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Critiques de Jamaica Kincaid (34)
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Mon frère

« Je suis devenue écrivain par désespoir, de sorte que quand j'appris que mon frère était mourant, j'étais familiarisée avec l'acte qui me sauverait : j'écrirais à son sujet. »



Jamaica Kincaid se raconte. Son frère, sa mère, la fratrie et les relations entre toutes ces personnes sont très touchantes, voire brûlantes. Elle a une écriture très particulière, lancinante presque hypnotique. Difficile au début de s'adapter à son rythme, empli de répétitions, comme si de se redire lui permettait d'avancer par petits pas car il est des choses si lourdes à dire qu'il faut s'y reprendre à plusieurs fois pour les sortir de soi.

Les relations avec sa mère ont été très difficiles. Une femme forte qui s'aime dans la lutte.



« Un jour qu'elle se plaignait à moi de sa santé, je lui dis en plaisantant, ''Oh, maman, tu nous enterreras tous'' ; elle répliqua, ''Tu crois'', et elle rit, mais je ne ris pas, je ne pouvais pas rire, j'étais – je suis – un des ''nous''. »



Elle découvre après des années où elle est restée loin d'Antigua que son frère est gravement malade. Elle retourne le voir et découvre à nouveau la pauvreté et le rejet des maladies ''honteuses'', les dispensaires où les médicaments font défaut et les malades sont gangrénés. Elle y retrouve sa mère, toujours prête à soutenir un enfant malade, la mère nourricière. Elle tente une reprise de dialogue avec son frère, mais après tant d'années d'absence, le connait-elle ? « avec ses ombres finissant par l'emporter sur la clarté, de telle sorte que pour finir, quiconque voudrait le connaître devrait s'appuyer sur cela, des ombres. »



Un livre assez difficile qui donne une vision de la vie à Antigua et nous fait entrer dans une famille où le drame couve. Jamaica Kincaid au détour d'une phrase livre du lourd, un effet choc. Personnellement, la description des émotions entre elle et sa mère ont été très bouleversantes.



« J'aime les gens dont je suis issue et je n'aime pas les gens dont je suis issue, et je ne sais pas vraiment ce que cela signifie de le dire, sinon qu'une telle chose, pas d'amour maintenant et beaucoup d'amour maintenant, ces sentiments ne sont pas permanents »
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Lucy

« Quand j’étais chez-moi, dans la maison de mes parents, je faisais la liste de toutes les choses dont j’étais certaine qu’elles ne me suivraient pas si je devais traverser le vaste océan qui s’étendait devant moi. Je pensais qu’un simple changement de lieu bannirait à jamais de ma vie ce que je méprisais le plus. Mais ça ne devait pas se passer ainsi. Au fur et à mesure que chaque journée se déroulait devant moi, je voyais la similitude en chaque chose; je voyais le présent prendre une forme: la forme de mon passé. » (p. 91-92) La narratrice est une jeune Antillaise de dix-neuf ans. Elle a quitté son île et sa famille, en particulier sa mère, pour venir travailler comme jeune fille au pair chez un couple new-yorkais aisé qui a quatre petites filles. Lorsqu’elle arrive, c’est le choc des cultures et une grande colère l’habite envers ses origines, ce qui se manifeste par du rejet envers toute figure parentale. Le roman, pour une grande part autobiographique pour ce que j’ai pu lire sur internet, évoque le post-colonialisme, l’immigration, mais surtout le thème de la séparation d’avec la mère, élément central permettant à l’auteure de parler de la quête d’identité de son personnage qui, s’étant sentie trahie par sa mère, rompt les amarres d’avec son enfance de façon un peu radicale. J’ai pris grand plaisir à découvrir et la plume de Jamaïcain Kincaid, et cette Lucy, si habitée par sa recherche d’intégrité, qui fait preuve d’une acuité et d’un cynisme mordant, ce qui la rend attachante finalement, alors qu’elle-même se tient à distance des autres.
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Lucy

C'est l'histoire un peu froide d'une jeune fille de 19 ans,originaire des Antilles,qui devient jeune fille au pair dans un foyer bourgeois de New- York,un couple de gens aisés: Lewis et Mariah et leurs quatre petites filles blondes.

