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Critiques de James Morrow (114)
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L'arche de Darwin

Belle idée que la création d’une jeune et belle héroïne, aussi intrépide que charismatique, pour être le porte-parole des hypothèses émergentes de Charles Darwin, alors qu’il n’a pas encore achevé l’écriture de son livre phare De l’Origine des espèces.

Dans le Londres du milieu 19è siècle, la jeune Chloé tente d’assurer sa subsistance en incarnant de multiples personnages sur les planches. Son talent est réel, tout autant que sa propension à provoquer des scandales. Et comme un petit nuage au dessus de sa tête tente d’assombrir son caractère jovial et optimiste, en perdant son travail, elle découvre qu’elle doit venir au secours de son père, qui de nos jours devraient faire face à un dossier de surendettement. Ce n’est pas son joueur de frère qui pourra le sortir de là. La solution pourrait-elle venir d’une idée lumineuse surgie de son esprit fécond alors qu’elle est gardienne de zoo chez Mr et Mme Darwin?



C’est le tout début d’aventures palpitantes et ébouriffantes, qui nous emmènent vers les Galapagos, mais pas du tout en ligne droite, et menées tambour battant par la pétillante Chloé



C’est un joli pavé , mais comment faire autrement pour aborder des sujets aussi multiples : les controverses que font naitre la théorie de l’évolution sont au coeur du propos, mais l’auteur ne s’en contente pas. Exploration des moyens de transport, statut des femmes, esclavage, croyances, extraordinaire luxuriance de la faune et de la flore de l’autre côté de l’atlantique, entre autres.



James Morrow n’hésite pas à flirter avec le fantastique, à travers l’esprit brumeux d’un prélat colombophile, artiste et visionnaire, privé de la compagnie de ses ouailles pour avoir tenté de dévorer l’intégrale de l’Apocalypse de Saint Jean…



La richesse des dialogues, le caractère cocasse des aventures, l’érudition savamment distillée au coeur des échanges et des situations font de ce roman un incontournable pour les amoureux du 19è siècle, alors que la science en plein essor remet en question les fondamentaux de la religion.

L’écriture est résolument moderne, mais adroitement utilisée dans une mise en page à l’ancienne, avec titres de chapitre à rallonge, et typographie élégante.



Drôle, instructif, mouvementé, c’est un vrai récit d’aventures, palpitant et ensorcelant.
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L'arche de Darwin

Chloé a beau être la star du théâtre, quand son père lui apprend qu’il a besoin de 2000 £ pour éponger ses dettes et sortir de prison, elle doit bien admettre que son rôle de flibustière ne suffira pas à trouver autant d’argent. Qu’à cela ne tienne! Puisqu’un concours richement doté destiné à prouver l’existence de Dieu -ou son inexistence- vient d’être lancé, Chloé vole à Charles Darwin la première mouture de L’Origine des espèces et cingle vers les Galápagos pour en rapporter quelques spécimens rares prouvant que les caractéristiques de chaque espèce ne sont que variations à partir d’une même origine. La nature explique tout, Dieu n’a aucun rôle dans la formation de l’univers, il peut donc disparaître du grand théâtre du monde.

L’auteur lorgne clairement du côté de Swift et de Candide mais a substitué au benêt voltairien une maîtresse femme rompue à toutes les ruses aussi bien qu’aux joutes philosophiques. Sur les pas de son illustre prédécesseur, elle traverse l’Atlantique, puis l’Amérique du Sud, s’envole en montgolfière, découvre une arche de Noé tout juste centenaire, sauve les tortues de l’extinction et les bagnards du bagne, fait tourner les têtes, déclenche une éruption, transforme une île polygame en utopie polyandre, et surtout, avec l’aide d’Epicure, parvient à terrasser le théisme évangélique. Et ce ne sont là que quelques-uns de ses hauts faits.

C’est étourdissant. Vraiment. Mais copieux. Autant Voltaire compile les preuves contre l’optimisme leibnizien, autant James Morrow parvient à rassembler, outre l’argument du mal, une réfutation de la preuve cosmologique, une autre de la preuve téléologique (entre autres) et, incapable de se satisfaire d’un voyage uniquement spatial, étaie sa démonstration d’un axe supplémentaire et vertical par la grâce d’une fumerie d’opium où transitent opportunément des voyageurs du futur bien placés pour apporter de l’eau au moulin de la non-existence du Dieu révélé. Le frère Mandel et ses petits pois, le jésuite Teilhard de Chardin, Joséphine Franklin qui découvrit l’ADN, tous nous font la grâce d’une discussion métaphysique qui n’est pas loin d’achever le lecteur.

Enivrée par ces joutes philosophico-picaresques, j’ai repris du chapon et de la dinde et avalé en 4 jours l’aller-retour aux Galápagos. Dans un cas comme dans l’autre, c’était une erreur. J’en serai quitte pour quelques jours de diète et pour une seconde lecture - moins trépidante.
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L'Arbre à rêves

Livre court de SF que j’ai dans ma PAL depuis un moment et dont le titre m’intrigue fortement (je ne me souviens plus du résumé). Je ne connais pas du tout cet auteur, ça sera une totale découverte.



Dès le départ, j’ai bien apprécié son style et son humour. Pourvu que ça dure ! Son univers est assez intrigant. Petit à petit, nous rentrons un peu plus dans son univers purement SF, il a vraiment une imagination débordante. Nous y suivons Quinjin, il est critique de frêves, des rêves absorbés à l’aide d’une pomme et qui ressemblent beaucoup à des films très réalistes. Certains sont plus vrais que nature et entraînent des problèmes chez les populations qui les ingèrent dans des salons spéciaux (folies, meurtres, massacres, …). Je possède une vieille édition qui a mon âge où quelques coquilles ont été oubliées. Des fois, c’est même difficile à dire tant le monde créé semble proche de notre réalité et en même temps, très éloigné avec des codes différents. Le temps que l’auteur place les principaux éléments de son histoire, j’avais déjà été happée par son univers singulier mais il y avait beaucoup de descriptions à ingurgiter et les pages défilaient moins vite. Quinjin est spécialiste des frêves d’horreur. Tout naturellement, on lui en propose un d’un genre très spécial tout en le payant très cher pour qu’il le teste en avant-première. S’en suivra différentes aventures pour retrouver le créateur de ce frêve maudit. Mais est-il réellement sorti de l’hallucination ? L’histoire se lit toute seule, l’auteur nous dépeint très bien son univers et ses mœurs. Pour ma part, je suivais avidement l’enquête de Quinjin ainsi que les aventures qu’il vit en compagnie d’alliés. L’histoire n’a pas été ennuyante de bout en bout et j’avais toujours hâte d’en savoir plus sur la quête de Quinjin. J’aime beaucoup le style de cet auteur, mi-sérieux mi-humoristique sur fond de SF rondement décrite et plutôt visuel pour le lecteur.



