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Citations de Jacques Roumain (77)


Si l'on est d'un pays, si l'on y est né, comme qui dirait : natif-natal, eh bien, on l'a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses femmes : c'est une présence dans le cœur, ineffaçable, comme une fille qu'on aime : on connaît la source de son regard, le fruit de sa bouche, les collines de ses seins, ses mains qui se défendent et se rendent, ses genoux sans mystère, sa force et sa faiblesse, sa voix et son silence.
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La vie c'est un fil qui ne se casse, qui ne se perd jamais. Tu sais pourquoi? Parce que chaque nègre pendant son existence y fait un noeud: c'est le travail qu'il a accompli et c'est ça qui rend la vie vivante dans les siècles des siècles : l'utilité de l'homme sur cette terre.
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Non, mon Dieu, tu n'es pas bon, non, c'est pas vrai que tu es bon, c'est une menterie. Nous te hélons à notre secours et tu n'entends pas. Regarde notre douleur, regarde notre grande peine, regarde notre tribulation.
Est-ce que tu dors, mon Dieu, est-ce que tu es sourd, mon Dieu, est-ce que tu es aveugle, mon Dieu, est-ce que tu es sans entrailles, mon Dieu ? Où est ta justice, où est ta pitié, où est ta miséricorde ?
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à l’Angélus les pintades sauvages venaient boire frileusement le long des flaques à la lisière du chemin, et si on les effarouchait, s’envolaient lourdement tout engourdies et engluées de pluie.
Puis le temps commençait à changer : vers midi une chaleur grasse enveloppait les champs et les arbres accablés ; une fine vapeur dansait et vibrait comme un essaim dans le silence que seul troublait le stridulement acide des criquets. Le ciel se décomposait en boursouflures livides qui fonçaient vers le plus tard et se mouvaient pesamment au-dessus des mornes, parcourus d’éclairs et de grondements sourdement répercutés. Le soleil ne paraissait dans les rares décousures des nuages que comme un rayonement lointain, d’une pâleur plombée et qui blessait le regard.
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Ce que nous sommes? Si c'est une question, je vais te repondre: eh bien, nous sommes ce pays et il n'est rien sans nous, rien du tout. Qui est ce qui plante, qui est ce qui arrose, qui est ce qui recolte? Le café, le coton, le riz, la canne, le cacao, le mais, les bananes, les vivres et tous les fruits, si ce n'est pas nous, qui les fera pousser? Et avec ca nous sommes pauvres, c'est vrai, nous sommes malheureux, c'est vrai, nous sommes miserable, c'est vrai. Mais sais-tu pourquoi, frere? A cause de notre ignorance: nous ne savons pas encore que nous sommes une force, une seule force: tous les habitants, tous les negres des plaines et des mornes reunis. Un jour quand nous aurons compris cette verite, nous nous leverons d'un point a l'autre du pays et nous ferons l'assemblee generale des gouverneurs de la rosee, le grand coumbite des travailleurs de la terre pour defricher la misère et planter la vie nouvelle.
( Collection du Centenaire, Page 77)
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Non, c'est pas possible. Est-ce qu'on peut déserter la terre, est-ce qu'on peut lui tourner le dos, est-ce qu'on peut la divorcer, sans perdre aussi sa raison d'existence et l'usage de ses mains et le goût de vivre ?
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Manuel s'en alla, le cœur mal à l'aise. Il laissa derrière lui les dernières cases. Les chardons dorés couvraient de leurs soleils minuscules les talus du chemin. Un reflet de lumière oblique trainait sur la plaine, mais l'ombre se nichait déjà dans les arbres et des taches mauves s'étendaient sur les flancs des collines. Ce qui dans la lumière avait été âpre et hostile l'apaisait et se réconciliait avec la fin du jour.
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Je suis ça : cette terre-là, et je l'ai dans le sang. Regarde ma couleur : on dirait que la terre a déteint sur moi et sur toi aussi.
Ce pays est le partage des hommes noirs et toutes les fois qu'on a essayé de nous l'enlever, nous avons sarclé l'injustice à coups de machette.
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Si l’on est d’un pays, si l’on y est né, comme qui dirait : natif-natal, eh bien, on l’a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes, et ses femmes : c’est une présence, dans le cœur, ineffaçable, comme une fille qu’on aime : on connaît la source de son regard, le fruit de sa bouche, les collines de ses seins, ses mains qui se défendent et se rendent, ses genoux sans mystère, sa force et sa faiblesse, sa voix et son silence.
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Ça sentait le pourri depuis quelques temps à Fonds-Rouge ; la haine ça donne à l’âme une haleine empoisonnée, c’est comme un marigot de boue verte, de bile cuite, d’humeurs rances et macérées. Maintenant que l’eau va arroser la plaine, qu’elle va couler dans les jardins, ce qui était ennemi redeviendra ami, ce qui était séparé va se rejoindre et l’habitant ne sera plus un chien enragé pour l’habitant. Chaque nègre va reconnaître son pareil, son semblable et son prochain et voici le courage de mon bras s’il te fait besoin pour travailler ton jardin et tu frappes à ma porte : honneur ? et je réponds : respect, frère, entre et assieds-toi ; mon manger est prêt, mange, c’est de bon cœur. Sans la concorde la vie n’a pas de goût, la vie n’a pas de sens.
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Un arbre, c’est fait pour vivre en paix dans la couleur du jour et l’amitié du soleil, du vent, de la pluie. Ses racines s’enfoncent dans la fermentation grasse de la terre, aspirant les sucs élémentaires, les jus fortifiants. Il semble toujours perdu dans un grand rêve tranquille. L’obscure montée de la sève le fait gémir dans les chaudes après-midi. C’est un rêve vivant qui connaît la course des nuages et pressent les orages, parce qu’il est plein de nids d’oiseaux.
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 Jacques Roumain
Alors je vis :
vos basses grimaces
et vos yeux baveux
d'injures.
Alors j'entendis
autour de moi coasser, pustuleux,
les crapauds ; ‒ Ainsi :
solitaire, sombre,
maintenant fort et mon ombre
mon seul compagnon fidèle,
Je projette l’arc de mon bras
par dessus le ciel.

