Monstres anglais de James Scudamore et Carine Chichereau aux éditions La Croisée https://www.lagriffenoire.com/1072929-litterature-anglophone-english-monters---one-shot---monstres-anglais.html
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Lorsqu'il est enfin revenu à table, j'avais déjà vidé la moitié de ma bière. Je l'ai regardé s'asseoir avec difficulté.
"Faut pas vieillir, tu sais" J'ai ri. Mais il était sérieux. Il a écarquillé les yeux, le blanc jauni injecté de sang. " Je t'assure. C'est affreux. Et merde, demande-lui de m'apporter un verre de vin."
J'ai attrapé un serveur au vol et quand je me suis rassis, j'ai vu qu'il était dans de meilleures dispositions.
P.275
Des années plus tard, je repenserais avec fierté à notre obstination à nous taire, car ainsi nous faisions encore plus honte au professeur. Ce qui était vrai. Seulement, ce n'était pas pour ça que nous nous taisions. Nous nous taisions parce que nous étions des enfants terrifiés.
"Il n'est pas rare de voir, au centre ville, des gratte-ciel en ruine : quand ils vieillissent, il est plus facile et moins coûteux d'en construire d'autres ailleurs que de les raser pour les rebâtir. Ces tours de briques pourrissent, occupées par les sans-logis, bidonvilles verticaux attendant l'éradication. Dans certains quartiers, il y a si peu de verdure et tant de béton que, pendant les orages d'après-midi, les rues sont inondées, les routes deviennent des caniveaux. On croirait que les immeubles sont des êtres vivants hébergés par la ville, et les humains, leurs détritus.
Mais au coin de rue suivant, vous tombez sur des frondaisons luxuriantes, des trottoirs immaculés, des postes de garde aux vitres fumées et de grandes piscines miroitant au soleil. Pour chaque zone de non-droit se construit un nouvel ensemble résiduel futuriste, et pour chaque tour tombée en décrépitude se dresse la flèche hardie d'un nouveau gratte-ciel. La ville est laissée aux assauts conjoints des forces de la croissance et du délabrement : la seule constante est sa capacité à se métamorphoser." (10/18 - p.18)
Jus d'orange
Il est tôt, pas encore sept heures, et une fois de plus je me réveille aux côtés de ma soeur adoptive.
Il faut que ça s'arrête. Elle est mariée.
La climatisation marche à fond et j'ai l'impression que ma tête est immergée dans l'eau glacée, même si je suis moite et brûlant, emprisonné sous les draps par le corps de Melissa, étroitement collé au mien. Je me redresse et cherche la télécommande des volets roulants. Ils remontent doucement et la ville, jaune bile, envahit la chambre.
Le penthouse de Melissa est situé au bout d'une longue avenue qui traverse le quartier des Jardins jusqu'aux tours du centre-ville, nappées d'un brouillard de pollution. De là-haut, on a une vue plongeante sur la cime des arbres où volettent des perruches vertes. La nuit, les embouteillages illuminent l'avenue de rubans scintillants rouges et blancs. Pendant les grands matchs de football, quand un but est marqué, des feux d'artifice explosent, silencieux, en contrebas.
"Il retourne au téléphone, compose le numéro d Cléo chez elle. Il sourit en entendant les bips. Elle répond. Son cœur vacille comme la lumière électrique pendant un orage. Il entend sa voix, un peu nerveux. Il garde son calme, regarde droit devant lui."
"Sévère, les traits fins, sans guère de chair sur les os. Surmonté de fins cheveux roux qui ne restent jamais en place et s'agitent au moindre courant d'air. Un visage qui parait traqué. Et plus que capable de se démener s'il se sent menacé."
"Quand cela a-t-il commencé ? Où se situe le point critique où j'aurais pu me libérer de cet amour morbide et obsessionnel pour Melissa, et vivre ma vie ? Le pas de trop vers la douleur, que je n'aurais pas dû franchir et qui m'aurait préservé du danger ? Je situe très bien ce moment; lorsque je me rejoue la scène, j'ai envie de hurler et de remonter le temps en agitant les bras pour éviter le désastre." (10/18 - p.155)
« De temps à autre, je croise le fer avec eux, pour voir jusqu’où ils sont capables d’aller pour défendre leur école. Leur foi les aveugle. Il est évident que ces souvenirs forment la charpente de leur vie. Que prendre le risque d’y toucher, ne serait-ce qu’un peu, pourrait avoir des conséquences catastrophiques. »
We are experts at traffic jams. We've taken them to new levels. Even when there aren't accidents, traffic lights on sagging metal arms blink and change while car soup simmers beneath them. But the energy doesn't disappear just because the flow is blocked; as in a human artery, it is re-routed. A grip of trapped vehicles activates every vendor, huckster, implorer and charity case within a kilometre-radius, and the resulting teeming sideshow makes you forget you had anywhere to go. The incident up ahead is barely two minutes old when five young boys materialise to wipe windscreens, sell peanuts, peddle flowers. One, barefooted, juggles fire on the shoulders of another, both grimacing with concentration. Everything is an opportunity.
The posture of cool that supposedly defines lifes in my office is belied by a corporate culture every bit as back-biting as you'd fin outside a 'creative' industry. [...] Although a veneer of funky self-assurance coasts every employee in the building, you don't have to scratch hard before it chips off in your hand. Under the surface, everyone lives in fear. Fear of being found out, of not being found out. Fear of the possibility that the white goods, mobiles telephones and confectionery they are paid to promote might be all there is to life.