Le cristal de lithium
Extrait 5
Qu’on élira évidemment Miss Bien Aimée (elle s’y attend),
Juin au sourire dentifrice, frais sorti de son bain de puces,
et l’énorme juillet
Qui bande ses muscles, août en étuve aux cuisses et yeux
accordés, puis septembre
Planant vers l’octobre bleu, novembre austère et décembre
monotone à mourir, qui de temps
En temps d’un regard vierge étonné sort de sa main un as
d’atout
Ou à la racine des cheveux blanc glace de la nouvelle lune
applique le reste gibbeux :
Global et bleu, colombien, fade bleu fin délinéé comme le
premier jour
De février quand, dans un capital financier flambé puis gelé
s’amassant
Sans plan pour devenir son propre meilleur monument les
gratte-ciels s’entassent
Comme des jetons de poker (signé : “Autodidacte”), au
centre du panorama traverse
Un wagon plat empilé de cinq très modestes canots, bâchés,
Plus un adolescent en pantalon violet, une femme de chambre
dans son uniforme et un “c’est pas réel
Tout cela” de manteau et chapeau cosaques, un bus au quart
plein d’étrangers et
Autres accessoires familiers des jours courts qui rallongent :
“Il les a dépassés en taille
Avant qu’on puisse se retourner” et voir derrière soi le paysage
du passé
Où des barques échouées lézardent et des falaises en terrasses
s’ornent d‘oranges
Parmi de sombres feuilles aux reflets d‘étoiles, descendant les
rudes marches vertigineuses
Souillées de perles excrémentielles de chèvres – quel emballage
– tu – il – elle –
L’un – quelqu’un – s’arrête pour détacher une tige de myrte et
réciter toutes les lignes
De Goethe qui lui reviennent ainsi que celles en français,
“Connais-tu …?“ l’air
S’emplit d’une rognure crayeuse de gommes tapotées, derrière
les dunes de février
//Traduit de l’anglais (américain) par Jean-René Lassalle.