EXTRAIT : Le Chant de l'homme
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 Jacques Roumain
"Le ciel est trop vaste pour qu’un enfant puisse le saisir dans ses petits bras. Mais dis-lui : Ciel chapeau melon ; alors il tendra ses menottes vers le firmament accroché à la patère du palmier, cueillera la lune et la mettra dans sa poche.
O poète enfant ! "

Cette délicieuse petite merveille de poésie est signée Jacques Roumain, dénichée page 73 d’un volume qui en compte 1 600, au sein de ses « Œuvres complètes »
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Mais la terre, c'est une bataille jour pour jour, une bataille sans repos : défricher, planter, sarcler, arroser, jusqu'à la récolte, et alors tu vois ton champ mûr couché devant toi le matin sous la rosée ; et tu dis : moi untel, gouverneur de la rosée et l'orgueil entre dans ton coeur.
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La misère n'a pas grafignée ma figure, regarde mes rides, la misère ne m'a pas écorchée, regarde mes mains, la misère ne m'a pas saignée, si seulement tu pouvais regarder dans mon cœur.
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«  Si l’on est d’un pays, si l’on y est né, comme qui dirait : natif- natal, eh bien, on l’a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres , le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses femmes: c’est une présence, dans le cœur , ineffaçable, comme une fille qu’on aime: on connaît la source de son regard , le fruit de sa bouche, les collines de ses seins, ses mains qui se défendent et se rendent , ses genoux sans mystères , sa force et sa faiblesse , sa voix et son silence » ......
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Si le travail était une bonne chose, il y a longtemps que les riches l'auraient accaparé
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Lorsqu'un homme ne raisonne pas avec sa tête, il réfléchit avec son estomac, surtout s'il l'a vide.
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La haine, ça donne à l'âme une haleine empoisonnée, c'est comme un marigot de boue verte, de bile cuite, d'humeurs rances et macérées.
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Le malheur bouleverse comme la bile, ça remonte à la bouche et alors les paroles sont amères.
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