Pour aller plus loin encore, la Cour pénale internationale a annoncé son intention d’intervenir pour les crimes liés à la « destruction de l’environnement, à l’exportation illégale de ressources naturelles et aux dépossessions foncières illicites » ainsi que toute forme de crime dégradant l’habitabilité de la Terre, crimes qualifiés d’écocides.
Le temps n'est plus à voir l'écologie comme un sport badin de politique irresponsable car éloigné des contingences économiques, elle est devenue la mère de toutes les batailles, celle qu'il faut mener pour sauver l'habitabilité de la Terre. Tout le reste n'est que procrastination.
Habiter autrement la Terre implique d'abord un renouveau de l'être, ce qui fait appel à la spiritualité, avec ou sans référence au religieux. Par spiritualité, aptitude exclusive de l'espèce humaine, il faut entendre une réalité fondamentale, universelle et bien plus large que l'adhésion à une religion.
Souhaiter le retour du sauvage implique de porter un nouveau regard sur le vivant non humain et d'éveiller notre raison à ses propres finalités en cessant de considérer comme une pâte molle et passive que la technique peut modeler à sa guise. Quelle morale pourrait justifier qu'une seule espèce, la nôtre, s'arroge le droit de vie et de mort sur toutes les autres ?
Sachant, à titre de prolégomènes, que l'humain ne changera ses habitudes, non pas pour éviter la catastrophe puisque l'histoire nous montre qu'il ne les anticipe jamais, mais seulement si on lui propose un gain, des avantages, un meilleur-vivre, nous sommes à l'évidence confrontés à un problème de civilisation. A nous de montrer que c'est possible en nous appuyant sur les acquis de la science, des techniques, mais surtout sur ceux de la culture, pour inventer une autre civilisation fondée sur le "mieux-être" et non pas sur le "plus-avoir".
Entre autres dégâts de cette anthropocénisation à marche forcée de la planète, on a découvert depuis peu que tous ces bouleversements écologiques et climatiques pourraient avoir de redoutables conséquences sur notre santé,car ils favorisent ou entraînent l'apparition de zoonoses (maladie transmises des animaux à l'homme) :
grippe aviaire (H1N1), sida, Ebola, SRAS (syndrome respiratoire aigue sévère), MERS-COV, chikungunya, maladie de Lyme ou plus près de nous, la tragique pandémie, due au coronavirus SARS-COV-2 (Covid-19).
Le vivant n'est vivant que parce que le hasard génère et teste en permanence des configurations biologiques et des informations génétiques nouvelles.
Ce désastre mondial qu'est la pandémie de Covid-19 pourrait être un signe avant-coureur de ce qui nous attend si nous ne prenons pas enfin au sérieux les alertes et signaux que l'environnement climatique et biologique nous envoie.
En réalité, c'est la peur de la nature, vue comme instable, imprévisible, dangereuse, qui a privé les Occidentaux d'une relation féconde et apaisée avec elle.
Ce n’est même pas d’écologie – mot galvaudé s’il en est – qu’il s’agit, ce n’est pas un combat qu’il faut mener, c’est tout simplement comprendre que l’humain n’est pas seul sur Terre et qu’il ne poursuivra sa route qu’à condition de s’englober avec les autres composantes de la diversité du vivant dont il ne peut se passer, pas seulement par compassion et empathie, mais tout simplement parce que sa survie en dépend.