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Citations de Jacques Gamblin (16)


"Avant-hier je suis parti avec ma femme et la voiture. Le ciel était bleu. On avait décidé de faire le pont. J'étais en RTT. Ma femme était enceinte. C'était ma première RTT. Quand le temps est au beau dans ces coins-là, c'est vraiment très beau.
A mi-route la voiture s'est déportée sur le côté. Il se passait quelque chose de bizarre dans le volant. On aurait dit un pneu qui se dégonfle, je ne sais pas. A part reconnaître ma droite de ma gauche, je ne connais rien en mécanique mais j'ai quand même arrêté la voiture. Je suis descendu. J'ai ouvert le capot, quand on n'y connaît rien en mécanique on se dt toujours que ça va suffire. Il n'y avait rien, rien d'anormal je veux dire. J'ai regardé les pneus, tout allait bien."
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Jacques Gamblin
Restreindre notre consommation, ce n'est pas reculer, au contraire, c'est faire marche avant, gagner en sobriété, retrouver sa liberté.

Dans le magazine "Imagine" n° 141
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"Je ne dis pas que si on ne valsait plus, on ne s'aimerait plus: c'est trop tôt pour le dire. Je dis simplement que si je ne valse pas avec ma femme, ce n'est pas le bonheur."
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6 février 2014

