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Critiques de James Dickey (86)
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Délivrance

Avant qu'un barrage ne soit construit et que la rivière alliant Oree à Aintry ne disparaisse, Lewis propose à ses trois amis, Ed, Drew et Bobby, de descendre en canoë la Cahulawassee. Si tout se passe bien, en partant le vendredi, tous seraient de retour le dimanche soir. D'abord réticents, les trois hommes se laissent convaincre par Lewis, particulièrement persuasif, et par la promesse d'un week-end loin de leur routine, la promesse de sensations fortes, de veillées autour d'un feu au cœur d'une nature sauvage. Finalement enjoué et enthousiaste, aucun d'entre eux ne se doute un seul instant du week-end inoubliable qui les attend...



Divisé en cinq parties, ce roman nous entraine au cœur des rapides de la Cahulawassee, entre chutes, cascades et courants puissants. L'on fait la connaissance de quatre hommes aux personnalités bien différentes qui vont peu à peu se dévoiler face au drame qui se joue devant eux. À bord de ces canoës : Lewis, le chef de groupe charismatique auquel Ed voue une admiration sans borne, Bobby, le vendeur célibataire plutôt discret et Drew, le plus raisonné et raisonnable d'entre tous. Face à eux, la nature, sauvage, hostile, imprévisible au cœur de laquelle se cachent des hommes tous aussi sauvages. Ce qui devait être un week-end plutôt agréable, loin de la vie citadine, entre copains, va peu à peu chavirer. Ce roman dépeint avec justesse aussi bien les paysages majestueux que les sentiments et sensations de chacun, l'auteur prenant le temps d'installer l'intrigue et les personnages, essentiellement Ed, le narrateur. Un narrateur confronté à la vie moderne puis subitement à la vie sauvage où ici le mot survie prend tout son sens. James Dickey installe une ambiance de plus en plus oppressante et étouffante, et la tension monte au fil des pages. Un roman noir, sans psychologie aucune, saisissant et tragique.



À noter que ce roman a été adapté au cinéma en 1972 par John Boorman, avec Jon Voight et Burt Reynolds.
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Délivrance

Une rivière, 4 hommes et un bison. Voilà de quoi résumer au plus juste ce livre dont le film de John Boorman a tant marqué mon adolescence. J’en ai encore de frissons rien que d’entendre les quelques notes de banjo venues depuis, hantées mon esprit lorsque je m’abreuve nu au bord d’une rivière.



La proposition était alléchante, une randonnée en canoë. Je me rappelle à mes bons souvenirs, les bouteilles de Pelforth descendues sur la descente de l’Ardèche. Un petit coin de sérénité, le ciel bleu. Là, on me propose un truc de mecs, bien plus viril et sauvage. Du whisky et la Géorgie avec la rencontre d’une ethnie d’en terre inconnue – d’ailleurs, cette terre est toujours inconnue – très traditionnaliste surtout pour la distillation d’alcool et les rapports consanguins que je pressens, le genre de peuplade autochtone adepte de la sodomie.



La forêt, les rapides, la solitude du chasseur braconnier devant sa proie, quelques bouteilles de bières, une guitare pour la nuit étoilée autour d’un feu de camp improvisé en espérant que mon briquet ne tombe pas à l’eau. J’ai encore l’âge de cette aventure, qui ne peut se refuser, avant de mordre la poussière et de mettre un pied dans ma tombe. La dernière chance à saisir.



Quelle réjouissance ! Je ne parle pas encore de jouissance mais cela devrait venir, la fraicheur de l’eau venant à gicler sur mon visage, la verticalité de la paroi rocheuse est si vertigineuse, la forêt si luxuriante, les oiseaux se sont tus, le soleil brûle, et j’observe cette descente comme si j’y étais, moi-même dans ce canoë tenant l’arc bandé à viser le gibier sauvage… Quelle aventure, quelle beauté, quel whisky même. A en perdre la vue.



Et cette musique qui trotte dans ma tête. Presque absente dans le roman de James Dickey mais si présente dans mon inconscient qu’elle me met presque mal à l’aise, prêt à gerber les bières que je me suis descendu au cours de la première partie de cette promenade champêtre. Le premier jour est presque convivial, la grosse virée entre potes avant de mourir à petit feu, bouffés lentement par la vie citadine. Le soleil s’abaisse sur l’horizon, et déjà la forêt se met à changer, le bruit des rapides devient plus sourd, la nature reprend son droit sur l’homme. La virée va tourner. Dramatiquement. Cela se sent, cela se lit, la lecture devenant plus oppressante. Il ne sera plus question d’aventure mais de survie.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Délivrance

Délivrance.

C'est vers 1985 que j'ai vu le film de John Boorman. À l'époque, les magnétoscopes étaient hors de prix et les cinémas de Paris repassaient régulièrement des films déjà relativement anciens.

Peu de temps après, j'avais acquis le bouquin en collection J'AI LU.... qui fut ma dernière lecture de 2019.

