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3.89/5 (sur 219 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Ghazaouet (Algérie) , le 01/10/1896
Mort(e) à : Paris (France) , le 13/01/1963
Biographie :

Jacques Spitz est un écrivain français spécialisé dans la science-fiction.

Il est souvent dépeint comme le père de la science fiction française, profondément imprégné de surréalisme, dans un style comparable à Pierre Boule, voire René Barjavel.
Après de brillantes études, Polytechnicien, il devient ingénieur conseil, mais il consacra l'essentiel de son temps à l'écriture. On lui doit huit romans de science fiction d'un modernisme étonnant, après une période influencée par le surréalisme. Cynisme et pessimisme sont les caractères marquants de cette œuvre quasiment tombée dans l'oubli.

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Citations et extraits (152) Voir plus Ajouter une citation
Jacques Spitz
Le danger de devenir idiots n'est pas de nature à effrayer les hommes, car, à tout prendre, ça ne les changera pas beaucoup.

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Assis face à face, nous nous sommes d'abord dévisagés -si l'on peut dire- en silence. En pleine lumière, nous évaluions, d'un œil sévère encore qu'invisible, nos débris réciproques, comme deux femmes qui jugent de leur toilette.
Il avait non seulement perdu les fémurs mais son os iliaque pourri était percé des vers. Une moisissure verdâtre sourdait entre les vertèbres de sa colonne et, les sutures de son crâne ayant cédé, il avait l'air d'avoir pris pour tête la carapace hérissée de piquants d'un vieux crabe. Sur le sternum s'étalait une espèce de crachat noirâtre et rongeur. Son état de décomposition était beaucoup plus avancé que le mien.
- Vous auriez dû vous faire incinérer, c'eût été moins écœurant ! Fis-je pour rompre le silence.
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— Mesdemoiselles, messieurs, commença alors le professeur, la venue de l’an 4000 que nous devons sous peu célébrer, me fournirait le prétexte, si prétexte il devait y avoir, au sujet du cours que j’ai choisi de traiter devant vous pendant la présente année scolaire. Il m’est apparu, en effet, que le moment était venu où l’on pouvait dresser un tableau d’ensemble, riche en multiples perspectives, de cette époque de l’histoire du globe et de l’humanité que, le premier, j’ai baptisée du nom d’ère quinquennaire, et qui va de la fin de l’ère quaternaire, en l’an 2006, jusqu’à nos jours. Au cours de cette première leçon, je me contenterai de vous exposer dans ses grandes lignes le plan général du cours que je vais être amené à vous faire.
Nous commencerons d’abord par un rappel rapide des conditions de vie à l’ère quaternaire, cette époque aujourd’hui presque oubliée, si mal connue, cette époque dis-je où la terre comptait cinq parties du monde habitables, trois races de différente couleur, et où l’humanité, qui atteignait alors le chiffre de deux milliards d’individus, était morcelée en nations différentes dont la principale occupation était de se battre entre elles pour s’arracher des lambeaux de territoire ou des droits à l’exploitation des richesses naturelles. Nous avons peine à concevoir la gravité de ces rivalités d’un autre âge. Mais toute l’époque quaternaire peut être placée sous le signe de la lutte : combats entre individus, combats entre tribus, luttes des seigneurs féodaux, guerres entre nations, entre classes, entre races. Le trop-plein des forces de la jeune humanité placée dans des conditions de vie exceptionnellement faciles, n’avait alors pour s’employer que ces rivalités dont nous ne trouvons plus la trace héréditaire que dans les jeux brutaux auxquels se livre encore de nos jours l’heureuse confrérie du jeune âge.
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Il y a des gens qui ne sont jamais contents. Ils vous trouvent trop tristes, ou trop gais. Avec eux, toujours quelque chose de trop. Moi, j’aime beaucoup le « trop », c’est le signe d’une riche nature.