Comme vous l’aurez compris, c’est une excellente découverte pour ce roman et son auteur à l’imagination prolifique. Malgré une couverture qui pourrait porter à confusion, l’histoire n’est pas que tourner vers l’érotisme mais surtout vers les rêves et leurs significations. L’univers de cet auteur est complexe mais très intéressant à parcourir en compagnie de Quinjin. Arrivera-t-il au bout de sa quête sans dommage pour lui ou sa famille ? Je conseille donc très fortement aux amateurs de SF originales (et en un seul volume) de découvrir ce roman. Pour ma part, il s’agit d’un nouvel auteur à suivre et/ou à découvrir sa bibliographie.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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L'arche de Darwin

Récompensé par plusieurs des prix parmi les plus prestigieux des littératures de l’imaginaire (Nebula, World Fantasy Award, Grand Prix de l’Imaginaire), James Morrow est un auteur américain dont la plupart des ouvrages ont été traduits en français par les éditions Au Diable Vauvert (« La trilogie de Jéhovah », « Notre mère qui êtes aux cieux », « Hiroshima n’aura pas lieu »...). Une fois n’est pas coutume, l’auteur revient avec « L’arche de Darwin » à son thème de prédilection, à savoir la religion, et opte à nouveau pour le registre de la satire. Nous sommes en Angleterre, en 1847, et nous faisons la rencontre de Chloé Bathurst, actrice à succès qui se voit contrainte de quitter les planches afin de trouver un nouvel emploi mieux rémunéré. Non pas que la jeune femme ait subitement des envies de luxe, seulement son père se trouve enfermé dans un hospice en raison de ses dettes, et il n’est pas question pour elle de le laisser s’échiner aux travaux forcés dans des conditions scandaleuses. La bonne nouvelle, c’est qu’elle parvient facilement à retrouver un emploi en tant que gardienne de zoo dans la demeure d’un certain Charles Darwin. A charge pour elle de prendre soin des nombreuses créatures exotiques rapportées par le scientifique après son voyage autour du monde à bord du navire « Beagle ». La mauvaise nouvelle, c’est que, malgré la gentillesse de son employeur, son nouveau poste ne lui permettra jamais de rassembler la somme nécessaire à la libération de son père. C’est alors que notre héroïne entend parler d’un grand concours visant à prouver l’existence ou la non existence de dieu. Une querelle opposant intellectuels athées et chrétiens qui, à priori, ne la concerne pas du tout, sauf que la règlement prévoit que le vainqueur se verra octroyer la somme non négligeable de 10 000 livres. Et il se trouve justement que monsieur Darwin est en train de rédiger l’ébauche de ce qui deviendra sa célèbre théorie de l’évolution, mettant ainsi à mal l’existence même du divin. Ni une, ni deux, notre héroïne s’empare du précieux manuscrit et se trouve alors à défendre les thèses du célèbre scientifique bien avant qu’elles n’aient été historiquement diffusées au public.



La première chose qui frappe à la lecture de ce roman, c’est sans aucun doute l’érudition de son auteur. Car si la reconstitution historique n’est pas particulièrement poussée en ce qui concerne le décor ou les costumes, le contexte politique, social et scientifique de l’époque est, en revanche, très bien exposé. C’est le cas notamment de la théorie de l’évolution de Charles Darwin dont les arguments sont présentés dans les moindres détails. L’avantage, c’est que le roman se révèle sur ce point très instructif et qu’on en apprend énormément sur la manière dont le scientifique en est arrivé à ses conclusions ainsi que sur les réactions que sa théorie a pu susciter à l’époque. L’inconvénient, c’est que l’auteur pousse à mon sens l’érudition un peu trop loin pour un simple roman, au risque de souvent perdre son lecteur en le noyant sous un trop plein d’informations théoriques inutiles pour la compréhension ou le bon déroulement de l’intrigue. On observe d’ailleurs le même phénomène dans le traitement de la thématique religieuse, James Morrow n’hésitant pas là aussi à détailler à l’excès l’argumentation développée par les théologiens en opposition à Darwin. Un babillage qui ne se révèle pas toujours passionnant et qui a trop souvent pour conséquence de casser le rythme du récit. Le contexte politique et sociétal du milieu du XIXe est quant à lui abordé de manière plus anecdotique mais, du coup, plus accessible. L’auteur évoque notamment la montée des idées communistes dans l’Europe de l’époque (avec par exemple la parution du fameux manifeste signé Marx et Engels) et s’attache également à dépeindre la cruauté et l’hypocrisie avec lesquelles les sociétés européennes traitaient alors (et traitent toujours) les plus vulnérables, qu’il s’agisse des miséreux, des prisonniers, des endettés, des femmes… Le voyage en Amérique du sud de l’héroïne dans la seconde partie du roman fournit également à l’auteur l’occasion de mettre en scène cette partie du monde avec laquelle le lecteur est sans doute moins familier et ainsi d’aborder de nouvelles thématiques (traitement des populations autochtones, guerre du caoutchouc, rôle des missionnaires chrétiens…).