De nouveaux décors se sont créés derrière mes yeux, au fur et à mesure de cette randonnée en compagnie de Lewis, Bobby, Drew et Ed le narrateur … foutue randonnée, qui vire au cauchemar survivaliste : La rivière n'est pas franchement bonne à descendre en canoë et certains indigène des bois sont de rencontre dangereuse…

Les cartes , si minutieusement étudiées, ne disent pas tout.

Pourtant, un accord musical entre Drew et sa guitare et Lonnie l'albinos joueur de banjo offrait un beau prélude à la ballade des quatre citadins…

Délivrance, James Dickey nous en étire la durée entre épreuves, douleurs et morts. Cette rivière, qui va bientôt être engloutie par un barrage, apparaît comme une créature hargneuse et capricieuse : C'est elle qui porte et fracasse, rend tout retour en arrière impossible.

Ce cours d'eau, entre calmes et tumulte, va meurtrir et donner naissance à un être nouveau avant de disparaître lui-même. Certaines sépultures resteront cachées et inviolées.

Délivrance, oeuvre captative, m'a tenu en haleine… asséché comme le soleil et rincé comme la rivière. J'étais content, comme Ed, de quitter ces eaux inhospitalières pour n'y point revenir.

Mais quel livre !

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Délivrance

Quatre hommes blasés par une vie citadine sans surprise décident de partir pour un périple de quelques jours en canoë. La rivière qu’ils vont descendre va bientôt disparaitre à tout jamais, recouverte par un lac artificiel. Quand l’homme décide de dompter la nature…



La rivière n’a pas dit son dernier mot. La descente se fait abrupte, les rochers nombreux, les chutes et les torrents violents. Entre les hommes, plus ou moins bien préparés, et la rivière, indomptable et bien décidée à le rester, l’affrontement est inévitable. Quand l’homme se confronte à la nature…



Contre toute attente, ce n’est ni de la rivière ni de la nature sauvage qui l’environne que la menace la plus terrible va venir mais de deux hommes du cru bien décidés à empêcher ces intrus à aller plus loin. L’homme dans toute son abjection. Ceux qui ont vu le film de John Booreman savent de quoi je parle. Quand l’homme est confronté à l’homme…



Ce qui m’a sans doute le plus marqué dans cette histoire, c’est dans le dernier tiers du livre, cette sensation de me trouver dans un huis clos en pleine nature, dans la forêt en l’occurrence. Une nature omniprésente, étouffante, oppressante. C’est bien le mot qui convient, je me suis par moment senti totalement oppressé par ce récit. Un homme seul, la peur, l’instinct de survie, survivre coûte que coûte, quel qu’en soit le prix ! Quand la proie se fait chasseur…



Délivrance de John Dickey, une lecture aussi marquante qu’oppressante….


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Délivrance

Y-a-t'il un intérêt à lire le livre quand, comme moi, on a déjà vu le film ? Mille fois oui car le livre de James Dickey explore plus en profondeur une dimension importante du récit. La personnalité des deux personnages principaux y est aussi beaucoup plus développée et complexe. Au final "Délivrance " s'avère plus riche, plus intense et encore plus percutant que le film de John Boorman.



James Dickey réunit quatre amis qui décident de descendre en kayak une rivière avant que la construction d'un barrage ne l'engloutisse définitivement. Après une agression d'une violence inouïe et la mort d'un des deux assaillants, leur aventure va virer au cauchemar et les pousser pour s'en sortir à aller au-delà de ce qu'ils pensaient être leurs limites.



"Délivrance" est la redécouverte de l'instinct de survie enfoui en chacun de nous et anesthésié par un mode de vie consumériste. Menacé de mort par son semblable ou confronté à la toute puissance de la nature, l'homme cherche, trouve et délivre au fond de lui des ressources insoupçonnées.



C'est à travers le cheminement intérieur du narrateur (le personnage de Jon Voight dans le film) qu'a lieu cette redécouverte. L'escalade de la falaise apparaît comme le point culminant du livre et symbolise le passage ou plutôt le retour à cet instinct primaire de survie.



Le film m'avait fort impressionné étant adolescent. Je n'ai pourtant jamais su vraiment en parler. La lecture du livre (il est vrai 30 ans plus tard) m'aura permis de commencer à le faire .



Magistral.



PS. Pour l'anecdote c'est James Dickey qui joue le rôle du policier à la fin du film.





















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Délivrance

Difficile d'entamer Délivrance sans se référer au film éponyme de John Boorman.

Banjo entêtant, ambiance bucolique qui, rapidement, donne beaucoup moins envie de bucoler et bande de potes partis faire les foufous, le temps d'un week-end, armés de leur arc et de leur bonne humeur. Un entrain rapidement douché par un événement visiblement hors programme "nature et découverte" qui allait leur pourrir leur expédition bien comme il faut !



Le canoë, c'est chouette.

Habituellement.

Et puis Lewis l'arrogant en chef de meute, rien à craindre excepté une douce envie de le buter dès qu'il l'ouvre.

L'idée était séduisante.

