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Critiques de Jacques Laurent (66)
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La communarde

Cecil Saint-Laurent qui écrit sur une Communarde, c'est un peu comme si Sulitzer sortait un livre sur Arlette Laguiller, ça intrigue. Il aurait été plutôt du genre à la conduire à grands coups de pieds au cul jusqu'au premier bateau en partance pour la Nouvelle-Calédonie. A moins qu'elle ne fut séduisante et qu'elle aimât l'amour, façon Caroline Chérie de la Butte-aux-Cailles.



Intriguée par cette trouvaille dans une boite à livres, je le pris, je le lus, et je ne fus pas déçue…

Paru en 1970, La Communarde narre les aventures et les mésaventures de Lucien Richelance, dit « l'enfant du viol », jeune homme de condition modeste qui rêve de s'élever dans la société. Fervent lecteur De Balzac, Lucien quitte Metz grimé en femme, et se rend à Paris.

Il s'éprend de Marie, une jeune Communarde courageuse, séduit Joséphine Laurent-Dupuy, épouse d'un préfet d'Empire, tisse des liens avec Louise Michel.



La Commune sert surtout de décor à une histoire qui oscille entre roman d'amour teinté d'érotisme, et journal intime, entre considérations politiques et atermoiements sentimentaux et sexuels des protagonistes.

L'auteur, pro-versaillais, est assez critique envers la Commune «Si les chefs étaient aussi timorés, aussi ignorants, si les hommes étaient aussi indociles, aussi avinés, la Commune était en effet vouée à l'échec. » Louise Michel est décrite comme une hommasse, Courbet comme un affreux bavard, Hugo  en donneur de leçons hautain et rimailleur. Quant à Thiers, il est un véritable chef d'état, et Trochu la vertu incarnée.



Les relations sentimentales et sexuelles des protagonistes nous rappellent celles de la série des Caroline Chérie, sans les affriolants dessous de Caroline de Bièvre qui ont fait place au mauvais calicot. Les scènes de « viol consenti » alternent avec les considérations sur l'émancipation de la femme, et cela a vraiment mal vieilli. Seule Marie la Communarde semble trouver grâce aux yeux de l'auteur et c'est son personnage qui sauve le roman d'un ennui total.

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Caroline Chérie, tome 2

Quel plaisir de retrouver Caroline de Bièvre dans ce second tome ! Mon engouement reste intact, même plusieurs mois après la lecture du premier volet, et j’adhère définitivement à cette héroïne qui traverse l’Histoire de France avec autant de débrouillardise, née du compréhensible besoin de survivre.



Pourtant, elle est bien troublée l’époque qui lui échoie. Certes, la Terreur s’est achevée dans le sang des bourreaux mais la situation politique française n’est guère plus brillante avec ce Directoire composé de politiciens plus prompts à défendre leurs intérêts personnels que l’intérêt général. D’autant qu’à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières, les tambours de la guerre battent toujours leurs mesures lancinantes.



Et elle en verra encore des vertes et des pas mûres cette pauvre Caro ! Exil, bataille navale, débarquement, mission secrète royaliste, chouannerie, emprisonnement, bannissement, évasion à travers la forêt tropicale, campagne d’Italie, complots politiques, entremise bonapartiste… et au milieu de tous ces événements, avoir pour seul mérite de réussir à rester vivante et pour seule espérance de réussir à aimer et à être aimée.



Pour une fois, la quatrième de couverture n’aura pas menti, j’ai bien retrouvé le souffle du superbe "Ambre" de Kathleen Winsor. Ambre, Caroline… des femmes qui, sans angélisme, sont jetées dans la réalité dure et crue de leur époque et qui doivent tirer leur épingle du jeu, parfois en suivant la voie des compromis.



Le lecteur qui se sera laissé rebuter dans le premier tome par le caractère égoïste et capricieux de Caroline (qu’il aura alors connu à 15 ans) passera sans doute – et malheureusement pour lui – à côté de la Caroline de 25 ans, mûrie par les épreuves, exaltée par les illusions brisées, devenue pleinement femme et affirmant une personnalité moins juvénile et plus déterminée.



En trame de fond de ses aventures se dessine une période historique trop souvent négligée par les romanciers. La vision du Directoire que nous offre Jacques Laurent est très bien documentée et fort pertinente. Elle nous permet de mieux comprendre les mouvements de balancier complexes de l’après-Terreur et de mieux appréhender le coup de force du Consultat.



Bref, vous l’aurez compris, avec ce roman je n’ai vraiment pas boudé mon plaisir, ensorcelée par le style toujours aussi précis, littéraire et efficace de son auteur. Le dernier tome attend dans ma PAL mais, comme pour une sucrerie qu’on a envie de faire durer afin de mieux la savourer, je vais l’y laisser encore quelques semaines et retrouver ainsi Caroline avec encore plus d’appétit.





Challenge de lecture 2015 – Un livre de plus de 500 pages

Challenge PAVES 2014 - 2015
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Caroline Chérie, tome 1

Juste excellent ! Cette chère Caroline est tout simplement impayable !



Voici, avec ce premier tome de "Caroline Chérie" de Jacques Laurent, alias Cecil Saint-Laurent, les débuts dans la vie trépidants d'une héroïne pareille à aucune autre. Au placard les angéliques oies blanches se rebellant contre l'autorité parentale pour échapper à un mariage arrangé, et prétendant ne vouloir vivre que d'amour et d'eau fraîche, en perpétuelle quête d'idéal.



STOP !

(bruit du disque qui se raye)



PLACE, mesdames et messieurs, a une héroïne qui n'écoute que son instinct et son naturel égoïste, une jeune femme honnête avec elle-même bien qu'elle connaisse des périodes de doute et de remords, et prête à tout tenter, pourvu que ces heures soient douces et qu'elle puisse... dormir ! Oui, autant vous l'avouez, Caroline dort beaucoup, enfin, à dire vrai, elle a le même besoin de sommeil que vous et moi (encore qu'on puisse admettre qu'elle en ait davantage besoin étant donné l'aspect aventureux de son existence), mais cette faculté à s'endormir environ tous les jours peut déconcerter les lecteurs plus habitués à des héroïnes qui bien que sortant des pires situations restent fraîches comme des roses, sentent merveilleusement bon et sont prêtes à s'abandonner au chaste baiser de leur prince charmant accouru à leur secours.