Lucy observe,scrute,examine la classe moyenne blanche avec distance et froideur: "J'étais juste une jeune femme malheureuse, vivant dans la chambre de la bonne, j'étais la jeune fille qui s'occupe des enfants et va suivre des cours du soir". "Ma peau était du brun d'une noix frottée longtemps avec un linge doux".



Elle est très bien accueillie par Mariah et son entourage mais elle a la sensation, loin de l'environnement protecteur de son île natale de n'être rien, de ne pas s'appartenir, d'être extérieure à elle même:



"Je suis seule au monde, toute seule, et il en sera toujours ainsi...." "Elle ne connaissait quant à elle qu'une saison chaude et sèche".

Paradoxalement,elle ne répond jamais aux lettres de sa mère,jusqu'à ignorer le décès brutal de son père...

Elle avait lancé avec force à celle- ci: "Je voudrais que tu sois morte".

Elle éprouve pour elle autant de haine que d'amour et a la sensation que son père ne l'a pas aimée.

Elle est obsédée par son trouble intérieur, hantée par ses origines, sa sexualité, sa couleur,l'image de son corps,pourtant elle pense qu'une femme ne devrait pas s'intéresser à sa beauté, elle est impatiente, mécontente, dissimulatrice, elle vit un mal être que le lecteur ressent profondément.

Face à des concepts totalement différents de ce qu'elle a vécu, elle compare encore,vérifie et essaie d'en tirer ses propres idéaux.



Elle nous apparaît parfois antipathique, mais lucide,captive surtout de son incapacité à aimer, à ressentir, à adhérer aux événements de sa jeune vie, solitaire, prisonnière d'un sentiment de différence à peu prés inguérissable....



Sauf à la toute fin où l'espoir de l'écriture lui semble un beau commencement....Car sa mère lui avait donné le goût de Lire et de se Cultiver.

C'est un ouvrage singulier dont la critique n'a pas été facile à rédiger.....mais ce n'est que mon avis,de toute façon, je ne connaissais pas l'auteur,Jamaica Kincaid.....



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Mon frère

"Mon frère" est un récit autobiographique où l'auteure revient sur une douloureuse épreuve ; celle liée à la mort de son frère des suites du sida à Antigua.

Elle y était revenue, peu avant des Etats-Unis lui rendre visite alors qu'il agonisait, dans un climat social inconséquent. Il est donc question de regrets, que ces retrouvailles interviennent en de si tristes circonstances, et après vingt ans d'absence. Vingt ans de non-dits et de secrets avec les siens dont sa mère.



Aussi, cette disparition déclenchera une série de questionnements intérieurs sur les évolutions de son pays natal, son enfance, sa famille de naissance et celle qu'elle a fondée.

Les traducteurs ont manifestement voulu préserver le langage parlé antiguayen , d'où les tournures syntaxiques particulières. L'ensemble est néanmoins poignant et instructif sur les dysfonctionnements d'une famille dans cette petite île des Antilles.
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Annie John

Premier roman de Jamaica Kincaid, ou plutôt un recueil de nouvelles relatant des épisodes de la vie d’Annie John, de l’enfance à l’adolescence.

Elle est un tantinet perchée cette petite Annie, fascinée par la mort au point d’aller, avec un air recueilli, aux enterrements d’inconnus… Il faut avouer que vivre aux côtés des morts, ça semble tout naturel à sa mère - ceci explique sans doute cela.

Dans le cœur de cette enfant unique, la mère occupe une place immense, fusionnelle : une mère belle, admirée, plus jeune de 35 ans que son mari. Mais la relation semble s’éteindre au fur et à mesure que la petite fille grandit, et voit sa mère comme une femme.

L’enfant se tourne alors vers des camarades de classe, et là elle nous devient pas très sympathique : enfant gâtée vaniteuse, roublarde, mais pourtant capable d’une affection sincère pour des filles moins "brillantes" qu’elle.

L’adolescence se termine avec son départ pour étudier en Angleterre... en se jurant de ne jamais revenir.

Ce roman semble en partie autobiographique : l’autrice était enfant unique jusqu’à ses 9 ans, où des petits frères sont arrivés ; et elle aussi en quittant sa famille a coupé les ponts totalement. Kincaid explore avec beaucoup de subtilité le passage de l’enfance à l’adolescence au travers des pensées et des sentiments de son héroïne.

Toutefois, j’ai trouvé l’ensemble trop court et trop décousu, et la forme de nouvelles induit des redites un peu lourdingues.

