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Critiques de Jacques Moulin (14)
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Matière à fraise

Un très court ouvrage qui rend hommage à la fraise (comme son nom l'indique) mais pas seulement puisque derrière ce délicieux fruit (l'un de mes préférés) se cache aussi un hommage au père et à l'écriture. Le père qui cultivait ses propres fraises dans son jardin et avec lesquelles le narrateur de ces poèmes compare les fraises qu'il trouve dans les bois. Un hommage à la nature aussi, bien évidemment ! Pourquoi est-ce que je fais une comparaison avec l'écriture ? Tout simplement car, comme les fraises, l'écriture a besoin d'être entretenue, remplie d'amour, pour que le poète arrive à accoucher de son poème, un poème superbe, soit dit au passage !

A partir d'un simple mot : fraise, l'auteur arrive à faire naître chez son lecteur tout un tas d'autres sensations profondes, quant à la fragilité de la vie (la fraise elle-même n'est-elle pas fragile et éphémère ?), l'amour d'un père, de la nature et l'amour de l'écriture !



Une hymne à la fraise mais aussi à la vie donc, comme je viens de le dire, tout cela accompagné de gravures en noir et blanc, dont certaines semblent plus évocatrices que les autres ! Et dans cela, j'y vois un véritable coup de maître puisque libre au lecteur de voir ce qu'il a envie d'y voir !



Toujours imprimé aux éditions de l'Envol, ce livre est d'une qualité rare puisque comme je le disais dans l'une de mes critiques précédentes (donc, pour ceux et celles qui suivent mes critiques régulièrement, excusez-moi si je me répète) puisque celui-ci relève, à mon goût du livre d'artiste, bien qu'étant aussi un livre de poèmes, car imprimé en un nombre d'exemplaires limité, sur du papier Canson avec des gravures époustouflantes !
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Marron

Si vous avez un peu suivi mes différentes critiques concernant cette superbe collection parue aux éditions de l'Envol, vous remarquerez que Jacques Moulin, l'auteur de ce recueil intitulé "marron" était celui qui avait également publié un autre ouvrage consacré à la fraise. Autant dans ce dernier, "Matière à fraise", il faisait l'éloge de ce fruit délicieux et sucré, autant dans dans celui-ci, le marron, pour lui, est souvent lié à la mort. Il est vrai qu'il n'apparaît que durant l'automne, à savoir une saison sombre et durant laquelle il fait généralement froid mais, paradoxe puisque cette saison étant aussi celle de la rentrée des classes, le marron lui rappelle également des jours heureux.



Donc, en quelque sorte, il fait à la fois une éloge macabre du marron qui en lui évoque des enterrements, des jours de pluie, un fruit meurtri puisque pour devenir celui que nous connaissons tous, il doit d'abord sortir de sa bogue épineuse donc, j'avoue qui n'est pas très plaisante à regarder, mais le marron, tout comme pour moi d'ailleurs (c'est dans ces vers-là que je me suis le plus sentie proche de l'auteur), ce fruit, une fois éclos, lui rappelle ses souvenirs d'enfance. De plus, que de flatteries sur le marronnier qui, une fois le printemps revenu, de belles fleurs apparaissent et annoncent ainsi, pour l'auteur, le retour à la vie.



Je me rappelle (et là, je ne parle que pour moi, je suis complètement sortie de l'oeuvre en question) que devant la ferme de mes grands-parents (j'habitais la maison juste à côté), il y avait un énorme marronnier qui se trouvait dans le pré où se trouvaient les vaches de mes grands-parents durant la journée (vous l'aurez compris, ils étaient agriculteurs) et que lorsque je rentrais de l'école, j'adorais aller me balader près de ce marronnier. Ne vous étonnez pas si je vous dis que même à ce jour (et alors que les grands-parents sont tous les deux décédés, ma grand-mère étant partie l'été dernier) et bien que la ferme ne soit pour l'instant plus exploitable, j'ai toujours un marron dans mon sac à mains...
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L'Épine blanche