Non, ici, rien de toute cette poésie ; l'auteur a pris au contraire un malin plaisir à dépeindre avec beaucoup d'humour, un brin de misogynie (première parution en 1947) et un regard sans concession sur la nature humaine, un caractère à la fois héroïque (je n'aurais pas voulu être à la place de Caro) et terriblement terre à terre et pragmatique. Caroline n'a qu'une ambition dans la vie : être libre ! Cette liberté que les jacobins revendiquent à coups de guillotine, Caroline en a fait son idéal avant qu'éclatent les troubles révolutionnaires même s'il ne se drape pas dans la noblesse d'une révolte politique. Non, Caroline veut être libre simplement parce qu'elle a compris très tôt qu'une femme en 1789 est un être prisonnier, ballotté du foyer de ses parents à celui de son mari, d'un couvent aux bras d'un amant et qui n'a aucun libre-arbitre (à moins d'être princesse et/ou immensément riche). Alors oui, elle est super méga égoïste, Caroline, et elle n'a aucun sens de l'honneur ; elle semble le plus souvent dépourvue de compassion pour son prochain et pourtant elle aime la vie, elle aime l'amour, elle aime la liberté, elle est d'ailleurs très douée pour tout ça. Alors, oui, je peux comprendre que Caroline puisse paraître méprisable à beaucoup mais, personnellement, moi, je la trouve impayable.



La Révolution Française puis la Terreur qui servent d'écrin à ce petit bijou romanesque sont traitées par l'auteur avec une réelle connaissance du contexte historique et sociologique. A ceux qui souhaiteraient plus d'érudition, je leur ferai gentiment remarquer qu'ils se sont trompés de porte et qu'ils feraient mieux de pousser celle de "La Révolution" de l'excellent Robert Margerit. Là, ils auront tous les détails de la fuite du roi à Varennes.



Revenons à Caroline, cette jolie chipie. Dans ses aventures, rien de rocambolesque, tous les événements qu'elle vit sont les reflets fidèles de ceux vécus par les ci-devant aristocrates lorsque la monarchie absolue a vacillé pour finalement s'effondrer. Parole d'historienne, cette lente prise de conscience qui pénètre mois après mois, épreuve après épreuve, des esprits habitués depuis des siècles à dominer ou à se soumettre est parfaitement retranscrite par la plume précise et efficace de l'auteur.



Cette héroïne très humaine (visiblement trop humaine au goût de certains), un peu nymphomane (il faut bien l'avouer), décrite par son auteur comme sempiternellement "vibrante de désir, assoiffée de volupté" et par son amant comme "inutilement sotte et méchante, sans aucun tact ni délicatesse" n'arrive pourtant pas à sombrer dans une noirceur totale pour devenir une sorte de Milady de Winter. Non, elle reste ce qu'elle est, une éternelle amoureuse, vouée à s'illusionner, à papillonner, à faire de mauvais choix, d'autres plus judicieux et, au final, à faire tout son possible pour sauver sa peau, tirer son épingle du jeu et continuer sa route. En aurions-nous fait moins à une telle époque ?



"Caroline Chérie"... ce titre, quelle charmante ironie ! Il est tellement jouissif de détester Caroline qu'on finit par l'adorer !
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Le français en cage

Je ne sais pas trop l'étiquette (s'il y en a une) qu'il faut attribuer à cet ouvrage qui m'a été prêté par un lecteur qui vient régulièrement aux Archives, à savoir sur mon lieu de travail.



Ici, l'auteur (que je ne connaissais pas du tout bien qu'il soit rentré à l'Académie française, mais bon j'ai une excuse puisqu'il a intégré cette dernière trois ans après ma naissance) s'"amuse" à décortiquer les mots, à jouer avec eux mais surtout,comme un grammairien, nous (ré) enseigne le "bon" langage. Il existe effectivement deux langages : celui qui relève de la linguistique et qui est le langage académique si l'on peut dire et le langage courant, usuel. Je suppose que vous n'ignorez pas que, lorsque nous parlons dans la vie de tous les jours, que ce soit avec sa famille ou encore avec ses amis, les phrases que nous formulons sont parfois remplies de fautes des syntaxe. Pourquoi ? Négligence ou tout simplement parce que l'on se sent à l'aise et que l'on se laisse enflammer par la conversation. Evidemment, lorsqu'on s'adresse à un supérieur ou que l'o doit prendre la parole en public, on fait tous chacun très attention à la manière dont on va formuler ses phrases. Cependant, je suis sûre qu'il reste des coquilles dans la manière dont nous nous exprimons. Si je ne vous ai pas convaincus et si vous êtes persuadés de maîtriser la langue française de façon irréprochable, je pense que cet ouvrage finira par vous convaincre du contraire. D'ailleurs, même les dictionnaires (tels le Littré, le Larousse ou le Robert auxquels l'auteur fait référence ici) sont parfois en désaccord, pour vous dire...

D'ailleurs savez-vous réellement la signification première des mots que vous employez au quotidien et qui vous semblent couler de source ?

J'avoue avoir été agréablement surprise d'en découvrir certains qui, en étant rentré dans le langage commun, ont perdu tout leur sens !



Un ouvrage court, vite lu mais qui est justement peut-être trop concis pour être apprécié à sa juste valeur. L'auteur utilise souvent des exemples de mots que je ne connaissais pas jusqu'à présent puisque je n'ai pas l'occasion de les utiliser puisqu'ils se rapportent par exemple à la science ou à la médecine (c'est une bonne chose en soi puisque cela m'aura permis d'étendre mon vocabulaire mais ce que je trouve dommage, c'est qu'il aurait pu en citer quantité d'autres qui nous auraient sûrement plus parler - du moins, à moi -).



A cela, il faut rajouter la langue que nous parlons ne cesse d'évoluer et que nous n'avons d'autres choix que de nous adapter !

A découvrir !
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Une sacrée salade

Ayant pour principe de ne jamais rien acheter à la nouvelle Table Ronde qui me fait d'autant plus horreur qu'elle symbolise pour moi la trahison de l'esprit d'origine tout en vivant de ses rentes sur les auteurs comme Blondin ou Laurent, c'est soulagé que j'apprends que j'ai échappé à une préface de Leroy.



J'ai ramassé Une Sacrée salade sur l'étal d'un brocanteur, dans une vieille édition enveloppée d'une couverture géniale de Siné sans rapport avec la couverture postmoderne absurde utilisée sur la page de Babelio. Et j'en ai fait ma lecture du week-end. Je m'apprêtais à me fendre d'une critique quand j'ai vu les stupidités qu'on "croyait avoir comprises" avec les lunettes blanches et noires du politically correct version 2019.



