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Critiques de Jacques Almira (4)
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La Norme

« L’énorme Norme était un groupe gigantesque, international, composé d’un holding de tête qui contrôlait, via une cascade, d’innombrables holdings, subdivisés en une infinité de sociétés. »

Alec Hoffner, vice-président de la Norme, brigue la place de président.

Sous couvert d’une fiction parfois science-fiction, l’auteur fait un tableau glaçant de notre société de consommation. Tableau à peine outré.

Il démonte avec lucidité les mécanismes d’un système qui ne recule devant rien pour tirer les profits les plus extravagants, tout en entretenant la crise pour les non-actionnaires de la Norme.

On est en plein dedans et cette lecture ne fait que conforter le sentiment de se faire avoir par le système, au profit de quelques uns qui se réfugient derrière le mot « crise » pour continuer à s’enrichir.

Ecrit en 2002, il dépeint pratiquement telle quelle notre société de2014.

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Le Bar de la Mer

Encore bonne pioche pour ce roman sorti en 1992. Une analyse encore une fois fort subtile de ce qui peut vite mettre le feu aux poudres au sein d'un couple, et de la vie d'une Quadra rangée ; du moins le croit-elle... Ne voulant guère vous "spoiler" la fin, je serai étonnée que vous ne soyez pas rapidement happé(e)s par ce que je qualifierai de "page turner" pour un agréable moment qui vous ferait presque oublier cette p...n de canicule actuelle ;_) Bref, à lire, selon moi : sans modération !
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La Norme

Imaginez la rencontre de 1984 de G. Orwell avec Le voyage d’Anna Blume de Paul Auster, puis placez le résultat dans un décor façon Urban Games de Brunschwig et Raufflet, et enfin rajoutez un peu de l’ambiance de Brazil de Terry Gilliam… Alors se dessine La Norme de Jacques Almira, petit ouvrage incongru aux fausses allures de récit d’anticipation.

Jacques Almira, prix Médicis 1975 pour son Voyage à Naucratis est réputé pour aimer changer de registre, d’un livre à l’autre. Mais c’est non sans laisser courir un fil d’Ariane entre chacun de ses ouvrages : un goût et un plaisir certains du langage. La Norme est une véritable pétarade de figures de styles… allitérations, inventaires grotesques, métaphores, oxymores, toute la rhétorique grammaticale est mise au service d’un propos abrasif ! La norme ne se lit pas comme un roman à proprement parler : pas de véritable intrigue, un contexte intemporel qui décrit la situation d’un monde relativement proche du nôtre mais poussé à son extrême… Seul le héros Alec Hoffner, vice-président de La Norme, une multinationale spécialisée dans le loisir, joue un rôle de guide et nous pilote d’une page à l’autre. De fait, le texte prend vite l’allure d’une fable satirique conduite par ses observations, alors que peu à peu germe en lui l’idée de faire assassiner le président de La Norme. Ici, pouvoir politique et pouvoir économique sont devenus à ce point conjoints… que la politique semble bien avoir disparu pour de bon. Arrivée à une situation de surproduction galopante - les machines ayant remplacé les hommes -, la société vit le règne de l’absurde. D’un côté les actionnaires, qui brassent du vent, de l’autre, les inactionnaires qui crèvent la faim. Une société bloquée, murée dans une mort annoncée. De ce texte cruel, l’ultime tempérance reste celle du phrasé qui s’amuse de lui-même. Croquant les protagonistes de La Norme comme de la farce à cochon, Almira vitupère avec jubilation. «Cette dernière (la secrétaire générale, ndlr) avait su mener son action, se placer, se faufiler, s’insinuer, s’immiscer, rendre au premier manager de l’année des services appréciables et surtout su sucer en suscitant aussitôt son succès, et, pour finir, enfin, se substituer à l’amour impossible avec l’à-propos d’une réplique». Lorsque la stylistique s’invite dans l’analyse critique, le résultat en est un perpétuel rire rengorgé… un vrai paradoxe de plaisir ! --Sylvaine Jeminet -- Urbuz.com
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Le sémaphore

Du point de vue de l'anecdote, « Le sémaphore » c'est l'histoire d'un jeune auteur connu, Frédéric, qui n'écrit pas lui-même ses propres livres, mais sert en fait d'homme de paille à un écrivain plus âgé, monsieur Kempf. Ce dernier vit complètement dans le secret, parce qu'il se trouve trop gros, trop laid et qu'il ne supporte pas d'affronter les photographes et tout ce que sous-entend le fait d'écrire et de publier des livres.

Les deux hommes sont liés par un contrat qui exclut la possibilité pour Frédéric de divulguer l'existence même de ce contrat. Lorsque commence le roman, Frédéric tombe amoureux d'une jeune fille, à Taormina.