La perte d’un être cher. La perte de la mère. Ici la perte de D, comme deuil, comme Denise…

« Le fils est désormais un ayant droit. Mais D habite encore les lieux de toute évidence. »

Le fils, c’est Jaboc, désormais seul, et seul devant la page blanche…

De courts textes, quelques notes, quelques vers libres, très libres, de la prose… Avec un point commun : la musique des mots. Les mots qui chantent, les mots qui pleurent, les mots qui évoquent, suggèrent… La mère, la mer, la Normandie littorale, les épines blanches, que dans mon Cotentin natal on nomme plutôt aubépine…

La musique des mots accompagnée à la planche à dessin par de magnifiques illustrations dues à Géraldine Trubert. Minimalistes, en début et fin de volume, comme pour ne pas déranger les mots. Une palette couleur du temps Normand, parfois… Recueillement… En couverture, également ; une couverture cartonnée pour cette belle édition originale dont ne manquera pas de s’enorgueillir ma bibliothèque, et moi-même, bibliophile…

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S'arrêter un moment avec Jean Proal

Qu'il s'agisse de Jacques Moulin, de Jean-Yves Vallat, Jean-Paul Zuanon, Vincent Girard, Jacques Drouin, Paul-Louis Bessy ou encore d'Anne-Marie Vidal, tous ne sont pas avares d'éloges envers cet auteur que fut Jean Proal. Souvent méconnu du grand public, à tord dirais-je (je suis la première à la regretter puisque j'ignorais même jusqu'à son existence il y a un an. Heureusement, les langues se délient et aiment faire connaître les auteurs qu'elles affectionnent particulièrement et c'est pour cela que je remercie ma collègue de travail qui m'a la première parlé de Jean Proal ainsi que celle qui fut l'éditrice des éditions de l'Envol, Anne-Marie Vidal et que j'ai eu le privilège de rencontrer.

Alors, c'est extrêmement difficile de lire un ouvrage sur un auteur dont j'ai encore beaucoup de choses à apprendre et surtout beaucoup d'ouvrages à lire mais encore plus difficile d'en parler à vous, chers lecteurs, ne sachant pas si vous connaissez cet auteur ou, tout comme cela était encore vrai pour moi il y a quelques mois, vous n'en avez jamais entendu parler. Alors, je serais brève (car vous pouvez vous reporter à mes critiques des quelques exemplaires des ouvrages de l'auteur que j'ai faites et qui vous seront probablement plus parlantes que d'entendre un résumé de tous ces commentaires qui ne manquent pas de s'extasier devant l'oeuvre au grand complet de l'artiste.



Pour être tout à fait franche avec vous, des rares œuvres que j'ai lues de lui jusqu'à présent, toutes ne m'ont pas enchantées, loin de là (même si cela se passe près de chez moi avec les montagnes et ses montagnards si chers à Proal) mais s'il est bien un ouvrage que je vous recommande vivement est "Histoire de Lou". Je ne vais pas vous en refaire la critique ici mais sachez seulement qu'il s'agit d'un conte autant destiné aux petits qu'aux grandes personnes qui ont encore gardé un peu de leur naïveté d'enfant.



Pour en revenir à l'ouvrage en question, ce dernier est imprimé avec des caractères bleus, illustré de croquis bleus (excepté celui qui se trouve en couverture) et, à cela, la raison suivante. Jean Proal s'exprimait de la manière suivante dans la revue Carnet de route en 1935 : "C'est une affaire de crayon bleu. Et ce n'est pas grave. En tout cas tout sera vrai, ou tout au moins sincère...sincère à fond de tripes."

Vous aurez donc compris que dans cette édition, rien n'est laissé au hasard et tout est méticuleusement préparé et travaillé afin de donner envie eu lecteur de découvrir, ce grand homme que l'éditrice adore (pas la peine de revenir là-dessus, je pense que vous l'aurez tous compris) que fut Jean Proal.
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L'Épine blanche

Je tiens à remercier l'opération Masse Critique de Babelio et les éditions "L'atelier contemporain" qui m'auront permis de découvrir cet auteur.