Je me suis dit que, tant qu'à faire, j'allais rectifier ça. Après tout, quand on prend un quart d'heure à rédiger quelque chose de gratuit sur sa journée de travail, autant primo se faire plaisir, secundo que ce soit utile. Alors, ainsi, j'apprends que c'est un roman anti-pétainiste (!!!) passeke sou Vichit ont tuer lé avorteuz. C'est hilarant de lire un truc pareil alors que ça va faire des dizaines d'années que j'entends répéter ad nauseam que Laudenbach (Action Française, OAS, etc.) et Jacques Laurent, c'étaient d'horribles pétainistes, des fascistes même (dixit BHL), et que Vichy... c'était justement eux! Et c'est vrai, n'est-ce pas. Jacques Laurent était effectivement FONCTIONNAIRE DE VICHY, très exactement au Secrétariat général à l'Information, et non seulement ça, mais encore homme de confiance de Paul Marion, co-fondateur du PPF, parti violemment fasciste et collaborationniste, et pour couronner le tout: contributeur actif à l'organe de propagande vichyssois Révolution nationale!



Ensuite, "ont envoyé lé avaurteuze à l'échafo" sous Vichy? Non. UNE femme, une répugnante commerçante de l'avortement en série, une sordide criminelle a été exécutée sous Vichy. UNE. Et il est probable qu'elle aurait été exécutée tout pareil sous la IIIe, la IVe ou la Ve République de de Gaulle. C'était une sainte à peu près autant que la Voisin ou Elisabeth Bathory.



Enfin, j'apprends - effarement de ma part - ke leu filme ki a éter tirai du livr il été boykoter par le gouvernemant. Alors, j'ai vérifié pour vous, d'accord? C'est sympa, non? Et voilà le résultat. L'adaptation d'Une Sacrée Salade au cinéma est signée Roland Laudenbach et Alexandre Astruc. Or Astruc raconte précisément dans le Plaisir en toutes choses que "Roland Laudenbach était associé à Colette, la femme de Jacques Duhamel, directeur de cabinet d'Edgar Faure" (alors président du Conseil, c'est-à-dire qu'il DIRIGEAIT le gouvernement) et qu'ils ont obtenu d'Edgar Faure qu'il SOUTIENNE la candidature des Mauvaises Rencontres, adaptation cinématographique du roman, au festival de Venise.



Bien, ceci étant réglé, il est très amusant de comparer le manichéisme puéril du XXIe siècle, entièrement réglé par 50 ans d'anéantissement de l'imagination sous influence médiatique, avec les contrastes, les nuances, l'immense variété des prises de positions sociales et politiques des années 1950. Des "fasciiiiistes" "pétainiiiiistes" comme Laudenbach et Laurent pouvaient en effet prendre des positions en faveur de la légalisation de l'avortement. Jacques Laurent, d'ailleurs, avait déclaré un jour à Jean-François Bory que "la réforme qu'il admirait le plus" était "la légalisation de l'avortement".



Maintenant, sur le roman en particulier: c'est un Crime et Châtiment façon Laurent. Il est probable que Jacques Laurent n'avait aucunement l'intention au départ de réussir une oeuvre littéraire; c'était - comme toute la production signée Cecil Saint-Laurent - conçu comme un bouquin alimentaire. Et, de fait, les débuts sont à peu près aussi nuls que Caroline Chérie. Et puis, Laurent se prend au jeu, devient lui-même. D'abord c'est une étincelle ici, une petite réflexion profonde qui fait espérer mieux, et puis il se lâche, et voilà un dialogue à la Raskolnikov. Alors il devient tout à fait Jacques Laurent, celui des portraits cruels de vérité: les femmes en prennent pour leur grade, les hommes aussi, les flics, les héros de la Marne, tout le monde y passe. Il y a beaucoup de fatalisme, chez Laurent. On sent qu'il est Forbin, et que sa réflexion profonde est, finalement: puisqu'on ne peut rien changer à l'évolution désastreuse des moeurs, autant légaliser l'avortement pour mettre fin aux tristes séquelles de la clandestinité, et notamment éliminer du circuit le négoce des monstrueuses "avorteuses" également dénoncé par Sartre qui appelait l'avortement un "meurtre métaphysique" dans Les Chemins de la liberté.



En somme, Laurent se résigne dans les mêmes termes que Simone Veil, à l'état de fait: "C'est pourquoi, déclarait Veil à l'Assemblée nationale, si le projet qui vous est présenté tient compte de la situation de fait existante, s'il admet la possibilité d'une interruption de grossesse, c'est pour le contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme." Et elle ajoutait: "Je le dis avec toute ma conviction : l'avortement doit rester l'exception, l'ultime recours pour des situations sans issues. Mais comment le tolérer sans qu'il perde ce caractère d'exception, sans que la société paraisse l'encourager ?"
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Caroline Chérie, tome 1

N'ayant jamais vu le feuilleton "Caroline Chérie", j'imaginais son héroïne comme une sorte d'Angélique transposée à l'époque de la Révolution française. Je m'attendais donc à un honnête roman historique avec, en figure de proue, une jeune ingénue un peu aventurière sur les bords.



C'est donc aussi ingénument que je me suis inscrite à Masse Critique pour recevoir le livre. En ouvrant le paquet, le bandeau orné d'une voluptueuse « Odalisque blonde » allongée sur un sofa m'a mis la puce à l'oreille... Ne serait-ce pas plutôt un roman coquin ? Soupçon confirmé dès la page 30, où la jeune Caroline de Bièvre, à peine adolescente, caresse son corps nu au sortir d'un bain clandestin dans la rivière, et se fait surprendre (du regard, je vous rassure) par un berger... Il n'est donc pas étonnant, si l'on se replace dans le contexte de l'après-guerre (le roman date de 1947), que l'auteur ait choisi d'écrire sous pseudonyme.



La prouesse de Jacques Laurent est d'arriver à rendre les scènes érotiques parfaitement explicites, tout en restant dans la suggestion ; était-ce pour éviter la censure ? On ne trouve donc ni vulgarité, ni termes crus, seulement de jolies phrases évocatrices et bien tournées. L'auteur décrit ainsi d'une belle plume l'initiation sexuelle de Caroline, de son flirt au bois de Vincennes avec le séduisant Gaston de Salanches à ses amours saphiques au couvent, en passant par les infidélités réelles ou espérées qu'elle réserve à son mari Georges Berthier... Mais quand, à l'occasion de sa mésaventure avec un cocher, il évoque sa « jouissance » d'être violée, là je dis : Stop ! Comment peut-on encore véhiculer de telles inepties ?



Ce dérapage mis à part, le premier tome des aventures de Caroline, entre 1789 et 1794, est assez plaisant. Si Jacques Laurent instaure un fond historique, ce n'est que pour donner un cadre sérieux (sauf quand on tombe sur des coquilles telles que le « thiers état » !) aux débauches sensuelles de Caroline, troublée par tout mâle qui passe à sa portée. C'est plus osé mais aussi plus direct qu'Angélique, qui dilue son intrigue dans des pages et des pages de chroniques royales. Ici, la narration est centrée sur l'héroïne et la Révolution sert de décor pour justifier ses aventures.



