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3.28/5 (sur 48 notes)

Nationalité : Royaume-Uni
Biographie :

Derrière le nom de plume de James Conan se cachent deux auteurs chevronnés :

Helen F. Rappaport (née Ware en 1947), est une auteure et ancienne actrice britannique.
Elle a suivi des études de russe, a joué dans des feuilletons et des films avant de se tourner vers l'écriture d'ouvrages historiques. Sa réputation de spécialiste de l'histoire des femmes au XIXe siècle est parfaitement établie.

William Horwood (né le 12 mai 1944 à Oxford) est un romancier anglais.
Il était chroniqueur pour le Daily Mail lorsqu'il a écrit son premier roman en 1978 qui est devenu un best-seller international : Le Bois Duncton. D'autres ont suivi depuis.

Source : www.quebecloisirs.com
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il ne fait pas toujours bon jeter un cadavre dans Bubbly Creek, la Bouillonne, appellation locale du bras inférieur de la Chicago River. L'hiver, les eaux gèlent, le corps demeure pile là où il est tombé. L'été ne vaut pas mieux : en l'absence de courant, les odeurs méphitiques vous découragent d'approcher. Celui qui s'y hasarde comprend vite à quoi les lieux doivent leur surnom : au bouillon de culture que forment les squelettes et autres rejets des abattoirs fermentant et pourrissant à l'envi sous la surface.
L'idéal, c'est le printemps et l'automne. Là, il y a du courant, surtout après la pluie. Un courant qui se charge d'entraîner lentement la preuve du crime loin des regards — et des préoccupations du meurtrier.
Enfin, s'il a de la chance.
Par un matin brumeux d'octobre 1893, un corps vint s'échouer devant la fabrique de colle Armour, au niveau de Benson Street, à deux cents mètres environ de la fourche où la Bouillonne rejoint le cours de la Chicago River. Ce corps s'y immobilisa, se recouvrant peu à peu de suie : celle des hauts fourneaux de l'Illinois Steel Company situés à l'autre bout de la rue.
À six heures, un immigré se dirigeant vers les abattoirs en quête d'embauche pour la journée remarqua le cadavre mais secoua la tête d'un air las en poursuivant son chemin. Son premier souci était de trouver du travail.
Finalement, un petit va-nu-pieds qui pataugeait dans la boue, cherchant des objets à récupérer parmi les détritus drossés le long de la berge, vint toucher le dos puis le visage de la morte du bout de son orteil.
Il la scruta de plus près, en retenant son souffle. Il se rapprochait encore, à l'affût de biens de valeur, quand soudain le cadavre ouvrit un œil.
— Bon sang, c'est vivant ! hurla le gosse en basculant les quatre fers en l'air dans la boue.
Plusieurs hommes accoururent pour hisser le corps sur la chaussée, mais ensuite ce furent des femmes qui prirent le relais. Elles chassèrent les représentants du sexe masculin, enfants comme adultes. Les demoiselles eurent le droit de rester si elles le voulaient, mais à distance.
Il s'agissait d'une jeune fille, couverte d'une couche de fange et vêtue d'une robe crasseuse, en lambeaux. Un bas déchiré s'enroulait autour de sa cheville, son autre jambe était nue. Ses cheveux sombres se réduisaient à un amas gluant de vase.
Nul besoin d'être médecin pour deviner qu'elle était plus morte que vive, ni riverain de longue date pour se douter qu'elle avait passé du temps dans ce cloaque, dont l'eau s'était infiltrée dans ses chairs : elle allait forcément attraper un mal qui la tuerait à petit feu, s'il ne la foudroyait pas séance tenante.
Rien dans son apparence ne fournissait le moindre indice quant à son identité, aux raisons de sa présence ni à ce qui lui valait d'être toujours en vie. Les femmes rassemblées autour d'elle ne parvinrent pas à lui soutirer une parole sensée. Le galimatias qu'elle leur servit en réponse à leurs questions relevait du délire.
Elles envoyèrent un enfant chercher un îlotier sur la 31e Rue. Lorsque le policier se présenta, il n'eut besoin que d'un regard en direction de la rescapée pour repartir au poste de police de Harrison Street et télégraphier qu'on envoie le fourgon.
Vers huit heures et quart, un véhicule noir surélevé à grosses roues fit son apparition. On aurait dit un panier à salade, mais c'était pire que ça, chacun le savait. Quelques mères firent rentrer leurs enfants en leur disant que croiser une telle voiture dans les parages constituait un mauvais présage.
Un homme en uniforme descendit du marchepied tandis que le conducteur – le chef – partait examiner la femme. La plupart des habitants des alentours connaissaient Padraic O'Banion, dit « Donko ». Il tenait le volant du fourgon dans la journée. Le soir, il travaillait dans un bouge du quartier de la Digue.
— Elle a dans les vingt ans, indiqua Donko. Et on l'a rouée de coups.
— Elle est allée faire trempette, commenta son acolyte.
— Tu parles. Sûrement un de ses michés qui aura voulu la trucider.
Avec son adresse habituelle, Donko manœuvra le fourgon, dirigeant l'avant du véhicule vers le carrefour de la 31e Rue et de Throop Street. Les badauds détournèrent les yeux puis repartirent à leurs affaires, tandis que le jeune garçon qui avait découvert la femme restait planté là, contemplant le fourgon et son inscription à demi effacée.
Il ne savait pas lire, mais il devinait. Asile d'aliénés du comté de Cook.
— C'est là qu'on l'emmène ? s'enquit l'homme qui avait été le premier à repérer la femme ce matin-là et qui rentrait à présent par le même chemin.
Il habitait depuis peu dans le quartier. Il avait la barbe hirsute, la tenue et l'accent des immigrés d'Europe de l'Est. Son regard trahissait les affres du tâcheron qui n'a pas trouvé le moyen de gagner sa pitance.
— Pas tout de suite, répondit Donko. Elle doit d'abord passer par l'infirmerie du dépôt.
— Oui, intervint une femme. Et là, si c'est une tentative de suicide, ce qui m'a l'air plus que probable, elle passera devant le juge.
— Alors, elle est bonne pour Dunning. On la reverra jamais, conclut le gosse en crachant sa chique de tabac sur le trottoir, à l'endroit précis où l'on avait déposé le corps plus tôt.
Ils restèrent là près d'une minute, à contempler en silence le fourgon noir. Chacun ici savait ce que cela signifiait d'être envoyé à Dunning - chez les fous. Après quoi l'homme partit de son côté, le jeune garçon de l'autre. Là où s'était échouée la femme anonyme, au bord de la Bouillonne, ne demeurait plus qu'une tache de sang virant au marron dans la boue.
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Peu après midi, un verre d’eau devant lui, des piles de livres et de papiers bien droites sur la table toute proche, Joseph Pulitzer faisait une pause avant de déjeuner.
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