Le livre par lui-même est beau. Un bel objet. Un livre d'art, illustré par des dessins de Géraldine Trubert et complété par un texte de Michaël Glück.

L'ouvrage de Jacques Moulin me semble être expérimental par son style, c'est un hommage qu'il rend à sa mère, après le décès de celle-ci. Prose et poésie se mêlent. Les phrases sont courtes. L'écriture épurée est froide. L'idée était bonne, mais je ne suis pas pleinement conquise...
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S'arrêter un moment avec Jean Proal

Un petit volume raffiné, à la couverture crème, papier mat au grain discret,

accompagné d'un joli dessin de Georges Item, dont on trouvera d'autres illustrations,en bleu ardoise...au fil de ce recueil de textes d'hommages consacrée à un écrivain de qualité mais méconnu; ce dernier , Jean Proal fut encouragé à son époque par Max Jacob, Cendrars, Jean Giono, Roger Martin du Gard, la Varende , Marie Mauron, Maria Borrély, et en 1950, il s'installe à Saint-Rémy-de Provence , se lie d'amitié avec Aragon, et des peintres tels Hans Hartung, Mario Prassinos, , Georges Item, etc.



Pour ma part, le hasard m'avait guidée dans le Sud, du côté de Forcalquier, où

intriguée par cet écrivain inconnu à mes yeux, j'ai acquis chez un libraire-éditeur du coin, 3 exemplaires de ce petit ouvrage, que je essentais "important", j'en ai gardé un, qui attendait patiemment que je vienne le tirer de son rayonnage...et les deux autres, je les ai offerts et transmis à des amis...





Me voilà soulagée d'avoir réparé ma négligence et mon retard à lire ce livret

très précieux, qui nous rappelle les talents de Jean Proal, que l'on compare au Grand Ramuz !

Une impatience à découvrir ces textes et surtout son -"Histoire de Lou"...que l'on présente comme un "petit bijou, ciselé avec amour. A mi-chemin entre Alice au pays des merveilles et le petit Prince...,plein de fraîcheur et de merveilleux, sans la moindre mièvrerie" (Jean-Claude Zuanon, hiver 1997)



Si déjà , Camarades babéliotes et d'ailleurs (! ), ces lignes vous ont intrigués,

et pourquoi pas, attisé votre curiosité... cette mini-chronique n'aura pas été vaine !!
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Corbeline

Corbeline débute avec cette belle citation de Lawrence Ferlinghetti :

"Ne laisse personne te dire que la poésie c'est les oiseaux"



Puis, cet ouvrage contient 9 parties :

Corbeline, Corbeaux en fragments, Suite corbeautique, Cochoir, Grues en chantier, Héronnière, Du martinet, Mésanges et Vauture.



De plus, des peintures réalisées en noir & blanc et parsemées de quelques touches de couleurs, appelées monotypes d'Ann Loubert agrémentent magnifiquement les textes de Jacques Moulin.



Par ailleurs, la mise en page est superbe et très aérée.



Corbeline, composé de textes étonnants et attendrissants, est un extraordinaire mélange d'art, de poèmes, de vers et de proses parfois chantées que l'on parcourt page après page avec plaisir.



Ainsi l'auteur, Jacques Moulin, a écrit ce livre d'une plume musicale et dynamique qui en fait une véritable beauté littéraire.



