— Louna… Si quelqu’un t’avait fait du mal, tu me le dirais, n’est-ce pas ?
Pas de réponse.
— Louna…
L’instituteur saisit son élève avec douceur par le bras pour qu’elle le regarde, mais la fillette sauta sur ses pieds et se mit à hurler :
— Laisse-moi tranquille ! Laisse-moi tranquille !
Et elle s’enfuit aussitôt en courant vers l’autre bout de la cour de récréation. Le cahier lui avait échappé des mains. L’enseignant le ramassa et le rouvrit. Là, il eut un temps d’arrêt en découvrant la dernière page.
La tête du monstre était immense, ses yeux énormes et noirs. Ses bras étaient aussi gros que ses cuisses. À l’intersection de ses jambes poilues, la pointe du crayon avait déchiré le papier.
Jean-Denis Pavadé, saisi, s’assit sur le banc de béton alors que les autres pages, portant toutes le même dessin, défilaient sous ses doigts.