En dépit de ce que cette abondance de détails théoriques et de sujets sérieux pourrait laisser penser, le roman n’a rien de pompeux et se distingue, au contraire, par son ton volontiers humoristique. L’auteur enchaîne ainsi les retournements de situation plus rocambolesques les uns que les autres, ce qui pourra, là encore, déstabiliser le lecteur. Le récit baigne en effet dans une ambiance burlesque à laquelle j’ai personnellement été peu sensible, quant bien même il faut reconnaître que la plume de l’auteur et les situations mises en scènes ne manquent pas d’inventivité. La seconde partie du roman, qui voit le départ de l’héroïne pour les îles Galápagos en compagnie d’une troupe pour le moins hétéroclite, fait basculer le récit encore plus loin dans le comique, et c’est à ce moment que l’auteur m’a véritablement perdue. Le récit semble en effet ne plus se résumer dès lors qu’à une succession de scènes plus saugrenues les unes que les autres, l’auteur se perdant dans des digressions interminables et mettant ses personnages dans des situations de plus en plus loufoques. Parallèlement aux aventures de Chloé, l’auteur évoque la relation épistolaire entre un père et son fils, le premier interné dans un asile en Angleterre, le second en mission d’exploration en Orient d’où il rapporte à son géniteur les différentes rencontres réalisées dans une fumerie d’opium. Une trame secondaire qui souffre des mêmes soucis que la principale et qui se révèle même encore plus excentrique. Outre le fait qu’on peine à se retrouver dans la multitude d’informations scientifiques théoriques données par l’auteur, le problème vient surtout du fait qu’on ne voit pas vraiment le rapport avec le reste du roman, ce qui renforce l’aspect brouillon du récit et la désorientation du lecteur. Pour toutes ces raisons, j’ai eu énormément de mal à me passionner pour les aventures de Chloé qui se révèle pourtant une héroïne intéressante (si on excepte son agaçante crise mystique au milieu du roman) qui permet à l’auteur de mettre en scène d’autres aspects intéressants de cette époque (place des femmes, monde du théâtre…). Les autres personnages sont, hélas, trop peu développés pour qu’on puisse les considérer autrement que comme des figurants. Les dialogues n’aident d’ailleurs pas du tout dans la mesure où la plupart s’expriment de manière trop enjouée, ce qui leur donne un côté artificiel et théâtral qui ne joue pas en leur faveur.



James Morrow signe avec « L’arche de Darwin » un roman difficile à appréhender qui présente un charme certain mais auquel je n’ai malheureusement pas été sensible. L’auteur se perd dans sa documentation et accumule les digressions techniques et les longs monologues explicatifs qui, bien que très instructifs, auraient mérité d’être élagués et exposés de manière plus subtile dans un roman de fiction. Le ton décalé et le burlesque des situations et des dialogues m’ont également laissé de marbre. Un roman ambitieux, satirique, surprenant… mais de toute évidence pas pour moi.
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Le dernier chasseur de sorcières

N'étant pas initié aux Principes mathématiques de la philosophie naturelle, je n'ai pas trouvé d'intérêt pour ce roman.

L'auteur site des noms célèbres mais ces gens célèbres sont présentés dans d'autres fonctions pour lesquelles ils sont connus, il manque des liens pour adhérer au roman

Le style m'a semblé pleurnichard même si le jugement en sorcellerie est dramatique et inhumain.

Le roman ne m'a pas plu



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L'arche de Darwin

La théorie de l’évolution, ça semble un thème bien austère pour un roman d’aventure. James Morrow nous livre pourtant une course-poursuite haletante jusqu’aux îles Galápagos.



Chloé Bathurst est une actrice bannie des théâtres après un esclandre, et trouve un petit emploi de gardienne de zoo chez Charles Darwin. Elle cherche un moyen de rassembler la somme colossale de 2 000 livres pour libérer son père de la prison pour dettes. La solution se présente sous la forme d’un concours cherchant à prouver ou réfuter l’existence de Dieu : Chloé s’empare de la théorie de l’évolution embryonnaire de Darwin, à son insu, pour tenter de remporter le prix. Une équipe pro-Dieu partira vers l’Arménie pour mettre la main sur la légendaire arche de Noé ; Chloé part vers les Galápagos pour montrer les différences évolutionnaires entre des îles très proches.



L’auteur alterne entre passages de pure aventure, et réflexions historique et philosophiques sur la théorie de l’évolution. Les passages d’aventure m’ont un peu rappelé Jules Verne (on a d’ailleurs l’apparition d’un Français qui fait le tour du monde en ballon, ça ne doit pas être une coïncidence) : on a droit à des tempêtes en bateau, des mondes sauvages et mystérieux, des guerres entre indigènes et colons, des explosions de volcan… ça s’agite dans tous les sens.



Ces passages sont entrecoupés de réflexion sur la compatibilité de l’évolution avec Dieu. Je ne maîtrise pas assez l’histoire des sciences de cette période, mais les arguments et contre-arguments ont l’air « d’époque ». On se balade entre cercles libertins, église anglicane, secte chrétienne perdue aux confins du monde… Ces réflexions finissent pourtant par tourner en rond, et au bout d’un moment, j’ai eu le sentiment qu’ils servaient juste à faire perdre du rythme au récit : parler de différence de formes dans les carapaces de tortue quinze fois d’affilée, ça finit par lasser.



Le livre est un curieux mélange de genres, assez efficace, bien qu’il aurait gagné à être amputé de quelques parties qui le font traîner en longueur.
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Lazare attend

Lazare, vous savez, celui que Jésus aurait ressuscité ? Eh bien, en fait, ce serait une fake news, colportée par Jésus lui-même. de la propagande, déjà ! Et quoi qu'en dise le principal intéressé, la légende est toujours plus belle, et donc relayée, que la vérité. En revanche, ce même Lazare raconte, et personne ne veut le croire, qu'il a voyagé dans le temps. Et ce, jusqu'au Manhattan des années 60. Incroyable, non ? Et pourtant...



