Une image s'impose, celle qui illustre le premier volume d'American Recordings : Cash debout, vêtu d'un long manteau noir, la main gauche posée sur l'étui de sa guitare. Sa silhouette, saisie en légère contre-plongée, se détache sur un grand ciel d'avant l'orage. Deux chiens sont assis à ses côtés, figés comme des lions de pierre. Ce pourrait être un détrousseur de diligence, un de ces prêcheurs qui, l'air halluciné et menaçant, arpentent le sud des Etats-Unis.
La bataille entre dévots et détracteurs va continuer à faire rage. C’est sans intérêt. Il est certain qu’il faut avoir eu 15 ans au début des années 1960 pour comprendre les larmes versées le 9 décembre 1980. Sinon, Sandbrook a raison, Lennon est juste un personnage historique. Mais il est quand même classé septième sur la liste recensant les personnalités préférées des Britanniques. Devancé par Shakespeare, Churchill et la Princesse Diana, il arrive bien avant l’Amiral Nelson, Cromwell, le duc de Wellington et les autres Beatles.
Le crime de Chapman, soigneusement mis en scène, a tout d’un rituel macabre: bien plus que l’assassinat d’un homme, c’est la mise à mort d’une époque débordante d’espoir, d’idéalisme, de la certitude que le monde allait enfin changer et que la musique y contribuerait.
Si Strummer le bourgeois, fils de diplomate, a tenté de mettre du rock dans son militantisme, Lennon le faux prolo rebelle s’est borné à mettre, un temps, de la politique dans son rock.
Bob Geldof déclare : « quand il a tiré sur Lennon, ce type a volé notre enfance ».