Citations de James A. McLaughlin (82)
Après les gros orages, un automne frais et lumineux était arrivé en avance, quelques érables et chênes d'un rouge humide vers le haut de la montagne, la forêt vert pâle sur les contreforts.
Son long visage nordique était pâle dans la lumière indirecte.
La vue était époustouflante : trente mètres plus bas, la canopée moutonneuse de la forêt primaire occupait tout le canyon. Les cimes majestueuses de sapins ciguës, de chênes rouges et blancs, de hickorys, de gommiers, de frênes -- une douzaine d’espèces au moins, uniquement des spécimens géants, oscillant dans la brise humide chargée de brume. Ça et là, des branches nues émergeaient de la canopée comme des doigts osseux.
Les ours ressemblent beaucoup aux gens, juste en plus sauvage.
Summer aima les musées. elle dit qu'ils étaient comme des entonnoirs qui concentraient les efforts et les connaissances humaines en un seul endroit, ce qui permettait d'en absorber une grande quantité à la fois. Bowman se montra dédaigneux, disant que ces "entonnoirs" servaient principalement à concentrer les anciens êtres vivants ainsi que les artefacts créés par les peuples indigènes, tous commodément retirés de leur contexte afin que les humains occidentaux à l'esprit étroit puissent en faire l'expérience de manière isolée et élaborer des analyses réductrices faisant des Autres* et de l'humanité indigène des objets qu'ils s'autorisaient à dominer.
*Pour Bowman et sa soeur Summer les Autres représente l'ensemble des êtres vivants autres que les êtres humains.
Les membres de ma famille ont veillé sur ce dernier-né peu prometteur et m'ont très tôt donné de bons livres à lire.
« La forêt était étrangement animée, une gigantesque bête verte en train de rêver, sa peau parcourue d’ondes frissonnantes .
Pas vraiment menaçante , mais puissante.
Attentive.
Il imagina un instant que la forêt était en colère , déçue, qu’il était personnellement responsable de cette intrusion des braconniers tueurs d’ours » ...
Quelque chose dans la forêt obnubilait son esprit : une séduction inédite, une attirance nouvelle. La lueur blafarde des étoiles, la forêt obscure et ses bruits nocturnes.
La patience du prédateur n'est pas un acte volontaire où l'on se réfrène et bride son énergie, mais un acte de foi fondé sur l'absolue certitude que la proie va arriver.
"La beauté du serpent à sonnette c'est sa menace"
Jim Harrison, Suite de la déraison
« Les plaques continentales luttaient et frémissaient .
Très loin, le soleil vaporisait l’eau des océans et la faisait retomber en pluie sur les terres.
La vie jaillissait et se tortillait , inhalait et exhalait , parlait et pleurait , s’épanouissait et mourait .
Quand il se leva , son camouflage « GHILLLIE » bruissa doucement .
Il se sentit calme et fort. »
« Tu es ici tout seul depuis trop longtemps, pensa-il. Tu te transforme en ermite. Tu accueille des inconnus imaginaires. »
Endurcir son cœur aiderait à éviter la souffrance, mais il était certain que cela endommagerait aussi la conscience.
Les arbres géants évoquaient des dieux endormis, ils émettaient une vibration qu’il ne parvenait pas à identifier, pas tout à fait celle d’un être sensible, chacun différent des autres, chacun racontant sa propre histoire séculaire.
La beauté du serpent à sonnette c’est sa menace.
Jim Harrison.
Un homme affamé dans une épicerie pouvait se révéler dangereux, même dans des conditions ordinaires ; mais après toutes ces semaines passées seul en forêt, Rice se sentait dans la peau d’un chasseur-cueilleur parachuté dans un étrange paradis alimentaire. D’où provenait donc toute cette nourriture ?
La superstition, pensait-il depuis toujours, était une histoire destinée à expliquer ce qu’on avait pas encore compris, une capitulation face au besoin humain d’un confort mental superficiel, un outil vraiment peu fiable pour prédire les causes et les effets. Néanmoins, depuis son arrivée à la réserve, ses rêves étaient devenus aussi réels que la vie éveillée, et il avait dû chasser hors de son esprit un pourcentage désagréablement élevé de ses expériences conscientes qu’il considérait comme des « hallucinations ». La présence de la forêt était désormais aussi constante et perceptible que des acouphènes.
Dehors, des nuages sombres s'accumulaient au sud, lançaient des tentacules sinueux et des bras épais vers le nord, comme si la tempête annoncée envoyait des patrouilles de reconnaissance.
Une seule cigale chantait dans un bosquet de sycomores inclinés au-dessus de la rivière, son léger grasseyement montant et retombant telle une mélopée hypnotique.
L’une des rares leçons que le père de Rice avait réussi à lui inculquer avant de mourir, c’était que tergiverser revenait à choisir d’échouer, car on n’essayait pas de toutes ses forces. Il s’agissait, avait déclaré son père, du choix rationnel de gens qui préféraient échouer exprès plutôt que risquer de découvrir qu’ils n’étaient pas assez bons ; mais quand on faisait ce choix, on devait au moins avoir l’honnêteté de le reconnaître.