Comme l'avait prédit une vieille bohémienne, Caroline est née sous le signe des voyages. De la Touraine à Paris, où son père espérait une charge qui ne viendra jamais, puis vers la Bretagne et Bordeaux où la Terreur chasse son mari proscrit, ses pérégrinations sont rocambolesques. Mais à aucun moment les drames de la Révolution n'arrivent à la détourner de sa petite personne. Cette jeune aristocrate est tellement coquette, insouciante, opportuniste et égoïste qu'on dirait un petit animal avide de confort et de plaisir. L'auteur n'hésite d'ailleurs pas à la comparer à un « chien » (!) ou à un « jeune fauve» ...



Vous l'aurez compris, il est impossible de s'identifier à une telle greluche. Or c'est ce détachement qui rend les péripéties de Caroline amusantes. Prise au second degré, cette initiation contée par un homme pas très au fait de la psychologie féminine s'avère plutôt drôle. Merci à Babelio et aux éditions de l'Archipel pour cette lecture enjouée !
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Caroline Chérie, tome 1

Merci Babelio et les éditions de l’Archipel de m’avoir fait découvrir Caroline Chérie.

Lorsque j’ai découvert le résumé, une jeune fille lors de la révolution française qui va connaitre une initiation amoureuse, j’avoue que je m’attendais un peu à une histoire du type de celle d’Angélique ou des romans de Juliette Benzoni. Un peu moins quand j’ai reçu le livre et que j’y ai vu la mention « une grande fresque historique et libertine ».

Caroline est une jeune fille de la noblesse provinciale, pauvre mais vivant bien sur ses terres, proche des petits paysans malgré les réticences de sa mère et de sa gouvernante. Seulement ses parents décident de tenter leur chance à la cours en cette belle année 1789 (mais quelle idée ?!!) et là les désillusions commencent entre le manque d’argent, les problèmes politiques qui ne sont guère favorables à l’établissement d’une nouvelle famille de courtisans et l’orgueil de caste démesuré de sa mère. Mais Caroline vit tout cela de très loin du haut de ses 14 ans, elle n’a en tête que les robes, les fêtes et la recherche du plaisir. C’est lors d’une fête qu’elle rencontrera Gaston de Salanche, jeune libertin de 20 ans qui tentera de la séduire. Si au départ le contexte historique peut justifier la cour du jeune homme malgré la différence d’âge, très vite le jeune homme apparait sous un jour moins plaisant avouant lui-même que c’est un jeu pour lui et ses amis. Toutefois la conquête de Caroline ne se révèle pas si ardue car la jeune fille, au mépris des conventions, de son éducation et du bon sens, s’offre à lui très simplement. Le jeune homme renonce toutefois alors qu’il touche au but, touché par la naïveté et l’ardeur conjuguée de la jeune fille. Nous sommes le 14 juillet 1789 et les évènements vont séparer les jeunes gens. Caroline dès lors n’aura de cesse de retrouver Gaston même si les évènements l’obligeront à se marier à un grand bourgeois Georges Berthier, membre de la convention, se mettant ainsi à l’abri de la guillotine, temporairement du moins puisqu’il est lié au parti girondin, jetant ainsi sa famille sur les routes dès que la terreur s’installera.



Caroline n’est pas une héroïne que l’amour pour Gaston portera au-delà des épreuves. Non, il s’agit d’une jeune femme que j’ai eu du mal à trouver sympathique, elle est égoïste, frivole, imbue d’elle-même, jalouse, assez sotte… Mais en même temps ingénue, vivante et bien plus réelle qu’un personnage « parfait » . L’attachement vient du fait qu’elle parait plus réelle, moins formatée pour plaire. Pour elle les évènements de son époque ne sont que des désagréments dans sa vie qui l’empêchent de trouver le bonheur. Les hommes et les femmes qu’elle croise ne sont que des figurants dans sa vie, ses attachements, parfois violents, sont aussi vite oubliés dès que le destin les éloignent de sa vue. Elle ne vit sa vie que pour son plaisir, n’hésitant pas à sacrifier des vies pour sauver la sienne, pour sa vengeance personnelle même parfois.

Sa beauté en fait un objet de convoitise pour les hommes qu’elle croise, et parfois même pour les femmes. Elle jouera de son corps pour obtenir ce dont elle a besoin, par calcul au départ, par plaisir et besoin de plaire ensuite. D’un naturel très sensuel, son mariage la décevra beaucoup sur ce point. Son mari l’ayant plus ou moins abandonnée aux dangers de la capitale, la laissant parfois dans des situations dangereuses, elle s’en servira d’excuse pour s’offrir à son amant. L’amour que se portent les autres autour d’elle lui apparaissant comme une insulte, elle n’aura de cesse d’attirer les hommes à elle, l’auteur lui prêtant des intentions particulièrement immorales mais rendant les hommes très faibles face à son corps. Le roman prend dès lors un tour très libertin et Caroline apprécie autant de séduire que d’être séduite ou de subir des situations dégradantes. Elle justifie toujours ses « écarts » par la nécessité à laquelle les temps troublés l’on réduite, ne se sentant nullement coupable des conséquences de ses actes. La société, les hommes et leur désir de domination, de violence sont pour elle ses ennemis puisqu’elle ne recherche que l’amour, le bonheur et le plaisir. D’une conception assez nature, presque rousseauiste, elle déplore de ne pouvoir vivre en une époque qui lui aurait permis de mener la vie qui lui est due, si possible entre Gaston et George qu’elle aime parfois également.

Gaston et Georges, comme tous les hommes que croisera Caroline, n’ont rien du prince charmant, l’un est libertin, l’autre obnubilé par sa vie politique délaisse sa femme, la met en danger. Encore une fois, les personnages sont complexes dans leurs sentiments, loin d’être parfaits mais moins précisés que Caroline puisqu’on ne les découvre quasiment qu’à travers sa vision. Leurs actes ne sont pas toujours expliqués par leurs intentions mais par celles que leur prête Caroline dans son égocentrisme, incapable d’admettre les difficultés réelles dans lesquelles ils se débattent, elle ne voit que les conséquences pour elle et les soupçonnent de les avoir souhaitées sinon provoquées.