Des quadras, purs citadins stressés du quotidien, tentés par un ultime baroud fluvial avant que cette rivière tempétueuse qu'est la  Cahulawassee ne soit noyée sous un lac artificiel.

Comme une envie de sortir les rames, direct.

Et effectivement, ils allaient ramer... ou périr.



On est loin des films de Canet sur l'amitié, entre compères, virile mais correcte.

Ici, on fait dans le brutal, l'animal.

Un cauchemar éveillé au sein d'une nature munificente, le paradoxe est ultime.

Quatre personnalités hétéroclites et un drame traumatique à gérer, les tempéraments se révèlent, portés par une tension croissante formidablement exploitée.



Délivrance est une machine de guerre admirablement huilée.

Un empêcheur de ronfler en rond.

Un éradicateur de sommeil réparateur à base de passiflore et de ballote noire, comme de bien entendu.

L'on se retrouve écartelé, d'ou l'importance vitale de l'échauffement préalable, entre scénario catastrophe sans issue favorable notoire et paysages grandioses aussi sauvages qu'une partie de la faune bestiale qui la caractérise.



Grand film.

Grand bouquin.

Gros panard de lecture.
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Délivrance

Quand le mythe du retour à la nature tourne au cauchemar, c’est le thriller qui sort du bois. Tout d’abords ce livre souffre du culte dévolu à son adaptation cinématographique. Tout le monde se rappelle de la fameuse scène ou un des acteurs nu et à genou était forcer de crier comme une truie par un redneck aviné. Peu de gens savent que le film est tiré de ce roman et que l’aventure est toute aussi captivante par écrit qu’à l’écran. Les quatre amis qui décident de descendre une rivière en Canoé un weekend ne se doutent pas du guêpier dans lequel ils vont tomber. L’attrait d’un paysage bientôt recouvert par les eaux d’un barrage étant plus fort que la prudence nécessaire à une telle entreprise. Personne ne va penser à reconnaitre le terrain, à sonder les rapides ou les éventuelles cascades. Le périple va tourner très mal quant au premier obstacle sérieux une des embarcations et son équipage va accoster en pleine forêt et subir les sévices de deux hommes armés. Ceux-ci avide de chair fraîche et sans doute fatigués de le faire avec des castors ou des chèvres vont les violer sans ménagement jusqu’à ce qu’une flèche interrompe les actes et la vie d’un des tortionnaires. A la suite de ce meurtre, les protagonistes vont tomber dans une spirale de violence et de mort dans laquelle ils devront se battre pour survivre... original et implacable.
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Délivrance

Ed, Lewis, Bobby et Drew sont quatre citadins en quête d’émotions fortes. Le temps d’un week-end, ils décident de descendre une rivière de Géorgie en canoë. « À ce qu’il paraît, […], c’est le genre de fantaisie qui prend les pères de famille de temps à autre. Mais la plupart se croisent les bras en attendant simplement que ça leur passe. » (p. 9) Outre le plaisir de passer un moment entre hommes, les quatre camarades veulent profiter des beautés d’une nature qui sera bientôt engloutie sous les eaux du lac de rétention d’un barrage. La première journée se déroule sans encombre, en dépit de la rudesse de l’environnement, et la deuxième commence tout aussi bien. Jusqu’à ce que tout bascule. Ed et Bobby rencontrent deux hommes armés dans la forêt et l’horreur entre en scène. « Je n’avais jamais senti chez quiconque autant de brutalité et d’insensibilité, autant de mépris pour le corps d’autrui. » (p. 101) L’aventure nautique est terminée : c’est maintenant l’heure de la chasse à l’homme et de la survie, à tout prix.



Ed est le narrateur de cette épopée sanglante et furieuse. Dans ce récit a posteriori, on sait donc que lui, au moins, s’en est sorti, ce qui n’empêche pas la tension de monter tout au long du roman. Un mort, puis deux, puis trois. Des blessés. Un fusil face à un arc. Une rivière dont les remous sont aussi dangereux que les meurtriers des montagnes qui entourent la rivière. Au-delà de la survie physique, il y a la survie sociale. La légitime défense a primé, mais comment le prouver ? Comment ne pas porter le fardeau de la mort donnée pendant toute une existence ? « Voici la fin. Nous n’avons qu’une seule chose à faire, mais il faut la faire comme il faut. Tout est là. Tout l’édifice repose là-dessus. » (p. 196) C’est sur le sang versé que les compères devront bâtir un mensonge plausible pour dissimuler l’horreur.



Lewis incarne l’homme fort : il est le fantasme ultime du chasseur qui, dans le retour à la nature, est capable de survivre. S’oppose à lui Bobby, archétype du citadin gras et inapte à la survie. Lewis est l’archer, Bobby est la proie, comme le montre le roman dès le début. Mais le héros qui dénoue le drame et monte le mensonge, c’est Ed qui se découvre un fond de bête tueuse. « Pour survivre, il faut… oui, il faut y être obligé. Cette vie-là, il faut que ce soit la dernière chance, la dernière des dernières. » (p. 43) Ce qui est fascinant avec Délivrance, c’est que les limites du bien et du mal ne sont pas figées. Certes, les méchants sont clairement identifiés quand ils déboulent sur la rive, fusil en main, mais à mesure que l’intrigue se déroule, le bien et le mal deviennent des notions abstraites. Ne reste que la survie qui ne s’embarrasse pas de morale. Au terme du roman, on est en droit de se demander si la délivrance consiste à retrouver la civilisation et à échapper aux tueurs furieux de la rivière, ou bien si elle est plutôt la jouissive libération des pulsions primales de l’homme.



