AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.21/5 (sur 24 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bolbec , le 27/07/1915
Mort(e) à : Sainte-Feyre , le 27/05/1951
Biographie :

Jacques Marie Prevel (1915-1951) est un poète français, il est surtout connu pour avoir été l'un des derniers et fidèles amis du poète Antonin Artaud.

Venu du Havre, il arrive à Paris durant l'occupation. Vivant autour de Saint-Germain-des-Prés, il renonce à toute situation pour écrire, ainsi il connaîtra l'isolement et la misère. Ne trouvant pas d'éditeur il doit publier à ses propres frais trois recueils de poèmes : Poèmes mortels, Poèmes pour toute mémoire, de colère et de haine.

En 1946, le poète Antonin Artaud, alors interné durant près de neuf ans dans divers hôpitaux psychiatriques dont l'hôpital de Rodez dirigé par le docteur Ferdière, arrive à Paris. La rencontre avec ce dernier sera son illumination. À partir de ce jour va naître entre les deux hommes une amitié basée sur le respect, la quête incessante de la poésie et de la drogue (Prevel fournissait Artaud en laudanum et en opium).

Jacques Prevel tiendra jusqu'à la mort d'Artaud son journal aujourd'hui appelé En compagnie d'Antonin Artaud où il relate sa vie quotidienne avec le célèbre poète maudit.

Épuisé par la tuberculose, Jacques Prevel s'éteindra en 1951, cinq ans jour pour jour après sa rencontre avec Artaud.
+ Voir plus
Source : wikipedia
Ajouter des informations
Bibliographie de Jacques Prevel   (7)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Jacques Prevel
Dans mes deux mains ouvertes je prendrai ton visage
Ton seul visage d'un seul instant mortel
Je te parlerai hors du temps j'écarterai la nuit
Je reprendrai les mots absolus
Pour te les dire enfin avec ma voix pareille
A la lumière.

(" Poèmes pour toute mémoire")
Commenter  J’apprécie          362
Jacques Prevel
Dans le matin diminué

Dans le matin diminué par le brouillard
de novembre
Rassemblant péniblement des mots
Qui ne ressemblent pas à la vision des arbres
Encore de la nuit froide et pluvieuse
Je me reprends tout à coup à penser
A ce désir multiplié vainement par l'espoir

Mais je ne trouve jamais rien
Que cette colère muette et désolée
Que je refoule aussi profondément qu'une humiliation
Il fait froid
L'eau le pavé me renvoie mon ombre
Je me souviens que toute la soirée d'hier je suis resté
Près du feu avec un livre que je n'ai pas ouvert


Recueil : "Poèmes pour toute mémoire" (1947)
Commenter  J’apprécie          311
Jacques Prevel
Tu es comme un nuage

Tu es comme un nuage
Et tu es retenue dans un paysage aveuglant
Terni et menacé par un trop long miracle
Un incendie de gerbes coupées sur leurs arêtes
Tu es née de l’apparence comme cet or à profusion sur les blés
Cet or qui se reflète lourd et léger
Sur tes épaules découpées en biseau
Comme tes lèvres ulcérées et tes mains minuscules
Tes lèvres dont le tremblement n’ajoutera rien au morfil
De leur plainte excessive
Sinon le premier symptôme d’une violence
Commenter  J’apprécie          280
Jacques Prevel
Je me refuse à croire

Je me refuse à croire que mes nuits de veille
Seront brûlées dans la clarté d’un matin glacial
Je me refuse à croire que ce miroir
Ne gardera pas mon ombre
Je me refuse à croire que tout sera pareil
Cruel et décapité par le temps
Je me refuse à croire que mes paroles
Ne seront jamais entendues
Je me refuse à croire que cette vie
Ne me fera pas le don d’une gloire
Plus hautaine et plus implacable pour ma raison
Que l’obsession même de toute gloire
Commenter  J’apprécie          240
Jacques Prevel
Je n’ai jamais travaillé dans le temps
Je n’ai jamais créé pour le futur
Ancré ma vie
Jamais pour le futur je n’ai ancré ma vie
Et seul le désespoir ou la mort ont suspendu ma vie
A l’éternité d’un visage
Et la mort aussi m’a poussé à faire ces pertes vaines et nécessaires
Pour la connaissance des hommes
J’étais enterré vivant
Je n’ai rien à dire et je n’apporte rien
Je n’apporte que mon visage
Et cet espèce de ricanement qui ne me convient pas
Et que je connais bien
Cette espèce de douleur qui me pousse à sourire la grâce
Cette espèce de bonheur qui m’interdit le vrai bonheur
La liberté dans l’espace la liberté dans le temps
Je n’avais rien à dire et je n’apporterai rien
Que cet espèce de ricanement qui ne m’appartient pas
Commenter  J’apprécie          220
Jacques Prevel
Je ne pense rien je ne comprends rien