Monsieur Kempf, qui a pour sa doublure des sentiments très mélangés d'amour, d'attirance et d'identification, est immédiatement jaloux. Il propose néanmoins à Frédéric d'inviter la jeune fille au Sémaphore, la maison dans laquelle il habite en permanence en Bretagne. Là, la jeune fille découvre l'existence de monsieur Kempf, qui vit caché au dernier étage de la grande bâtisse, et la nature des liens qui l'unissent à Frédéric.

Ce roman est une allégorie du secret : le désir d'aimer et en même temps une espèce d'incapacité de divulguer le secret de son existence, de se livrer à quelqu'un. Monsieur Kempf a une sorte d'attirance absolue pour ce jeune homme, parce que Frédéric représente ce qu'il aurait aimé être. Moinsieur Kempf est très sexuel, sans que ce soit très précis dans ses goûts. Cet homme a une forte tendance à aimer les garçons, ce qui ne l'empêche pas qu'il puisse se prendre d'une passion pour la jeune fille qu'aime Frédéric, puisqu'il s'identifie à lui jusqu'au bout.

Comme dans Tonio Kröger de Thomas Mann, ce roman semble dire que l'écrivain, le créateur en général, ne peut vivre qu'à travers les autres et non par lui-même.

Monsieur Kempf est complètement bloqué depuis son enfance. Il ne peut pas affronter les autres. Il a une sorte d'incapacité de vivre normalement et ça le pousse peu à peu à une retraite absolue, il ne peut exister que dans la solitude. Pour lui, au fond, les autres ne sont que des personnages de romans ; il les utilise, décrit leurs passions, leurs amours, puis considère ensuite qu'ils peuvent mourir. C'est ce qu'il dit à la fin à la jeune fille : Vous m'avez fait rêver, écrire, mais vous pouvez mourir maintenant, je n'ai plus besoin de vous... et il la tue.

Monsieur Kempf est monstrueux. En quelque sorte, il force le bonheur. C'est un personnage très malheureux dans un premier temps, extrêmement écorché, extrêmement seul, mais il rationalise son comportement en sécrétant de la monstruosité. Il a tellement été malheureux qu'il ne l'est plus. Plus rien n'a d'importance, plus rien ne l'affecte. Il a réduit le monde sur la nourriture qui est devenue sa drogue. Manger, s'illusionner sur la possibilité de devenir mince et beau (il entreprend sans cesse, en vain, de nouveaux régimes), alors qu'il ne l'a jamais été.

« M. Kempf le regardait de ses yeux troubles et griffés de sang. Il voulut parler, dire quelque chose mais sa bouche était devenue spongieuse. Un voile de fatigue tomba sur ses traits. Pourtant il se sentait bien parce que Frédéric était là. Sa présence lui suffisait comme elle rassure un chien qui dort aux pieds de son maître. L'amour est sans doute une expérience commune à deux êtres. Qu'elle leur soit commune pourtant ne les rapproche pas. Ils vivent dans des mondes séparés où les joies et les souffrances sont différentes. Lequel des deux est-il le plus enviable ? L'un est prisonnier d'un amour dont il ne jouit pas tandis que l'autre dans sa solitude est soutenu par la force immense que donne l'amour. M. Kempf croyait aimer Frédéric parce qu'il ne supportait pas l'idée que le jeune homme lui échappât. Il faisait même semblant de croire qu'il avait besoin de lui pour se sentir fort comme s'il ne l'eût pas été depuis toujours envers et contre l'amour justement.

L'essentiel, se disait-il, est que je puisse le garder auprès de moi et l'aimer malgré lui. Le reste n'a aucune importance ! Qu'il aime cette fille m'importe peu puisqu'il ne peut m'aimer de toute façon. Si ce n'était elle, ce serait une autre.

Ai-je été bête d'éprouver de la jalousie ! Je tiens Frédéric à ma disposition. Je l'aliène par ses faiblesses, il ne peut m'échapper. Je suis en somme un amant heureux. De quoi donc aurais-je peur ? Il ne peut pas me quitter sans se perdre lui-même. »

Monsieur Kempf n'est pas un romantique, il ne pleure pas sur ce qu'il n'a pas, il compense ! Ce qui lui procure un certain bonheur de vivre.

Frédéric a des facilités à rencontrer des gens, à les séduire. Monsieur Kempf a des facilités par la plume ; quand il écrit, il sait faire tout ça ; mais dans la réalité, il est complètement paralysé.

Frédéric est insouciant. Monsieur Kempf voit peu à peu l'univers autour de lui se geler, avec lequel il ne peut plus entrer en contact. Pour se protéger, il construit autour de lui un cocon qui est une maison, avec comme fortune, de la nourriture. Et puis il y a le reste du monde, auquel il donne des signes, mais sans aucune tendresse, sans aucune communication. C'est un regard sur le monde cruel, sans illusions.

Son seul devoir : décrire le monde comme il est, sans désirer le transformer. (culture-et-débats)
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