Belle traduction de Dominique Peters.

Challenge ABC 2022/2023

Challenge Globe-Trotter (Antigua-et-Barbuda)

LC thématique de novembre 2022 : "Videz vos PAL !"
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Au fond de la rivière

Sont réunis, dans Au fond de la rivière, un recueil éponyme de textes brefs, fragmentés et fragmentaires, tant narrativement que stylistiquement, qui raconte l'enfance d'une petite fille - l'autrice elle-même ? -, et Petite Île, un récit plus ample, plus structuré, qui décrit cette fois l'île d'Antigua, comme la voit l'autrice, alors qu'elle n'y vit plus.



Deux récits bien différents, n'ayant finalement en commun que le lieu central qui est évoqué à travers eux, celui d'une île multiplement colonisée, utilisée pour développer la culture de la canne à sucre, et l'esclavage allant avec, à partir de la colonisation anglaise, et qui, en accédant à l'indépendance, a connu son lot de déboires inhérents à cette même colonisation.



D'un côté, des bribes évanescentes assez obscures, d'instants, de lieux, de personnes, dans lesquelles l'enfant apparaît comme un être désincarné, déshumanisé, qui a perdu toute enfance pour faire face à l'existence qui lui est proposée à Antigua.



De l'autre, une verve virulente, très cynique, qui décrit brutalement, dans toutes ses contradictions, la même Antigua, à travers un regard désormais adulte, plus lucide et clair, bien loin de l'exotisme idéalisé des îles caribéennes.



Une découverte perturbante - je ne suis pas sûre d'avoir tout saisi d'Au fond de la rivière -, mais qui m'a donné envie de continuer de découvrir Jamaica Kincaid.
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Mon frère

Roman autobiographique, l'auteure nous parle de la mort d'un de ses frères, le plus jeune atteint du sida . Elle nous raconte bien plus que cela, la déchéance physique, le manque de soins , Antigua est une île pauvre, mais aussi le rapport social à la sexualité , les "besoins" des hommes, l'homosexualité, l'interdit de sexualité pour les femmes. Elle raconte tout autant la relation entre son île, les habitudes et la pauvreté et plus que tout elle relate combien sa relation à sa mère est compliquée.



Je n'ai pas exactement compris pourquoi le lien mère-fille était autant distendu mais il l'est et il colore son attachement à son île natale d'amertume.



C'est un texte un peu étrange, pudique et impudique, emprunt de tristesse et de violence sous jacente, dérangeant mais pas désagréable.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Mon frère

Kincaid apprend que son petit frère est mourant, victime du sida, à l’hôpital St. John’s. Elle retourne alors à Antigua, l’île de son enfance. Elle y retrouve sa mère avec qui elle entretient des relations difficiles, douloureuses. Une mère qui n’est tendre et aimante que lorsque l’objet de son amour est vulnérable, dépendant. Kincaid a quitté l’île à l’âge de 16 ans, elle est maintenant mariée, a des enfants. Elle redécouvre Antigua dépourvu de tout, cette île qui tombe littéralement en morceau, un peu à l’image de son frère. Elle se souvient de la passion qu’entretenait son frère pour le jardinage, des conversations emplies de reproches avec sa mère, en forme de rancune mutuelle. La mère qu’elle est devenue passe au crible la mère qui l’a élevée. Avec beaucoup de franchise et d’humilité, l’auteur décrit et dénonce les conditions de vie sur l’île et la corruption qui la ronge. Entre culpabilité et impuissance, elle tente de soigner ce frère inconscient et dépendant de la gent féminine. Elle décrit les relations familiales, les dysfonctionnements, dans une psychanalyse littéraire parfois un peu alambiquée et répétitive, sans véritables repères ni chapitres. C’est un livre un peu maladroit à mon goût, mais j’ai apprécié la modestie de l’auteure, à la limite du masochisme, mais d’une jolie sensibilité.
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Autobiographie de ma mère

Xuela, une femme âgée, revient sur sa vie dans une île des Antilles, ses relations avec son père, les hommes et elle-même...



Ce qui m'énerve avec les éloges littéraires imprimés systématiquement sur les éditions anglosaxones, c'est que bien évidemment ils sont choisis parce qu'ils sont positifs, mais surtout parce que pour eux tous les auteurs sont des perles et leur prose est d'une qualité sans précédent, au point de vouloir nous vendre un style toujours inimitable et capable de gagner n'importe quel prix.