Un voyageur temporel

Lazare rencontre donc, un jour, un être mécanique au visage de crocodile à bord d'un bateau aux pouvoirs magiques. Sobek (le crocodile) aurait été créé par des êtres venus du futur. Et il propose à Lazare (autrement appelé Larry Ben-Zarus) de voyager avec lui, en compagnie de ses trois Maries : Marie la Nazaréenne, Marie-Madeleine et Marie Salomé, autres personnages importants de l'histoire de Jésus. le but de Larry, sauver les opprimés religieux de la persécution. Et, pourquoi pas, réconcilier chrétiens et juifs, même si la partie n'est pas facile : ces derniers n'auraient-ils pas tout fait pour que Jésus finisse sur sa croix ? Sobek permet donc à Larry de voyager géographiquement et temporellement. Mais attention, le nombre de déplacements est limité. À la fin, le navire merveilleux s'autodétruira ! Celui permettra-t-il à Larry de mener à bien son plan ? Et, surtout, de retrouver l'amour de sa vie ?



Voyage au long cours

C'est donc parti pour un voyage fantasque, empli d'aventures débridées et de surprises. Par contre, à part le New York des années 1960 (qui apparaît dans le prologue, un entracte et l'épilogue), nous restons dans la zone de l'Antiquité fréquentée par les Occidents, et plus particulièrement les Romains. Car ils ont été, tout d'abord, des ennemis farouches de la secte de Jésus. Il en a été la première victime. Mais ensuite, ils ont été parmi les plus zélés défenseurs et diffuseurs de cette doctrine. Certains empereurs utilisant cette croyance devenue religion pour étendre leur pouvoir. C'est ainsi que nous allons séjourner un temps important dans l'entourage de l'empereur Constantin, contemporain du célèbre concile de Nicée où Arius et ses disciples ont été désavoués, ses propositions n'ayant pas été retenues.



Érudit, mais accessible

Arius ? Concile de Nicée ? Constantin ? C'est quoi, tout ça ? Manifestement, James Morrow, lui, le sait. Et il connaît son sujet sur le bout des doigts. Pour résumer, les chrétiens ont mis un temps sacrément long à se mettre d'accord sur leur panthéon : qui de Jésus, de marie, du saint Esprit ? Quel est leur rôle ? Quels sont leurs liens ? Qui est d'essence divine ? Bref, beaucoup de mises au point qui ont exacerbé les passions et ont fait coulé pas mal d'encre. Et beaucoup de sang. le concile de Nicée, par exemple, voit deux conceptions s'opposer. Et à la fin, il n'en reste qu'une. Pas celle proposée par Arius.

Compliqué tout cela ? Un peu. Mais heureusement, ce point précis, et toutes ces controverses qui ont émaillé le développement des religions monothéistes pendant des siècles et des siècles, James Morrow les maitrise. Et il aime le débat, l'échange d'arguments, la réfutation. Ingrédients qui font le sel de Lazare attend (comme on avait déjà pu le voir dans la Trilogie de Jéhovah). On y assiste à des échanges d'arguments d'une haute volée, qui font passer certains cours universitaires pour d'affreux pensums. Car si les notions abordées sont souvent érudites, elles le sont de façon claire et simple. Et, surtout, avec l'humour détaché des Monty Python. Celui du Monty Python's Flying Circus ou de la vie de Brian (https://www.youtube.com/watch?v=t¤££¤46Concile de Nicée41¤££¤). On commence un dialogue avec des pensées dignes d'un colloque pour finir sur des commentaires à propos de la cuisine locale. Arius et sa doctrine y sont discutés avec légèreté et finesse. le comique de répétition y est pour beaucoup. Comme quand Lazare, pour la dixième fois, explique que Jésus ne l'a pas ramené à la vie, qu'il était juste très malade.



Tout cela a été un régal pour moi : s'instruire en se distrayant ! Certes, certaines références me sont passées au dessus. Mais cela n'a en rien ralenti na lecture ni diminué mon plaisir. D'ailleurs, peut-être paradoxalement, j'ai eu plus de mal avec les références au New-York des années 60 et à sa culture littéraire et cinématographique. Lazare attend est une nouvelle incursion hautement recommandable à tous ceux qui ont un esprit curieux et que la controverse n'effraie, à tous ceux qui considèrent la religion comme un terrain de réflexion et non comme une liste de dogmes sources d'interdictions plus que de libertés, à tous ceux qui aiment voyager avec un auteur talentueux qui respecte son lecteur sans se prendre au sérieux.



(Merci aux éditions Au Diable Vauvert pour ce SP.)
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Hiroshima n'aura pas lieu

1945 USA. La guerre du Pacifique a débuté depuis plus de trois ans, mais le Japon ne semble toujours pas disposé à déposer les armes, malgré les assauts répétés des forces américaines. L’opinion populaire gronde, fatiguée d’envoyer ses jeunes gens se faire tuer en Orient : la guerre doit prendre fin et vite ou malheur au gouvernement Truman ! Heureusement, l’élite scientifique américaine vient de créer une nouvelle arme. Une arme comme personne n’en a jamais vue, une arme exceptionnelle, imparable, d’une efficacité si épouvantable que même l’armée tremble à l’idée de l’utiliser : des iguanes géants cracheurs de feu !



Ouais, vous avez bien lu… Le gouvernement américain compte lancer des iguanes géants cracheurs de feu à l’assaut du Japon. Sur le moment, ça surprend un peu, faut l’avouer. Mais avant d’en arriver à une aussi cruelle extrémité, le gouvernement souhaite tenter une manœuvre d’intimidation, une séance de démonstration devant un petit groupe de diplomates japonais pour prouver à l’ennemi l’efficacité meurtrière des iguanes et le convaincre de signer la paix. Hélas, un petit problème se pose. Les iguanes sont bien trop dangereux pour être montrés ainsi au public et risqueraient de se barrer pour aller détruire San Francisco si elles n’étaient pas constamment sous sédatif. Pour pallier cette difficulté, un scientifique a une idée géniale : engager un acteur de films d’horreur pour jouer le rôle d’un iguane nain et détruire devant les yeux des japonais terrorisés une version réduite de la ville de Yokohama. Syms Thorley, acteur juif et vedette très populaire du « Retour de Corpuscula » et de « Corpuscula contre le vampire », est choisi pour ce rôle difficile, mais ô combien excitant ! A lui de livrer la performance la plus parfaite de sa carrière, car s’il venait à échouer, les conséquences se compteraient en dizaines de milliers de vies humaines.