Voici un extrait tiré d'Héronnière



Nom et prénom

HÉRON cendré

Sur le papier

J'inscris ces noms



Papier bouffon

Ou bien mâché

Nom et prénom

Héron cendré



Le mot héron

N'a pas bougé

Sur mon vergé

Comme en giron

Nom et prénom

Heron cendré



Et un second tiré de Corbeaux en fragments



J’écris corbeau et la corbeille à mots s’emplit d’une nuée d’oiseaux noirs harponnés par le cri de leur nom broyé en bec dans la tourmente d’un lexique bruyant. Je crie corbeau. Corb corbe corbat corp corf corbel corbelet corbin corbine corbillat corbillot corneille cornelle corneillard corneillon cornolle crave choucas chocard freux graie grolle grand corbeau corbeautière. Corvidés en croaillement coraillement craillement criaillement croassement graillement crocitement grossissement de gosier éparpillement de quinte quintessence de raucité déchirure de roc chaos de lande cristaux de verre pilé d’empilements de mucosités de multiples rugosités de carillons effondrés de crassiers débondés de carbone éclaté d’anthracite thoracique de grappin déjeté de carrière encombrée de crouton de pain brûlé de brûlures de cendres de cambouis brut d’ardeur corbeautique de gibets prophétiques.

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Sauvagines

Je tiens à remercier les éditions « La clé à molette » et Babelio pour la découverte de Sauvagines dans le cadre de l’opération masse critique de septembre. Sans vous, je n’aurais probablement jamais lu cet ouvrage.



Avant tout, je tiens à souligner que la couverture est vraiment magnifique, c’est un petit bijou qu’on a envie de feuilleter.



Bon maintenant les choses se gâtent…

Je n’ai pas aimé cette lecture et n’ai pas été sensible à la prose de l’auteur.

A sa décharge, je n’ai pas pour habitude de lire de la poésie. J’ai voulu m’y essayer et mon choix était peut-être trop audacieux.

Ma lecture a été laborieuse, j’ai dû procéder à un décryptage intense du texte car de nombreux mots m’étaient inconnus. J’ai eu l’impression d’être complètement inculte 😊

Il est indéniable que le vocabulaire choisi est recherché et que l’écriture est moderne.



En bref, si vous aimez la poésie, les mots fleuris, les ambiances automnales, la forêt et ses animaux, vous devriez être comblé par cette œuvre.



J’ai d’ailleurs hâte de découvrir vos critiques !

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Corbeline

Les oiseaux: un monde fascinant souvent visité par les poètes ( "L'albatros" " le cygne" " Pour faire le portrait d'un oiseau" et tant d'autres...)

Ici Jacques Moulin nous propose un recueil de poèmes et de proses étonnants , entre jeux de mots et observation pointue des oiseaux. Sa fascination pour eux est tangible, palpable.

Des sons, des mots, des phrases, des listes : La richesse du vocabulaire est extraordinaire !

Cependant , si je suis ébahie par la prouesse linguistique et poétique, je n'ai pas eu le déclic émotionnel que j'attends de la poésie. Je suis restée perchée à côté de la branche, en dehors du nid.

Pourtant le livre est beau, les illustrations sobres et agréables à l'oeil.

Je remercie Babelio et L Atelier Contemporain pour ce cadeau.
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Sauvagines

Merci aux éditions "La clé à molette" et à Babelio pour ce livre offert à l'occasion de la "Masse Critique" de septembre.

Au sein de cette maison d'édition, ce livre fait partie de la collection Théodolite qui se consacre au paysage et au sentiment de la nature.

Cela faisait si longtemps que je n'ai pas lu de la poésie que j'étais un peu dubitative sur le choix que j'avais fait. Mais j'ai changé d'avis...

J'ai déjà eu l'envie d'ouvrir ce recueil dès que je l'ai reçu, grâce au dessin graphique aux couleurs pastels de la couverture qui m'a attirée.

Ensuite, il faut admettre que la prose poétique dans laquelle l'auteur nous emmène est résolument moderne.

Il faut toutefois aimer les ballades en montagne, en forêt, le long des vignes ou des étangs, apprécier l'observation des animaux de tous poils, des oiseaux, de la nature toute entière... Ce qui est mon cas.