L'emballage de cet ouvrage ne fait bien sûr pas exception, sauf que l'écriture est ce qui m'a majoritairement rebutée à la lecture. Des répétitions et anaphores à outrance, voilà ce qu'on peut trouver dans le roman de Kincaid. Au tout début, oui, ça fait "stylé", mais très vite ça devient lassant et agaçant, car une répétition entêtée d'informations déjà bien absorbées a tendance à agresser le lecteur vu que ce dernier n'est pas débile. Du coup, rien à voir avec le New York Times et son sentiment que l'auteur "utilise la répétition d'images et de mots pour créer un rythme musical" (je ne me suis pas foulée sur la traduction). Ces gens-là avec des phrases pourries du genre écoutent-ils vraiment de la musique ? Qui a envie qu'une chanson avec les mêmes rythmes et effets se prolonge indéfiniment ? Personne, voilà.

Ce point sur la forme s'ajoute au fond assez désagréable et triste, car notre narratrice n'a rien de bien sympathique, tout comme son destin est bien terne. Elle n'a été aimée de personne dans sa jeunesse, donc elle n'aime personne sauf elle-même, et encore. Quant à son parcours, dénué de tout sentiment, il se révèle bien maussade. Certains passages sont même presque dégoûtants par rapport à sa façon de voir les choses et les relations avec autrui.

Quant aux questions existentielles qui ponctuent le récit passée la première moitié, tout le monde se les pose et la vision de Xuela n'a rien de folichon, elle peut même s'avérer gravement antisociale et rebutante. Il est presque impossible d'apprécier une personne que la vie n'a pas aidée mais qui choisit de s'enfoncer dans la solitude physique et morale que le passé a pu enclencher. Le personnage raconte son histoire, sans se plaindre et sans réellement être touché par les horreurs qu'il peut rencontrer, voire se complait dans sa situation, certainement parce qu'il a manqué de repaires importants. Mais trop tard. Cet argument ne change en rien l'avis qu'on a déjà pu se faire d'elle et le peu d'engagement provoqué à la lecture du roman.

Dur dur au final de trouver son compte là-dedans.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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At the Bottom of the River

"Hommes noirs qui êtes-vous ?" pourrait-on résumer : une large partie du recueil s'interroge sur la couleur de peau, la soumission, la violence, celle des familles étouffantes, des valeurs phallocratiques (des moments de féminisme). Noter aussi l'importance extrême de la nature, avec presque une forme d'animisme, de sympathie pour la culture des forces primitives, mais aussi l'incertitude permanente, entre le songe la réalité. Ces nouvelles sont devenues des classiques en Amérique, néanmoins je ne vais pas occulter que le symbolisme y est parfois poussé à l'extrême, jusqu'à l'hermétisme, qui m'est, de manière générale, mais c'est assez subjectif je le reconnais, peu sympathique. J'assimile un peu cela à un prêche ex cathedra, à la messe en latin : le brave croyant se sent coupable de ne pas comprendre, alors qu'il ne comprend peut-être que trop bien...
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Annie John

Joli récit de l'enfance d'Annie John sur une île des Petites Antilles.

Entre dix et dix-sept ans, Annie découvre le regard des autres, celui de sa mère, de son père plus âgé et au fur et à mesure de ses découvertes, elle s'éloigne ... jusqu'à vouloir partir loin!

Un ton quelque peu nostalgique mais dont la justesse pourrait correspondre à n'importe quelle adolescente autour du monde, quelque soit le pays et quelque soit l'époque.
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Annie John

Annie John de Jamaica Kincaid est un court roman où on suit l’évolution d’une petite fille à l’âge adulte. L’héroïne de ce livre n’est pas attachante. En vrai, c’est une sacrée peste. La relation mère-fille reste ambigüe du début à la fin. Jamaica Kincaid traite effectivement de plusieurs sujets mais celle-ci ne fait que les survoler. L’île d’Antigua dont l’écrivaine est originaire est peu présente à mon goût. Ce livre, je ne l’ai pas trouvé local au sens où je l’entends. Je pensais visiter son île mystérieuse qui a des allures de carte postale et je n’ai droit que les combines d’une petite fille qui ne veut pas perdre, égoïste et possessive. J’aurais aimé connaître davantage les coutumes (il y a tout même une digression sur les obis lorsqu’elle est malade. Je ne comprends pas non plus le choix d’Annie…J’en dis pas plus. Une lecture rapide (vu le nombre de page, pas de références historiques)

Un livre qui aurait pu mieux être exploité.

