-Voyez-vous, la science-fiction a toujours reflété les peurs de l'homme. Si vous découpez l'histoire de cette littérature comme une bombe glacée, vous obtiendrez des couches d'angoisse superposées : la peur des être venus d'ailleurs, du péril atomique, de la violence, de la délinquance juvénile, de la pollution, du surpeuplement, de la famine, du mal de l'espace. C'est intéressant du point de vue sociologique.
Barnsens aspira une goulée de café avec un petit bruit de succion.
-Assurément, c'est intéressant.
-Et assez con, si vous voulez mon avis.
-J'accepte volontiers votre diagnostic, Flanders.
-Je m'étonne qu'un homme de votre valeur épouse les idées de ce ramassis de drogués, dit-il avec méchanceté.
Drogués ? Labro ne demanda pas au commandant combien il fumait de cigares par jour, combien il buvait de verres d'alcool, combien il absorbait de comprimés d'excitants, d'euphorisants et de somnifères en vingt-quatre heures. A quoi bon ? Sur Terre, tout le monde fuyait comme il pouvait.
Personne n'a jamais été à l'abri d'une infidélité à cause d'une alliance.
-Et comme ça, crac, vous entendez quelques mots et vous reconstituez tout le vocabulaire ! Si je lisais cela dans mes propres livres, je ne le croirais pas.