C'est une lecture vraiment idéale en cette magnifique saison d'automne... Et comme le disait François Weyergans, je pense, à propos de la poésie, ce recueil nous invite à poser un regard neuf sur la nature qui nous entoure, si bien que nous avons cette délicieuse impression de voir pour la première fois ces merveilles de la nature.
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Corbeline

Un très beau livre.

Que ce soit par l'objet en tant que tel ou par le texte, j'ai été séduite par ce recueil au sujet pourtant particulier. J'ai été surprise par la richesse des effets littéraires, on côtoie de la prose et des vers, des jeux sémantiques et sonores mais aussi des moments plus oniriques. Il y a une musique particulière dans cette écriture, avec des ruptures de rythme régulières.

J'ai apprécié la forme, la mise en page légère, peu dense, qui laisse des espaces pour respirer, plus accessible et moins impressionant quand on n'est pas habitué à la poésie. Les peintures d'Ann Loubert répondent avec fluidité au texte, dans leur évocation champêtre comme dans la musicalité que créent ces monotypes.
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Sauvagines

Sauvagines de Jacques Moulin est un recueil de poèmes, reçu pour le compte de la masse critique Babelio, publié aux éditions La clé à molette. Il est toujours difficile de cerner une poésie, mais ce qui est formidable dans la prose poétique c’est les émotions que les mots vont surgir en nous, cette exaltation emportant notre âmes vers des contrées lointaines, mais, aussi une déprime, une indifférence totale, ce formidable pouvoir exercé par une lecture poétique, un don incroyable et fascinant.

Sauvagines est un titre à la consonance sauvages, de ces oiseaux peuplant nos forêts, ce mot peu communs prisonnier d’un champ lexical de puriste, entraine le lecteur dans une abime songeuse, vers une curiosité enivrante. La couverture habille avec beaucoup de singularité ce livre, ces formes rectilignes nouvelles, modernes, triangulaires échappant une colline de verdure, un champ de blé, d’orge, probablement et en subliminale cette gueule carnassière croquant notre regard, un tableau moderne pour une prose actuelle, nouvelle, moderniste aussi.

J’aime me perdre dans la lenteur naturelle de la nature, à la lisière des bois, la verdure me happe vers sa destinée existentialiste de la vie s’échappant de tous ses pores, lire les mots de Jacques Moulin m’invite à cette nature sauvage. Sans relire et de première impression, les mots de ces poèmes réveille en moi une chanson de Michel Delpech, le chasseur, ce refrain tinte dans mon esprit, comme une farandole mouvante de mon passé.

IL y a dans ces proses inconstantes, une promenade forestière solitaire et universelle où la lumière diffuse de la lune éclaire les mots et le paysage de ces bois, les odeurs sauvages scintillent l’éclat du rut flamboyant d’un duel majestueux, toute cette magie chante la prose de Jacques Moulin, une verve plutôt moderne, des phrases courtes, des sensations troubles et inaccessibles, comme un écho d’une littérature futuriste, voulant trouver un cryptage moderne. Mais cette force de la nature doit et devrait rendre plus simple cette parole poétique, devenir universelle, être à l’écoute de la nature qui sommeille en nous, comme un rêve lointain, sentir les notes venir enchanter nos songes, faire revivre en nous cette force animale constellant les bois, avoir en soi une prose simple, comme un ru ruisselant sa source dans les méandres d’une forêt en mouvement vers une destinée de vie, cette vie qu’observe Jacques Moulin. Il y a des mots qui percent notre esprit vers un insondable désir de fermer le livre, car ils sont trop inextricables, trop complexe pour une nature si simple, si pure, si vivante, l’espérance d’une rencontre animale furtive, entendre le silence d’une feuille morte tombant sur le sol humide, apercevoir une biche au multiple facette, les capricieux chamois arpentant les pentes abruptes ou gisent les myrtilliers, toutes ses scènes filment une prose visuelle, une odeur suinte de ses mots, comme Le parfum de Patrick Süskind .

