Interviews d'écrivains à propos de la NRF
A propos de la Nouvelle Revue Française (NRF). Interviews menées par
Jacques LANGUIRAND.
- Plage 8
Gaston GALLIMARD raconte comment et pourquoi il est devenu éditeur. le seul plaisir du métier : la découverte. le but des fondateurs de la NRF : leur attitude devant l'inspiration. (3')
- Plage 9
Jean DUTOURD, auteur du livre "
Au bon beurre", raconte ce qu'est ce livre, pourquoi il...
Les gardiens de la Terre
La voie spirituelle amérindienne inclut une médecine pour la guérison de Terre-Mère. A l'heure d'un désastre écologique appréhendé, elle nous convie à assumer cette responsabilité spirituelle et éthique, qui a toujours été l'une des dimensions essentielles de son héritage: être les gardiens de la Terre. Cette tâche est aussi urgente qu'exigeante. Mais on peut s'y attaquer si l'on réussit à harmoniser les moyens dont dispose aujourd'hui la modernité avec des principes d'action semblables à ceux dont témoigne la spiritualité amérindienne. Quels sont donc ces sentiers dans lesquels les gardiens de la Terre nous suggèrent de cheminer, afin d'éviter le désastre écologique ?
La crise écologique
L'alliance entre l'homme et la nature est brisée. Au lieu de se situer en lien organique avec elle, l'homme se place en face d'elle et comme à son opposé. Dans ce contexte l'air, l'eau et le sol se sont dégradés. Des animales et végétales disparaissent. Les climats changent et des ressources non renouvelables s'épuisent. Triste est l'état de la planete et sombre son avenir. Terre-Mère est blessée et la blessure est grave. Tous les tissus de l'organisme terrestre sont meurtris. La nature résiste et crie souffrance, victime des fruits de la démesure humaine. L'homme la dépouillée de son mystère et de sa dimension spirituelle. L'ayant alors conçue comme un simple objet manipulable et comme une machine fonctionnelle, il a entrepris de la dominer, coûte que coûte.
Cette crise de la domination de l'homme sur la nature porte avec elle une crise des valeurs. Cette crise du monde moderne est done foncièrement éthique et spinuelle. Elle appelle une médecine du même ordre, qui puisse l'éloigner de « la route sombre » dont parlent sages amérindiens, ce chemin de destruction et de mort qui atteint ici la planète. Cette crise a besoin d'un vent qui nettoiera la terre entière autant que l'esprit de l'homme. En définitive, elle requiert une spiritualité de la création. C'est à ce point qu'apparaît la pertinence d'un regard sur la voie spirituelle amérindienne et son éthique écologique.
Nous sommes sortis de la Terre-Mère et nous y retournons. Nous ne pouvons pas posséder la Terre. Nous sommes seulement de passage ici-bas. Nous Sommes les hôtes du Créateur. Il nous a accueillis chez lui pour un temps, et regardez ce que nous avons fait de sa maison! Nous l'avons empoisonnée, nous l'avons saccagée de fond en comble... Je travaille pour la Création. Je refuse de prendre part à sa destruction. >
Propos de LEON SHENANDOAH (Confédération iroquoise des Six Nations) dans HARVEY ARDEN et STEVE WALL, Les Gardiens de la sagesse Rencontres avec des sages Indiens d'Amérique du Nord
Quoi qu'il en soit de toutes ces appellations, il s'agit toujours d'une profonde alliance, et même d'une véritable inséparabilité, entre le Divin et le cosmique. L'univers émane constamment du Dieu créateur et c'est Dieu créateur qui agit en lui et par lui. S'il n'y a pas de monde sans Dieu, il n'y a pas de Dieu sans monde. Cette partie invisible, par laquelle tout être réside en Dieu, est en même temps le lieu intérieur et mystérieux en lequel Dieu réside. Dieu est la spiritualité qui traverse toute la matière de ce monde et qui la rend translucide. C'est le Grand Etre universel ou encore le Grand Mystère cosmique.
La souveraineté est une chose qui s’étend en cercles toujours plus larges, à partir de vous-même.
Toute tradition spirituelle, dans la mesure même où elle reste vivante, est et sera de plus en plus métissée. Aucune n'échappe à la logique désormais inévitable du métissage. Chacune est en devenir ; elle continue d'évoluer et de se transformer, de l'intérieur d'elle-même et à partir de ses fondements, bien sûr, mais aussi au contact des autres et selon l'accueil qu'elle leur réserve. L'imprégnation mutuelle, la fécondation réciproque et les influences croisées se poursuivront désormais en matière de spiritualité, comme dans les domaines culturel et génétique. Il arrive même qu'on prenne conscience que certaines racines de son propre héritage spirituel rejoignent en profondeur quelques unes des racines d'un autre héritage.
De toute évidence, les guerres de religion, les exclusivismes et les fanatismes sont des reliques du passé que l'être humain devra jeter aux ordures.
Le temps est venu de l'émergence d'un échange fécond et d'un patient tissage de la paix religieuse.
« Les Amérindiens essaient de suivre le Chemin rouge qui court dans la nature. Nous sommes liés de la même façon à toutes les choses de la Création. Toutefois, nous sommes conscients qu'à côté du Chemin rouge il y a le noir, qui va à contresens. Le Chemin rouge est positif, le Chemin noir négatif... Les sociétés technologiques s'égarent souvent dans les Chemins noirs, mais nous n'aurons plus le choix de retourner dans le Chemin rouge quand l'équilibre fragile du monde sera rompu.
DON RUTLEDGE et RITA ROBINSON,
Le Chant de la terre
La spiritualité des Amérindiens
"Le Principe Créateur, le Grand Mystère, est en nous-mêmes."
Dhyani Ywahoo
Le bonheur, ça consiste à vivre penché au-dessus de deux bols à café, sur l'un on a écrit "toi", sur l'autre "moi" - et le monde peut crever la gueule ouverte.
On pense ici à la célèbre formule de saint Augustin:« du monde extérieur vers le monde intérieur et du monde intérieur vers le monde supérieur» (Ab extra, ad intra; ab intra, ad supra). N'est-ce point là la démarche spirituelle de toute vraie quête de vision ?
Chaque humain possède en lui une vision sacrée, c'est-à-dire un pouvoir unique qu'il doit découvrir au cours de sa vie, dans le but d'actualiser la vision du Grand Esprit dont il est une expression.
GEORGES E. SIOUL
Récemment, un ami et moi avions un plaisir fou à débattre de cette question. Dans un éclat de rire, je lui dis :
« J’ai fini par découvrir le sens de l’expérience humaine, la structure même de la vie ! »
« On passe la moitié de la vie à se faire un ego fort et l’autre moitié... à le défaire. Et pour nous aider dans cette entreprise, il y a la maladie et la vieillesse... Et si malgré tout l’ego résiste, eh bien il y a la mort ! »
Deux composantes sœurs sont à l'origine du cosmos dont l'une renvoie à la lumière (l'étincelle de l'Esprit) et l'autre, au son (la Vibration Primordiale). Ce que décrit le mythe de Création des Tsalagis (Cherokee) : "Au commencement est le Vide. De ce Vide mystérieux vint une vibration, sonore, et le son devint lumière et la lumière-son devint volonté, intention d'être."
(Rodolphe Gagnon cité dans le livre).