A y songer, ce sont les périls qui toujours jalonnent notre traversée de la vie.
Au soir de cette journée de marche, je fais halte aux abords d'un temple de montagne appelé Musa-dera.
Sur ma couche frustre, souffle le vent automnal, plus pénétrant au fur et à mesure que s'avance la nuit. J'ai le sentiment que, sans que je m'en sois aperçu, plus rien n'a à voir avec la capitale.
Si le destin veut
Si le destin veut
que je revoie celle auprès de qui
demeurent mes pensées — Ômi —
je ne tarderai pas à m’en retourner
longue route de Seta
// Anonyme
/ Traduction Le groupe Koten
Moi, tel la rosée de l'aube et du crépuscule, je puis me poser dans les herbes à l'ombre des montagnes, mais, tel la brume du matin, l'espoir de m'élever dans le monde s'est dissipé; il est vain pour moi de lever les yeux vers le ciel.
Je n'ai jamais aimé a prospérité que connurent Kin et Chô, puis leurs descendants pendant sept générations. L'unique chose à quoi j'aspire, c'est le logis aux cinq saules de Tô Sen. Pourtant, j'hésite encore à vivre dans une hutte de branchages au fond des montagnes: demeurant, non sans inconséquence, aux abords de la capitale, je parcours au côté du commun des hommes le chemin de la vie. Comme on l'a dit: "Mon corps hante la cour et la ville, mais mon coeur s'est retiré du monde."
Quand on contemple la barrière de Kiyomi, au sud-ouest, le regard se perd, hésitant entre haut et bas, ciel et mer ; au nord-est, le pied trébuche, la montagne et la rocaille du rivage étant pareillement abruptes. Au bas des rochers, le vent fait éclore des fleurs sur les vagues : il y règne un perpétuel printemps. Au-dessus du rivage, verdissent les pins couleur de jade : ils n’ont crainte de l’automne. L’océan du ciel agité de vagues est ourlé par les brisants des nuages.
Bien que mon âge approche la moitié d'un siècle et que sur mes tempes le givre peu à peu répande sa froidure, nulle affaire ne me retient et je passe vainement jours après jours; bien plus, j'en suis à ne savoir fixer le lieu où m'établir pour le reste de ma vie. Aussi me revient à l'esprit, avec toute sa poignance, ce qu'écrivait Haku Rakuten: " Mon corps ressemble au nuage flottant, mon chef est pareil au givre."
Les traces de mes pas d'hier sont aujourd'hui un rêve ; ce jour qui me voit passer ici, en quel lieu dirai-je demain qu'il fut hier ?
Se serait-il jamais engagé
Se serait-il jamais
engagé dans la Voie
de la réalité
si la courtisane ne l’avait tiré
du sommeil de l’illusion ?
// Anonyme
/ Traduction Le groupe Koten
Vêtement de voyage
Vêtement de voyage
si nouveau pour moi :
elle en veut mouiller
la manche
cette pluie soudaine
// Anonyme
/ Traduction Le groupe Koten