La rude beauté de la rivière est particulièrement bien rendue. Et le style s’adapte au rythme de ses eaux, d’abord ample et lent pour rendre la bonhommie insouciante des débuts de l’excursion, puis vif et plus haché à mesure que les drames se nouent. La rivière entraîne la lecture dans ses méandres traîtres. Sa lumière et la couleur de ses flots sont l’occasion de très belles descriptions que le mouvement du nature writing ne renierait pas. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les éditions Gallmeister, spécialisées dans ce courant littéraire, ont choisi de rééditer ce roman en 2013. Délivrance n’est pas sans me rappeler les romans de David Vann (Sukkwan Island, Désolations, Impurs), où l’homme perd tout sens de la raison dans une nature où sa part animale éclate, comme prise de folie. Pour ma part, j’ai lu ce roman dans une vieille édition J’ai lu qui sent bon les années 1970. Il me tarde maintenant de découvrir le film éponyme de John Moorman, paru sur les écrans en 1972.

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Délivrance

Donc oui, on peut avoir vu trois ou quatre fois le film de John Boorman sans s’être posé la question de savoir s’il s’agissait de l’adaptation d’un roman. Et oui aussi, on peut être surpris par ce livre même si Boorman en a réalisé une adaptation plutôt fidèle.

Paru en 1970, Délivrance raconte l’expédition dramatique de quatre citadins partis descendre en canoë la rivière traversant une vallée reculée de Géorgie avant qu’un barrage ne vienne l’immerger. Car, en effet, ce retour à la nature sauvage est aussi l’occasion pour eux de se confronter à des hommes tout aussi sauvages.



Pour beaucoup d’entre nous, Délivrance, c’est avant tout la scène du banjo et celle de « fais le cochon », mais, au-delà de ces scènes marquantes aussi bien dans le livre que dans le film, il s’agit surtout d’une réflexion sur l’insatisfaction, la frustration créée par la société contemporaine, et la dure confrontation à la nature, espace d’aventure fantasmé avec lequel le contact peut s’avérer particulièrement rude.

De fait, l’introduction du roman nous fait découvrir un Ed, le narrateur de toute l’histoire, frustré par sa vie pourtant plutôt confortable à Atlanta, las, portant de plus en plus ancré en lui le sentiment de ne pas pouvoir réellement s’accomplir, et prompt à se laisser entraîner par son ami Lewis. Lewis, autre citadin, tout aussi fatigué de son quotidien, mais aussi sportif accompli, grande gueule et se rêvant homme des bois.

Passée une introduction consacrée majoritairement aux états d’âme d’Ed qui peut paraître un peu fastidieuse mais qui s’avère nécessaire à la compréhension de ce qui pousse le personnage à entreprendre cette expédition qui semble plus obéir à une nécessité qu’à une volonté affirmée, James Dickey instille lentement malaise et suspense. Des préparatifs de l’expédition à l’arrivée au bord de la rivière bat en arrière-plan une tension permanente prenant des formes diverses et banales : l’évocation d’un couteau entre les mains d’un enfant, un marchandage dans lequel Lewis se révèle peut-être trop hautain, une végétation qui semble engloutir les protagonistes… Dès lors, et malgré les descriptions d’une nature édénique (passé un départ où, encore trop proche des hommes malgré l’isolement de ce coin du monde, elle se trouve souillée), le lecteur ne peut qu’attendre le moment ou tout basculera en même temps que les signes annonciateurs de la perte du paradis se font plus prégnant : une chouette attaquant la tente d’Ed, la vision furtive d’un serpent et l’arrogante assurance d’un Lewis, toujours lui, avançant en pays conquis.

La rupture faite, James Dickey entre de plain-pied dans le thriller. Les quatre citadins deviennent à la fois proies et chasseurs, les caractères se révèlent et, jusqu’au bout, la tension ne retombera plus. Menée avec brio, cette partie voit le rythme s’accélérer et Dickey achever de bien ferrer son lecteur.



