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[...] Brian plongea pour tenter de récupérer son kukri et tomba la tête la première à l'instant où les griffes du dragon effleuraient sa jambe. Il avait eu de la chance. Il se mit à genoux avec difficulté et le museau de la bête ratant son coup frappa son épaule et l'envoya valdinguer plus loin sur le sentier. Il secoua la tête pour retrouver sa vision et se retrouva face à un unique œil d'or. L’œil de la mort. Le dragon cligna de nouveau, tout aussi paresseusement, un chat avec une souris coincée entre ses pattes. Son haleine aigre et violente flottait au-dessus de Brian comme un brouillard. Une nouvelle fois, Mulvaney murmura à son oreille < Tu vas mourir, Brian Arthur Albion Pendragon. Ce sacré joueur de guitare a mis les bouts. Il t'a lâché pour sauver son cul. Il ne faut jamais compter sur les civils >.
La tête de Brian résonnait toujours, et il fit le mort pour retrouver ses esprits. Le dragon le tapota avec une patte, comme s'il avait été une sucette chaude au chocolat qu'il s'agissait de remettre en forme avant d'en goûter délicatement un petit morceau. La langue sorti à nouveau, goûtant, testant, glissant sur lui, aussi rugueuse que du papier de verre humide. Le monstre n'arrivait toujours pas à croire qu'il était réel, comestible, et qu'il n'y avait pas d'entourloupe.
Brian put contempler des dents aussi longues que sa main, abîmées, entartrées et suintantes. Elles avaient des bords en dents de scie, comme les couteaux à viande ou les dents des requins. [...]
Elle voulait du café au lieu de l'eau de la rivière. Elle voulait une douche chaude et des vêtements propres. Elle voulait une pizza anchois-champignon-saucisse-poivrons verts, arrosée d'un grand pichet mousseux de bière brune.
Elle voulait du papier toilette.
Page 371 - Chapitre 23.