« De quel genre de menace est-il question, au juste ?
– Le mieux est encore que je vous montre. » Faragalla prit un trousseau de clefs et ouvrit un tiroir dans lequel il farfouilla un moment avant d’en sortir une feuille de papier qu’il tendit à Makana. Quelques lignes serrées, imprimées en capitales, occupaient le centre de la page. Makana lut lentement : « As-tu vu celui qui s’est détourné de la Foi, qui n’a que peu donné et s’est ensuite rétracté ? Détiendrait-il la clef du mystère, au point d’y voir avec clarté ? »
« Qu’est-ce qui vous fait croire qu’il s’agit d’une menace ?
– C’est évident, non ?
– Vous trouvez ?
– Bien sûr. C’est un passage du Coran, j’ai vérifié. La sourate de l’Étoile.
– Ça n’en fait pas une menace pour autant. En tout cas, il n’est pas mentionné explicitement qu’on vous veut du mal. »
Faragalla agita une main en l’air, faisant trembloter la flamme de l’allumette qu’il tenait entre ses doigts. « Talal m’avait donné à entendre que vous aviez eu affaire à ces fanatiques et que vous reconnaîtriez aussitôt le danger.
– Fanatiques ?
– Vous savez… les islamistes. Les djihadistes. Ces gens qui veulent nous ramener au XIe siècle.
– Vous pensez que cette lettre, parce qu’elle contient une citation du Coran, constitue une menace ?
– Ça ne vous suffit pas ? » Faragalla souffla sur l’allumette et déposa dans le cendrier les restes carbonisés. « Laissez-moi vous expliquer une chose. Je dirige une agence de voyages. Depuis des années, nous faisons venir des Occidentaux dans ce pays.
– Depuis l’époque du roi Farouk, murmura Makana.
– Précisément. »