C’est dire combien, en fin de compte, on ne peut être que ravi par la découverte ou la redécouverte du roman à l’origine du film de John Boorman, et en particulier par sa singularité et l’efficacité d’un suspense qui ne sacrifie pour autant jamais la réflexion voulue par Dickey : sur la difficulté qu’il peut y avoir pour l’homme à trouver sa place et à se réaliser dans le monde contemporain, mais aussi sur l’illusion du paradis perdu. Si ces thématiques prenaient tout leur sens dans le contexte de l’écriture de Délivrance, en cette fin des années 1960 qui voyait monter les appels au retour à la nature, elles ne sont pas pour autant aujourd’hui dépassées et s’avèrent même totalement d’actualité, justifiant encore s’il en était besoin cette nouvelle édition. Bref, une lecture à conseiller à tout amateur de thriller intelligent.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Délivrance

J'ai rapidement fait le test autour de moi : si vous évoquez "Délivrance", c'est l'adaptation cinématographique de 1972 signée John Boorman qui vient immédiatement à l'esprit des gens, curieux ensuite de découvrir qu'avant le film - qui a marqué toute une génération -, il y a à la base un roman choc qui a lui aussi fait parler de lui.



"Délivrance" est un roman court d'une rare intensité et dont le personnage principal est une rivière sauvage que quatre potes en mal d'aventures décident, sous l'impulsion du plus téméraire d'entre eux, véritable survivaliste rompu à tous les sports de plein air, de chevaucher en canoé. Voilà notre bande de citadins bringuebalés dans leurs 4x4, en route pour dompter cette rivière de Géorgie qui s'écoule à travers une terre vierge et hostile, peuplée de quelques autochtones patibulaires. Mais la virée bivouac du week-end va virer au cauchemar en seulement quelques coups de pagaie...



Le roman est construit exactement comme est configurée ladite rivière ; c'est là que réside le grand talent de James Dickey. D'abord calme, elle se fait soudain tumultueuse au détour d'un rapide puis meurtrière à l'approche d'une chute. Le roman suit son cours, en quelque sorte.



Ce thriller est un huis-clos à ciel ouvert, les descriptions de la nature sont à couper le souffle, on se croit embarqué à bord d'un des canoés. du pur nature-writing avant l'heure. La psychologie des rares personnages est sondée à fond, leurs relations évoluent avec finesse et irrémédiabilité.



Ce roman est une prouesse littéraire mêlant talent stylistique, tension psychologie, action qui va jusqu'à la violence criminelle, narration bien rythmée et ambiance réaliste. Jusqu'à la dernière ligne, j'ai retenu mon souffle.



Il ne me reste plus qu'à visionner l'adaptation ciné et juger de sa fidélité.





Challenge ENTRE DEUX 2023

Challenge TOTEM
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Délivrance

Ça faisait très longtemps que je n'avais pas lu de livre publié chez Gallmeister et j'étais contente de me replonger enfin dans un ouvrage de cette maison d'édition.



Dans Délivrance, nous allons suivre quatre amis qui décident de descendre en canoë une rivière avant qu'un barrage ne soit construit et que tout soit englouti. Malgré leur manque d'expérience, Ed, Bobby et Lewis vont suivre Drew dans cette aventure, lassés de leur vie citadine. Mais là-bas, rien ne se passera comme prévu... Les quatre hommes vont bientôt se rendre compte de la violence des hommes du lieu où ils sont arrivés et qu'ici, seule la survie compte...



En lisant le résumé, je ne m'attendais pas à une histoire comme celle-ci. Deux des personnages, Ed et Bobby, isolés des deux autres, vont faire une mauvaise rencontre dans la forêt. Deux hommes armés les menacent et l'horreur commence... Ces scènes - de violences sexuelles - ont été particulièrement dures à lire. Et ce que l'auteur cherche à nous raconter, c'est l'après. Comment ils réagissent à une telle violence, comment ils vont être amenés, à leur tour, à commettre des horreurs...



Cette épopée sanglante est vécue sous le point de vue d'Ed, un personnage que j'ai eu du mal à apprécier, et va nous entraîner dans la découverte de cet univers hostile. James Dickey ne nous donne pas que de la violence à vivre, il nous sert également de magnifiques descriptions de paysages.



C'est un roman qui se lit comme un thriller, un huis-clos assez angoissant, que j'aurais aimé lire en quelques jours seulement. Prise dans le quotidien et le travail intense à fournir pour l'université en fin d'année, je n'ai pas pu. Il est clair que j'aurais apprécié d'autant plus cet ouvrage si j'avais pu le lire plus rapidement.



C'est une histoire prenante, parfois difficile, souvent angoissante. L'auteur sait décrire la nature sauvage et la violence des hommes, c'était une chouette lecture !
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Délivrance

Quatre copains projettent de faire une virée en kayak avant que la rivière ne disparaisse sous un lac artificiel.

Ed, le narrateur, marié depuis quinze ans à Martha travaille dans la pub, il est assez réticent face à cette expédition. Lui son truc, ce serait plutôt de descendre quelques whiskys devant un feu de camp.

Les montagnes, la nature grandiose, pas vraiment son truc, mais bon, il y va quand même et les voilà tous les quatre entassés dans deux canots.



Ce qui aurait dû être une expédition sympa entre mecs en quête de sensations fortes va rapidement virer au cauchemar.

Une mauvaise rencontre et tout bascule, l’un des canots mais surtout la confiance de ces hommes en leurs forces invincibles.



