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Citation de jak


jak
31 juillet 2012
La foule tourbillonnait comme un essaim affolé. Dans ce kalidéoscope psychédélique, on distinguait nettement les verts et les bleus se jeter avec frénésie sur les pourpres. Armés de matraques et de bambous, les policiers et les soldats frappaient au hasard. Métronomes fous, les batons oscillaient en gammes dysharmonieuses. Des plaintes a capella accompagnaient le rythme endiablé des percussions. Symphonie en deux temps d’une mortelle précision : lever, frapper, lever, frapper. Et recommencer à l’envie. Les pantins des généraux avançaient de concert, jouant la fanfare à grands coups de roulements de tambours sur leurs victimes, caisse de résonnance des souffrances de tout un peuple. C’était un combat d’instruments ; les uns du pouvoir, les autres battus en mesure.

Les moines, que les manifestants tentaient tant bien que mal de protéger, tombaient un par un, le visage de la même couleur que leur robe. Du sang et des sandales abandonnées jonchaient le bitume, ajoutant au désordre de la scène. Aux cris de rage des bourreaux répondaient les gémissements des victimes, qui tentaient de se protéger la tête avec leurs bras. Certains, à terre, ensanglantés, levaient les mains en signe de supplication. En vain. Dans une dictature, à quoi sert de mettre un homme à terre si ce n’est pour le cogner? D’autres bravaient les coups pour agripper un ami, un frère, un inconnu par son vêtement et le traîner hors de l’arène. Certains, suivant l’exemple de la Sangha, continuaient de marcher, impassibles, en direction du hachoir qui finissait par les broyer. Pas un ne tentait de se défendre, de riposter, de se regrouper pour lancer un assaut. Le désespoir face à l’inutile, la fidélité à une idéologie pacifique, la volonté de suivre le modèle des moines ? Sans doute un peu de tout cela.
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