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Mon frère

Et bien aucune critique sur ce livre et comment ! ¨Peu de chose à dire, le style est très particulier, alors se pose la question ! est ce voulu ? ou est-ce la traduction plus que passable ?

Aucun plaisir donc pour la lecture, des répétitions à tout va, la construction alors là on se demande aussi à quoi elle s'amuse.

L'histoire porte sur un sujet sensible : la perte d'un proche, mais l'auteur n'a pas su me toucher et pourtant je suis une hypersensible. Aucun sentiments dans ce roman qui est autobiographique. Malgré tout, l'auteur qui est donc la soeur de jeune malade, donne de son temps, de son argent pour soulager son frère qu'elle a très peu connu. Mais il n'y a pas d'amour dans tout ça. La mère et la fille ne s'aiment pas non plus. Pas d'attachement familial.

Donc très peu d'intérêt pour ce livre si ce n'est qu'on apprend comment dans des pays pauvres dépourvus de moyens médicaux, les premiers malades reconnus du SIDA ont été pris en charge. En fait, ils étaient admis à l'hôpital dans l'isolement sans soin ou presque. Les patients devaient se procurer leur traitement qu'on ne trouvait pas sur l'île, et même pour des médicaments plus basiques c'était à la famille de les fournir. On comprend mieux pourquoi les gens mourraient rapidement du SIDA alors qu'il existait déjà un traitement qui retardait la fin. On comprend aussi pourquoi le SIDA s'est répandu à la vitesse de la lumière, puisque "ce frère" même en ayant connaissance de sa séropositivité ne se privait pas de rapports non protégés, bravo l'égoïsme et l'inconscience de ces gens pourtant informés je préfère le préciser au passage. Ce garçon savait et pourtant il ne s'est pas abstenu sous prétexte que lui aussi on lui a fait un sale coup !

Ce livre est morbide au possible, le style plus que déplaisant et je me demande si je suis passée à côté de quelque chose sachant qu'il a obtenu le prix Femina étranger ! C'est pourtant l'un des prix que j'apprécie et bien je ne recommande pas ce livre car j'ai le sentiment d'avoir perdu mon temps au détriment des livres bien meilleurs qui m'attendent.

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Lucy

Début janvier, Lili (@lili_desbellons sur instagram) s’est lancée un petit défi perso : tous les premiers du mois, elle tire une carte de son oracle des sorcières de la littérature et l’autrice ainsi révélée devient sa sorcière littéraire du mois – dont elle lit un ouvrage. J’ai tenté sa sorcière de mai, la poétesse colombienne Alejandra Pizarnik, et j’ai été enthousiasmée (j’essayerai un de ces quatre de vous faire un retour pas trop moche, mais en attendant vous pouvez découvrir le lumineux avis de Lili par ici). J’ai donc eu envie de retenter l’aventure ce mois-ci, sous le signe de Jamaica Kincaid, une autrice américaine originaire des Caraïbes, de l’île d’Antigua. J’ai choisi de lire son roman Lucy – qui semblait, d’après ce que j’ai pu en lire sur le net, suivre dans les grandes lignes la biographie de l’autrice.



Lucy fut une lecture marquante. Au début du roman, on découvre cette jeune fille qui vient d’arriver au pair aux États-Unis, dans une famille huppée. Lucy se raconte, à la première personne du singulier. Son nouveau quotidien, ses souvenirs.



Dès les premières pages, j’ai été captivée par la voix de Jamaica Kincaid.



