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Citations de Jacques Le Goff (214)


Jacques Le Goff
«L'histoire du passé ne se comprend qu'en unissant par l'interprétation tous les éléments de la vie d'une société.»
Libération en 2003
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Mais devant ces réalités qui se dérobent, que faire d'autre, sinon se raccrocher aux apparences ? L'Eglise a beau inciter les hommes du Moyen Âge à les négliger et à les mépriser pour rechercher les vraies richesses qui sont cachées, la société médiévale, dans ses comportements et ses attitudes, est une société du paraître.

La première apparence est le corps. Il le faut abaisser. Grégoire le Grand l'a nommé "cet abominable vêtement de l'âme". "Lorsque l'homme meurt, il est guéri de la lèpre du corps", dit Saint Louis à Joinville. Les moines, modèle de l'humanité médiévale, ne cessent d'humilier le corps par les pratiques ascétiques. (P396)
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N'apercevoir la civilisation médiévale qu'à travers les textes serait s'en faire une image fausse et édulcorée.
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Mais on sent ce qui se passe de décisif à l'époque carolingienne pour le monde médiéval. Chaque homme désormais va dépendre de plus en plus de son seigneur, et cet horizon proche, ce joug d'autant plus lourd qu'il s'exerce dans un cercle plus étroit seront fondés en droit, la base du pouvoir sera de plus en plus la possession de la terre, et le fondement de la moralité sera la fidélité, la foi qui remplaceront pour longtemps les vertus civiques gréco-romaines. L'homme antique devait être juste et droit, l'homme médiéval devra être fidèle.
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Rien n'est plus frappant que le contraste entre les images qui représentent au travail l'intellectuel du Moyen Age et l'humaniste.

L'un est un professeur, saisi dans son enseignement, entouré d'élèves, assiégé par les bancs où se pressent l'auditoire.

L'autre est un savant solitaire, dans son cabinet tranquille, à l'aise au milieu de la pièce dégagée et cossue où se meuvent librement ses pensées.

Ici c'est le tumulte des écoles, la poussière des salles, l'indifférence au décor du labeur collectif.