Je ne pense rien je ne comprends rien
Je suis comme une pierre qui retrouverait sa forme
primitive
Quand elle fut rejetée sur une plage déserte
Et que tout commença et se perdit de la même façon
C’est comme un être qui se revendique en moi
tout à coup
Avec une violence déchaînée qui me renverse
A l’intérieur d’une nuit obtuse et chaotique
Où je crie parce que l’on m’égorge
Il me semble que je suis décapé et creusé par des
morts sans nombre
Qui auraient passé sur moi avec la violence d’un
torrent gonflé
Par un orage lourd de toutes mes larmes
accumulées
Dans la déflagration de mes cris de détresse

Je ne suis rien qu’une pierre
Que l’on a usée jusqu’à lui donner une forme vile et
dérisoire
Mais je suis sûr que je n’étais pas cela
Je suis sûr que j’étais un granit avec des saillies
comme des couteaux tranchants
Commenter  J’apprécie          211
Jacques Prevel
Froide lumière

Froide lumière. Maintenant que je pourrais me souvenir de la beauté, un vaste chantier s’est emparé de tout ce que le souvenir me réservait pour des jours de vertige. Ils sont venus avant même que je n’ai commencé à souffrir, et se sont emparés des arbres qu’ils ont assaillis comme des singes, afin de préparer leur crime dans la tranquillité d’une féroce préméditation, et ils se sont jetés sur les membres innombrables de la beauté avec des serpes. Le sol fut bientôt couvert de toutes les branches sectionnées.

Je n’ai pas réfléchi au début de ce carnage. Mais dès qu’ils ont commencé à déraciner les troncs et à désarticuler les racines, j’ai compris qu’il était trop tard pour les arrêter dans leur rage de destruction, et j’ai assisté, spectateur impuissant, à l’horrible désastre.

Je suivais jour après jour le déroulement des événements, saisi de terreur à l’idée que ces hommes étrangers puissent me circonscrire plus longtemps un quelconque intérêt. C’est alors qu’ils remarquèrent mon effroi et qu’ils inventèrent une torture cruelle entre toutes. Des perceuses automatiques furent amenées sans délai, et ils commencèrent à bouleverser le sol.

Et leur haine retentit depuis des jours et des jours sans que je sois capable ni de m’enfuir ni de les empêcher de continuer.
Commenter  J’apprécie          192
Jacques Prevel
La mer ma seule inspiratrice

La mer ma seule inspiratrice
Est venue se plaindre auprès de moi
De tant de néant de tant d’eau perdue de tant de larmes perdues

La mer je l’ai tant aimée
J »ai vécu près d’elle, près d’elle je suis resté couché
Écoutant la plainte rauque et navrante
Qui promettait de la servir et de l’aimer toujours

Et je suis parti affamé de gloire
Vers les hommes, oubliant la mer
Oubliant les départs à l’aube, l’eau sans limite éternelle
Où je m’étais roulé adolescent

Je suis tombé très bas dans la poussière
Meurtri et perdant mon sang
Je n’étais pas fait pour vivre parmi les murailles obscures
J’ai trahi, j’ai payé la mer ne veut plus de moi et mon cœur est brisé
La mer c’était ma seule amie, ma seule inspiratrice
Si elle se retire jamais je n’écrirai le chant
Qui gronde en moi et qui m’étranglera
Commenter  J’apprécie          182
Jacques Prevel
Les routes inséparables

Il y a l’isolement, l’attente, la cruauté.

Il y a l’amour absolu et souligné par l’absence, la recherche de l’amour, l’inutile et désespérante recherche parmi les pierres, les routes inséparables, et quand on a échoué, s’il vous reste la force du crime et si l’on a pas renoncé à croire, il y a l’amour enfin, sa présence par des chemins détournés, des routes qui vous sont rendues telles qu’on les avait regardées, mais avec le durcissement de l’attente, la lézarde grise et blanche d’une façade phosphorescente de solitude, et le ciel évidé dans un embrasement de jours inutiles, la poussière, les ombres entrevues, le papier jeté, l’asphalte qui vous a blessé, l’eau du ruisseau, et cette plaque à jamais maudite dans la découpure d’un nom parodié.

Il y a ce frémissement, cette même couleur que l’on a connue sur toutes choses, et il y a l’amour. On pourrait croire que tout est béni quand on retrouve un monde perdu, cruel et présent, réel et présent, avec la poussière, la pluie, le bruit vain des passages, toutes ces choses incarnées dans la douleur, toutes ces choses qui vous entourent, signes qui redoublent de puissance, nervure coloriée visible à même la chair.

Tragique délire d’une mémoire.
Commenter  J’apprécie          150
Jacques Prevel
Qu’il s’enflamme enfin ce misérable petit fourneau
Que j’ai chargé jusqu’à la gueule de pierres brûlées
Et de débris sanglants de moignons et de têtes sectionnées
D’un coup brutalement
Frappés par ma vision
Un cri dans ma conscience
Je parle de ce coin d’acier triangulaire trempé
dans mes sanglots
Je parle de cet organe qui soutient de son battement
La frange ensanglantée de ma vie
Débris de rocaille entre mes deux poumons
Débris rejetés par un cratère en feu entre mes
deux poumons
Commenter  J’apprécie          140

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Jacques Prevel (24)Voir plus

¤¤

{* *} .._..