« Le matin, le matin de mon premier jour, le matin qui suivit ma première nuit, était un matin ensoleillé. Ce n’était pas le genre de soleil auquel j’étais habituée, d’un jaune lumineux qui fait tout s’incurver sur les bords, comme de peur, mais un soleil jaune pâle, comme s’il s’était affaibli à force de trop vouloir briller ; mais il y avait quand même du soleil, et c’était bon, et ainsi je regrettais moins mon chez-moi. Alors, en voyant le soleil, je me suis levée et j’ai mis une robe, une robe colorée en madras – le style de robe que j’aurai mise, chez moi, avant de passer une journée à la campagne. Erreur complète. Le soleil brillait, mais l’air était froid. On était à la mi-janvier, tout de même. Mais je ne savais pas que le soleil pouvait briller et l’air rester froid ; personne ne me l’avait dit. Quelle drôle d’impression ! Comment l’expliquer ? « Le soleil brille, l’air est chaud » : c’était une chose que j’avais toujours sue – comme je savais que ma peau était du brun d’une noix frottée longtemps avec un linge doux, ou comme je savais mon nom – quelque chose qui allait de soi. »



Vous voyez ce que je veux dire ? La plume est enveloppante, une musique, un rythme – un peu sirène, Jamaica ? Oui, mais c’est pour mieux ensuite nous croquer un mollet.



Il y avait une Lucy au chemin tracé, comme un écho de sa mère, de sa famille et de l’histoire de son île. Mais la Lucy que l’on découvre dans ces lignes veut exister, elle veut plus que son ombre. Alors elle taille, la route et une brèche dans la toile de vie qu’on lui réservait. A la force de son caractère, de sa colère et de son désespoir, de sa plume aussi, plus tard, elle invente son envol.



Au départ elle pense purement et simplement trancher ses racines. Mais tout la ramène sans cesse à ce qu’elle veut quitter. Elle avait des rêves. Le mal du pays change la donne. On sent que l’éloignement fait naître chez elle une conscience de plus en plus aiguë – de la condition des femmes ; du système social qui a permis l’esclavage. Il y a de nombreuses blessures, à vif, qui ne guériront pas : le colonialisme, une relation d’amour-haine avec sa mère, tout cela mixé avec la religion, qui semble avoir été un filtre omniprésent ayant modifié les couleurs de toute son existence. Elle est une dedans et une autre dehors, et dans cette sorte de désincarnation, elle observe sa nouvelle vie aux États-Unis, ainsi que les gens, avec un détachement et une vision claire, édifiante. Le fossé est tellement un gouffre, dans lequel elle n’est pas tombée, mais c’est pourtant comme s’il l’avait digérée. Celle de l’intérieur est incapable d’aucun compromis et a peur d’aimer quelque chose ou quelqu’un à nouveau, car elle ne veut pas ou plus souffrir. Mais elle s’attache. A la mère de sa famille, d’abord, à une des petites. Son univers est en expansion, ses blessures en train de cristalliser aussi. Elle s’accroche, elle s’émancipe, elle invente son chemin.



Il est souvent difficile de s’attacher à Lucy, dans ce court roman. C’est comme si l’autrice l’avait écrit pour elle-même s’observer à distance et peut-être, tenter de repérer les moments-clés et examiner les pivots de son existence. On est d’accord qu’il fallait bien un certain anesthésiant, pour creuser de sa plume dans des chairs et des souvenirs encore à vif… J’ai lu le livre quasi d’une traite. Et je l’ai recommencé une fois terminé.



Et donc : quelle découverte ! Pourquoi n’avais-je encore jamais entendu parler de Jamaica Kincaid ? J’ai eu l’impression que dans ce texte, elle rodait ses crocs – c’est son deuxième roman édité. Je lirai donc les suivants : Autobiographie de ma mère (c’est celui qu’a choisi de lire Lili, et je viendrai ici vous ajouter le lien vers sa chronique dès que je l’aurais lue !), Mon frère et Mr Potter (c’est son père. Le vrai, et celui de Lucy aussi. Petit extrait de Lucy, à ce sujet : « Le nom, Potter, devait venir de l’Anglais qui possédait mes ancêtres quand ils étaient esclaves ; personne ne le savait vraiment, et je ne pouvais leur en vouloir de ne pas avoir envie de faire des recherches » …)
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Mon frère

Une lecture indéfinissable... que j'ai aimée par certains côtés comme entendre parler d'Antigua, des (ex) Antilles Britanniques, et puis un je-ne-sais-quoi d'émouvant dans ces pensées si souffrantes de Jamaica Kincaid, peut-être l'authenticité, mais il y a cette écriture à laquelle il faut se faire, qui par moments est étouffante, en déséquilibre au milieu des répétitions qui créent un rythme autant qu'un ennui, et dans un sujet douloureux (le sida, la mort, la famille défectueuse).
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Mon frère

Bon.