Puis se greffe des lieux, des routes, des chemins, des sentiers, la route Grand Jean, les Vosges avec ses randonnées, une parcelle 903, le chêne des filles, le chemin des biches, route de la Craie, sentier des Pelouses, bois de l’Échalote, la maison des étangs à S., ses paysages sont en mémoire, pour devenir au fil des pages des images de mots poétiques.

L’appel au loup, dans sa première prose, amorce déjà le plus naturel d’une nature libérée, le son lointain des bucherons murmure la vie nouvelle d’une complainte forestière, et ses proses longues, comme des petites nouvelles, entrecoupées de poèmes courts, plus chantant, le loup dansant avec la lune, un mariage mystique. Le brame, le rut, les cerf, la biche , le daguet, le renard, le geai, les hérons et les autres personnages de ces bois habitent les mots de notre poète, cette horizon automnal cuivrant la peau des habits des arbres, vestiges de cet habitat rustique et naturel.

Jacques Moulin aime de sa prose faire de sa faune et sa flore, une aventure poétique enchanteresse, ensorcelante et vivante. C’est une belle aventure forestière, pour les amoureux de notre planète et celle mère Nature, laissez-vous emporter par ses mots comme une ballade dans les sous-bois qui jonchent votre paysage.

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Marques

Le texte révèle des problématiques contemporaines de repentirs et de de rébellions qui ne sont pas sans rappeler celle de Katniss dans Hunger Games et de Thomas dans le Labyrinthe.
Lien : https://www.actualitte.com/a..
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L'Épine blanche





L’Épine blanche pourrait être sous-titré Journal de D. : D. Denise, la mère, décédée, D. cédée à la mort, D. deuil du fils, D. disparition précoce du père, D. days jours, jalons déposés comme cailloux de Poucet pour le passage du temps, de D15 à D100, -« D.17 Ecrire la mer / jusqu’à ton asphyxie », puis D…, puis rien, disparition de la lettrine, poèmes ou proses poétiques ensuite flottant dans l’incertain du chagrin qui ne se compte plus en jours, mais en anniversaires, souvenirs, puis, on imagine, oubli progressif vers « l’absente absolue ».



On sait l’attachement de Jacques Moulin à la nature, aux paysages. L’Epine blanche s’ancre en terre d’origine, le pays de Caux. Pays de falaises, de calcaire, d’eau.

« Aller à H.

Me suspendre à ton vide ».



Jacques Moulin écrit le deuil à la distance d’un fils qui use du « il », se nomme « le fils » ou « Jaboc », surnom que lui donnait sa mère. (« se recoudre à la dépouille en distance juste »). Il dit le lien maternel en une langue très travaillée, jouant sur les sonorités, la matière, le rythme. Ce sont les fragments d’un ordinaire de vie et de mort : listes de courses trouvées dans l’appartement, tri des affaires, règlement des factures, organisation des obsèques, une dernière lettre qui ne sera jamais envoyée. Les manques, l’appartement vide mais saturé de la présence de D. Le glissement de la qualité de fils à celui d’ayant droit.



Lorsque le lien s’est rompu, il a emporté avec lui tout un pan de mots, ceux des lettres bi-hebdomadaires, des articles du pays de Caux qui y étaient joints, des coups de téléphone pour s’assurer, rassurer, se donner des nouvelles. « lettres rigoureuses précises descriptives quantifiées toujours calligraphiées –jusqu’au jour où le tremblement de la main a étouffé peu à peu la phrase ». La mère retrouve le silence du père, « un père dépris du langage », mort prématurément après son retour de guerre.



Comme la vie, le texte alterne l’émotion, le trivial, le grave, le futile, le silence, l’intime, la mémoire, le quotidien. Tout ramène à l’absente, « Le cri tue le silence. Ça rancit déjà au frigo. Faudra dégivrer. Le froid s’est infiltré pour de bon dans la tête ».



Un magnifique hommage de Jaboc à D.



Le texte de Jacques Moulin est accompagné d’encres bleutées de Géraldine Trubert, et d’une lecture de Michaël Glück.





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