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Il se comparait au berger chaldéen rêvant sur le mystère des étoiles, à la sentinelle avancée guettant dans les marches polaires l’avance de la vague de froid qui, d’un pôle à l’autre, ne ferait plus de la terre qu’une immense banquise. Il se comparait à tout, sauf à ce qu’il était : un pauvre homme amoureux et déçu.
À vrai dire, il s’attachait moins aux aurores magnétiques qu’à la contemplation des simples nuages. Diaphanes, jetant sur le ciel comme une moire, une retombée de dentelles, ils laissaient jouer sur leurs contours changeants les teintes les plus exquises allant, par des passages d’une gradation insensible, du rose pimprenelle au gris tourterelle, de la pourpre de Tyr au blond d’Hollywood. Parfois, passait entre les déchirures un soleil rougeoyant, moins soucieux de répandre sa chaleur que de raffiner encore sur les jeux de lumière dans les draperies nuageuses. Sur le déclin de sa vie, l’astre du jour devenait électricien de théâtre. Ses feux se dispersaient en fêtes magnétiques, en feux d’artifices tirés pour les funérailles du système solaire, deuil silencieux et grandiose qu’un cœur mélancolique pouvait trouver en harmonie avec son amertume. C’est là que peu à peu Pat chercha à oublier qu’il aimait…
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Dans Tombouctou 2, la ville souterraine à plus de huit cents mètres de profondeur, Pat flânait. Il suivait le boulevard O à P dont la voûte d’émail blanc offusquait moins son regard que les voûtes en béton. Flanqué d’immeubles de douze étages, avec leurs rez-de-chaussée transformés en vitrines brillamment éclairées à la lumière froide, le boulevard O à P, de cent mètres de large et de soixante-quinze mètres de haut, était une des plus importantes artères. Le long des monorails suspendus au sommet de la voûte parabolique glissaient sans bruit les trains électriques urbains, et de trois cents mètres en trois cents mètres s’élevaient les colonnes de marbre des stations nichées dans le creux des grands arcs de soutien. Le courant de ventilation qui balançait légèrement les robes des passantes, était chargé d’une légère odeur de verveine. À ce signe Pat reconnut qu’il était cinq heures, l’heure élégante. À six heures, soufflerait la brise marine, plus énergique et plus salubre pour ventiler la foule sortant des ateliers.
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Qu'est-ce que la causalité ? Le rapport qui unit la cause à l'effet. Il y a des nuages, il va pleuvoir. J'entre dans l'eau, je vais me noyer. La terre tourne autour du soleil, demain sera pareil à hier. Lien causal partout autour de moi. Le monde est causal. Pas de miracles. J'enferme le monde dans la vision causale que j'en prends. Mais ne croyez-vous pas que le monde, le vrai monde, s'en fout, lui, de la causalité ? La neige se soucie-t-elle de savoir qu'elle provient de l'eau congelée ? Et la vapeur serait bien étonnée si on lui parlait de son père l'eau. D'autant qu'elle pourrait prétendre l'inverse avec autant de raison. Ce monde pourrait avoir un autre aspect que l'aspect causal. On pourrait l'habiller de tout autre vêtement, en venir à le voir sous un nouveau complet veston, une houppelande, un justaucorps, une toge, que sais-je ? Ce serait précisément faire un voyage dans la causalité, une excursion dans la "chose en soi" comme disent les philosophes.
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« Je ne me sens pas bien. » Cette phrase a-t-elle encore un sens quand, depuis si longtemps, on ne se sent plus du tout ?

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On a sonné, secoué la porte. Allongé sur le divan, je n’ai pas bougé. J’attendais que la porte s’ouvre toute seule. Mais elle a tenu bon, elle a compris : c’est une amie.

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La pensée que je vois ce que je n'aurais jamais dû voir ravive ma curiosité pour ma propre vision du monde. Je délaisse la photo qui ne peut rien m'apprendre de neuf (toujours les mêmes arbres, les mêmes maisons, les mêmes femmes...) pour revenir au témoignage de mes yeux. Je fais même entrer ce témoignage tel quel dans mes toiles et ne peins plus que des scènes entre squelettes. On dira que j'ai une imagination macabre. Je m'en moque. Il faut d'abord peindre ce que l'on voit... Et puis, ces personnages réduits à leurs os conviennent admirablement aux valeurs ambrées, patinées, opaques qu'ont pour moi les couleurs les plus claires à leur sortie même du tube. Je ne vois sur ma palette que bitume, noirs verdâtres, violets à reflets lie-de-vin, qui sont les couleurs mêmes de la décrépitude en harmonie avec mes nouveaux sujets, genre "Fêtes Galantes au Cimetière".
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