Prix Nobel de
médecine à trois Français
Trois chercheurs français viennent d'être désignés prix Nobel de
médecine pour leurs travaux dans le domaine de la
biologie cellulaire. - L'un des lauréats,
Jacques MONOD inscrit au tableau le schéma des résultats des travaux qui leur valent le prix. - Buste de Pasteur - Stockholm : le Comité NOBEL réuni. - le télégramme reçu par les lauréats.
L'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'Univers d'où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n'est écrit nulle part. A lui de choisir le Royaume ou les ténèbres.
(Le hasard et la nécessité)
C'est peut-être une utopie. Mais ce n'est pas un rêve incohérent. C'est une idée qui s'impose par la seule force de sa cohérence logique. C'est la conclusion à quoi mène nécessairement la recherche de l'authenticité. L'ancienne alliance est rompue ; l'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'Univers d'où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n'est écrit nulle part. A lui de choisir entre le Royaume et les ténèbres.

« La pierre angulaire de la méthode scientifique est le postulat de l'objectivité de la Nature. C'est-à-dire le refus systématique de considérer comme pouvant conduire à une connaissance "vraie" toute interprétation des phénomènes donnée en termes de causes finales, c'est-à-dire de "projet". [...] Postulat pur, à jamais indémontrable, car il est évidemment impossible d'imaginer une expérience qui pourrait prouver la non-existence d'un projet, d'un but poursuivi, où que ce soit dans la nature. Mais le postulat d'objectivité est consubstantiel à la science, il a guidé tout son prodigieux développement depuis trois siècles. Il est impossible de s'en défaire, fût-ce provisoirement, ou dans un domaine limité, sans sortir de celui de la science elle-même. L'objectivité cependant nous oblige à reconnaître le caractère téléonomique des êtres vivants, à admettre que dans leurs structures et performances, ils réalisent et poursuivent un projet. Il y a donc là, au moins en apparence, une contradiction épistémologique profonde. Le problème central de la biologie, c'est cette contradiction elle-même, qu'il s'agit de résoudre si elle n'est qu'apparente, ou de prouver radicalement insoluble si en vérité il en est bien ainsi »
Il faut ajouter enfin, et ce point est d’une très grande importance, que le mécanisme de la traduction est strictement irréversible. Il n’est ni observé, ni d’ailleurs concevable, que de "l’information" soit jamais transférée dans le sens inverse, c’est-à-dire de protéine à ADN.
Cette notion repose sur un ensemble d’observations si complètes et si sûres, aujourd’hui, et ses conséquences en théorie de l’évolution notamment, sont si importantes, qu’on doit la considérer comme l’un des principes fondamentaux de la biologie moderne.
Les êtres vivants sont des objets étranges. Les hommes, de tout temp, ont dû plus ou moins confusément le savoir. le développement des sciences de la nature à partir du XVIIè siècle, leur épanouissement à partir du XIXè, loin d'effacer cette impression d'étrangeté, la rendait plus aiguë encore.
La biologie occupe, parmi les sciences, une place à la fois marginale et centrale. Marginale en ce que le monde vivant ne constitue qu'un part infime et très "spéciale" de l'univers connu, de sorte que l'étude des êtres vivants ne semble pas devoir jamais révéler les lois applicables hors de la biosphère. Mais si l'ambition ultime de la science entière est bien, comme je le crois, d'élucider la relation de l'homme à l'univers, alors il faut reconnaitre à la biologie une place centrale, puisqu'elle est de toutes les disciplines, celle qui tente d'aller le plus directement au coeur des problèmes qu'il faut avoir résolus avant de pouvoir seulement poser celui de la "nature humaine" en terme autre que métaphysique.
La thèse que je présenterai ici, c'est que la biosphère ne contient pas une classe prévisible d'objet ou de phénomènes, mais constitue un événement particulier, compatible certes avec les premiers principes mais non déductibles de ces principes. Donc essentiellement imprévisible.
“ ...le hasard seul est à la source de toute nouveauté, de toute création dans la biosphère... (...) Aussi est-il très important de préciser dans quel sens exact le mot de hasard peut et doit être employé, s'agissant des mutations comme source de l'évolution... ”
“ Mais, comme chacun sait, l'anticorps qui reconnait éléctivement une substance donnée, par exemple un motif stérique particulier à une certaine espèce bactérienne, n'apparait dans l'organisme (pour y demeurer pendant un certain temps) qu'après que celui-ci en a fait, au moins une fois l'expérience (par la vaccination, spontanée ou artificielle)... (...) Or il est établi aujourd'hui que la structure de l'anticorps ne doit rien à l'antigène : au sein de l'organisme des cellules spécialisées, produites en grand nombre, possèdent la propriété – unique – de jouer à la roulette sur une partie, bien définie, des segments génétiques qui déterminent la structure des anticorps. »
Armées de tous les pouvoirs, jouissant de toutes les richesses qu'elles doivent à la Science, nos sociétés tentent encore de vivre et d'enseigner des systèmes de valeurs déjà ruinés, à la racine, par cette science même.