La tension et la peur s’installent peu à peu et l’auteur montre une grande maîtrise pour ménager le suspens en faisant alterner les scènes d’action et les descriptions de paysages. Même dans les moments les plus angoissants, il prend le temps de décrire les détails, comme par exemple les reflets et le bouillonnement de l’eau dans les rapides qui secouent les canoës où les fissures dans la falaise qu’un des protagonistes escalade. Cela donne un effet très visuel, cinématographique. Par ailleurs la description de la nature sauvage est très bien rendue.

Une belle lecture.

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Délivrance

L'originalité de ce roman est son découpage en quatre parties: Avant, le 14 septembre, le 15 septembre, Après



Avant nous présente quatre amis d'âge moyen, de la classe moyenne supérieure et vrais banlieusards. Ils ont le projet un peu fou de descendre la Cahulawassee en canoë sur un week-end. De cette rivière, ils ne savent quasiment rien, ils n'en n'ont vu qu'un tracé sur une carte et savent juste qu'elle traverse une forêts épaisse puis une gorge profonde. Ed, le narrateur et aussi le héros de cette histoire, Drew et Bobby ne sont pas très chauds pour tenter l'aventure mais Lewis arrive à les persuader de se lancer dans l'expédition. Lewis c'est le meneur du groupe, une espèce de super héros bodybuildé, spécialiste en beaucoup de domaines et particulièrement celui de la survie en milieu hostile.



Le 14 septembre le quatuor s'embarque donc pour leur équipée sauvage sans avoir la moindre idée de ce qui les attend. Ils s'imaginent jouer de la guitare, chasser le cerf, faire des feux de camps tout en buvant tranquillement des bières. Comme une bande de gamins inconscients , ils ne se soucient pas des dangers qui les guettent. Et ceux-ci ne vont pas tarder à transformer la balade bucolique en véritable cauchemar.



Le 15 septembre la seule question qui se pose au groupe est : comment sortir de cet enfer ? Les événements obligent à une redistribution des rôles de chacun. Ed sera obligé de faire corps avec la nature et va devoir puiser au plus profond de lui même des ressources dont il n'avait pas conscience. Une sauvagerie inattendue transforme le paisible citadin en redoutable chasseur. En se délivrant du poids de la civilisation, Ed retrouve son instinct animal pour préserver son besoin primaire de survivre



Après, ben... c'est après. Je vous laisse le soin de lire le roman pour découvrir cette partie.



Pendant le premier tiers du récit, j'ai été prodigieusement agacée par la désinvolture de cette bande de "foutus amateurs" qui s'engagent dans une aventure périlleuse sans aucune connaissance du terrain, sans aucune préparation, laissant la part belle au hasard. Ils ne tiennent même pas compte des mises en garde des gens du coin. Ça défie le plus élémentaire bon sens ! L'arrogance et la suffisance du fameux Lewis sont insupportables mais ses compagnons s'en accommodent bien volontiers, alors j'ai du faire de même... Cette première partie m'a paru une peu longue et ennuyeuse car truffée de trop nombreux détails comme sur la technique du tir à l'arc. Mais quand commence la véritable aventure, le récit devient passionnant. Le bémol est la tendance de l'auteur à partir dans de grandes envolées lyriques alors que la tension est à son comble. J'ai lu un peu rapidement ces passages, trop impatiente de découvrir la suite.

En ouvrant ce roman je craignais d'être confrontée une extrême violence mais ça été moins pénible que ce que je pouvais imaginer. Depuis 1970 les auteurs nous ont habitués à bien pire dans le genre. Il est intéressant d'ailleurs de se rappeler que Délivrance a été écrit dans une période où certains prônaient l'amour et le retour à la nature pendant que d'autres vivaient l'enfer de la guerre du Vietnam qui transformait l'homme en prédateur pour l'homme.



Cette lecture faite dans le cadre de l'opération Masse critique du 27 mai 2015 m'a permis de découvrir le très agréable format poche des éditions Gallmeister que je remercie vivement.
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Délivrance

Aux premières pages, j'ai failli le lâcher à cause des descriptions du quotidien. Et puis une scène très forte nous tombe sur la tête sans prévenir. Quatre amis, cadres moyens, comptent s'aérer le temps d'un week-end en faisant une descente en canoë sur une rivière que l'homme a décidé de transformer en lac. C'est Ed qui nous raconte leur aventure dans ce coin sauvage des Etats-Unis. le lecteur va participer à une véritable chasse à l'homme angoissante et prenante. Une construction originale qui sort des sentiers battus. Un plongeon oppressant impossible à oublier ! Lu grâce à la critique de le_Bison.





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Délivrance

J'ignorais l'existence de ce livre alors que j'ai vu le film plutôt à la fin des années 70, au quartier latin au Champollion, de John Boorman, magistralement interprété par Jon Voigt et Burt Reynolds. Ce film m'a marquée à tout jamais tellement certaines scènes étaient insupportables.

Pour le livre, je me suis barbée les 50 1ères pages. En particulier les 30 1ères où il est question du studio de publicité de Ed et les digressions infinies sur le mannequin venu poser pour la lingerie. Bla bla bla...Aucun intérêt.