En faisant fi de toutes ces répétitions.

En faisant fi de ces parenthèses aux informations encore répétitives et qui ne servent à rien ; elles ne donnent même pas du rythme au texte.

Lorsque Kincaid s'attache à l'histoire de cette mort.

Lorsque Kincaid s'attache à l'existence que fut celle de son frère à Antigua.

Lorsque qu'elle nous décrit le côté terrible, tragique des ravages de la maladie, alors là une parcelle de lumière survient;

cette lumière qui transporte le lecteur dans la pauvre chambre de ce malade;

cette lumière qui nous offre l'odeur du corps qui meurt;

cette lumière qui nous fait pleurer devant ce qui reste de la vie.

Cette lumière ne naît pas assez souvent de tous ces mots...

J'aurais aimé être inondée de lumière.

Et pleurer avec Jamaica Kincaid ce frère disparu.
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Mr. Potter

Avec un style qui donne une imbrication, un tuilage de bout de phrase de la sorte :

"ET Mr. Potter tourna le dos ET sortit de la pièce dans laquelle il s'était tenu avec le Dr. Weizenger, Zoltan était son nom ET son épouse s'appelait May, ET Zoltan et May, c'est-à-dire le Dr. Weizenger ET son infirmière, étaient tout seuls maintenant, ET quand ils étaient seuls ils étaient Zoltan et May ET c'était seulement quand ils n'étaient pas seuls qu'ils étaient le Dr. Weizenger ET son infirmière, Mrs. Weizenger. ET etc ET etc..."

ET j'ai craqué ! ET je suis passé en lecture diagonale, mais même ainsi le texte est hyper lourd pour au final un très faible attrait. !

ET je vais m'empresser de l'oublier !
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Annie John

Agréable lecture qui nous emmène sur l'île d'Antigua et aux côtés d'Annie John, une enfant qui découvre peu à peu la vie, les changements de son corps, la période de l'adolescence, des sentiments complexes vis-à-vis de sa mère etc. Cette jeune fille nous fait part de ses réflexions, de son dégoût parfois pour son quotidien, de son envie d'ailleurs, de ses changements d'humeur. Cette lecture m'a plu mais ne me laissera peut-être pas un souvenir impérissable
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Mon frère

Autant le dire tout de suite : je n'ai pas accroché au style.

J'apprends à la fin du livre que cette auteure écrit vraiment comme cela, avec de nombreuses redondances, répétitions....Et ce n'est pas mon truc.

J'ai eu le sentiment de tourner en ronde. L'histoire est belle, cette déclaration d'amour à ce frère au destin gâché, mais le style, vraiment...Je l'ai fini un peu laborieusement.

Dommage....
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Voyons voir

Soyons clairs : la présentation de ce roman sur amazon est une tromperie complète. D'accord, on parle bien d'une séparation mais on n'est pas du tout dans le cadre d'un roman qui présenterait l'étalage de linge sale qui peut avoir lieu dans ces circonstances. Ce qu'on a c'est un récit complétement désorganisé présenté du point de vu alterné de Mme Sweet (doux/douce), M Sweet et leurs enfants Perséphone et Hercule. Rien qu'avec les noms, on sait que les parents n'ont pas toute leur tête, ce qui est confirmé tout au long du récit. Et les chiens ne font pas des chats... Bref, c'est une ode à la folie plus qu'un roman sur la séparation.



La prose reflète cet état de folie. On a des phrases à rallonge, incorrectes grammaticalement parlant, et truffées de répétitions. Je parle de la version originale... mais l'extrait sur amazon montre que la traduction française est fidèle de ce côté là. C'est extrêmement pénible à lire. Je n'ai pas mis aussi longtemps à lire 200 pages depuis... probablement toujours. J'ai assez vite arrêté d'essayer de donner du sens à tous les paragraphes et de lire les énumérations de noms propres, personnages, lieux, ou plantes. Ca n'a ni queue ni tête pour une bonne partie de l'histoire.



Le seul intérêt de ce roman est de valider Antigua-et-Barbuda pour le défi globe trotteur. Les critiques de la presse anglophone n'étaient pas élogieuses mais encore trop clémente. Si vous voulez un roman choral bien écrit sur les troubles mentaux, allez plutôt voir du côté de Janet Frame : Les hiboux pleurent vraiment.
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