Livres Hebdo et la Sofia ont dévoilé les lauréats du 5e Grand prix Livres Hebdo des librairies, lundi 19 juin à Paris.
Les libraires ont ensuite pris part à 3 tables rondes afin de partager leurs expériences et revenir sur leurs initiatives gagnantes.
Sous la présidence de Roselyne Bachelot, le jury 2023 était composé de Sorj Chalandon, auteur et journaliste, Agathe Mallaisé, co-gérante de la librairie L'Embarcadère (Grand prix 2022), Katia Leduc, co-gérante de la librairie L'Embarcadère (Grand prix 2022), Florian Lafani, directeur général de Fleuve Editions, Stéphanie Gaou, directrice de la librairie Les Insolites à Tanger, Sophie Bobet, directrice de la médiathèque de la Canopée La Fontaine, Vincent Chabault, enseignant chercheur de l'Université Paris Cité, Jacques Braunstein, rédacteur en chef de Livres Hebdo et Marie Fouquet, journaliste de Livres Hebdo.
Un événement organisé en partenariat avec La Sofia, 2DCom, AdLiber, Asler, Ammareal, Book Conseil et Editis x Interforum. Avec le soutien du SLF, de Canal BD, des Libraires d'En Haut et de l'ALCA.
© Livres Hebdo
#sofia #librairie @sofia
+ Lire la suite
"J'arrive à l'âge où chaque jour je m'invente un nouveau regret. Et je me laisse aller à les explorer. Ils me permettent de me replonger dans ma jeunesse passée. J'envisage ce que j'aurais pu ou dû faire. Ai-je fait les bons choix ? Pas toujours. D'autres auraient-ils été plus justes ou plus profitables ? Sans doute. Même s'ils n'auraient rien changé au fond. La délectation avec laquelle je m'abandonne à ces conjectures a quelque chose de morbide. Elles me détournent de ce qui aujourd'hui encore est jeune en moi, de ce qui est jeune dans le monde qui m'entoure." (p. 11 - Incipit)
Quand les gens vous annoncent qu'ils se séparent, on a envie de leur dire : « Non. Vous formez un si beau couple ! » Mais qu'est-ce qu'on en sait ? Ils sont là, dans le paysage. On s'est habitués à les voir ensemble, un peu comme les Daft Punk... Mais personne ne sait vraiment s'ils s'entendent bien sous leurs casques. Peut-être qu'on ne s'écoute pas, qu'on se croise sans se connaître vraiment. Je pensais à tout ça en parlant avec ma soeur.* En fait je pensais à ma séparation, et donc pas vraiment à elle. C'est sans doute pour ça qu'on voit des psys.
On paie pour être vraiment écoutés.
(p. 50)
-----
* dialogue avec la soeur (p. 49) :
- T'es sûre que c'est pas une engueulade passagère ?
- Non, j'ai pris ma décision. Quand je lui en ai parlé, il m'a dit que c'était courageux de ma part. Qu'il n'aurait pas osé faire le premier pas.
- Evidemment.
[ enfants, au square - Camille présente Basile, le fils du nouveau compagnon de sa mère ]
- C'est Basile, c'est mon frère.
- Même pas vrai ! Avant les vacances, t'avais pas de frère.
- Ben maintenant, j'ai un quasi-frère.
- Et c'est quoi, un quasi-frère ?
- C'est un frère que t'es trop BÊTE pour comprendre !
(p. 41)
« Mes souvenirs, j’en ai fait ce que je te raconte là, à force de revenir inlassablement sur cette poignée de réminiscences en désordre. Il n’y a pas d’autres témoins. Personne qui ait fait le lien à part moi. Je ne suis d’ailleurs pas le moins crédible. » (p. 25)
La famille recomposée par rapport à la famille classique , c'est comme le Nescafé par rapport au vrai café. Plus le temps passe, plus ça y ressemble, mais ça ne sera jamais tout à fait ça. On met un certain temps à s'en rendre compte. Et chacun fait de son mieux.
C'est un immeuble normal. Enfin, un bel immeuble du centre-ville. Parquet et cheminée à tous les étages. On insiste sur la mixité du quartier, mais on est bien content qu'il y ait deux digicodes, une gardienne et un arbre dans la cour.
(p. 11)
Ceux d'aujourd'hui vivent dans la société d'abondance, dans le trop-plein. Les parents n'arrêtent pas de jeter les vieux jouets pour faire de la place aux nouveaux. Sarah, la fille de Stéphanie, vient d'avoir 12 ans mais a plus d'électronique dans sa chambre qu'il y en avait dans l'immeuble où travaillait mon père.
« Peut-être que le Bus a toujours été comme ça, une boîte pour jeunes gens des beaux quartiers qui croyaient s’encanailler. Pour voyous et paumés qui pensaient côtoyer du beau monde. Le Bus n’était peut-être qu’un malentendu organisé. J’ai peut-être passé ma jeunesse sur un malentendu. » (p. 93)
[...] Un jour, ce jeune homme modèle a voulu se transformer en père de famille modèle. Père, ça a été... De famille, il a dû y renoncer. Trois ans plus tard, on s'est séparés, la mère de Basile et moi. J'ai songé à la famille recomposée mais c'est resté au stade de projet. En fait j'ai opté plus ou moins définitivement pour la famille décomposée. L'enfant la semaine chez sa mère et le week-end avec moi. La famille en 5/2 comme dit ma voisine qui bosse en intérim.
JAi-je fait les bons choix ? Pas toujours. D'autres auraient-ils été plus justes ou plus profitables ? Sans doute. Même s'ils n'auraient rien changé au fond.