« Hiroshima n’aura pas lieu » est une uchronie rocambolesque, un réquisitoire malin et joyeusement absurde contre les armes de destruction massive écrit par un maître de l’humour décalé. Légère en apparence, elle traite de thématiques beaucoup plus profondes qu’il n’y parait au premier abord : la responsabilité individuelle en temps de guerre, les conséquences dramatiques des armes atomiques, l’irresponsabilité vindicative de certaines branches du gouvernement américain… C’est aussi, de façon évidente, l’œuvre d’un amateur forcené de séries B et c’est là que le bât blesse légèrement en ce qui me concerne. Malgré une intrigue très divertissante, je me suis sentie rapidement un peu étouffée sous les demi-douzaines de références cinéphiles et hollywoodiennes casées à presque chaque page du roman. Les amateurs de « Godzilla » et de « Mega Shark VS Giant Octopus » seront sûrement aux anges, les autres devraient tout de même apprécier l’originalité du scénario et passer un bon moment de lecture.

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L'arche de Darwin

Miss Chloe Bathurst vient de mettre un terme à sa précaire carrière d’actrice.

Elle trouve un emploi de gardienne de zoo chez Charles Darwin (lui-même).

Pour sauver son père de la pauvreté, elle désire participer au « Grand concours de dieu ».

Concours qui octroie une somme rondelette pour qui prouvera ou réfutera l’existence de dieu.

Munie d’une copie d’un manuscrit de son employeur, elle part pour les Galapagos.

Elle veut ramener des spécimens afin de prouver que l’arbre de la vie peut se passer de l’hypothèse d’un créateur.



Plaisante lecture que ce livre, qui m’a rappelé par certains côtés les meilleures aventures des romans de Jules Vernes.

On part pour l’autre bout du monde en voilier, en aérostat, par les mers, les océans, la jungle… Un récit riche en rebondissements et en rencontres.



L’aventure est fictive, mais s’appuie sur des éléments réels comme le manuscrit de Charles Darwin et les controverses abordées avec humour tout au long du roman.

Car le sujet principal est bien dieu et sa réfutation.

Miss Chloe croise le chemin de multiples croyants, adversaires ou au contraire complices.

Les péripéties sont alors l’occasion d’échanger, de renforcer ses convictions, de constater que le monde est bien plus « naturel » qu’une création de dieu.



On ne suit pas que Chloe. Des concurrents sont partis tenter de retrouver l’Arche de Noé pour prouver dieu.

C’est l’occasion par un moyen assez inattendu (une fumerie d’opium fréquentée par des voyageurs du futur) de côtoyer Mendel, Teilhard de Chardin, Joséphine Franklin (qui découvrit l’ADN).

Sans l’air d’y toucher, on aborde les arguments et contre-arguments de la réfutation divine.

Je recommande une certaine familiarité avec le sujet pour profiter pleinement des discussions.



Alors Miss Chloe Bathurst va-t-elle participer au grand concours de dieu ?

Je ne divulgâcherais qu’un peu en vous disant que sa plaidoirie se fera dans des conditions originales !
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L'arche de Darwin

Dieu existe-t-il ?

Comment prouver son existence ou, au contraire, que la vie sur Terre ne lui doit rien ?

Partant de ce postulat, James Morrow écrit un roman très original émaillé d’un humour omniprésent et à l’écriture assez soutenue.

Chaque camp va tenter de prouver en premier qu’il a raison et c’est cette course contre la montre que nous allons suivre de Londres au mont Ararat, de l’Amérique du sud jusqu’aux Galapagos. On y croisera Charles Darwin, Pierre Theilhard de Chardin, Gregor Mendel et l’énergique héroïne de cette histoire Chloé Bathurst. Je me suis laissé emporter dans ce voyage très dépaysant et fantasque.

Quelques longueurs ont néanmoins modéré mon enthousiasme mais elles furent vite oubliées au regard de cette écriture entre roman d’aventure, théologique et scientifique.
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L'apprentie du philosophe

Etrange rencontre que celle opérée par ce livre, celle de la philosophie et de la fantaisie futuriste. Ce choix n'a pas donné de mon côté une lecture totalement satisfaisante.



Le livre est d'abord majoritairement orientée vers la philosophie et on a parfois peine à comprendre toutes les références et toutes les blagues. L'auteur cherche à être didactique mais la lecture présuppose certaines connaissances, là où le Monde de Sophie, de Gaardner que j'avais déjà lu, savait être plus progressif.



La suite du livre tourne au farfelu, mais avec pour but l'illustration de la pensée philosophique. C'est ce qui, à mon sens, ne permet pas d'apprécier pleinement le livre. Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, coincés par leur statut de pantins chargés de démonstrations théologiques et embarqués dans des aventures rocambolesques mais surtout caricaturales.



Dommage que l'impression générale finale soit celle-là, car il y a tout de même de bons moments dans cette lecture, mais le plaisir n'était pas, de mon côté, au rendez-vous.
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Utopiales 2011 : Anthologie

Le Radeau du Titanic – James Morrow (50p) *****



Dans une ligne historique parallèle – une uchronie – le Titanic fait naufrage... façon « la Méduse » ! Par journal de bord interposé, voici le récit des survivants, d'avril 1912 à novembre 1914.

Quelle agréable surprise d'entamer ce recueil d'aussi belle manière ! Après un démarrage un tantinet laborieux du fait des nombreux personnages et d'une chronologie peu claire – défauts qui s'estompent rapidement, la lecture devient rapidement plaisir, soutenue par un style à l'ancienne irréprochable, parfaitement adapté à l'époque ciblée. Les évènements s'enchainent au rythme fluide des pages du journal. Progressivement, le récit d'aventures classique fait place au récit de survie glauque, qui lui-même se mue en récit décalé et comique où l'ironie, la satire et l'absurde font merveille.

D'une façon étonnamment similaire à ce que propose José Saramago dans L'Aveuglement, l'auteur exploite une situation chaotique artificielle pour donner libre cours à sa critique des mœurs humaines. C'est drôle et dérangeant à la fois.

Note : un récit très, très anglo-saxon. Dans le style, les personnages, les références, la culture. Je ne suis pas un expert, mais je pense que cette nouvelle vaut le détour rien que pour cela.