Le contexte historique est assez éloigné de l’histoire qui s’étale de 1789 à 1794 sans mentionner la mort du roi, pas de grands noms dans les personnages, mis à part Robespierre ou Charlotte Corday mentionnés dans les auberges, pas de grand évènement auxquels elle prendrait part. La révolution est vécue de loin, mais d’une façon plus humaine : les conditions de détention dans les prisons, la corruption qui règne dans le système, les délations sous n’importe quel prétexte… Caroline placera mal sa confiance parfois, ou récompensera bien mal ceux qui l’auront aidée mais en ces temps où sauver sa tête est une priorité pour chacun, qu’en est-il de la compassion, de la solidarité ? Peut-on jeter la pierre à Caroline pour avoir préférer sauver sa vie dès qu’elle en trouvait l’opportunité ou au contraire l’admirer de réussir à mener sa barque en rejetant les remords.

Les personnages secondaires sont très éclectiques: cachant les proscrit ou au contraire les dénonçant, essayant de faire chanter les fuyards, opportuniste, s'enrichissant sur le dos du système... écrit après guerre, il est difficile de ne pas y voir les travers des français occupés, collaborateurs, profiteurs de guerre ou résistants...



L’écriture est agréable, jamais lourde, qui fait que les presque 600 pages du romans sont très vite avalées et que je me demande si je ne vais pas aller chercher le tome 2 avant de dénicher les films…

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Un caprice de Caroline Chérie

Le titre n'est pas menteur, c'est bien un gros caprice que nous sert ici Caroline Chérie !



Dernier opus de la célèbre trilogie de Jacques Laurent, "Un caprice de Caroline Chérie" se déroule tambours battants en seulement deux jours et une nuit, mais quelle nuit ! Piégés dans Côme insurgée, Caroline et Gaston, son général de mari qui gouverne de la ville pour Bonaparte, passent en quelques minutes du bal le plus brillant à la traque la plus périlleuse. La population révoltée, convaincue que l'Autriche lui envoie une armée pour déloger l'occupant "républicain" français, voudrait bien laisser libre court à son chaud sang italien et suspendre à la lanterne garnison, général et Madame la générale.



Caroline Chérie, toujours enfant gâtée, n'en est plus à sa première aventure et, éternelle prisonnière de sa sensualité, est plus préoccupée par ses désirs et sa jalousie que par les périls qui la menacent. De quiproquos en mauvais choix, de sottises en traits de génie, l'action l'entraîne, ainsi que le lecteur, dans une tarentelle endiablée - parfois ridicule - jusqu'à un dénouement superbe.



Cet épisode a pour lui la plume savoureuse de l'académicien ; contre lui de nombreuses longueurs qui aiguisent encore plus l'impatience que l'on peut éprouver au spectacle d'une Caroline plus lunatique que jamais. A n'écouter que ses sens, la belle part dans tous les sens et agace plus qu'elle ne séduit. Toutefois, à l'issue de ses nombreuses et stupéfiantes aventures, je lui garde une tendresse sincère et lui donne droit de siéger à jamais parmi les héroïnes chères à mon cœur.





Challenge Multi-Défis 2016
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Caroline Chérie, tome 1

Parlons tout de suite de la seule chose que j'ai appréciée dans ce roman : l'aspect historique. Oui, l’ouvrage me paraît bien documenté.



Voilà, j'ai épuisé ici tout le bien que je pouvais penser de ce récit. Parce que dans ce genre, ce qui compte avant tout est l'héroïne. Si on lorgne du côté de chez madame Benzoni, on comprendra que le personnage féminin porte souvent sur ses jolies épaules la capacité du roman à nous emporter. Et comment dire ? Aaaaah, Caroline, Caroline, Caroline. Tu m'en auras fait voir, petite Caroline. Sans doute que le style narratif -qui a bien mal vieilli- n'aide pas mais il ne suffit pas à expliquer l'aversion que tu m'as inspiré au fil des pages. Moi qui ai un penchant marqué pour les femmes sensuelles, à la moralité aussi extensible que ma propre conscience, ton égoïsme et ta bêtise m'ont agacés au plus haut point. Tu n'es pas libre, tu es conne, ma petite Caroline. Tu n'es pas moderne, tu es superficielle. Tu n'es pas une survivante, tu es monstrueuse. Tes penchants pour les plaisirs de la chair n'ont éveillé en moi qu'un ennui profond et désabusé. Que tu butines de la pensionnaire de couvent, peu me chaut finalement, mais ta sensualité est à peine digne des vieux films érotiques du dimanche soir de la sixième chaîne. Ton courage a des relents de naphtaline Caroline. J'ai essayé de m'attacher à toi au travers de tes aventures, vraiment, sincèrement, éperdument. Mais je ne suis pas parvenue à m'intéresser une seconde à toi. Parce que tes péripéties, c'est un peu Loana aux temps de la Révolution. Qu'une héroïne fasse preuve d'un tempérament nombriliste, soit. Après tout je suis une fanatique d'Autant en emporte le vent. Seulement tu n'es pas une jeune femme libre qui prend ce qu'elle veut car elle l'a décidé. Nan. Tu es seulement vide de toute substance plus épaisse que l'eau qui remplit ta petite tête. J'en suis venue à espérer que cette dernière roule enfin sur l'échafaud. Hélas, la guillotine m'a fait faux bond et j'ai dû subir ce roman jusqu'au bout.



Bref, à tes côtés, je me suis emmerdée comme jamais. Adieu Caroline.
Lien : http://altervorace.canalblog..
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Caroline Chérie

La famille a quitté le château de Bièvre à la campagne pour venir s’établir à Paris. L’obscure hôtel rue Saint-Dominique loué par la famille du marquis de Bièvre en bord de Loire est loin de correspondre aux images que s’en était fait Caroline. Le but ? restaurer la gloire et l’opulence passées de la lignée en obtenant une charge à la Cour.

Les enfants Caroline 16 ans, Louise sa sœur ainée 19, son frère Henri 17, accompagnés de leur gouvernante Mme de Tourville, ne sont pas réellement ravis, plus habitués à la vie à la campagne.

Mais nous sommes en 1789 et la révolution gronde. L’avenir n’est que peu sûr pour cette famille noble et la politique est dans toutes les têtes, sauf celle de Caroline. Elle est bien plus préoccupée par ses amis (Charlotte Berthier, roturière, fille du médecin du roi) et ses courtisans (Georges le frère de Charlotte et surtout le chevalier Gaston de Salanches, 20 ans, bourreau des cœurs).

Mariée à Georges, Caroline est prise dans la tourmente de la révolution puis de la Terreur et doit s’enfuir de nombreuses fois : Quimper, Brest, Bordeaux, Blois, l’Angleterre et même la Guyane !! … et bien évidemment de rebondissements en trahison, de coup de cœur en coup de tête, sa vie correspond bien à la prédiction de la voyante : placée sous le signe des aventures et des voyages !

Intrépide, Caroline sillonne la France et se bat, au fusil, à l’épée … dans le but de retrouver l’homme qu’elle aime !