Ensuite viennent les préparatifs de cette immersion en milieu aquatique et sauvage, alors là le livre manque de me tomber des mains parce que 2 ou 3 pages sur la description de l'arc et des cordes qui vont accompagner la rando, bah, euh... me semblent un brin excessif...

Donc un début de lecture plutôt décevant.

Cela devient intéressant lors de la rencontre avec les autochtones, le gamin au banjo et le célèbre duel musical. Notons l'arrogance des citadins un poil méprisants avec les ruraux à qui ils demandent pourtant un service de convoyage....

La descente sur la rivière peut commencer, les paysages magnifiques sont bien décrits.

Plus tard on aura la description interminable d'une escalade improbable sur une dizaine de pages. Pfff....

Et la j'arrête pour ne pas dévoiler le déroulement de cette rando aquatique.....

Du coup j'ai emprunté le film, histoire de replonger dans mes jeunes années de spectatrice encore novice, j'espère le supporter car l'âge venant mon émotivité ne s'est pas du tout endurcie, bien au contraire, donc la descente de cette rivière furieuse va être difficile et la rencontre avec des autochtones pour le moins peu accueillants, genre dingos consanguins dégénérés, risque d'être plutôt déplaisante, voire épouvantable. Tout comme dans le roman.
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Délivrance

Délivrance (1970)

James Dickey





Sortons de ces drames psychologiques à évolution lente, de l'air un peu, ici d'abord le temps presse puisqu'un week-end projeté pour descendre les rapides du Cahulawassea, ce n'est pas de trop, d'autant plus que la mesure du temps civilisé, les quatre protagonistes et pas middle class s'il vous plaît, en mal de dépaysement face à un monde ennuyeux dans lequel ils vivent, ils vont vite la perdre. Plus bas en aval doit se construire un barrage, mais il y a du chemin, un sacré chemin ! Je ne veux pas leur foutre la poisse, mais c'est vrai ! Peut-être que si volonté unanime chez ces quatre aventuriers à la manque, si différents, il y a, elle se trouve là, tuer cette psychologie de la ville, ras le pompon, burnout.. L'insouciance est quasi-réelle !..



Un détail aurait pu les faire rebrousser chemin, ça arrive quand on quitte un monde pour un autre, étranger par définition, quand des légers coups de cafard comme des coups de canif au coeur nous agitent mais dont généralement nous avons la force de nous relever, ils nous picotent l'âme et puis nous poursuivons notre chemin malgré tout.



A vrai dire, à ce moment là, on ne sait pas trop ce qu'ils pensent chacun, le lecteur témoin probablement en sait davantage. Ils ne vont tout de même pas se dégonfler comme ça ces grands garçons ! Qu'en diraient leur femme au retour, depuis le temps qu'ils nous vendaient cette hypothétique expédition digne d'Edgar Poe ! Oui, quand même, cette rencontre au banjo, cet ado dégénéré du dernier village périphérique, en marge du monde moderne, grattouillant sur le pont son instrument d'un malin plaisir. Passé le pont, s'ils n'ont pas compris que ce détail de l'aventure est un point de non retour, nous avons en tout cas une forte empathie pour eux. Et dire que l'un d'eux pensait jouer du banjo : ça y est c'est fait !

C'est juste l'entrainement du plus gaillard des quatre amis qui va venir rompre ces quelques états d'âme et avoir raison des quelques réticences.

L'événementiel, riche en rebondissements comme on dit, va s'abattre sur eux comme des averses tropicales. Et ce ne sera pas qu'un tel a oublié sa brosse à dents, je vous prie de croire ! Les éléments de la nature vont se déchainer contre eux, ils auront à peine le temps de cogiter que les premiers dangers d'une nature insoupçonnée vont s'abattre sur eux ; le temps ne sera pas à la métaphysique, même pour le plus scientifique d'entre eux !..



Dans le film éponyme de Bormann connu du grand public qui a engagé l'auteur comme scénariste, tout cela marche à l'unisson et me fait dire que le septième art est une cerise sur la gâteau d'une oeuvre littéraire à la base.
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Délivrance

Lewis est un grand gaillard tout en muscles, rompu à tous les sports de plein air, champion de tir à l’arc.

Pour s’aérer la tête et prendre un bon shoot d’adrénaline, il propose à trois copains coincés dans leur routine urbaine, Ed, Drew et Bobby, de partir en virée sur la Cahulawassee, une rivière de Georgie connue pour ses rapides difficiles.

Un petit week-end camping-rafting entre mâles, agrémenté de chasse à l’arc et de veillées au bourbon, qui s’annonce bien testostéroné.

Seulement la rivière est bien plus sournoise qu’il n’y paraît, la région est peuplée de pèquenauds consanguins alcooliques et violents, vivant de contrebande (selon nos quatre citadins !) et les forêts alentours propices aux mauvaises rencontres…

Le récit, raconté par Ed, vire crescendo de la balade nature au cauchemar survivaliste, avec une certaine efficacité je dois dire.