Thèmes abordés : uchronie, naufrage, roman d'aventures maritimes, guerre mondiale, survie, critique de la société, lutte des classes, politique, pouvoir, humour.



Le Train de la réalité (fragment) – Roland C. Wagner (40p) *



Note : le texte est présenté comme un « spin off » du roman « Rêve de Gloire ».

« Ceuc qui t'disent queul' la casbah dans les soixante c'était l'pied d'acier, y z'en rajoutent tous un sacret paquet, genre cadeau d'Noël mais en p'us gros, tu vois ? »

Bon, c'est comme ça 40 pages...

Pour donner une idée, on est tout à fait dans le type de récit et le style des films biographiques sur les groupes ou les stars de la musique. C'est donc du pur récit, des tranches de vie qui de succèdent, remplies d'anecdotes croustillantes, de confessions. Il y a souvent de nombreuses pointes d'humour (les scénaristes y veillent pour maintenir l'intérêt).

Ce texte est le récit – par l'un de ses survivants – d'un des rares groupes de rock français du réseau underground qui réussit à traverser toute la décennie des années 60.

Au contraire des films du genre que j'ai pu voir, j'ai trouvé ce récit plat, sans humour, finalement peu intéressant et surtout pénible.

Enfin, je n'ai pas compris le choix de ce texte dans une collection consacrée aux littératures de l'imaginaire...

Thèmes abordés : rock français, 60s, sexe, drogue, musique, circuit underground.



L'Invention du hasard – Norbert Merjagnan (40p) ***



Dans un avenir relativement proche où le capitalisme atteint des sommets, une jeune fille accepte la proposition d'un vieillard immensément riche d'échanger leurs corps et... leur vie.

Du bon et du mauvais.

L'écriture est singulière. Évocatrice et puissante. Un style prononcé que j'ai trouvé parfois excessif. De la recherche dans les images, mais au prix d'une lecture alourdie.

L'atmosphère futuriste est très bien rendue.

Par contre j'ai trouvé que le message se perdait dans les divers thèmes explorés. La chute n'améliore pas ce problème.

Thèmes abordés : biotechnologie, critique de la société, capitalisme, lutte des classes



Lignes parallèles – Tim Powers (20p) ***



Deux vieilles femmes, jumelles. L'une meurt, mais persiste à communiquer avec les vivants.

Une petite nouvelle sans prétention, mais correctement construite, avec une chute qui fonctionne.

On nage dans le fantastique ici, avec un thème ultra-classique et des ressorts tout aussi classiques.

Thèmes abordés : fantastique, gémellité, phénomènes paranormaux, communication avec les morts, domination



K**l me, I'm famous ! – Eric Holstein (10p) ****



Décidément, un recueil très rock !

Cette fois-ci, nous voilà plongés dans les années 70, et c'est le récit d'un journaliste de la presse spécialisée qui nous est conté.

Véritable antithèse du texte «  Le Train de la réalité », on a le droit ici à une nouvelle de très bonne facture. Courte et agréable à lire, croustillante, avec une chute sympathique. Une touche de fantastique.

Thèmes abordés : rock, 70s, sexe, drogue, dépendance, musique, fantastique.



Salvador – Lucius Shepard (40p) ***



Une unité combattante américaine se retrouve engluée dans la jungle du Salvador.

Je connais trop peu l'histoire de cette région du monde pour savoir si la nouvelle ici contée s'inscrit dans une réalité historique.

Quoiqu'il en soit, l'auteur a été correspondant de guerre au Vietnam, et il semble avoir beaucoup à dire de ce type de guerre. Et il en parle bien.

Ce qui frappe dans ce texte, au-delà de l'écriture agréable et fluide, c'est la qualité d'immersion. On s'y croirait, à la place de ces jeunes guerriers américains.

Pour ce qui est de l'histoire, j'ai apprécié l'intrigue et les thèmes, mais je n'ai pas été tout à fait convaincu par le traitement global, ni par la chute.

Thèmes abordés : guerre du Salvador, drogue de guerre, hallucinations, chamanisme, antimilitarisme



Pragmata – David Calvo (10p) **



Un jeune homme – un cas social – raconte son quotidien sur une très courte période, façon journal intime.

Sur le thème de la procrastination, l'auteur brode un court texte qui fait très improvisation. Le style est fluide, agréable et très moderne. On se reconnaitra... ou pas dans le personnage-narrateur.

C'est un style qui me fait penser aux Bridget Jones autres romances (en plus cru), auxquelles on aurait jeté la part romance pour ne conserver que la part réflexion/monologue.

Un texte détente sympathique, avec pas mal d'humour qui fonctionne, mais qui me paraît trop éloigné de la forme de la nouvelle pour figurer dans ce recueil, sans parler du fait qu'il n'incorpore aucun élément de littérature de l'imaginaire...

Thèmes abordés : procrastination, dépendances, cas social, humour.
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Lazare attend

Cette fantaisie historique nous emmène sur les traces de Lazare, qui survit à Jésus, et erre, pèlerin sans destination, à Carthage, puis au 4e siècle, à la cour de l'empereur Constantin et au concile de Nicée avec pour destination finale le Manhattan des années 60. Car, oui, grâce à un vaisseau spatio-temporel conduit par Sobek, un robot à tête de crocodile, créé par les anciens dieux, on voyage dans le temps dans ce récit où le burlesque et la christologie se mêlent aux références cinématographiques, à l'épicurisme, l'arianisme, le marcionisme et la gnostique. Et Lazare n'est pas seule, ils croisent les trois Marie qu'ils emmènent dans ses mésaventures théologiques.
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L'arche de Darwin

Très agréable découverte avec ce roman pioché un peu au hasard dans ma bibliothèque où il dormait oublié depuis deux ans, et pour lequel je ne nourrissais pas de fortes attentes. Je ne connaissais pas cet auteur, mais je suis maintenant curieuse de lire d'autres œuvres de sa part.