Un superbe roman d’amour, certes un pavé de près de 900 pages, qui nous fait revivre les combats entre Chouans et Républicains.

Un seul petit couac historique : Caroline rentre du couvent pour être vaccinée contre la petite vérole, mais le premier vaccin n’a été testé qu’en 1796 !

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Caroline Chérie, tome 1

Assez mitigée !



Pour la forme, c’est gentil. Un style désuet plutôt poétique et un vocabulaire assez riche pour nous décrire en toile de fond la révolution française et surtout la terreur à Paris et la prise du pouvoir à la Convention par les Jacobins, extrémistes s’il en faut. J’ai appris beaucoup même si ça manque de rythme et de peps ; c’est un peu trop doux pour une période des plus mouvementée et des plus sanglantes de l’histoire française.



Mon gros bémol concerne les personnages, plutôt insipides et surtout notre héroïne, une ingénue libertine, égoïste et sotte à pleurer. Au début, elle n’a que seize ans, une fillette pour l’auteur, j’ai déjà du mal. Elle rêve, c’est bien, elle se concentre sur sa petite personne, c’est déjà moins bon et malgré la tourmente, elle ne pense qu’à elle et à son éveil sensuel, là c’est un peu fort. Trois ans passent et le personnage n’évolue pas. La situation du pays, sa propre situation assez précaire ne l’émeuvent pas plus que cela, elle s’endort à tous les coups durs :-p



Un fantasme de l’auteur pour des fillettes immatures qui s’épanouissent dans le viol, ça frôle l’inconvenance. On est loin ici d’une Angélique ou d’une Fiora qui grandissent au fil des événements pour devenir de vraies héroïnes. Juste pour l’Histoire, je vais tenter les autres tomes en espérant que l’auteur étoffe un peu Caroline que je n’ai pas chéri du tout :-p
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Une sacrée salade

J'ai trouvé ce livre dans l' édition du Livre de Poche Policier, sous la signature de Cécil Saint-Laurent.

Unité de temps, de lieu, d'action.

Penny fait face au policier Forbin, qui se fait fort de la faire parler.

L'ambiance est celle de ce morne début de la décennie 50 du 20e siècle.

Il faudra encore attendre vingt années, pour que l'avortement soit légal en France. En attendant, c'est la ronde macabre des faiseuses d'anges, et la torture de potions ou objets divers pour se débarrasser d'une grossesse indésirée.

Le commissaire principal poussé et contraint par les politiques et l'opinion conservatrice, en fait un principe: Il faut aboutir l'affaire et que Penny désigne formellement le médecin responsable de son interruption de grossesse. Forbin devra obtenir ces aveux coûte que coûte, même si lui, personnellement, laisserait volontier tomber l'affaire...

Jacques Laurent, tout le long de cette journée d'interrogatoire et par la bouche de Penny, offre un aperçu sur cette jeunesse de l'après-guerre avide d'une liberté encore chichement comptée.

L'auteur dissèque savamment les techniques du policier, pour arriver à ses fins: Contraint d'écouter les digressions de Penny et ses retours dans son passé récent d'employée d'une maison d'édition.

Penny a eu quelques amants, et Forbin s'y perd un peu pour déterminer qui a pu rendre Penny enceinte. Il ne rentrera pas déjeuner chez lui. Il faut qu'il aboutisse. Aboutira-t-il, d'ailleurs?

Un policier surprenant, donc, avec un tout dernier chapitre pour le moins éclairant.
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Caroline Chérie, tome 1

Ce livre m’en a fait voir de toutes les couleurs. Un vrai calvaire. Pourtant, l’histoire avait tout pour me plaire. La période de la révolution française est intéressante, tumultueuse à souhait. D’ailleurs, l’auteur maîtrise parfaitement le sujet et c’est un vrai voyage dans le temps que l’on fait.



Oui, mais voilà… il y a Caroline. Cette dernière n’a rien pour elle, vraiment. Je suis pourtant indulgente avec les nunuches généralement, mais là je n’avais qu’une envie : mettre fin à mes souffrances en la noyant, en l’étranglant avec l’un de ses rubans ou tout autre moyen produisant le résultat escompté. Pourquoi, me direz-vous ? Tout simplement car Caroline est superficielle, cruche, éternellement insatisfaite, égoïste, nymphomane, vénale, idiote, capricieuse, narcissique, frivole, nombriliste, puérile, stupide comme ses pieds, individualiste, mesquine, sordide, sans profondeur, vide. Et je m’arrêterai là. Quant aux personnages secondaires, ils sont tout aussi vides de substance… mais sont moins agaçants.



Il n’y a pas grand-chose de plus à dire… Cette très chère Caroline a pourri ma lecture. Elle est pourchassée, sa tête est mise à prix et elle risque de la perdre sur l’échafaud… mais elle ne pense qu’à une chose : son amant Gaston. Ou à décorer l’intérieur de leur logement temporaire, à son mari et elle. Bien que ce soient des fugitifs, qu’ils n'ont plus un rond et surtout qu’ils peuvent être amenés à fuir de nouveau à n’importe quel moment. Et ce n’est qu’un exemple de son imbécilité.



En conclusion, le sujet est intéressant et potentiellement bien traité… s’il n’y avait pas Caroline en plein milieu !



Merci tout de même à Babelio et les éditions l’Archipel pour ce partenariat.
Lien : http://antredeslivres.blogsp..
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Les Bêtises

Un prix Goncourt largement mérité.

L'auteur a choisi un parti-pris intéressant : il juxtaposé quatre narrations différentes qui se reprennent, se répondent et se complètent jusqu'à former un roman unique. L'auteur dit très justement que l'idéal pour appréhender totalement l'ouvrage serait de le relire après l'avoir achevé. Mais ce n'est pas indispensable car une lecture au premier degré est tout à fait possible et le roman n'est pas plus difficile que La Recherche.

Cette structure est un peu la même que celle du"Quatuor d'Alexandrie" de Durrell ou des moins connues"Humeurs de la Mer" de Volkoff.

L'oeuvre de Jacques Laurent est parfois mejugee en raison de la parenthèse constituée par ses routes populaires publiés sous le nom de Cecil Saint-laurent, qui d'ailleurs ne sont nullement méprisables. Je pense en particulier à"Hortense 14-18". Dumas aussi a écrit de la littérature populaire.

D'autre part, il ne faut pas oublier qu'en écrivant Caroline Chérie et autres, Jacques Laurent a voulu être son propre mécène pour se donner les moyens matériels d'écrire son chef-d'oeuvre, "Les Corps Tranquilles"

Les Bêtises ont marqué son retour à une veine plus littéraire, heureusement consacrée par son prix Goncourt. Tous ses ouvrages suivants appartiennent à la même lignée.

