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Citation de lanard


lanard
03 septembre 2020
Au XVIIe et XVIIIe siècle, l'Inde n'avait point pu prendre la forme d'une nation, parce qu'il n'existait aucun élément social important capable d'en concevoir l'idée. L'Inde était fragmentée en castes. Mais, au XIXe siècle, la domination anglaise a engendré des conditions sociales nouvelles, suscitant une élite ouverte à l'idée nationale. Au début du XIXe siècle, l'Inde n'avait pas encore une véritable classe moyenne : on appartenait à l'aristocratie ou au peuple. L'éducation anglaise, d'abord assez dédaignée par l'aristocratie, favorisa surtout des éléments d'origine plus modeste. Non seulement elle les élevait mentalement, mais elle leur permettait d'accéder aux emplois nouveaux de la société moderne : administration subalterne, professions libérales, emplois du commerce, de l'industrie, des banques, etc. Une petite bourgeoisie se constituait.
Pourquoi cette bourgeoisie était-elle le milieu favorable à l'idée de nation? D'abord elle avait un minimum d'instruction - une instruction adaptée au monde moderne - que les autres classes n'avaient point. Les membres de cette classe moyenne sentaient qu'ils devaient leur promotion sociale à cette instruction au moins autant qu'à leur caste : par suite, sans cesser d'appartenir à leur caste, ils devenaient capables de concevoir une autre solidarité. Enfin la multiplication des emplois permettait à de nombreux individus d'acquérir dans la société une position indépendante : libérés du cadre coutumier de la caste, ils pouvaient prendre des initiatives.
Une des grands obstacles à l'éclosion d'une nation indienne avait été l'absence d'une langue commune. Le sanskrit se limitait à une classe d'érudits, préoccupés surtout de problèmes religieux. Le persan, qui avait été la langue culturelle de l'époque mogole, était le véhicule d'une culture musulmane. La diffusion de l'anglais par l'enseignement donna aux Indiens une langue commune, que sa simplicité rendait accessible à une grand nombre d'individus. Pour la première fois, les Indiens de toutes les régions pouvaient se comprendre entre eux. En particulier, les Indiens du Sud, qui parlaient des idiomes dravidiens, se trouvèrent rapprochés des Indiens du Nord. Et, dans ces conditions, les conceptions politiques occidentales se diffusent dans la classe cultivée. L'enseignement anglais révéla aux Indiens l'histoire de l'Europe : la formation des nations modernes, les révolutions (d'Angleterre, de France). Dans la littérature anglaise, les Indiens se familiarisèrent avec les idées politiques et sociales du XVIIIe et du XIXe siècle : la liberté, le progrès social, le patriotisme, la résistance à l'oppression, le droit des peuples à disposer d'eux-même. Le grand mouvement de libération nationale, inspiré des idées du XVIIIe siècle, qui avait d'abord affecté les pays d'Europe et d'Amérique, atteignit l'Inde vers la fin du XIXe siècle.
Le nationalisme indien trouve aussi son inspiration dans la culture de l'Inde : c'est souvent par ses idéaux religieux que l'Inde retrouve la foi en sa propre valeur et l'énergie de s'opposer à un maître étranger qui lui apporte des idéaux différents. C'est le premier aspect d'une conscience indienne.
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