En 1848, Chloe Bathurst, actrice au chômage dont le père est couvert de dettes, entend parler d’un concours offrant un prix de 10 000 £ à qui prouvera (ou réfutera) scientifiquement l’existence de Dieu. Elle dérobe alors à Charles Darwin le manuscrit prototype de L’Origine des espèces afin de le présenter au jury. C’est le début d’une expédition rocambolesque vers les îles Galapagos pour en ramener des spécimens qui prouveront cette fameuse théorie.



Cet ovni littéraire de 600 pages forme un mélange inattendu et harmonieux entre un roman d’aventures bourré de rebondissements loufoques et une satire politico-religieuse concentrée au vitriol. Le tout est servi par une plume jubilatoire, pastiche des romans victoriens au style pompeux et aux dialogues délicieusement irréalistes (bravo à l’auteur ainsi qu’à la traductrice). Nul souci de vraisemblance, on est ici dans le grotesque assumé : selon les gouts littéraires, ça passera ou ça cassera, mais dans tous les cas, les premières pages donnent directement le ton. Les personnages sont aussi caricaturaux que colorés, on les suit avec plaisir même si on ne s’y attache pas vraiment (sauf peut-être à Darwin dont le portrait est très touchant).



Les débats théologiques sont passionnants, on suit avec curiosité les bouleversements religieux provoqués par la théorie de Darwin. On explore sous toutes les coutures les rapports souvent houleux (mais pas toujours) entre la religion et la science. C’est très documenté, bourré de références diverses qu’on peut s’amuser à repérer. Cela donne du corps à une œuvre qui serait sans cela un roman d’aventures fun mais vite oublié.



Seul petit reproche, 600 pages sur ce ton-là peuvent donner l’impression que l’histoire s’étire en longueur. Je conseillerais d’étaler la lecture sur plusieurs semaines pour ne pas saturer.
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En remorquant Jéhovah

Dieu est mort ! Nietzsche l’avait annoncé un peu prématurément, mais cette fois-ci on en est sûr : son corps flotte dans l’Océan Atlantique ! Un ange charge Anthony Van Horne de tracter le cadavre dans un cercueil creusé dans la glace de l’Arctique. Ce dernier, ex-capitaine de super-tanker, est hanté par la plus grosse marée noire de l’histoire, causée par son absence du pont au moment critique. L’occasion idéale de reprendre son bateau maudit et de mener à bien une mission de rédemption.



Pendant ce temps-là cependant, la mort de Dieu ne laisse personne indifférent. Les catholiques se demandent qu’en faire. Certes, ils reçoivent une preuve irréfutable qu’ils étaient les seuls à être dans le vrai depuis le départ, et après tout ils ont un Dieu qui a déjà ressuscité, mais cette fois-ci la mort semble bien définitive ; les athées enragent d’avoir eu tort depuis des siècles et de recevoir un cinglant démenti de leur rationalisme ; les féministes ne veulent pas accepter l’idée d’un dieu mâle, comme le prouve incontestablement la paire de testicules qu’arbore fièrement le cadavre géant. De là à vouloir se débarrasser du corps pour protéger ses convictions, il n’y a qu’un pas que beaucoup sont prêts à franchir.



Derrière son apparent enchaînement de situations burlesques et hautement blasphématoires, En remorquant Jéhovah aborde de nombreuses questions philosophiques : les religions, basées sur la foi et le doute, sont-elles compatibles avec une preuve beaucoup trop matérielle de leur véracité ? Si Dieu est mort, est-ce que tout est permis ? D’ailleurs, est-ce que le Paradis, l’Enfer, existent encore ? Et puis, voulait-on vraiment d’un Dieu à ce point à notre image ?



Le livre se moque surtout des fanatiques de tout bord, prêts à tout pour sauver leur croyance. Si les faits contredisent la théorie, changez les faits ! D’autant que derrière les grands principes se cachent des motivations plus terre-à-terre : le luxe, la position sociale et la possibilité d’impressionner la jolie militante pèsent finalement plus lourd que les convictions intimes.



Pourvu qu’on n’ait pas un sens du sacré trop développé, on passera un bon moment avec ce livre, qui vient, avec son hypothèse d’un Dieu mort, bousculer tout l’équilibre de notre monde.
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Lazare attend

Lazare, pas du tout ressuscité mais juste tiré d’une angine, rencontre le dieu égyptien Sobek sous la forme d’un robot, conduisant un vaisseau qui permet le voyage temporel. À l’aide de ces alliés de poids, Lazare va tenter de modifier le cours de l’Histoire, en intervenant au concile de Nicée pour sauver son amoureuse, adepte de l’arianisme.

Résumé comme ça, ça pourrait être alléchant.

Et pourtant, j’ai trouvé ce roman un petit peu décevant au regard du talent de James Morrow.

Le talent est bien là, dans l’intrigue pleine de rebondissements, dans les personnages hauts en couleur, dans les inventions loufoques : un vrai roman d’aventures, se baladant entre la Méditerranée antique et le New-York des années 1960.

Mais ce roman historique très érudit nous perd un peu, justement, par trop d’érudition. À moins d’être au taquet sur l’arianisme, la transsubstantiation et le concile de Nicée, justement, on se lasse au bout d’un moment de ce qui a, visiblement, enthousiasmé l’auteur. La seconde partie m’a semblé interminable : Morrow s’est laissé emporter par sa passion historique, on va dire…

Traduction pas terrible de Sara Doke.

LC thématique d’octobre 2022 : "Le verbe haut !"
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Lazare attend

Lazare – celui des Evangiles, prétendument ramené à la vie par Jésus (ce que Lazare nie catégoriquement 😆 ) – débarque dans le New York des années 60, où il se lie d’amitié avec les propriétaires d’un cinéma porno. A qui il va raconter comment un crocodile mécanique et son bateau temporel lui ont permis de voyager dans le temps avec Marie, la mère de Jésus, Marie-Madeleine et Salomé.



Attention, ce livre est un ovni 😆 Dans un top du n’importe nawak, Lazare attend serait haut placé et je dois dire que j’ai beaucoup rigolé tout au long de ma lecture. Il y a un tas d’idées plus barrées les unes que les autres et de situations complètement improbables.