Malgré cela, Jacques Laurent demeure trop méconnu. Ses opinions de droite, difficiles à porter dans les années 50 au début de sa carrière, ainsi que la parenthèse Caroline Chérie, en sont responsables.

Il mériterait qu'un éditeur bien avisé réédite ses oeuvres majeures, notamment"Les Corps Tranquilles" et le sorte ainsi de son semi-purgatoire.

Un autre point : ce livre n'est nullement autobiographique malgré quelques points communs mineurs entre l'auteur et son personnage. Pour s'en persuader, il suffit de lire son autobiographie,"Histoire égoïste"

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Caroline Chérie

J avais lu le livre il y a une dizaine d années et j en gardais un bon souvenir, quoi que vague. Je l ai relu, et sincèrement j ai adoré. J ai vu dans les critiques que Caroline était considérée comme stupide, mais ce n est pas du tout ce qui m est apparu. Une héroïne au départ naïve, centrée sur ses désirs et la passion, prête à tout pour arriver à se laisser guider par ce qu elle aime et veut. L arrière plan de la révolution française était agréable, les voyages en pleine mer, les enfermements en prison, les déceptions, l amour..

Que de choses dans ce roman. Une merveille !
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Les corps tranquilles

Attention chef d'oeuvre, hélas presque inconnu.

Je le déplore, car c'est l'un de mes livres préférés, et je tiens son auteur pour l'un des plus grans écrivains du vingtième siècle.

Paru en 1948, il n'eut aucun succès car à contre-courant des modes de l'époque; il fut publié en même temps qu'un autre livre de l'auteur, Caroline Chérie, signé Cécil Saint-Laurent, et premier d'une série de romans historiques qui rencontrèrent un grand succés jusqu'à la fin des années 60. Si les romans de Cécil Saint-Laurent n'ont rien de déshonorants et sont même très supérieurs à la majorité des romans historiques, car bien écrits et comportant un minimum d'erreurs eu égard aux standards du genre, ils ont eu le grand tort d'empêcher Jacques Laurent d'écrire pendant plus de vingt ans (il est vrai qu'ils lui rapportèrent pas mal d'argent)

Et puis Jacques Laurent ressuscita en 1971 avec la parution des Betises, qui bénéficia à la surprise générale d'un accueil favorable de la critique (l'auteur était mal pensant et cela contribua à sa longue éclipse, autant et plus que le "mauvais genre" des productions de Cécil) au point qu'il obtint même le Prix Goncourt (eh oui, personne ne peut se tromper tout le temps.

Jacques Laurent écrivit par la suite une demi-douzaine de volumes, excellants d'ailleurs, notamment Les sous-ensembles flous et Le miroir aux tiroirs.

Néanmoins Les Corps Tranquuilles reste son plus grand livre, et h&las le plus difficile à trouver.

Bien que réédité plusieurs fois après la parution des Bêtises, il n'en existe aujourd'hui aucune édition disponible en librairie. On peut heureusement, le trouver facilement d'occasion et à un prix modique sur Internet.

Par parenthèse, grâces soient rendues ne serait-ce que pour cela à cette invention qui fait entre autre chose le bonheur des amateurs de livres épuisés, surtout quand on pense à la triste époque pré-web où ces ouvrages devaient faire l'objet d'une traque fastidieuse et pas toujours payée de retour chez les bouquinistes.

Venons-en au fait.

Ce livre est bien difficile à définir car c'est pusieurs choses à la fois, et il n'est pas racontable; on peut seulement le lire, le relire, et le lire encore; c'est ce que fais réguliérement depuis cinquante ans, avec peut-être une douzaine d'autres ouvrages assez éclectiques, et parfois même mauvais genre

Mais essayons quand même.

D'abord c'est un livre total (quoi que cela puisse signifier, mais c'en est un)

C'est un portrait de l'année 1937 (exactement devant la période comrpise entre le printemps 1937 et le printemps 1938) à travers les vies entremêlées d'une douzaine de personnages principaux, dont la plupart sont réunis au départ par un improbable Institut de lutte contre le suicide créé pour des raisons obscures par un milliardaire portugis qui n'existe d'ailleurs peut-être pas.

Ce portrait est à la fois totalement ressemblant et totalement déconnecté de l'année 1937 telle que nous la voyons à travers les livres d'histoire.

Mais justement: en 2022, qu'est-ce qui a vraiment compté le plus pour vous? La guerre en Ukraine ou les péripéties de votre vie personnelle? Eh bien les personnages des Corps Tranquilles sont comme vous, et c'est pour cela qu'ils vous en disent infiniement plus sur la vérité de la France de l'entre-deux- guerre qu'un roman historique qui vous trainerait de Madrid à Munich en passant par un certain nombre de capitales européennes,à tel point qu'on se surprend à penser qu'on a soi-même vécu l'année 1937

Les personnages sont profondément originaux et totalement vraisemblables; à la fin du livre, on a l'impression de les connaître tant l'auteur réussit à les peindre et à nous faire partager leurs vies inimitables et leurs pensées intimes, au point qu'on regrette que le livre ne fasse pas mille pages de plus, et que lorqu'on le referme, on soit sûr qu'on le relire un jour. On le relit d'ailleurs, et, comme dans toutes les grandes oeuvres, on y découvre quelque chose de nouveau à chaque lecture

Je viens de le relire d'ailleurs, d'où cette critique.

Et le héros? Il n'y a pas de héros. Cependant, parmi les personnages principaux, il y e na peut-être un plus principal que les autres; il s'agit d'Anne Coquet (*), aimable ludion, enpartie avatar de l'auteur, qui y a mis beaucoup de lui, mais pas tout, et en a mis aussi dans d'autres personnages je ne vous dis pas lesquels et pouruoi, vous lirez tout cela. Anne Coquet est un peu à Jacques Laurent ce que le narrateur de La Recherche est au cher Marcel; la comparaison paraître sacrilège à certains, le Proustien que je suis peut le comprendre, et pourtant elle ne l'est pas.



(*) Depuis Anne,ou Annas, grand prêtre du temple de Jérusalem et beau-père de Caïphe, Anne est aussi un prénom masculin, porté par divers personnages de l'histoire de France, dont Anne de Montmorency, Connétable de France.
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Caroline Chérie, tome 2

Ce 2e tome des aventures de Caroline Chérie m'a enchantée... Mieux que le premier opuscule.

Plus d'aventures, de mélancolie aussi (en tant qu'émigrée à Londres), plus de maturité.

J'ai particulièrement apprécié les descriptions lors de la proscription en Guyane, les troubles du Directoire ainsi que les entretiens avec Fouché, Bonaparte et Joséphine de Beauharnais.