Là tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
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Le Moyen Âge aime décrire un monde où s'opposent les bons et les mauvais, où se déroule un combat entre les anges et les démons. Du coup, vous trouverez beaucoup de chevaliers angéliques, et d'autres qui sont diaboliques, aussi méchants que le diable. Les romans de la chevalerie jouent beaucoup sur cette tension entre le Bien et le Mal, l'honneur et le déshonneur ; l'intrigue (c'est-à-dire l'histoire qui est racontée) avance grâce à cette opposition entre les bons et les méchants.
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Ainsi la "nouvelle Chrétienté" médiévale, contrairement à la Chrétienté primitive longtemps constituée surtout de petites gens qui finirent par imposer à l'empereur et à une partie des classes dirigeantes leur foi, était une chrétienté convertie par le haut et par la contrainte. Il ne faut jamais perdre de vue cette mutation du christianisme au Moyen Age. Dans ce monde de violence, la première violence fut la conversion.
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Sans doute les bénéfices tirés, surtout, non du commerce, mais de la location des bateaux et des prêts consentis aux croisés ont-ils permis à certaines villes italiennes - Gênes et Venise surtout - de s'enrichir rapidement; mais que les croisades aient suscité l'éveil et l'essor du commerce de la Chrétienté médiévale, aucun historien sérieux ne le croit plus. Qu'elles aient au contraire contribué à l’appauvrissement de l'Occident, en particulier de la classe chevaleresque, que loin de créer l'unité morale de la Chrétienté elles aient fortement poussé à envenimer les oppositions nationales naissantes..., qu'elles aient creusé un fossé définitif entre Occidentaux et Byzantins..., que loin d'adoucir les mœurs, la rage de la guerre sainte ait conduit les croisés aux pires excès, depuis les pogroms perpétrés sur leur route jusqu'aux massacres et pillages..., que le financement de la croisade ait été le motif ou le prétexte à l'alourdissement de la fiscalité pontificale, à la pratique inconsidérée des indulgences, et que finalement les ordres militaires impuissants à défendre et à conserver la Terre sainte se soient repliés sur l'Occident pour s'y livrer à toutes sortes d'exactions financières ou militaires, voilà en fait le lourd passif de ces expéditions.
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La fuite devant certains métiers, la mobilité de la main d’œuvre rurale avaient amené les empereurs du Bas Empire à rendre obligatoirement héréditaire certaines professions et encouragé les grands propriétaires à attacher à la terre les colons destinés à remplacer les esclaves de moins en moins nombreux. La Chrétienté médiévale fera un péché majeur du désir d'échapper à son état. Tel père, tel fils sera la loi du Moyen Age occidental, héritée du Bas Empire romain. Demeurer s'opposera à changer et surtout à parvenir. L'idéal sera une société de "manants", de "manere", demeurer.
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C'est également dans la ligne de la Rome antique que le Moyen Âge accomplit un progrès linguistique majeur: l'extension du latin comme langue des clercs et de l'élite laïque dans toutes les régions devenues chrétiennes. Certes, celui-ci a évolué par rapport au latin classique, mais il fonde l'unité linguistique de l'Europe qui se poursuit même au-delà des XII -XIII ème siècles, époque où, dans les couches les plus basses de la société et dans la vie quotidienne, les langues vernaculaires (tel le français) remplacent ce latin périmé. Le Moyen Âge est une période beaucoup plus "latine" que la Renaissance. (P107-108)
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L'utilisation politique des héros est un des grands phénomènes de l'histoire, en particulier au Moyen Âge, et dans l'histoire européenne. En même temps, les rois d'Angleterre exaltaient Arthur face aux Allemands et aux Français qui dans cette course au parrainage historico-mythique cherchaient à s'accaparer de plus en plus Charlemagne. Ainsi a joué dans l'histoire de l'Europe un couple à deux faces, tantôt se renforçant l'un l'autre, tantôt s'opposant, Arthur et Charlemagne.
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Une célèbre anecdote illustre le succès de la littérature arthurienne. Dans son Dialogus miraculorum, le cistercien Césaire de Heisterbach écrit au début du XIIIème siècle que, s'il voit pendant son prêche un assistant somnoler, il s'écrie d'une voix forte : «Écoutez-moi mes frères, écoutez bien, je vais vous raconter un fait nouveau et extraordinaire : il était une fois un roi qui s'appelait Arthur...» À ces mots tous se réveillent, s'agitent, et se mettent à écouter passionnément.
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On l'aura compris, à mes yeux la Renaissance, donnée pour époque spécifique par l'histoire contemporaine traditionnelle, n'est en fait qu'une ultime sous- période d'un long Moyen Âge. (P186)
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La périodisation, oeuvre de l'homme, est donc à la fois artificielle et provisoire. Elle évolue avec l'histoire elle-même. À cer égard, elle a une double utilité: elle permet de mieux maîtriser le temps passé, mais elle souligne aussi la fragilité de cet instrument du savoir humain qu'est l'histoire. (P37)
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Les animaux ont non seulement peuplé l'environnement domestique et sauvage des hommes et des femmes du Moyen Âge avec intensité, ils ont assailli ou éclairé leur univers imaginaire. Ils sont représentés ici par un animal légendaire, la licorne, et un animal réel devenu légendaire grâce à la littérature, le renard. Ceux-ci illustrent ici encore, étant mis sur le même pied par les hommes et les femmes du Moyen Âge, l'absence de frontière entre le monde purement imaginaire et le monde transformé en fantaisie qui caractérise l'univers médiéval, ignorant toute démarcation entre le naturel et le surnaturel, l' ici-bas et l'au-delà, la réalité et la fantaisie.
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L'équivoque qui existe dès le Moyen Age sur la nature de cette troisième classe (le tiers état) qui est théoriquement l'ensemble de ceux qui ne figurent pas dans les deux premières (clergé et noblesse) et qui en fait se limite à la partie la plus riche ou la plus instruite du reste débouchera dans le conflit de la Révolution française entre les hommes de 89 qui veulent arrêter la Révolution à la victoire de l'élite du Tiers et ceux qui veulent en faire le triomphe du peuple tout entier.
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Le Merlin prophète était encore étroitement lié à la magie celtique et païenne. C'est lui, par exemple, qui aurait transporté d'Irlande les pierres gigantesques du monument de Stonehenge, près de Salisbury, et qui se serait présenté comme un héros dans des moments de folie où il faisait retentir un rire de l'autre monde.
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On oublie aussi trop souvent qu'au Moyen Âge les femmes, tout en restant à une place inférieure à celle des hommes, ont acquis, ou conquis, un rang plus juste, plus égal, plus prestigieux dans la société - un rang qu'elles n'avaient jamais eu avant en tant que femmes, même pas à Athènes dans l'Antiquité.
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Au cours du XIIe siècle... L'étude et l'enseignement deviennent un métier, l'une des nombreuses activités qui se spécialisent sur le chantier urbain. Le nom d'ailleurs est significatif: "universitas", c'est corporation. Les universités ne sont que les corporations des maîtres et des étudiant, avec leurs diversités et leurs nuances, de Bologne où règnent les étudiants, à Paris où dominent les maîtres. Le livre devient instrument et non plus idole. Comme tout outillage, il tend à être fabriqué en série, il fait l'objet d'une production, d'un commerce.
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Dès 333, des pèlerins gaulois avaient rédigés un Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem et, en 384, la religieuse espagnole Égérie dictait un journal de son voyage aux Lieux saints. Jérusalem fut donc le premier grand lieu de pèlerinage. Qui aurait pu ravir la première place au Christ fait homme et à son saint sépulcre ? Mais le voyage à Jérusalem n’était pas à la portée de tous, aussi bien par l’éloignement, la longueur du chemin et le coût du voyage qu’à cause des troubles qui ne cessaient de ravager une Palestine disputée entre les Romains, puis les Byzantins et Perses et enfin musulmans.
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