Quelle perruche du Nouveau monde surpasse en beauté ce Bouvreuil de notre pays qui expose sa poitrine ponceau, sa calotte noire et son manteau gris sur les tiges dépouillées des lilas dont il vient décortiquer les graines brunes, par les journées d'hiver ?
Le Coucou, oiseau parasite aux amours équivoques, lointain voyageur d'Afrique et d'Asie, friand des chenilles velues, les processionnaires, qui quittent justement en longues files leurs nids soyeux sous les pins, lance en arrivant, dans la matinée grise, sa double note moqueuse, que répètent les petits pâtres.
Prenant de la hauteur dès son envolée, il est vite hors de portée de la vision humaine ; aussi, ce que nos yeux perçoivent de la migration n'en est-il le plus souvent que la frange inférieure, rabattue vers la terre par des difficultés de course ou la nécessité de la subsistance ou du repos. Jusqu'à mille mètre, l'aviateur qui s'élève voit s'écouler la masse principale des voyageurs ; à deux mille, il rencontre encore des bandes ailées : à cinq mille les forts voiliers comme les Pluviers, les Bécasseaux sont ses rares compagnons d'un instant. A tous les niveaux, la vitesse normale du migrateur, qui peut varier suivant les espèces de vingt à cent cinquante kilomètres à l'heure, est considérément accrue ou réduite par celle du courant aérien qui l'emporte ou lui résiste.
Mais il y avait, dans le jardin, une paire de chardonnerets qui revenait, chaque printemps, nicher sur la branche horizontale d'un if, et, dans la tête toute rose d'un grand arbre de Judée en fleur, les Fauvettes cherchaient des insectes. Par les soirées de juillet, autour du clocher qui dominait la maison, les Martinets tournaient en criant ; à mesure que le jour tombait, ils montaient plus haut, perdus bientôt dans la nuit.
L'oiseau n'est jamais tout à fait silencieux, créature sociable, nerveuse, perpétuellement en alerte, qu'un coup d'aile emporte dans l'espace, il doit communiquer constamment avec ses semblables à travers l'étendue. Il faut que le signal porte loin pénètre le bois touffu, perce le vent. Du gosier aux multiples membranes, commandées par des muscles puissants, sortiront des sons, différents pour chaque espèce, ayant chacun une expression propre. Le cri d'appel rallie la bande dispersée dans les chaumes, vibre à travers la bourrasque, sur la côte marine, pour convier les Mouettes et les Hirondelles de mer au festin commun, ou retentit, aigu et mystérieux, pour assurer le contact entre les migrateurs nocturnes.
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Plus loin, dans la vallée abritée, une bande d'étourneaux emplit la cime du peuplier d'un bavardage à la fois chanté, parlé et sifflé, composé de tous les bruits de la nature, que ces mimes au manteau noir pointillé de blanc ont recueillis dans leur va-et-vient entre la plaine et la forêt.
Le Bécasseau Maubèche, qui se pose sur la vase des estuaires et dont les multitudes nichent si loin dans le Groenland Arctique qu'on connaît à peine la région qui le voit naître, devra parcourir dix mille kilomètre pour hiverner dans le Sud Africain.
Pour son régime alimentaire de poisson, le Martin-Pêcheur a besoin d'eaux libres et claires. Les côtes méridionales de Scandinavie le voient nicher, puis partir dès que le froid s'annonce. Surpris par l'hiver en Allemagne, " l'oiseau de glace" - c'est son nom germanique - s'assemble avec ses congénères près des courants que le gel n'a pas encore saisis ; s'il tarde davantage à s'enfuir vers le sud, il est victime des frimas.
Une sonnerie de perles de verre entrechoquées signale, dans le noyer, la troupe des proyers immobiles comme des feuilles brunes que l’hiver aurait oublié sur les branches
En ces jours où la poussée vitale est encore contenue, hésitante, par une matinée calme, de très bonne heure, un point noir surgit au sud, à l'horizon gris : les Oies sauvages. Elles passent, si haut parfois qu'on distingue à peine les grandes ailes, les longs cous tendus. La petite troupe glisse au-dessus de nos têtes et disparaît vers le nord. Puis, ce sont, en pleine nuit, avec leurs cris rauques, les Grues cendrées qui prennent la même direction...