Merci Gwen21 pour l'échange !

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Caroline Chérie, tome 1

Merci à Babelio et aux éditions de l'Archipel pour cette lecture!



Une jolie couverture, une phrase accrocheuse (« une fresque historique et libertine vendue à plus de cinq millions d’exemplaires »), il ne m’en fallait pas plus pour succomber à la tentation. Ce roman a initialement été écrit sous le pseudonyme de Cecil Saint-Laurent en 1947, et était destiné à devenir un best-seller, cela permettant à l’auteur de renflouer les caisses pour qu’il puisse écrire l’œuvre de sa vie. Ça a fonctionné : le roman s’est extrêmement bien vendu et l’auteur a pu écrire ce qui lui plaisait vraiment. Aujourd’hui, les éditions de l'Archipel cherche à permettre à l'auteur de se réapproprier Caroline Chérie en réaffirmant en être le créateur. Il sort de l’ombre pour faire découvrir à une nouvelle génération ce roman qui a tant plu aux femmes à l’époque.



A n’en pas douter, ce roman a des éléments pour plaire à une nouvelle génération de lectrices. Il y a des codes qui ne changent pas et qui parlent toujours autant quelque soit l’époque.

Premièrement, l’héroïne se doit d’être une cruche finie. Sans cerveau, naïve et obsédée par le sexe, le personnage de Caroline ne manquera pas de vous rappelez certaines héroïnes contemporaines très récentes dont les prouesses au lit (ou ailleurs) ont fait leur succès. Caroline n’a d’autres ambitions dans la vie que de trouver un homme qui saura combler son corps et l’entretenir richement.

Autre point commun, l’histoire s'étale en longueur sur plusieurs tomes et nous raconte en détail les aventures rocambolesques et palpitantes de l’héroïne, c’est-à-dire ses échanges de regard avec ce cher Gaston, l’incapacité de son mari M. Berthier à lui donner du plaisir,… Tout cela faisant naître un suspens insoutenable jusqu’à la chute final, près de 600 pages plus loin, pour nous donner envie de rempiler sur le tome suivant … Sans moi !



Là où Jacques Laurent se distingue des romances libertines contemporaines, c’est par son style et le fond historique de son roman.

D’abord, vous ne manquerez pas de constater que les phrases sont construites, avec un vocabulaire somme toute assez varié, et pas d’injures toutes les deux lignes. Peut-être qu’au milieu du XXème siècle ce genre d’écriture était considéré comme simpliste, je n’en sais rien, mais toujours est-il que j’ai pris bien plus de plaisir à lire ça que ce qui se fait bien souvent de nos jours…

J’ajouterai que, bien que l’auteur élude la plupart des scènes érotiques, il parvient tout de même à retranscrire des sensations qui produisent bien plus d’effets que toute description dans le détail. Quand l’auteur rentre un peu plus dans le vif du sujet, il le fait toujours avec une certaine finesse qui permet de ne pas donner envie de sauter les pages.

Le fond révolutionnaire du roman est ce que ce roman a produit de plus intéressant à mes yeux. Les luttes entre monarchistes, républicains, girondins , jacobins et montagnards ont trouvé sens ici. Dommage évidemment qu’elles aient été gâchées par l’absence de cerveau de l’héroïne ce qui n’a permis d’exploiter cet aspect qu’en surface. Seul les hommes du roman sont vraiment confrontés à la menace de la guillotine. Et puisque les hommes n’interviennent que pour satisfaire madame Caroline, ils n’ont pas de consistance.



Globalement, je me suis donc ennuyée à suivre les aventures peu trépidantes de Caroline chérie. Je n’ai pas accroché à son personnage et j’ai trouvé ses aventures très très longues. Néanmoins, l’aspect historique autour de la Révolution française m’a donné quelque chose à quoi me raccrocher.
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Les Bêtises

Par un instant de distraction, le jeune Gustin, bidasse de l’armée d’Armistice, attire l’attention du Capitaine de La Hure et arrive en recourant à une longue série de mensonges astucieux à sortir indemne de la suite péripéties improbables (prison, franchissement de la ligne de démarcation, actes de résistance…) que constitue la première partie du livre intitulée « Les bêtises de Cambrai ». Obligé de relire son récit, l’écrivain se livre ensuite à un « Examen » du texte qui tourne à l’autobiographie revue et corrigée. Puis il abandonne la plume pour devenir planteur en Indochine. Il continue à noter ses actes et ses impressions dans une sorte de journal intitulé « Le vin quotidien ». Finalement, il essaie d’approfondir et de chercher une sorte de philosophie de la vie qu’il présente sous la forme de l’essai final, « Le fin fond ».

Le lecteur se trouve donc devant un pavé littéraire de près de 800 pages complètement disparate et entièrement dévoué à l’étude d’un personnage, au bout du compte assez peu intéressant, Monsieur Jacques Laurent lui-même, écrivain, surtout connu pour ses romans de gare (« Caroline chérie ») écrits sous le nom de plume de Cécil Saint Laurent (le Lévy des années 60/70). Obsédé sexuel, il accumule les conquêtes féminines (réelles ou imaginaires) et décrit à longueur de pages ses bonnes fortunes avec une certaine complaisance ce qui n’est finalement pas le plus déplaisant du bouquin. Bien pires sont le délayage, le nombrilisme, les répétitions avec des scènes revues et corrigées selon l’humeur du moment, sans oublier les descriptions de plusieurs pages sur l’aspect d’une simple toile cirée… Ayant bien intégré les codes du « nouveau roman » pour échapper à la littérature alimentaire, Laurent au bout du compte, n’arrive qu’à une chose : lasser le lecteur le plus bienveillant. Son bouquin tombe des mains et on se demande (ou plutôt on ne se demande pas) comment cet amas indigeste a pu mériter le Prix Goncourt 1971 !
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Le français en cage

Magnifique petit traité du savoir parler français à la fois dans toute sa noblesse et sa sobriété.

Vraiment il comporte des réponses à de nombreuses questions de ceux qui font profession de s'y intéresser.



Mais vraiment ce qu'on sait moins c'est que cet auteur talentueux, styliste, puriste même, Goncourt 1971 pour les Bêtises, du temps où le Goncourt avait encore un intérêt, s'est suicidé. Et il se serait suicidé dit-on considérant la vie impossible après la mort de sa femme. Je me demande sans vouloir profiter de cet instant hautement délicat, si le Cher Jacques Laurent n'a pas emporté avec lui un peu de sa fraîcheur d'esprit et de notre langue qui se débat comme une diablesse aujourd'hui pour tenter de sauver "l'essentiel"

PG
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