Une ambiance à la Rambo, où l’esprit humain retrouve son instinct animal, pour se fondre dans la nature jusqu’à faire corps avec elle (la scène de la falaise est en ce sens vraiment réussie)

Cependant, j’ai eu du mal à apprécier les personnages, surtout Ed, et sa philosophie parfois limite entre dialogues confus, propos racistes et toute puissance puérile, ce qui ne m’a pas aidé à adhérer pleinement au final du livre.



Un récit d’aventure finalement bien plus pessimiste que ce qu’il laissait présager. James Dickey pousse le concept de survie à son paroxysme, jusqu’au final tragique.

C’était intéressant car, drôle de hasard, je lisais en parallèle La route de Cormac McCarthy, dans un tout autre genre (post-apo vraiment glaçant) mais avec cette idée commune d’un Homme capable de survivre à une nature sauvage hostile, mais pas à ses propres congénères.

Une vision bien pessimiste du genre humain, assez caractéristique de l’époque (le livre date de 1970, fin du Vietnam)

Homo homini lupus est, sur un air de banjo.
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Délivrance

Au début, quand j'ai découvert ces quatre quarantenaires américains dans les années 60 qui vont chercher un peu d'aventure en allant se faire une petite descente de rivière en canöé, je me suis dit que c'était un peu long au démarrage, que ça n'allait pas forcément me plaire. Et puis est arrivé cette mésaventure dans les bois, LE moment où les quatre hommes font une mauvaise rencontre, et à partir de cet instant, je n'ai plus pu lâché ce livre, je voulais savoir ce qui est allé se passer. La suite des événements ne m'a absolument pas déçue et je suis ravie d'avoir découvert ce petit bijou...
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Délivrance

J’ai légèrement hésité lorsque je choisis Délivrance sur la liste des propositions pour le dernier Masse critique organisé par Babelio mais associer la lecture et le cinéma, ça n’était pas pour me déplaire.



Dont acte.



Les éditions Gallmeister proposent un bel ouvrage aux pages très agréables, à la présentation sobre et élégante [...]. L’histoire m’étant connue, le tout était de savoir quelle part du roman avait été utilisée par le réalisateur d’Excalibur. Très vite, je me rendis compte que le film s’est appliqué à coller au mieux à l’œuvre.



Délivrance m’a happé, comme la rivière, terriblement belle, a happé Ed, le narrateur, et ses trois compagnons fraîchement débarqués de la ville pour aller se frotter à la Nature l’espace d’un long week-end. [...]



Ca a commencé par le style. J’ignore dans quelle mesure la version originale a été respectée, mais je dois avouer avoir été d’abord séduit, enchanté même, puis conquis quoique parfois légèrement irrité par l’écriture lourde de sens de Dickey. [...] L’auteur joue avec les perceptions, les stimule et les gonfle au moyen d’un recours systématique à la métaphore, multipliant les propositions juxtaposées, quitte à friser par moments une redondance plus ou moins calculée[...].



Délivrance bouillonne de sens. Ses anaphores agressent le lecteur, l’accrochent pour mieux lui révéler la puissance de ses visions, les énergies inconcevables parcourant la parcelle d’univers arpentée par les protagonistes de ce quasi huis-clos en plein air, ses prosopopées inondent l’esprit de signifiants absolus comme autant de repères lexicaux annonçant l’irruption d’émotions ataviques.



En cinq chapitres assez longs, au tempo grandissant (l’intensité graduelle s’accompagne d’une accélération haletante), on se retrouve abasourdis par la tension permanente entourant la survie de nos citadins empêtrés dans leurs pâles certitudes[...]. Délivrance réussit l’inattendu : me fasciner, m’époustoufler par moments, annihilant les séquelles des rares souvenirs qui me restaient du film – que j’ai pourtant diablement envie de revisionner !



Un roman rare, un style d’une brutale élégance. A lire absolument.
Lien : http://arpenteur-de-pages.ov..
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Délivrance

Un week-end entre gars : rafting sur la rivière Cahulawassee dans le nord de l'État de Georgie : à l'ordre du jour, camping en forêt, chasse à l'arc, bières et nature à volonté. Sauf que pour Ed, Lewis, Drew et Bobby, ces trois jours de septembre ne se vivront pas du tout comme ils se l'imaginaient.

Ed est le narrateur de ce récit glaçant qui a fait l'objet d'un film de John Boorman sorti en 1972, lequel m'avait tellement sonnée que j'en avais arrêté le visionnement avant la fin.

Ed raconte donc les événements tragiques de cette fin de semaine cauchemardesque (infime lueur d'espoir, on sait ainsi qu'il s'en est sorti), et sa voix, posée après coup, nous porte sur cette rivière du malheur, aux confins des villages montagnards de l'arrière-pays. Impossible de lire son ascension de la falaise sans ressentir soi-même son corps à corps mental et physique avec la roche.

Thriller psychologique qui ne laisse aucun répit au lecteur, Délivrance se dévore littéralement, souffle coupé jusqu'à l'issue tant espérée.

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