Malgré tout, l’auteur nous offre une intrigue qui tient la route, basée sur une solide connaissance des questions religieuses et historiques qui sont le fondement de l’histoire. Je ne suis pas une spécialiste, mais j’en savais suffisamment sur certains sujets pour être admirative du tour de force que ça représente. Rien de mieux que quelqu’un qui connaît à fond son sujet pour être capable d’en faire rire sans trahir ledit sujet. Alexandre Astier l’avait prouvé avec Kaamelott, James Morrow enfonce le clou avec ce roman complètement déjanté, mais pourtant bourré d’idées et de réflexions intéressantes. Il est notamment beaucoup question d’intolérance et de l’absurdité de certains détours de l’Histoire.



Avoir quelques bases de mythologie judéo-chrétienne avant de se lancer dans cette lecture est un plus, mais n’est absolument pas indispensable pour l’apprécier. En tant que comédie d’aventures spatio-temporelles, ça fonctionne très bien aussi.



Très bonne lecture, qui m’a fait mourir de rire tout en maintenant mon intérêt jusqu’à la fin, malgré quelques longueurs dans la dernière partie.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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L'arche de Darwin

"La seule excuse de Dieu est qu'il n'existe pas"



"La seule chose plus admirable qu’un univers créé par un véritable être surnaturel serait un univers créé par un être surnaturel inexistant."



Une controverse autour de l'évolution, de la sélection naturelle et de Dieu en mode satire burlesque.

De James Morrow, j'avais lu sa formidable trilogie Jehovah ainsi que Notre mère qui êtes aux cieux. Autant vous dire que l'histoire d'amour irrévérencieuse entre l'auteur et la religion est une passion dévorante. Il nous narre ici une uchronie légère où une jeune femme, sur la base du vol du manuscrit de Darwin, va tenter de trouver et prouver sa théorie de l'évolution pour remporter le "Grand concours de Dieu" et sauver son père de l'infamie grâce à l'argent remporté.



Un pitch comme je les aime mais qui a été loin d'être d'une partie de plaisir à sa lecture. James Morrow sait de quoi il parle, chaque passage renvoie à des épisodes vraies de notre passé. C'est d'une érudition phénoménale et moi le lecteur aux connaissances lacunaires, je me suis senti un peu à l'écart. Il m'a été très difficile de rentrer dans cette satire sans connaitre l'histoire de Darwin et de ses poursuivants.



Des différents arguments (ontologiques, cosmologiques, des erreurs bibliques) pour réfuter l’existence de Dieu, de la recherche de l'Arche de Noé, en passant par les grands noms de l’évolution : Mendel, Teilhard de Chardin, Rosalind Franklin et ben d'autres encore dans un maelstrom entre passé et futur. Vous y rencontrer une pirate, une troupe de théâtre, des indiens, des tortues, vous voyagerez en bateau et en ballon dirigeable vers ces îles de Galápagos.

Reste aussi un beau portrait de femme avec le personnage de Chloe Bathurst, une femme intrépide à la volonté forte n'hésitant pas à soumettre la morale pour parvenir à ses fins. Et si l’évolution de l'homme était la femme semble nous seriner James Morrow ?



Je suis passé à côté de ce livre, mais l'auteur n'est pas en cause, juste moi avec mon manque d’érudition pour apprécier ce roman référencé et blasphématoire.



Si Dieu existe, nul doute que James Morrow aura sa peau.
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Hiroshima n'aura pas lieu

Syms Thorley, acteur de films d’horreurs est contacté par l’armée américaine pour une grande mission : afin d’éviter d’envoyer une bombe qui mettrait fin à la Guerre du Pacifique entre les Etats-Unis et le Japon, les américains veulent effrayer les nippons avec des iguanes géants cracheurs de feu.

Un peu dur de rentrer dans ce roman, on plonge directement dans le monde du cinéma hollywoodien des années 40, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Mais le ton décalé tape juste, j’ai eu l’impression de me retrouver dans parmi ces acteurs, même si je me suis vite perdue sous tous les noms d’acteurs, producteurs, maquilleurs et autres.

L’idée d’envoyer des reptiles cracheurs sur le Japon, d’avoir les Japonais sur un énorme canular est presque grotesque… et pourtant, le cinéma de l’époque, avec leurs moyens du bord, valait ce qu’il valait. J’étais embarquée, les mésaventures de Syms pour arriver à tenir son rôle d’iguane.

C’est drôle, doucement comique, mais James Morrow fait à travers cette alternative, un formidable réquisitoire pour la paix et les victimes japonaises des bombes, les hibakushas.

Je vais jeter un œil à ses autres productions.

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L'arche de Darwin

Encore un roman philosophique de James Morrow, le troisième pour ma part et peut-être mon préféré. Écrit à la manière d'un Jules Verne, ce roman fait voyager de Londres aux Galápagos en passant par l'Amazonie et un survol des Andes.

Chloé a désespérément besoin d'argent : comédienne, elle a perdu sa place au sein de la troupe (après avoir, sur scène, déclamé intempestivement des extraits du Manifeste du parti communiste). Son père, marionnettiste rêveur, est en prison pour dettes.

L'intrigue débute, comme chez Jules Verne, dans une sorte de club masculin, celui du "Concours de Dieu", où l'on offre 10.000 livres à la personne qui pourra prouver l'existence, ou l'inexistence, de Dieu.

Travaillant chez Darwin, Chloé a quelques idées pour gagner ce concours. Mais il lui faut produire quelques spécimens démontrant "l'arbre de vie" évolutionniste: qu'à cela ne tienne, elle part les chercher aux Galápagos.

Ajoutez à cela une équipe concurrente à la recherche de l'arche de Noé, un pasteur colombophile interné, son fils drogué qui fait des rencontres dans le futur (et dans une fumerie)... ah, et j'oubliais la treizième tribu d'Israël, la tribu perdue en Amérique du Sud.

Un rythme effréné, des rebondissements inattendus et des dialogues hilarants sont au service de la problématique posée par l'auteur: comment concilier la science et la foi?

La traductrice Sara Doke a dû bien s'amuser et elle a fourni un très bon travail (mais a laissé quelques fautes d'orthographe).
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