqu'un. Se tenir dans la fraicheur du commencement. C'est donc un état émerveillé.
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Le temps manquait d'amour. Elle se pencha pour lire. C'était un début d'attente, de rêverie. Les arbres eux-mêmes penchent vers la douceur du soir.
Elle ouvre un livre d'heures, un livre qui parle d'éternité. Elle lit et les mots s'échappent des pages, ils font autour de sa tête une couronne bruissante. Les mots attendent la caresse d'une main sur la page, la tendresse d'une tête penchée, pour livrer leur secret.
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La solitude est un cadeau royal que nous repoussons parce qu'en cet état nous nous découvrons infiniment libres et que la liberté est ce à quoi nous sommes le moins prêts.
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Tamar mit au mondes des jumeaux (elle avait tant soif de vie que sa fécondité s'en était accrue), deux garçons liés comme la lune et le soleil. Elle avait dû patienter longtemps et ruser pour avoir un enfant : tous les hommes fuyaient leurs responsabilités, ils tournaient le dos à la vie, ils ne cherchaient que le plaisir. De Tamar ils ne voulaient que la beauté, mais non un enfant. Ils avaient peur, ils se gardaient. Et comme ils n'avaient pas confiance en la vie, la vie d'eux se retira... Mais pour compenser les deux maris perdus, Tamar eut deux fils, beaux comme la lumière du jour et la lumière de la nuit.
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Rien n’est jamais acquis, il faut sans cesse veiller dans le château de l’âme et demeurer sur ses gardes.
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