CARRÉ NOIR SUR FOND BLANC I (MALEVITCH)
Extrait 2
Je cherche une fenêtre pour essayer d’y voir quelque chose, il fait noir. Du béton et des cheminées, des maquettes de lotissements qui pourrissent : j’essaie de déchiffrer les horaires, la fiche est tachée de bouillon. Les manifestants klaxonnent, laissent des traces blanches. J’ai conscience de la nuit que célèbrent des bannières de laine. Le fracas des conserves réveille grand-père et la nuit, le cortège tourne autour de l’entrepôt.
CARRÉ NOIR SUR FOND BLANC I (MALEVITCH)
Extrait 1
Cortège d’objets : fers à repasser, verres, chaussures. Cette fois-ci, ce n’est pas une ville, plutôt des entrepôts parmi les champs. Des gens sans visage, çà et là des maisons rouges et des salves de rires. Lève-toi, crient-ils, tu nous l’apportes, enfin ! Vite j’empile les conserves, les unes sur les autres, tout s’écroule. J’essaie encore une fois, mais il s’avère que je dois attraper les loirs qui se sont nichés dans la chaufferie. J’ignore où se trouve la chaufferie, je veux demander à grand-père mais il dort.
…
L’ÉGLISE
Le rabbin avait une longue barbe et une femme. La femme du rabbin nous offrait des krepleh mais nous, on préférait se cacher dans l’église. Il y avait là de nombreuses portes oubliées que l’on n’ouvrait jamais. Le prêtre, qui priait dans l’une des pièces, n’était pas un prêtre en réalité. Les chaises disposées en rangs donnaient l’impression d’absents. L’habit était de polyester, on avait trop chaud dedans. J’ai aussi vu là-bas un petit garçon à côté duquel était assis un chien. Tout le monde l’entendait souffler.