Jamais personne ne m'a écrit comme cela. Jamais personne n'a compris sans que je lui dise, sans que je lui explique. Je suis en fait très troublé par ce que tu m'as offert. Je vis habituellement seul à bord et j'ai beaucoup de mal à partager ce que je ressens au fond de mes tripes pendant ces longues semaines en mer et là, toi, tu vois tout, tu entends tout, tu fais partie du bord. Tu comprends tout. Tu es là avec moi au quotidien. Certains jours, lorsque j'ai peu dormi, je me surprends à te parler ou même à te bousculer parce que tu pourrais m'aider, te demander comment on va passer ce grain. Je n'ai jamais expérimenté une telle complicité de toute ma vie de marin. C'est incroyable.
C'est presque gênant pour ceux qui vivent avec moi depuis des années et qui n'ont jamais pu prendre cette place à bord. Tous tes mots qui s'entrechoquent, que je lis parfois à haute voix et qui s'amplifient dans l'habitacle. Tu n'imagines pas l'onde qu'ils provoquent dans ma tête et dans mon corps.
Je les entends, je t'entends même les dire. Je jouis de chaque mot, de chaque phrase. Je ne parle ni n'écris à personne d'autre. Quelques mots techniques sur la route ou la météo avec les deux lascars qui se sont enfermés pour me suivre mais leur lecture à eux n'est que chiffres et données, chez toi, tout est sensible et subjectif. Il ne manque rien. Parfois poétique, tantôt humoristique, c'est chaque fois le bon ton.
Mais Jacques je ne suis pas celui que tu crois. Je suis un mec qui rate, qui échoue, qui trébuche. Je pleure, j'ai mal, je ne suis pas un héros. Je merde tout le temps sur tout. Je navigue parce que je suis un lâche. Je fuis la terre, je fuis les autres, je fuis mes responsabilités de père, de mari, de frangin, de fils, d'ami.
Quand je suis sur l'eau, je ne suis que dans l'action, dans l'instant de vivre la risée, la rafale, de lire une voile, entendre un bruit qui m'indique ce qu'il faut faire maintenant.
Je suis en multicoque parce que je suis en sursis permanent, je suis sur le fil. Je ne dors plus, je tente de me reposer. Je ne mange plus, je me nourris. J'attrape de temps en temps une perle de bonheur, une lumière, une vitesse, un mouvement, un son, c'est rare.
Je pars pour tout quitter à chaque fois et voir si j'en suis toujours capable. Je suis grisé par l'espace autour de moi mais il me fait peur. Je suis juste toléré ici. Je viens de sortir du pot au noir ; il s'est joué de moi pendant 30 heures. Je ne suis rien ici, juste un compétiteur, alors je cherche à être le meilleur. J'ai du mal à faire surface et je vais mentir en rentrant et continuer de fuir.
[...]
Je voudrais offrir à mes enfants ce que tu as fait pour moi à distance par cette correspondance unique.
C'est sans doute la particularité du moment : l'isolement, l'épuisement, le questionnement, mais toujours est-il que je m'aperçois que je ne sais pas aimer parce que je me déteste tout le temps. Mon père n'était qu'exigence et mérite et j'ai fui la maison en emportant avec moi les vice et vernis de son éducation jésuite qui me colle à la peau comme une combinaison néoprène qui pue le chien mouillé. Il m'a aimé comme il avait été aimé de loin en étant le huitième enfant d'une fratrie de treize.
Je suis parti et, très vite, il n'y a plus que sur l'eau que j'ai trouvé cette paix avec moi et les autres. Le huis clos, l'immensité, le vent, le contact viril avec quelqu'un qui me touche enfin. Cette nature qui me palpe, me prend, me jette, me caresse, me frappe, m'émeut parce qu'elle change tout le temps et qu'elle me fait changer tout le temps. Je suis à poil, je ne lui cache rien. Je suis en colère, je gueule, je suis malheureux, je pleure, je suis heureux, je ris, je vis.
Les retours à terre sont terribles. Je deviens en quelques semaines d'absence un étranger dans un quotidien qui, d'un coup, n'a plus aucun sens pour moi.
Je m'aperçois aujourd'hui que je ne sais pas aimer en retour ceux qui m'aiment autant qu'ils en auraient envie ou besoin. Ils vont bien quand je vais bien, ils souffrent quand j'ai mal. Je me sens enfermé dans cette spirale où la seule issue pour les aimer, c'est d'être heureux et d'arrêter de me faire du mal.
Merci Jacques, tu me fais tellement de bien. Nous allons construire la suite de ce voyage ensemble. Il faut que je le finisse proprement, que je trouve un épilogue qui me permette d'ouvrir la porte.
[...]
Thomas
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T'écrire est déjà une forme d'inconscience. Cela supposerait que tu as le désir ou le temps de me lire. Mais bon j'essaie ! Si tu as 4 secondes, non pas pour me répondre mais juste savoir si cette adresse mail que tu m'as délicatement transmise fonctionne. Un petit oui m'ira très bien.
Chaleureusement.
Bon chemin grand monsieur.
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9 août 2015
[...]
Tout va vite et tous mes sens sont en éveil. Je commence à être dans l'état où je ressens plus que je ne comprends, ça veut dire que je suis parti, que je fais corps avec mon bateau et je m'en sers comme d'un gigantesque capteur multifonctions pour me connecter avec l'environnement qui ne cesse de changer. Le vent, l'état de la mer, la température, l'humidité, les sons sourds ou parasites décident de tout et je palpe les moindres variations. J'associe tout à tout et alors je laisse entrer mes souvenirs, certaines personnes, des réflexions, des idées, des sentiments, des musiques, des couleurs, des images, des formes dans cet univers entre l'ultra présent et le presque inconscient. Je suis malgré tout très présent et dans l'action, concentré et pleinement dans l'instant, mais pas de façon habituelle. C'est comme si cet environnement déclenchait en moi une partie inexplorée de mon être qui se réveillait pour être là. Je ne sais pas si c'est un état méditatif ou d'ultra perception. J'ai du mal à vivre cela à terre mais parfois je re-capte cet état, il est plus bref et plus précis, moins comme un état mais plus comme une opportunité. Parfois j'ai besoin de le rechercher et ne le trouve pas, parfois il vient naturellement. Lorsqu'on est nombreux à bord comme à l'aller, j'ai du mal à l'obtenir mais ça n'est pas si gênant. Je peux le partager mais j'avoue que c'est assez rare. Je ne le recherche pas forcément à tout prix, ce n'est pas quelque chose de performant ni de précis. Je ne peux pas dire que j'en joue mais certainement que j'en jouis.
[...]
Thomas
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Jacques Gamblin
Il est temps de faire de toutes petites choses multipliées par des milliards de toutes petites
Jacques Gamblin (Parlement des écrivains)
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11 décembre 2016
Ce soir, j'ai pété les plombs, j'ai hurlé, je me suis cogné, j'aurais pu sauter, je suis devenu fou! Ce soir, je regrette d'être parti de Brest. Une seule journée comme celle-là ne justifie pas un tour du monde! Cette torture a eu raison de moi, je n'en veux plus! Je suis out!
T.
p: 137
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Ce que tu m'as écrit m'a sans doute transformé à jamais. Amitié.
Thomas
p:37
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Je parle à un homme qui ne tient pas en place.
Quand je lui parle vers le sud, il est peut-être à l'ouest, quand je suis moi-même à l'ouest et lui parle vers l'est, il a peut-être perdu le nord et le rattrape au vol. Alors pourquoi parler si c'est dans le vide que je parle? Pourquoi envoyer chaque journée une bouteille dans les airs si peut-être mes paroles ne sont jamais bues? Et si, par magie, tu me reçois, quel est ce droit que je m'octroie de t déranger dans ton travail? Pourquoi?
Jac
p:19
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Non-dit
18 août 20105
Je vous remercie d'être parfois le témoin extérieur de cette relation père-fille et fille-père que je trouve admirable avec ses nuances, subtilités, paradoxes ou contradictions mais jamais de non-dit.
Vous êtes beaux dans votre respect mutuel. Vous grandissez sur ce bout du monde qui est devenu le vôtre pour toujours.
Thomas


09 novembre 2016
Le non-dit est définitivement pestilentiel. Il nous entraîne dans des chemins qui bouffent nos existences. Nommer nommer nommer et dire pour échapper à la vase. La parole libre est un cadeau pour tout le monde.
Jac.
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On travaille notre vie tous les jours. Rien n’est arrêté. Rien n’est perdu à jamais. Rien. Tu le sais aussi…
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Depuis hier, j'ai décidé de péter un maximum et avec énormément de puissance pour t'envoyer de l'air dans ta toile au moment du pot au noir! Je vais péter dans les calmes. Tu vas voir la différence. Tu vas le sentir le pet au noir! Il va te donner envie de le fuir à toutes jambes!
p:21
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22 novembre 2016

J'ai chialé tout seul devant mon ordi en apprenant l'abandon de Vincent Riou sur le Vendée Globe. J'ai pleuré pour lui et pour moi tellement j'en ai eu peur hier. C'est fou cette assimilation et cette appropriation de la vie des autres parfois.

Thomas
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15 novembre 2016

En t'éloignant mille après mille de nous, tu te rapproches mille après mille de toi.

Jac.
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